L'alena et le Mercosul - Volume 2
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Avis sur L'alena et le Mercosul - Volume 2
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Aperçu du livre
L'alena et le Mercosul - Volume 2 - Celso Antonio Favero
SUMÁRIO
Capa
Folha de Rosto
Créditos
TROISIÈME PARTIE: L’AGRICULTURE DU QUÉBEC (CANADA) ET DU SUD-OUEST DU PARANA (BRÉSIL) LE CONTEXTE DE LA GLOBALISATION
PRÉSENTATION
CHAPITRE VII. LE QUÉBEC ET L’AGRICULTURE SPÉCIALISÉE
7.1 UN PREMIER BILAN
7.2 QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES
7.2.1 LA PÉRIODE DE LA FORMATION (1854-1939)
7.2.2 LE DÉVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE MARCHANDE (1939-1966)
7.2.3 L’AGRICULTURE MARCHANDE SPÉCIALISÉE (1966-1991)
7.3 POINTS DE REPÈRE
7.3.1 UNE AGRICULTURE ET PLUSIEURS SYSTÈMES DE PRODUCTION
7.3.2 UN SOUS-SYSTÈME CONTINGENTÉ: LA CHAÎNE LAITIÈRE
7.3.3 LE SOUS-SYSTÈME PORCIN
CHAPITRE VIII. LE SUD-OUEST DU PARANA (BRÉSIL), UNE PRODUCTION AGRICOLE NON SPÉCIALISÉE VISANT À LA CONSOMMATION INTERNE
8.1 UN PREMIER BILAN.
8.2 LA FORMATION DE LA RÉGION SUD-OUEST DU PARANÁ
8.2.1 L’OCCUPATION DE LA RÉGION
8.2.2 LA COLONISATION DE LA RÉGION
8.3 LA MODERNISATION DE L’AGRICULTURE DU SUD-OUEST DU PARANÁ
8.3.1 L’AGRO-INDUSTRIALISATION DE LA RÉGION
8.4 QUELQUES POINTS DE REPÈRE
8.4.1 LES STRUCTURES FONCIÈRES
8.4.2 LES STRUCTURES DE PRODUCTION AGRICOLE
8.4.3 CATÉGORIES ET SOUS-CATÉGORIES
8.4.4 LES SYSTÈMES DE PRODUCTION
8.4.5 LES RAPPORTS ENTRE L’AGRICULTURE, L’AGRO-INDUSTRIE ET LE COMMERCE
8.5 LES ORGANISATIONS DES AGRICULTEURS
8.5.1 L’ASSESOAR
8.5.2 LE SYNDICALISME RURAL
8.5.3 LE COOPÉRATISME AGRICOLE
8.5.4 L’ASSOCIATIONNISME RURAL
8.6 ENTRE LES CONTRAINTES DU PASSÉ ET LES DÉFIS DE LA GLOBALISATION
CHAPITRE IX. LES AGRICULTURES ENTRE DEUX DEFIS
9.1 UN NOUVEAU MODÈLE D’AGRICULTURE
9.1.1 L’AGRICULTURE QUÉBÉCOISE ET LES NOUVEAUX DÉBATS
9.1.2 LE SUD-OUEST DU PARANÁ ET L’EMBARRAS DU PASSÉ
9.2 DES RÉGULATIONS ADAPTÉES AUX BESOINS DE LA GLOBALISATION
9.2.1 UN ENGAGEMENT EN ACCORD AVEC LES EXIGENCES INTERNATIONALES
9.2.2 LA DÉCENTRALISATION OU LE DÉSENGAGEMENT?
9.3 LES AGRICULTEURS ET LEURS NOUVELLES FORMES D’ORGANISATIONS
9.4 LES NOUVEAUX ENJEUX
9.4.1LE CAS DU QUÉBEC
9.4.2 LE CAS DU SUD-OUEST DU PARANÁ.
9.5 CONCLUSIONS
CONCLUSION
1. UN ENJEU
2. LE SUJET, LES OBJETS ET LES HYPOTHÈSES
3. LA GLOBALISATION OU LE TEMPS DES RÉSEAUX ET DES EXCLUS
BIBLIOGRAPHIE
Landmarks
Couverture avant
Page de Couverture
Page de crédits
résumé
Bibliographie
TROISIÈME PARTIE: L’AGRICULTURE DU QUÉBEC (CANADA) ET DU SUD-OUEST DU PARANA (BRÉSIL) LE CONTEXTE DE LA GLOBALISATION
PRÉSENTATION
Dans la première partie de l’étude nous avons fait un survol de la littérature sociologique, politique et économique, en cherchant à définir les contours qu’elle a pris dans les contextes dominés par les dynamiques de la globalisation. Par la suite, dans la deuxième partie, nous avons analysé la problématique proposée dans le travail, celle de l’intégration des agriculteurs dans les dynamiques de la globalisation, tout en demeurant au niveau des expériences passées dans le cadre des rapports entre le national et l’international. Dans cette dernière partie, nous allons reprendre la même problématique, mais cette fois-ci du point de vue des rapports entre les contextes national et infra-national ou local.
