Entre deux silences

Par M. de Saint-Michel

« Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense ! » disait Baudelaire à propos du sonnet.
Également contraignantes - par leur concision - sont les formes que l’on trouve dans ce recueil : distiques, haïkus, monostiques.
Les thèmes abordés (le passage du temps, la mémoire, l’amour, la mort…) qui parlent à chacun de nous, trouvent, dans la brièveté même de l’expression, un relief nouveau. Cette densité, ce dépouillement voulus donnent à l’idée exprimée, à l’émotion ressentie, à la sensation évoquée un impact d’autant plus fort - un peu comme si les quelques mots formant poème étaient arrachés au silence…
La sobriété lexicale, si elle n’exclut pas nécessairement la précision de la chose dite ou vécue, le plus souvent se contente de l’effleurer - d’en suggérer les diverses facettes ; le laconisme ouvre ainsi aux multiples résonances des images que chaque lecteur, avec la sensibilité qui lui est propre, peut percevoir.
N’est-ce pas cela, la Poésie ?

• Langue: Français
• Éditeur: Les Éditions du Net
• Date de sortie: 27 sept. 2024
• ISBN: 9782312146751

Aperçu du livre

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Entre

deux silences

M. de Saint-Michel

Entre deux silences

LES ÉDITIONS DU NET

126, rue du Landy 93400 St Ouen

© Les Éditions du Net, 2024

ISBN : 978-2-312-14675-1

Mon beau navire ô ma mémoire

Avons-nous assez navigué

Dans une onde mauvaise à boire

Avons-nous assez divagué

De la belle aube au triste soir

Apollinaire

Partie I

Le silence étreint la neige.

La neige épouse la nuit.

Il y a dans ton cœur Mégère et Cerbère

et, parmi les flammes et le sang, Hélène !

Qu’entends-je ici alors que rôde la mort noire ?

C’est l’écho de ta chair. Sa plaintive mémoire.

Le long des jours marche sur le rivage…

Déjà Caron guide vers toi sa barque.

Le ciel est d’un bleu limpide.

Vivre n’a pas une ride.

« Triomphe du matin ! » s’exclame l’enfant-roi,

ne sachant pas encor l’ombre mauve qui croît.

Combien de temps, oh combien de temps

pour toucher du doigt l’éternité ?

Nœuds de serpents, règne des loups :

le monde est un rêve de fous.

Saignement noir.

L’horloge mord.

Tomberont bientôt les neiges,

songes qui se désagrègent.

Forêt des souvenirs, une étoile demeure

dont un rayon suffit à traverser l’absence.

Ne te retourne pas, ô solitude !

Il n’est plus trace de notre jeunesse.

Voûte obscure et plombée du chagrin,

comment retrouver un peu d’azur ?

Au vieil homme qui gît très loin de son enfance

accorde-lui, Seigneur, un éclair d’espérance…

À mesure que tu écris ta vie,

la page se déchire.

Deux novembre. Larmes ardentes.

Ces visages qui nous hantent…

Elle riait dans la lumière.

Elle brille dans ta mémoire.

Quelle saison, dis-moi, te rendra le bonheur ?

L’été n’est plus l’été lorsque la vie se meurt.

Mon père en son tombeau, comme il fait noir au

monde !

Comme le temps s’efface où notre espoir se fonde !

Fanés, les bouquets du cimetière :

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