Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

La bête de Poitiers: Roman policier
La bête de Poitiers: Roman policier
La bête de Poitiers: Roman policier
Livre électronique249 pages3 heures

La bête de Poitiers: Roman policier

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Que cache Yves Rémuset ?

D’où vient ce Yves Rémuset, voyageur étrange qui, à peine débarqué sur les quais de la gare, n’a plus qu’une obsession : se cacher, disparaître dans la géographie nouvelle de la capitale poitevine ? Qui est-il ? Que fuit-il ? De quels crimes inavouables ce magistrat aux abois est-il l’auteur ou a-t-il été le témoin ? Pourquoi cette hâte à voler une identité qui n’est pas la sienne ? À se glisser dans la vie d’un autre ? Est-ce Pau, ce grand type primaire et brutal envoyé à sa recherche, qui l’affole ? Ou, plutôt, le souvenir de Coraline, l’épouse aux deux visages, le poursuivrait-il jusque dans les quartiers périphériques des Couronneries et de Bellejouanne ?
Toi seul le sauras, lecteur, en tournant les pages. La justice, elle…

Plongez dans ce polar haletant et découvez les profonds secrets d'un magistrat aux abois !

EXTRAIT

Sacré Cléo ! À quoi a-telle donc goûté de si répréhensible ? L’adultère ? La bigamie durable et secrète ? Ou faut-il passer en revue la gamme des jouissances non conventionnelles ? Une touche de masochisme ? De sadisme ? A-t-elle joué les frotteuses dans les transports en commun jusqu’à souiller ses proies ? Les voyeuses ? Les fétichistes ? Avec le temps est-elle devenue une de ces cougars qui fondent sur les adolescents et les dévorent de leur drôle d’amour maternel ? Je n’arrive pas à y croire. Comme beaucoup d’être humains sur le sujet, elle doit se vanter. Elle m’appâte.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Nés dans la petite école publique de Vançais, au sud des Deux-Sèvres, Alain et Jean-Paul Bouchon ont publié chacun de leur côté des romans policiers, des ouvrages historiques et des autobiographies. Aujourd’hui, ils ont décidé de mettre leur enthousiasme en commun et signent un roman noir dont le cadre est le monde judiciaire, monde qu’ils connaissent parfaitement : Jean-Paul est avocat honoraire près la cour d’appel de Poitiers et Alain a fait toute sa carrière dans le service contentieux d’une grande mutuelle niortaise.
LangueFrançais
Date de sortie22 juin 2018
ISBN9791035301644
La bête de Poitiers: Roman policier

En savoir plus sur Alain Bouchon

Auteurs associés

Lié à La bête de Poitiers

Livres électroniques liés

Thriller policier pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur La bête de Poitiers

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La bête de Poitiers - Alain Bouchon

    PREMIÈRE PARTIE

    CHAPITRE 1

    18 octobre 2015. Depuis que j’ai bazardé mes ordonnances et mes boîtes de pilules, je marche sur un chemin de crête qui hésite entre fureur et dépression. Certes, je n’ai pas toujours joui d’un caractère constant, équilibré, maître de lui, mais une instabilité pareille, jamais ! À certains moments – hier par exemple –, je déplacerais des montagnes, réglerais tous les problèmes sans solution de mon existence, boxerais quiconque se mettrait en travers de ma route ; à d’autres, un abattement définitif me paralyse, me fait regarder le monde comme un microcosme sans intérêt. Alors, tel l’habitant d’un coquillage, je rentre en moi-même, dans ma nacre, je m’isole au milieu de la multitude, je dresse des barrières invisibles pour me protéger de ceux qui voudraient me sauver. Bref, je coupe les amarres et me laisse dériver au large de tout.

    Aujourd’hui est un de ces jours maudits.