Pour les fins de cette analyse, nous adoptons la même perspective que pour la deuxième partie, c’est-à-dire en comparant deux cas, celui du Québec (Canada) et celui du Sud-Ouest du Paraná (Brésil). Dans les deux premiers chapitres de cette partie (les chapitres VII et VIII), nous allons construire les cadres actuels (c’est-à-dire au tournant des années 1990), des conditions (culturelles, économiques et sociales) d’intégration des agriculteurs de ces deux régions dans les dynamiques de la globalisation. Pour la construction de ces cadres, nous abordons ces éléments constituant les conditions d’intégration, en les intégrant dans leurs dimensions majeures, historique et structurelle. En outre, selon notre point de vue, aucun phénomène social ne s’explique en termes d’isolat. Dans le chapitre final (IX), tout en tenant compte des deux précédents, nous allons suivre les expériences des agriculteurs de ces deux régions au cours des années 1990-1996. Dans ce chapitre, la dimension comparative sera toujours présente.
Avant de commencer, nous devons faire deux remarques importantes. Premièrement, les termes de notre comparaison sont peut-être un peu inattendus. Cependant, comme nous l’avons montré dans l’introduction de l’étude, il y a des raisons suffisamment fortes qui permettent ce type d’exercice. Deuxièmement, lors de l’analyse que nous engagérons, nous adopterons une perspective ancrée davantage sur l’économie politique dans le cas du Québec, et une autre à caractère plus socio-politique dans le cas du Sud-Ouest du Paraná. Nous avons des raisons pour procéder de cette manière. Comme nous l’avons montré en analysant le concept d’expérience sociale, celui-ci est fondé sur une forme particulière de combinaison de trois logiques d’action, soit l’intégration (sociale), la stratégie (économique) et la subjectivation (culturelle). Par principe, aucune de ces logiques a la préséance sur les autres. Au cours de leurs expériences, chaque acteur les organise d’une façon originale, pouvant donner plus d’importance à l’une qu’aux autres. Comme nous l’avons déjà montré, par l’analyse de ce que nous appelons les conditions d’intégration, nous pouvons définir les tendances majeures de combinaisons de ces logiques par les acteurs situés dans un espace et dans une période historique déterminés. À partir de cette conception, nous avons retenu comme hypothèse que, en vertu de conditions d’intégration spécifiques, les agriculteurs québécois donnent priorité à la logique de la stratégie, pendant que ceux du Sud-Ouest l’attribuent à la logique de l’intégration.
CHAPITRE VII. LE QUÉBEC ET L’AGRICULTURE SPÉCIALISÉE
7.1 UN PREMIER BILAN
Avec une population rurale de 1.545.000 et agricole de 128.000 personnes en 1991, le Québec figure parmi les régions rurales les moins peuplées au monde. Cette année-là, la population totale de la province était de 7.048.400 personnes. La superficie agricole de la province était de 3.200.000 hectares de terre, ou autour de 1,5% de l’ensemble des terres du Québec (Bureau de la statistique du Québec, statistiques agro-alimentaires, 1995), pendant que la superficie en cultures était de 1.638.453 hectares. La province comptait 38.076 fermes, dont la superficie moyenne était de 90 hectares.
Selon les données du recensement agricole de 1991, les fermes québécoises étaient distribuées pour la plupart sur les plaines de la vallée du Saint-Laurent, particulièrement dans quatre régions agricoles (Richelieu/Saint-Hyacinthe, Québec, Sud-Ouest de Montréal et Bois-Francs). Ces régions se situent autour des villes de Montréal et de Québec. Cette année-là, ces quatre régions regroupaient 45,6% des fermes, 40% de la superficie agricole et 53,9% du revenu agricole de la province. La qualité des terres, ainsi que la proximité des centres de consommation expliqueraient cette concentration spatiale, ainsi que le modèle de développement agricole qui a prévalu après les années 1940. Considérons aussi que ce n’est pas uniquement l’agriculture qui se concentre dans ces régions. Les populations le sont également.
