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Entre mes bras: Un roman sur le handicap
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Entre mes bras: Un roman sur le handicap
Livre électronique88 pages1 heure

Entre mes bras: Un roman sur le handicap

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À propos de ce livre électronique

Une chaise roulante peut-elle tomber amoureuse de son occupant ?

En vérité, ce serait même sa vocation. Mieux qu’une épouse, un enfant ou une mère, elle tient son patient dans ses bras, le réconforte en silence et le protège des atteintes de la vie. Et quand l’auteur pousse la chaise hors de l’hôpital, c’est pour découvrir dans Charleroi des SDF ou des « jeunes issus de l’immigration. » 

De cette quête symbolique à la fois drôle et terriblement cruelle, Thierry Robberecht fait une fable sur la dignité, seule réponse possible face à la précarité de la condition humaine.

Un roman qui offre un nouveau regard sur le handicap, formidable ode à la tolérance.

A PROPOS DE L'AUTEUR 

Si Thierry Robberecht est surtout connu pour écrire les textes de la série de bande-dessinée "La Smala", il est également l'auteur de plusieurs romans pour la littérature jeunesse. Il fut d'ailleurs lauréat du Prix de la Fureur de lire en 1993.

EXTRAIT 

Ne prends aucune initiative… je suis là pour t’aider… Je suis la seule sur qui tu peux compter, en qui tu peux avoir confiance. La seule, tu m’entends ? Les infirmières, les médecins sont tous incompétents, ta famille et tes amis t’abandonneront dès qu’ils auront compris que tu ne seras plus jamais l’homme que tu étais. Cet homme-là n’existe plus. Il est l’heure de suivre son cercueil jusqu’à la fosse récemment creusée et, quand le cercueil aura disparu sous les pelletées de terre, détourne-toi de cet homme et efface-le de ta mémoire pour toujours. Moi, contrairement à ta femme, tes gosses, ta sœur et tes amis, je t’aime depuis le premier jour de ton infirmité. C’est ce jour-là qu’a commencé notre histoire. Ta femme aimerait être à ma place, mais elle n’en est pas capable. Elle ne peut pas te porter, seulement te supporter. L’homme que tu as été, j’en ai rien à foutre, je ne l’ai pas connu et je ne veux même pas le connaître, il ne m’intéresse pas. C’est toi que j’aime, avec la moitié de ton corps qui ne répond plus, n’oublie jamais que ce que je te dis là, c’est pour ton bien. Tout ce que tu tenteras sans moi sera voué à l’échec.
LangueFrançais
ÉditeurWeyrich
Date de sortie18 févr. 2014
ISBN9782874892318
Entre mes bras: Un roman sur le handicap

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    Aperçu du livre

    Entre mes bras - Thierry Robberecht

    Chapitre 1

    Ne prends aucune initiative… je suis là pour t’aider… Je suis la seule sur qui tu peux compter, en qui tu peux avoir confiance. La seule, tu m’entends ? Les infirmières, les médecins sont tous incompétents, ta famille et tes amis t’abandonneront dès qu’ils auront compris que tu ne seras plus jamais l’homme que tu étais. Cet homme-là n’existe plus. Il est l’heure de suivre son cercueil jusqu’à la fosse récemment creusée et, quand le cercueil aura disparu sous les pelletées de terre, détourne-toi de cet homme et efface-le de ta mémoire pour toujours. Moi, contrairement à ta femme, tes gosses, ta sœur et tes amis, je t’aime depuis le premier jour de ton infirmité. C’est ce jour-là qu’a commencé notre histoire. Ta femme aimerait être à ma place, mais elle n’en est pas capable. Elle ne peut pas te porter, seulement te supporter. L’homme que tu as été, j’en ai rien à foutre, je ne l’ai pas connu et je ne veux même pas le connaître, il ne m’intéresse pas. C’est toi que j’aime, avec la moitié de ton corps qui ne répond plus, n’oublie jamais que ce que je te dis là, c’est pour ton bien. Tout ce que tu tenteras sans moi sera voué à l’échec.