    10h18. Le TGV en provenance de Paris vient à peine de cracher sa file noire de voyageurs que je me retrouve seul dans le hall de la gare de Poitiers. Désorienté. Déboussolé dans les courants d’air et les annonces des trains au départ. D’un coup d’œil circulaire, je tente de chercher une aide. Sur le mur de gauche, un quadrillage à la gloire de la SNCF étale ses photos floues et quasi abstraites de rails et de motrices. Ce n’est pas lui qui va se mettre à piloter ma fuite. À droite, les habituelles boutiques : un Relay et ses présentoirs de journaux dressés devant le magasin ; un Paul à la vitrine bourrée de viennoiseries et de sandwichs derrière laquelle s’affairent une blouse et une toque blanches ; et bien sûr, l’espace de vente des billets. Rien à en attendre dans mon cas. Ce n’est pas un plan, un livre, un renseignement ou une tartelette aux pommes que je cherche, mais un but. Ou aller ? Vers quel quartier diriger ma lassitude ? Où poser le fardeau de mon destin ? Je pourrais solliciter les ombres qui me tournent le dos, assises sur des tabourets rouges et noirs, le nez plongé sur leurs tablettes, interroger celles qui courent et me dépassent à grandes enjambées, valise à la main, mais dans ma situation ce serait folie. Alors, malgré le tapis SNCF qui me souhaite « BIENVENUE » dans la gare, je sors lentement sur le parvis, mon sac sur l’épaule. Un type fait la manche à côté d’un distributeur de billets, un chien crasseux couché à ses pieds. Deux adolescentes me regardent en se passant des cigarettes blondes et en mâchouillant des chewing-gums. Avec mes premiers cheveux gris et ma peau sèche, je suis trop vieux pour provoquer leurs appétits ! Sans pitié, leurs paupières fardées tombent comme le rideau de fer d’un commerce qui ferme. Prendre à droite ? À gauche ? Aucune idée ! Je m’assois un instant sur un banc en bois, à proximité des magnolias qui bordent l’arrêt TAXI. Des feuilles jaunes volent autour de moi. L’air froid et sec me réveille un peu. Au bout de quelques instants, je constate qu’une grande partie des passagers file à gauche, en empruntant un escalator. Je leur emboîte le pas. Arrivé sur une plate-forme en béton où m’attendent des copies des gargouilles de la cathédrale Saint-Pierre (apparemment c’est le plus gros monument religieux de la ville), je comprends que je me trouve à l’entrée du Parcauto. Pas pour moi, pauvre piéton. Heureusement, presque au même moment, une bande de jeunes collégiens chahuteurs déboule d’une passerelle que je n’avais pas remarquée. Skates à la main, écouteurs vissés sur les oreilles et capuches sur les yeux, ils font mine de se battre et m’obligent à me ranger. Puis, subitement, le désert. Personne dans leur sillage. Vide, la passerelle m’invite à la traversée. Elle conduit forcément à la ville dont je vois maintenant les vieilles maisons bourgeoises surplomber le boulevard de la gare.

    Comme chaque fois que j’arrive dans une ville inconnue, je me liquéfie et sens monter en moi l’irrésistible envie de me foutre en l’air. Les autorités locales ont prévu ce genre de réaction : la rambarde est doublée de panneaux de verre suffisamment hauts et épais pour empêcher toute tentative désespérée. Je m’engage donc. À mi-passerelle, les protections vitrées ont été démontées. En salopettes grises et gilets fluos jaunes, des ouvriers s’activent à les remplacer, mais pour le moment, ils déballent le nouveau matériel une dizaine de mètres plus loin.

    J’avance le pied en limite d’ouvrage et sens immédiatement les vibrations du métal sous mes chaussures. Je m’accroche au tube en inox de la main-courante. Au-dessous de moi, des voitures et des bus accélèrent, freinent, klaxonnent, s’enfoncent vivement dans l’obscurité d’un passage souterrain. Accrochés aux murs, sur leurs échafaudages, des menuisiers, des maçons, des peintres, grattent, poncent, badigeonnent, enduisent, actionnent des poulies, tirent un seau, treuillent une caisse. Des taches multicolores encombrent les trottoirs, mues par une étrange frénésie. Ici, un aveugle tente de se faire une place dans un abribus. Plus loin, une jeune mère de famille cramponne sa grappe d’enfants. Les hommes. Le spectacle de la vie quotidienne. Quel sens a tout cela ? Aucun, j’en ai peur. Un immense découragement tombe sur mes épaules. Vivre, à quoi bon ! S’ajouter à ce mouvement routinier, quel intérêt ! Je me penche légèrement au-dessus de la balustrade. Il serait si facile de mettre un terme à tout ça. J’enfourcherais le métal et adieu la métaphysique. On retrouverait mon corps au milieu de la circulation, aplati comme une étoile de mer écrasée. La page serait tournée. Le monde reprendrait sa course imbécile sans moi. Mais je n’enjambe rien. Je reste là, paralysé par la trouille. Soudain, une engueulade me tire de mon état second :

