Max: Roman
Par Antoine Duport
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À propos de ce livre électronique
La Philosophie des Lumières va servir de ferment à la lutte politique et à la Terreur pour cet homme qui vient de se faire élire député du Tiers-Etat par la Corporation des savetiers d'Arras, la plus pauvre de la ville.
Par la seule force de sa parole, Maximilien Robespierre que tout le monde appelle Max, va enflammer la France et donner à ses soldats l'énergie nécessaire pour remporter sur les armées d'une Europe entière coalisée contre la Révolution, d'immenses victoires... Et ce sera Valmy...
Quelque chose vient aujourd'hui de se produire ici qui changera la face du monde, confie à son aide de camp le généralissime des forces austro-prussiennes en ordonnant la retraite de ses troupes vaincues par des sans-culottes !
Plongez-vous sans plus attendre ce roman historique sur les traces de Robespierre et découvrez cet événement qui va changer la face du monde.
EXTRAIT
Augustin Bon Joseph de Robespierre, surnommé « Bonbon » depuis sa plus tendre enfance est là, subjugué par la voix de son frère, sourde et maîtrisée, s’affermissant au fil des minutes, une voix qui exprime si clairement la communion de leurs pensées.
Lebas aussi vibre de tout son être. Il boit les paroles de Max. Lui, qu’une amitié profonde lie à l’orateur, sait : le temps est venu de transformer la France…
Les émeutes ne cessent de troubler l’ordre public un peu partout dans le pays ; le Roi est acculé et renonce de plus en plus souvent à maintenir ses décisions qui deviennent chaque jour davantage des hésitations, puis des volte-face.
Pendant une heure, Max va parler sans s’arrêter.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ancien Avocat de Cour d’Assises, Antoine Duport prend sa retraite avec un lourd bagage de souvenirs et d’expériences à Rio de Janeiro où il devient définitivement écrivain après avoir déjà livré un roman en langue portugaise lors de l’un de ses voyages précédents. Sportif de haut niveau (Championnat de France de Chasse sous-marine et Championnat du monde de vitesse Windsurf) il poursuit ses activités nautiques avec la même passion que l’écriture.
Engagé dans une unité combattante pendant la guerre d’Algérie il attendra près decinquante ans avant de publier « MEKTOUB - une section d’intervention dans les Aurès -
1959/1962 » outre une trentaine d’autres romans.
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Aperçu du livre
Max - Antoine Duport
Chapitre premier
L’homme est petit.
Penché à la fenêtre de son logis, il doit se mettre sur la pointe des pieds pour apercevoir son frère cadet, Augustin Bon, de six ans plus jeune que lui, qui l’appelle depuis la rue.
— Viens vite Max… Tout le monde t’attend… Tu sais que ces gens du « Vieux Beffroi » t’aiment bien… Tu ne peux les faire patienter davantage !
— Me voilà, que diable !... Réponds celui que tout le monde appelle « Max » à Arras et dans les environs.
Les yeux vert pâle, la silhouette un peu grêle sur des jambes minces, presque maigres, il n’a pas la belle voix puissante et sonore de son frère. Le front large et les cheveux clairsemés châtain clair surmontent des orbites creuses que recouvrent de petites lunettes de myope. Des traces de petite vérole rongent la peau de ses joues perpétuellement animées par des tics nerveux qui vont jusqu’aux lèvres. Le nez relevé aux narines légèrement trop écartées ressemble, dit-on, à celui de Talleyrand, mais cela est sans intérêt.
Ses nouvelles chaussures lui font mal aux pieds et cela le rend de méchante humeur.
Augustin, toujours prêt à rendre service, les a bourrées plusieurs jours durant de papier journal afin d’élargir le cou-de-pied… Mais elles continuent de le blesser.
