Fantasmagories sentimentales: Poésie de l'intimité
Par Jean-Marc Ortéga
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À propos de ce livre électronique
Jean-Marc Ortéga
Jean-Marc Ortéga est peintre, musicien et poète. L'Ecole des Beaux-Arts de Paris, plus de 20 ans à pratiquer avec passion le métier d'Architecte... La peinture et la musique l'accompagnent, et la poésie lui semble être une bonne manière de partager sa joie de vivre.
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Aperçu du livre
Fantasmagories sentimentales - Jean-Marc Ortéga
A Joaquim, Apolline et Théo
Table
La vie est une femme fatale
J’ai froid, j’ai peur, je t’aime
Stupide promenade
Le thé a foncé
Aller sans savoir
Vague à l'œil
Nos deux bouches scellées
Fantasmagories de l’aube
Sur ta peau lactescente
Au gré du vent
De la vie à la pelle
Du silence à l’ombre
Ode aux sens
La lutte intérieure
L’ange a montré la voie
Sur la pointe des pieds
Les arbres blancs
Les gros yeux
Le guetteur
Au cœur de la fracture de l’être
Prêt pour le passage
Le chant de l’air
Le cœur serré
Des larmes amères
Les sons de l'autre rive
L'âme brouillée
Trognon de vie
Des mots réchauffés
Lointaines réminiscences
Le lac étale
Les âmes naufragées
L’intérieur en furie
Triste dimanche soir
Comme un regard qui fuit
L’écrit glisse
Evanescences lactées
Sang létal
A vot’ bon cœur m’ssieurs dame
Sans raison apparente
Les jours de pluie
L’air épaissi de l’ombre
La noirceur du soir
Silence plat
Au bout de ta main ma main
Rousses cerises
L’anonyme ami
Main dans la main et l’inverse
Pâle état d’âme
La main séraphine
L'ange et le cœur brisé
Ta magie de l'aube
Sans toi
Les branches ont tremblées
Vertueuses herbeuses
Le grand arbre triste
Douce tourmente
Passion d'absence
L’ondoiement crémeux des nuages
La mouette muette
Oups ! Je coule
L'océan fait des bonds
Le temps de voir
Ode aux saisons de la nature
Ondulation du matin
Le corps bleui
Les pieds avancent vite
Les doigts écoutent
Le marcheur
L'oiseau amoureux du monde
Grains de folie
Ça bouge un peu
Epices et chatouilles
Regard absent
La feuille, le chat et l’enfermé
Turbulences dans mon thé vert
Cruel duel
Hâle d’été
Je recueille du ciel
Zigzag garanti
A l'abri du beau
Oscillante ritournelle
Heureuse rencontre
Tu échappes, vive
Frimousse mousseline
Tes dents adamantines
Libre, enfin
Ma cousine Aglaé
Dans les remous du drap
Les faces effacées
Mon âme égarée
Alangui là
Apolline enchantée
Le violon de Joaquim
Théo et le doigt de Dieu
Les petits pas hésitent
Dans ma tête du vent
Paupières abaissées
La main vague
Dans les replis de soi
Lien-Liane
Comment t'écrire
Le silence sans toi
Amour agonisant
Le cœur à l’abri
Maintenant on se connaît
Spirituelle essence
La forêt bruit
Sous l’herbe drue
Un souffle sévère
Tendres souffles
Le songe de la première fois
L'instant doré
Le cœur trouble
Avalokiteshvara
Je vois loin
Jusqu'à ce que ta nuit revienne
Les âmes fêlées
Violence inachevée
Fascination d'automne
Combat sauvage
La vie est une femme fatale
Dans les rues fraîches du printemps,
De long rais ocrés d’air éclairent
Les gris visages des passants,
Soudainement auréolés
D’une douce et fine lumière,
Translucide et mandarinée.
Une cristalline beauté,
Avance, lente et nonchalante,
Les hanches en roulis, ondulante,
Brune, comme si de rien n’était.
Face à elle, une blonde en noir,
Qui n’en finit pas d’être blonde,
Est plantée, drue, dans le trottoir,
Délicatement un peu ronde.
Certains jours, je suspends mon pas
Et, quand je m’arrête, je vois
La vie en vérité, son âme :
La vie est une femme fatale.
Je réalise, à ce moment,
Que ces femmes aux minois malins,
Sont comme une essence, comme un sang
Qui navigue en moi joliment,
Alanguissant sirop carmin
Qui me permet d’être vivant.
Il y a des jours étonnants
Où la lumière n’a pas de fin.
Les choses apparaissent vraiment.
Heureuse ellipse de l’Esprit
Qui soutient les rêves au matin,
Les enracinant dans la vie.
Dans les rues fraîches de mon rêve,
Campées sur leurs jambes jumelles,
La brune et la blonde m’observent
D’un unique regard, irréelles.
Puis, subitement elles s’élancent,
Et, d’une belle élégance,
D’un long saut agile et joyeux
Se jettent, charnelles, sur mon ombre
Qui, sous elles, surprise s’effondre,
Contre mon corps leurs corps se collent,
Et avant de toucher le sol,
Juste avant, je tombe.
Amoureux.
J’ai froid, j’ai peur, je t’aime
C’est le matin. Je me débats dans la crème d’un rêve Composée d’incertaines réminiscences, collantes et glissantes.
Pesantes. C’est un peu comme si je nageais dans un soda sucré.
Quelques notes violines et fragiles tourbillonnent, erratiques, ralenties par le froid.
Puis, soudainement, sans doute pressentant un danger invisible, une panique muette semble s’emparer de ces notes délicates qui, comme d’affolés feux follets, maintenant se mettent à jouer au flipper dans ma tête.
Un coup de tonnerre fracasse le ciel bleu de mon songe.
La cristallerie de ma rêverie vole en éclats.
Rabat-joie, un vent lugubre siffle la fin de la partie, la fin du rêve, la fin de tout espoir.
Une fois de plus mon évasion a échouée.
Brutaux, mes démons me ramènent dans la cellule étroite de mon esprit tourmenté, dans les creux sombres de la prison de mon lit.
Je m’y effondre, m’y englouti, m’y noie. Liquide.
Au bout d’un long moment, tel un somnambule, je me redresse, les yeux fermés, dans les draps froissés et glacés. Je retarde le moment de les ouvrir.
Je n’aime pas ça, les ouvrir.
Un silence froid plombe mon éveil comme lorsque que mon père est mort.
Visqueuse et poisseuse, une brume jaunâtre flotte dans l'air lent du matin.
J’ai peur. J’ai peur du noir. Mais j’ai encore plus peur de ce qu’il fait de moi.
Tête baissée, buté je glisse un regard par la fenêtre étroite, ouverte sur la fin de l’hiver. Fait froid.