    — Dégagez de là ! Nous on veut pas d’emmerd…

    Deux ouvriers ont surgi, inquiets de mon arrêt au bord du précipice urbain. Merci pour la compréhension ! Je reprends ma route. Arrivé à l’extrémité de la passerelle, un bruit de pas rapides et parfaitement rythmés m’arrache enfin à mes vaines méditations. Attaché-case à la main droite, un jeune col blanc descend prendre son train. Je le déteste tout de suite. Il représente ce que j’ai toujours fui : le prédateur social conscient de sa supériorité. Je suis certain qu’il a quitté son bureau à la demie, qu’il sait qu’il mettra le pied sur le quai à moins dix très précises, qu’il pliera son manteau à moins cinq et qu’à onze heures pétantes, ordinateur portable ouvert, il entamera la rédaction d’un compte rendu, d’une note de synthèse ou remplira un tableau d’objectifs. Cheveux blonds soigneusement négligés, barbe de trois jours, costard et chemise col ouvert, parfum épicé, il file vers la réussite tel un métronome indifférent à son environnement. Il me toise méchamment en me croisant. Encore un de ces loosers qui n’ont pas su dompter le monde, doit-il penser de moi ! À peine a-t-il le dos tourné que je découvre avec horreur que je n’ai qu’une idée : le basculer avec sa sacoche sur le bitume en contrebas. Mais les arrivistes ont toujours de la chance : la voie est gardée par des témoins qui me tomberaient dessus au premier geste. Il s’éloigne, inconscient des risques qu’il a courus, du pas efficace de celui que le succès attend. Je me retrouve seul au bout de ma passerelle. Devant moi, une large voie monte à l’assaut de la ville. Que faire sinon la suivre ! Il faut bien que je reprenne le cours de mon destin, tel que je l’ai choisi en jetant mon dévolu sur Poitiers.

    Soyons clair ! Je n’attends pas grande consolation de cette ville. Même si elle a du caractère, Poitiers n’est pas réputée pour être belle, surtout à la mauvaise saison, ni pour savoir accueillir les étrangers avec plus d’égards qu’une autre métropole. Les Poitevins eux-mêmes y vivent-ils mieux qu’ailleurs ? Je n’en suis pas sûr. Mais telle qu’elle est, elle convient parfaitement pour l’usage que je lui réserve : un trou où me cacher, avec l’espérance qu’ils ne le trouveront jamais. Mes chances d’y rester tranquille sont réelles, me semble-t-il. Je ne m’y suis jamais arrêté avant aujourd’hui. Je n’y ai aucun parent, aucune connaissance. Et je ne souviens pas y avoir fait référence dans mes conversations.

    Pour tout dire, avant de venir ici, j’ai hésité entre Vesoul, Poitiers et Clermont-Ferrand. J’ai choisi Poitiers, simplement pour une raison climatique : Météo France affirme qu’il y fait moins froid qu’à Vesoul et à Clermont-Ferrand. Et j’en ai tant soupé, des hivers des hauts plateaux de… Là-bas. Comme vous le voyez, j’hésite à prononcer ces mots de mon passé, comme j’évite de prononcer leurs noms, à eux.

