« L’inconsolable chez moi est gai »
Après La Fontaine et Beaumarchais, c’est à Beethoven que l’écrivain Erik Orsenna, grand conteur devant l’Éternel auquel il ne croit pas, consacre le dernier volet d’une trilogie enjouée. Notre académicien, qui toujours, à la manière d’un premier accord musical, commence par donner un titre à ce qu’il va écrire, avait d’abord résolu d’intituler ce livre « le génie fraternel ». L’oxymore lui plaisait : d’un côté les dons surnaturels de l’un des plus grands compositeurs de tous les temps ; de l’autre un être infernalement humain que l’on a envie de prendre dans ses bras, avec son cœur qui explose, et sa tête n’en parlons pas, a fortiori lorsqu’il compose et qu’il est obligé de s’asperger d’eau glacée au point d’inonder ses voisins du dessous.
« Beethoven, c’est mon frère absolu »
écrit Orsenna qui a conçu cette biographie comme une ode, non pas à la joie, mais à la fraternité. L’Hymne à la joie est évidemment le héros bis de ce texte. estime l’écrivain. Neuvième Ainsi naît – c’est le titre final. Sachant que si le passionné de la passion qu’est Beethoven – selon les mots d’Orsenna, qui sait par contraste de quoi il parle : lui a décidé une bonne fois pour toutes que la joie serait son royaume ; et il s’y tient, de livre en livre. Son écriture est rieuse, joueuse. Et en cela elle ne ressemble à aucune autre. Il n’occulte pour autant ni les drames ni les larmes. Quand il cite le « Testament de Heiligenstadt », la lettre écrite – et jamais envoyée – à ses frères Karl et Johann en octobre 1802 où Beethoven consigne son désespoir devant la surdité, il enjoint au lecteur de ne pas craindre de pleurer.
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