La prière du pommier
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La prière du pommier - Sidi Miloud Bel Asri
La prière
du pommier
Sidi Miloud Bel Asri
La prière
du pommier
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-02833-0
À ma mère.
Acte I
Le pommier
Chapitre 1
Je me lève parfois tôt sans bruit, de peur de réveiller une quelconque conscience encore endormie en moi, je vais pieds nus, précautionneusement, jusqu’à la glace de la salle de bain et contemple longuement ce visage que la nuit a déjà assombri d’une barbe rêche, aux reflets méditerranéens. Inutile d’essayer de m’apitoyer sur ma vie, le silence à ce moment de béance sort de son inertie habituelle à laquelle je succombe toujours. Tout ce que je peux entendre alors sont les hirondelles qui crient dans les tuiles, les pas matinaux d’un homme qui traverse la rue en traînant son caddie en partance vers le marché hebdomadaire… cette habileté à se duper soi-même, qui aide à vivre la plus part des hommes, m’assassine à dose homéopathique.
La vie s’accommode guère d’intercesseurs ni de rêves insensés. Dans un enchevêtrement de bribes qui affleurent en secret l’âme, on scrute le bout d’éclairage qui pourrait déchiffrer le cryptogramme de l’existence pour conjurer l’instinct. Une existence qui s’apparente, par ailleurs, d’avantage à une terre inhospitalière qu’à une promesse divine. Il semble parfois que le ciel au lieu qu’il soit un océan de lumière n’est en fin de compte qu’un puits suspendu, à l’envers et sans fond, dont on devine la margelle par le truchement d’un soleil naviguant. C’est de cette passerelle céleste cependant qu’un fil de soie nous unit à la providence et que toute tentative humaine prenne racine.
Je fume des cigarettes pour m’occuper. Il m’arrive aussi, par ce biais, de fixer et d’interroger le ciel en lui lançant des signaux d’existence à la manière des apaches d’Amérique. J’ai lu quelque part dans que certaines contrées africaines, les gens envoient leur souffle pour habiter dans les nuages. J’ai l’impression d’être dénudé de l’intérieur alors je remplis et colorie mon souffle de cette haleine manufacturée en projetant une fumée pour atteindre un nuage qui m’est accessible. Désormais, j’ai une quête, je le sais, d’une manière ou d’une autre, j’habiterai un jour les cieux.
Le week-end, je fume cher pour me donner un peu de luxe mais for intérieurement, en vérité, pour amadouer l’azur bleu. Je pense connaître la dose suffisante pour m’élever sans détruire. Partir dans un songe par le biais des méandres de la fumée qui s’échappe de mes lèvres comme des baisers qui jaillissent : des silhouettes se dessinent et se décomposent dans mon intérieur et mon esprit s’éparpille sur les traces d’une femme qui court, un chemin en forme de cordon qui me lie encore à quelque chose pas tout à fait identifiée avec netteté.
Mais aurais-je toujours autant de ténacité dans l’âme et tant d’espace dans le corps pour héberger mes attentes ?
Quelquefois, je me rends à Éden, le jardin public, un dortoir, où des mémoires trop vides ou trop pleines viennent se reposer sur un oreiller de rire ou de silence. Moi, je viens espérer un peu de vie, peut-être un moment de poésie. Un bout de phrase lancé par une personne, même un reproche du jardinier, le responsable du parc me ferait d’une certaine manière plaisir : ce serait un autre signe d’existence même si cela ne m’incommode pas toujours d’écouter les pensées, de se remplir inutilement du vacarme des autres.
Le jardinier aime son parc. Parcourir son Éden, le visiter, tient de la tendresse. Il y a trop de souvenirs dans les paupières des enfants qui fleurissent, à fleur de temps d’autrefois, sur des bancs qui ont de la quiétude au bout du bois. Il y a trop d’âmes solitaires forgées de passion secrète qui sont à la quête d’un amour qui se mérite par la patience. Il y a trop d’espoirs en forme de sentiers qui sécurisent l’individu. L’homme dans ce lieu peut espérer les expectatives les plus optimistes…
Dans ce coin rempli de bancs, j’en ai apprivoisé un, celui qui surveille l’entrée et adossé à l’unique pommier. L’habituel clochard, qui invariablement se tait ou regarde par terre, a le sien aussi. Sans doute, sait-il, en premier, que l’au-delà passe plus par le sol que par le ciel ? Il y a des géométries et des équations de l’existence visibles sur nos corps qui guident l’individu au-delà de la rusticité de l’esprit. Je dois me rendre à l’évidence, malgré tout, que lui et moi partageons l’incommunicable expérience de l’isolement. Nous ressentons, peut-être à des strates différentes de notre être, l’irrépressible besoin de l’attachement à la vie dans ce qu’elle a de plus basique… le besoin de spiritualité.