    Après le boulevard Solférino (m’indique une plaque bleue) et le parallélépipède à carreaux jaunes/verts qui le domine, j’enfile une rue qui monte, comme disent les enfants. C’est la rue Boncenne, bordée de murs gris et nus. Une place pavée m’attend à son extrémité. Ici, pas de problème d’identification. Je suis en terre connue. En effet, en plein dans l’axe de ma marche, je vois les colonnades du palais de justice. À ses pieds, un manège pour enfant, peint d’un bleu estival, retient ses flonflons et sa promenade circulaire : trop tôt pour la fête. Pas de fête non plus au palais de justice, temple néo-grec juché en haut de ses impressionnantes marches grises : les voitures de police déversent – sous bonne garde – les clients de l’audience correctionnelle. Quelques crochets à travers les rues piétonnes et je débouche sur la place du marché, face à un portail extraordinairement ouvragé. Je ne suis jamais venu ici, mais je l’ai vu en photo dans tous les livres d’art médiéval. C’est celui de l’église Notre-Dame. Pour autant, pas d’émotions architecturales au programme. Objectif numéro un : trouver un lit pour la nuit. Dans un hôtel discret. J’ai d’abord pensé chercher un de ces établissements où l’on peut maintenant réserver, payer sa chambre et obtenir une clef sans rencontrer quiconque. Seul problème, il faut passer par internet ou une borne interactive et donner un numéro de carte bancaire. Autant afficher ma photo sur les murs de la ville ! Quand votre seul souci est de disparaître à jamais sous la surface des choses, il faut renoncer à toutes ces commodités. Internet, voilà bien trois mois que j’ai résilié tous mes abonnements et cessé mes recherches. Une seule trace sur la toile et la police vous tombe dessus sans difficulté. Pour ce qui concerne mes comptes bancaires, je les ai vidés au maximum et je ne compte pas les mouvementer de si tôt. Tout en liquide. Tout dans mes poches. De téléphone portable, plus question non plus. J’ai jeté le dernier dans une mare, quelque part dans les environs de Mende. À moins qu’un chien errant ou un mouton déshydraté ne tombe dessus, il n’est pas près de réapparaître…Comme les indiens d’Amérique, j’ai effacé soigneusement les traces de mes mocassins.

    Après avoir tourné dans la vieille ville, je finis par choisir l’hôtel du Gai Logis, dans le Passage de la Petite Roue. Dès que l’on quitte les mannequins décapités d’Elevenparis, la rue est nue. Un vieux portail de garage condamné, des dos de maisons sans ouverture. Tout ce qu’il me faut. Le Gai Logis se dissimule là, à quelques encablures de la médiathèque François Mitterand. Emplacement désastreux d’un point de vue marketing. Emplacement merveilleux pour entamer une plongée dans l’oubli. Un étudiant endormi, barbe hirsute et cheveux en bataille, moyennement aimable, assure la réception. Il va terminer son service et passer le relais à un autre chasseur de Licence ou de Master. Parfait ! Aucun suivi des arrivants. J’entre dans une vraie tombe. Pas de demande d’identité. Je paie la chambre d’avance, en coupure de vingt euros. Pas le moment de se faire repérer avec des billets de cent ou de deux cent. Je les écoulerai plus tard. Le gars a l’air de s’en moquer. Il n’a qu’une envie : se débarrasser de moi au plus vite. Il est à peine douze heures trente quand je pousse la porte de la chambre numéro quatorze.

    Il y a bien longtemps que je n’ai rencontré une atmosphère aussi vieillotte. Dans la pièce étroite, un lit de bois sombre, une petite table bancale, deux chaises qui mériteraient de faire un stage chez un rempailleur et une armoire où pendent trois cintres déglingués. Des faisans décolorés voltigent lourdement sur le papier crème des murs, sous un plafond écaillé comme une peau qui pèle. Une minuscule salle de bain/WC se cache derrière une porte. Lorsque je me retrouve seul dans ce cagibi, un coup de blues me paralyse. Je m’effondre sur le lit. Quelle fin de vie m’attend, mes aïeux ! Toutes ces années, tous ces combats pour moisir dans ce galetas ! Qu’ai-je fait pour mériter pareil supplice alors qu’eux vont continuer à bambocher, à ripailler ! Eux…Ce seul mot me remet debout. Ne pas se laisser aller. Au contraire, mener mon projet à bout, tout de suite.