Le jour où il les a achetées pourtant, chez « Eminter », dans le quartier de l’Horloge, elles lui allaient parfaitement. C’est dire si les impressions d’un instant, le goût irraisonné pour la chose nouvelle et la mode des boucles en métal argenté peuvent induire en erreur un jeune homme aussi réfléchi que Maximilien, l’un des meilleurs anciens élèves du Collège des Jésuites de la Rue des Capucins, Avocat au Barreau d’Arras et Juge démissionnaire du Tribunal Ecclésiastique de cette même ville !
Augustin ne se prive pas de moquer son frère qu’il admire en secret à cause de son âge tout d’abord, qui lui inspire le respect dû aux aînés et ensuite, en raison de cette manière de parler que Max adopte en tentant de donner à sa voix de basse viole, un rythme posé et grandiloquent qui le subjugue.
Maximilien a un peu plus de trente ans. Augustin, lui, avec ses vingt-quatre ans ne semble pas être encore sorti de l’adolescence.
Les livres que son frère lui prête, il a bien du mal à les finir quand il les a commencés. Et pourtant, il le doit : Maximilien l’interroge sur leur contenu ; il entend causer avec lui du sujet traité, qui relève toujours, selon lui, de la plus haute importance, le tout sous la houlette du grand-père qui s’appelle
Monsieur Caraut, remplaçant le père qui les a abandonnés à la mort de leur mère, emportée par la tuberculose, lorsqu’ils étaient enfants.
Plusieurs générations d’hommes et de femmes devenus petits-bourgeois dans cette famille du Pas de Calais dont on retrouve les origines bien avant l’An 1500, avec quelques baillis et autres procureurs pour officiers, pelletiers, archers, chirurgiens et hommes de fief, ont fait souche ici, entre Arras, Saint-Omer, Auchel et Liévin.
Trois Maximilien au moins dans les deux dernières lignées portant ce patronyme bizarre de « Robespierre » qu’on dit être l’adjonction des deux prénoms Robert et Pierre !
Avant Maximilien Marie Isidore de Robespierre, penché à sa fenêtre, il y avait eu Maximilien Barthélemy François et un autre Maximilien encore, tous avocats au Conseil Supérieur d’Artois, comme le deviendra bientôt Max, énième héritier d’une bourgeoisie provinciale et d’une basoche arrageoise dans laquelle, subitement, il va découvrir la Justice et l’injustice, la veulerie et le courage, la suffisance et la modestie, avec lesquelles il va alimenter désormais sa pensée, sur les traces de son maître et inspirateur Jean-Jacques Rousseau…
Avant lui, il y avait eu surtout cette mère aimée que la mort avait enlevée, alors qu’une sœur venait de naître. Cette mère que Maximilien vénérait au plus haut point et qui le lui rendait bien.
Drame total pour lui que cette disparition d’une mère à laquelle va s’ajouter, dans les semaines qui suivront, le départ de leur père qui n’a cure de ses enfants et s’en va vivre à Munich avec une nouvelle femme.
Les deux filles vont être élevées par leurs tantes tandis que les deux garçons vont l’être par le grand-père Jacques Caraut, le père de leur mère.
Drame fulgurant et incompréhensible pour cet enfant chétif qui découvre avec cette mort et cet abandon, l’injustice de la fatalité, la douleur et le chagrin.
Il se souviendra de cela toute sa vie, de sa souffrance et de ce vide soudain créé autour de lui.
Un grand-père maternel qui essaye tant bien que mal d’élever Max… Deux sœurs éloignées et un nourrisson nommé Augustin Bon qui ne lui est, pour l’heure, d’aucune compagnie.
Un soir, dans les couloirs de l’Assemblée Constituante naissante, il murmurera à un ami ces paroles lourdes de sens : « Il n’y peut y avoir de fatalité de l’injustice ! »
Max ne pense qu’à descendre rejoindre son cadet dans la rue, mais ses souliers qui le blessent le retardent.
— J’ai mal aux pieds, crie-t-il à Augustin.