Bien évidemment, j’aurais pu en faire une connaissance et combler mon silence mais de la façon qu’il fait crisser la terre sous ses semelles me laisse perplexe… comme si, en silence voire en catimini, sa silhouette manigance quelque chose.
J’aime me regarder dans le miroir entre midi et quatorze heures. C’est le seul moment où je me trouve acceptable à voir, le visage n’est pas froissé par le sommeil et le ventre n’est pas creux. Souvent à ces heures, je deviens espiègle, je me mets un peu de parfum, je m’entraîne à faire des clins d’œil, je m’amuse à retourner mes cheveux dans tous les sens pour trouver une coiffure qui me convient, mais en vain. Je cherche toujours
Une rumeur circule entre les arbres du parc que le poète de la ville a trouvé le secret de l’immunité contre la solitude. Je n’ai jamais osé le lui demander. Je ne veux pas mêler la grisaille de mon isolement à la brillance de sa poésie. J’ai peur de faire tache.
J’aime me voir dans la glace ou sur une photographie. Il y a quelque temps, au lycée professionnel d’horticulture où j’enseigne, un photographe est venu nous prendre en photo pour un journal à l’occasion d’une remise de médaille pour quarante ans de service à un homme mécontent de partir dans la vie inactive. L’homme la soixantaine, encore en pleine force intellectuelle, l’allure droite, les yeux brillants mais l’air soucieux, conscient que cette dernière photo ne soit la toute dernière parenthèse d’une existence ôtée. Il portait un costume foncé, chemise blanche et cravate noire comme à un enterrement. J’étais au premier rang, j’avais souri.
En fermant pour la dernière fois la grille du portail du lycée, l’homme fermait la porte de toute une vie.
Un retraité est un arbre que l’on arrache du verger, qui s’est forcé en un demi-siècle à s’implanter, à s’enraciner pour se forger enfin une place et produire le fruit de l’effort.
Au mieux dorénavant, il donnera de l’ombre. Au pire, tôt ou tard, il rejoindra le cimetière des forêts.
Mon petit-déjeuner est simple mais efficace. Il est déjà l’heure de partir et le plateau de mon repas, les assiettes sales traînent encore sur la table, attirant les mouches et le désordre… les mouches pour avoir un semblant de vie et le désordre pour y voir mon image. Puis, je me lave le visage, la bouche et un peu le cou, les oreilles, il ne faudrait pas qu’une personne m’appelle et que je n’entende rien.
À midi, je sors le dernier, je n’aime pas les bousculades et puis personne ne m’attend à la maison. Au seuil de la porte, je nettoie mon corps des particules de la terre, je me lave le regard. On ne sait jamais si dans la rue une personne vient à me demander un renseignement, il ne faudrait pas que je parle mal. Une tristesse mélangée à la tourbe peut facilement étouffer et rouiller le gosier.
À cette heure de la journée, la rue est calme et je n’ai que la compassion de la dureté de l’asphalte et des pierres des maisons comme reflet. Quelques retardataires comme moi se précipitent pour retrouver leur foyer. Quand je rencontre l’un d’eux, je souris pour qu’il ne voie pas ma solitude sur le visage.
En marchant vers chez moi, au bord des maisons accolées les unes aux autres comme des livres de recettes sur une étagère de cheminée éteinte, je m’approche des fenêtres pour sentir et deviner les bruits des familles qui se mettent à table. Sombre vice de celui qui est dépossédé d’un foyer familial. Le geste, orphelin de la main, happé par l’écho assourdissant des murs, disjoint les briques d’une brèche amère. J’entends leur souffle, le son de la dégustation et la résonance des ustensiles. C’est une manière de donner la main à la solitude avec une certaine revendication. Une supplique qui réinvente mon corps en disloquant les pas raidis d’une vie de funambule.
Enfin j’arrive chez moi, je sonne avant d’entrer, ce geste me fait rêver et rassure l’œil indiscret… les boîtes de conserve m’attendent et je me hâte d’en ouvrir une. Par bonheur, je tomberais, peut-être, sur une qui enfermerait une âme. La part féerique des Mille et Une nuits