    De mon sac je tire l’un de mes deux sandwichs, le thon/salade/tomate, m’en bourre l’estomac jusqu’à ce que l’angoisse disparaisse, vide le reste de la San Pellegrino achetée au wagon-bar du TGV, cale une chaise derrière la porte (précaution illusoire je le sais, mais indispensable à mon esprit) et m’allonge sur le dessus de lit en faux velours grenat. Lorsque je me réveille, il est plus de dix-sept heures. Le jour descend rapidement. Bientôt les rues de la ville seront envahies d’ombre. Comme ma vie. Enfin.

    CHAPITRE 2

    19 août 1764. Montpellier. Extrait d’une lettre de Monsieur de Puyravier, Intendant de la Province de Languedoc, au Commandant Général des troupes, Charles-Guilhem de Saint-Jean Malafosse :

    « À Monsieur de Saint-Jean Malafosse, Commandant Général des troupes de Sa Majesté en la province de Languedoc, en sa résidence de Montpellier.

    « Monsieur le Commandant Général, j’ai le devoir de vous entretenir des faits suivants susceptibles d’intéresser le service du Roi : le 16 juillet 1764, en la paroisse de Péchastel, ladite paroisse relevant de l’Évêché de Mende, deux bergères ont été dévorées alors qu’elles gardaient un troupeau de vaches dans un champ jouxtant la forêt de Mercoire. Leurs corps ont été retrouvés à la nuit par des paysans du village, après que l’alerte eut été donnée par leurs parents, inquiets de ne pas les voir revenir. Non seulement les deux jeunes femmes (Adèle Bonneval, 18 ans et Marie Malzieu, 20 ans) ont péri dans l’agression dont elles ont été victimes, mais encore elles ont été dépecées en partie. Manquaient, d’après les descriptions qui nous sont parvenues, plusieurs organes dans leurs abdomens : cœur, foie, tripes et boyaux. Des griffures sanguinolentes marquaient leurs gorges qui avaient été dénudées dans l’assaut qu’elles avaient subi. Une partie de la peau de leurs chefs avait été enlevée, notamment sur le visage ainsi qu’une partie du nez. Devant l’émotion et la terreur qui s’est emparée de la région depuis, je vous mande instamment, monsieur le Commandant Général, de bien vouloir envoyer une troupe afin de ramener le calme et la sécurité et de mettre hors d’état de nuire celui où ceux qui sont à l’origine de ces odieux crimes. Ne soyez pas étonnés, lorsque vos soldats seront sur place, s’il vous est affirmé que ces forfaits sont l’œuvre d’une bête ressemblant à un gros loup à museau de veau. L’imagination de nos paysans n’a pas de limite lorsqu’elle est soumise aux dérèglements de la peur. Pour ma part, je ne peux admettre une telle hypothèse. Je vous prie de me croire, Monsieur, votre fidèle et dévoué serviteur dans le service de Sa Majesté »

    17 juillet 2013. Article paru dans Le Midi Libre, édition Lozère, à la rubrique Faits Divers :

    Monstrueuse tragédie à Péchastel !

    « Hier matin, à Péchastel, deux jeunes touristes canadiennes ont été retrouvées mortes à proximité du terrain de camping Le Paradis où elles avaient planté leur tente depuis quelques jours. Prévenu par les gendarmes locaux, le vice-procureur du tribunal de Mende, Monsieur Rémuset, s’est rendu immédiatement sur les lieux, accompagné du substitut Pommiès. Les magistrats n’ont pu que constater les faits et relever les mutilations dont les victimes, mains liées dans le dos, ont été l’objet : éviscération, lacérations et défiguration. Une enquête a été ouverte et une autopsie des campeuses diligentée. À l’heure qu’il est, aucune piste n’est ni privilégiée, ni écartée. »

    Le vice-procureur en question, Yves Rémuset, c’est moi. Lorsque je suis informé des crimes de Péchastel, je ne me doute pas que ma vie va basculer.

    J’ai été nommé en Lozère il y a plus de six ans maintenant, après un début de carrière dans la couronne parisienne. Pendant deux bonnes décennies, j’ai occupé divers postes là-bas, essentiellement du côté du Parquet : substitut à Bobigny, substitut à Versailles, substitut à Meaux. J’ai même tâté de l’application des peines à Chartres, à une époque, tant j’en avais assez de

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1