— Ne t’entête pas, répond celui-ci… Tu n’as qu’à mettre les vieux…
— Les bois sont trop usés !... Je vais avoir l’air d’un mendiant, répond Max en glissant à nouveau ses pieds dans la paire toute neuve qu’il vient d’acheter et dont les semelles de frêne poli sont rutilantes.
Il y a préalablement introduit de la poudre à perruque, ce qui a pour effet d’améliorer grandement une situation qu’il avait crue, un moment, sans issue.
« Il n’existe pas de problème sans solution ! » se dit Max en rejoignant son cadet.
Max et Augustin ont parcouru la rue des Carmes et sont entrés dans le dédale des ruelles du Petit Marché pour se rendre sur la Grand-Place où se trouve le « Vieux Beffroi », leur lieu de rendez-vous.
Il fait très froid.
C’est l’hiver de Janvier avec ses neiges et ses gelées : le petit peuple a pour ainsi dire disparu des rues de la ville. Même le marché du Jeudi a renoncé à tendre ses tentes et à planter ses tréteaux !
La cité semble déserte avec la neige qui tombe des toits et les ornières boueuses que de rares attelages sillonnent en silence.
À l’exception de quelques renfoncements où de pauvres hères ont allumé des feux pour se réchauffer, ne sachant où se rendre et dormant sur le pavé, de jour comme de nuit, Arras hiberne et meurt de faim comme toutes les autres villes de France.
— Je ne supporte pas de voir ces gens mourir de faim et de froid ! S’est exclamé Max… Ce doit être comme cela dans tout le pays… Du temps où j’étais à Paris, Rue des écoles, Rue de l’Université ou Rue Cujas, c’était tout pareil mon Bonbon… Des feux partout pendant l’hiver et une misère noire durant toute l’année… Dix ans déjà !...
Augustin, dit « Bonbon » opine du bonnet et enfonce un peu plus ses mains gelées dans ses poches.
— On ne peut rien y faire, dit-il… Nous ne sommes pas assez riches pour aider tous ces pauvres… Nous sommes même plutôt pauvres nous aussi, bien qu’on ait un toit sur la tête !... Mais nous avons souvent le ventre vide… Le pain manque !
— Souviens-toi de ce que disait Jean-Jacques Rousseau :
« Il ne faut pas qu’un pauvre soit assez pauvre pour n’avoir jamais l’espoir de devenir riche et qu’un riche soit si riche qu’il puisse acheter le pauvre ! »…
… Il n’existe pas de problème sans solution !... Tout est dans le « Contrat social » … Tu as tort de ne pas continuer de lire…
… Mais cela importe peu… Je te dirai moi, ce qu’il faut faire pour que cela change !
— Comment fais-tu pour te souvenir de tout ce que tu lis ? Demande Bonbon.
— Ce n’est pas difficile lorsque l’on adhère aussi complètement que moi-même à ces idées nouvelles qui sont un nouveau soleil pour le Monde à cette philosophie des Lumières
Répond Max en posant son bras sur l’épaule de son frère en signe de protection et d’affection.
Lui aussi a froid mais il ne le montre pas.
Depuis la mort de leur mère et l’abandon de leur père, il se sent investi d’une indéfectible responsabilité naturelle à l’égard de cet Augustin Bon, qu’il aime et dont il poursuit sans relâche l’éducation politique.
Ce « Bonbon », c’est sa chose. Un autre lui-même, comme un reflet dans cette solitude qui n’a cessé d’être la sienne depuis toutes ces années de Lycée et d’Université, malgré la promiscuité des autres… Ces autres, si différents de lui, qu’il considère un peu comme un troupeau de moutons allant et venant au gré des volontés d’un monarque indifférent aux souffrances de son peuple.
« Un berger de Droit Divin ! » aime-t-il à dire à Bonbon, en grinçant des dents et en serrant les poings.
Emule de Rousseau depuis son plus jeune âge grâce à l’heureuse initiation de son grand-père Carraut, Max est le siège d’une véritable effervescence intellectuelle, s’insurgeant contre l’absolutisme, le despotisme et