    Toutes les nuits, je chuchote ces mots à l’oreille de mon amant. On dit que le sens des mots qu’on chuchote pendant le sommeil est mieux compris par le cerveau. La nuit, je lui répète sa leçon. Au réveil, mon amant se souvient de tout ce que je lui ai chuchoté. Je lui parle toutes les nuits, je lui répète combien je l’aime et que je serai toujours là, près de lui. Toutes les nuits de toute sa vie, je serai à ses côtés pour le protéger et pour prendre soin de lui. Je lui parle et continuerai à lui parler. Parfois, dans son sommeil, en se retournant ou en plein rêve, son bras cherche le mien comme s’il ne voulait jamais perde le contact. Erwin a tellement besoin de moi.

    Chapitre 2

    Un fauteuil roulant doit avoir plus de cœur que le commun des mortels, un cœur gros comme ça, une empathie et une humanité qui font bien trop souvent défaut aux humains eux-mêmes. Dieu nous a donné deux bras pour compenser l’absence d’empathie des hommes et deux poignées pour racheter leur manque d’humanité.

    Des hommes, j’en ai connu, une liste aussi longue qu’un couloir d’hôpital. Ceux qui se sont abandonnés pour toujours en mourant dans mes bras et les autres, les dégoûtants qui se sont oubliés sur mon siège en faux cuir.

    Chapitre 3

    La première fois que j’ai vu mon Erwin, il avait l’air aussi mort que le lit à roulettes sur lequel il reposait. J’ignorais de quoi il souffrait et je m’en fichais. Une vraie professionnelle reste concentrée sur son travail : aider le patient, le protéger, rester à son service jour et nuit. Je n’ai pas pu voir son visage quand les infirmières l’ont installé dans la chambre, mais j’ai su instantanément que je l’aimais. Un psychanalyste qui a entretenu une longue relation avec moi et avec la sclérose en plaques affirmait que l’amour est la rencontre de deux névroses. J’ignore si c’est vrai, mais ce jour-là, Erwin avait besoin de moi autant que moi de lui. Je n’avais plus porté personne depuis si longtemps. Une chaise seule reste immobile dans un coin à pleurer sur son sort tandis qu’une chaise amoureuse retrouve le goût de vivre et d’avancer. Quand j’ai rencontré mon Erwin, je me sentais vide et abandonnée, sans but dans la vie, inutile, angoissée, et lui, avec la moitié de son corps inerte, handicapé. Nous étions faits l’un pour l’autre comme deux pièces d’un puzzle de huit milliards de pièces (la population terrestre plus les chaises roulantes sur terre, en comptant vite), nous étions faits pour nous emboîter. À cette époque, je commençais à ressentir l’angoisse de la chaise vide, et je sais d’expérience qu’il faut qu’un homme se blottisse dans mes bras pour retrouver l’envie d’avancer. J’ignore de quoi il souffrait, mais mon expérience me soufflait que la mort n’était pas passée bien loin. Elle avait laissé des traces sur le visage de sa femme, de ses gosses et de ses amis qui lui parlaient comme si Erwin appartenait à un autre monde. Mon Erwin ressemblait à un personnage de BD avec les perfusions comme des bulles sans texte au-dessus de la tête. D’ailleurs, il ne prononçait pas un mot.

    Je suis l’amour qui porte et qui protège, celui qui est présent quand on ferme les yeux et qui est encore là quand on les rouvre.

    Chapitre 4

    Au début de notre relation, j’ai bien senti qu’il se méfiait de moi. Il pensait que je l’avais rétrogradé d’amant à enfant alors que, pas du tout. En réalité, comme les infirmières et comme sa femme, je l’avais élevé au stade de l’enfant, l’enfant roi que les mères serrent contre leur ventre, le jeune visage tourné contre la robe ou le tablier, la main maternelle sur la nuque pour protéger son imaginaire de la nuit qui l’observe avec son cortège d’ombres sombres et de monstres grimaçants.

    Erwin, je suis l’amour qui prend dans les bras et qui console, qui pardonne tout et qui reste fidèle. En comparaison avec moi, la meilleure des mères, même la plus maternante, est un être cruel sans cœur et sans pitié.

    Chapitre 5

    Reste au chaud dans mes bras, profite des instants de paix que je t’offre. Partout ailleurs, le monde est un danger pour un homme tel que toi. Désormais, ta vie est ici, avec moi. Nos destins sont liés à jamais et toujours je veillerai sur toi. Je te serai plus fidèle que ta femme, ton chien, tes gosses

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