Toujours selon les données du recensement agricole de 1991, dans l’ensemble des fermes québécoises qui ont déclaré des revenus bruts de 2.500 dollars et plus, 64% étaient spécialisées dans la production animale et 36% dans la production végétale. Au niveau des produits, le secteur laitier comptait alors 36,4% des fermes de la province, la production de bovins 18,5%, les spécialités diverses avec 15%, les menus grains 6,8%, les porcs 6,5% et les grandes cultures 5,3% (Statistique Canada, Profil agricole du Québec, 1991).
L’importance relative de ces divers sous-secteurs n’est pas la même quand on tient compte des recettes de leurs ventes. Dans ce cas, par exemple, le sous-secteur laitier était responsable alors pour 27% des recettes du secteur agricole québécois, pendant que le sous-secteur porcin l’était pour 16% (Bureau de la Statistique du Québec, statistiques agro-alimentaires, 1995).
L’agriculture québécoise, et plus particulièrement les secteurs du lait, des volailles et des oeufs, est tournée essentiellement vers l’approvisionnement interne, québécois et canadien. Dans le commerce externe, son importance n’est pas très significative. En 1991, par exemple, les exportations québécoises de produits agro-alimentaires ont réalisé des recettes de 1,496 millions de dollars. Cette même année, le Québec avait importé pour 1,812 millions de dollars en produits d’origine agricole. Du point de vue des exportations, le secteur animal (les viandes et les animaux vivants, mais surtout la production porcine) a contribué pour plus de 648,3 millions de dollars, tandis qu’en ce qui à trait aux importations, les fruits et légumes ont compté pour plus de 572,5 millions de dollars. Le secteur des fruits et des légumes est celui qui contribue le plus au déficit commercial sectoriel de la province.
Dans une étude comme celle-ci, où on met en parallèle des réalités ou des pays aussi différents que le sont le Canada et le Brésil, il est important de considérer le rôle joué par des variables telles que le climat sur les productions animale et végétale. En outre, le froid au Québec interfère non seulement sur le choix des productions à être développés, mais aussi sur les types de production, les infrastructures en étables, en porcheries et en serres, et même sur les périodes de production. À cause du climat, les coûts de production varient énormément dans deux régions aussi opposées l’une à l’autre comme le sont, par exemple, le Québec et le Sud-Ouest du Paraná (Brésil).
En ce qui concerne la formation du produit intérieur brut (PIB) de la province, la contribution de l’agriculture à elle seule n’est pas très significative. Elle l’est davantage cependant lors qu’on l’insère dans les systèmes agro-alimentaires. En 1991, le PIB global de la province était de 154,985 milliards de dollars. Le secteur agricole participait à ce total avec à peu près 1,3%, pendant que le secteur agro-alimentaire était responsable pour presque 7%, comme nous l’indiquent les données du tableau 7.1.
Tableau 7.1 Produit intérieur brut agro-alimentaire et PIB par industrie, Québec, 1991-1994 (millions de $)
Source: Bureau de la Statistique du Québec. Statistiques agro-alimentaires, deuxième semestre 1995 et premier semestre 1996.
La structure du secteur agricole québécois est en grande partie le résultat de l’intervention de l’État en concertation avec d’autres acteurs importants, comme les organisations d’agriculteurs et celles des secteurs de l’industrie et du commerce affectés à l’agro-alimentation. Plus que la concertation même, cette structure est le résultat d’un modèle de développement agricole (Jean, 1985). Encore aujourd’hui, ce secteur fonctionne avec un système de politiques très complet, mais aussi différencié selon les systèmes de produits. À un niveau plus général, à partir des années 1970, les quatre piliers de ce système sont constitués par l’assurance-récolte, l’assurance-stabilisation des revenus, le financement agricole et les plans conjoints/contingentement. Ce système comporte aussi une série d’autres programmes, dont le zonage agricole, le conseil technique, les subventions aux intrants et les inspections.
Au-delà de tout ce que nous venons d’avancer, l’agriculture québécoise est essentiellement une agriculture familiale (Reimer et Shaver, 1990, p.142; Ehrensaft, 1990; Lamarche et al., 1994). Elle «[...] est largement le fait d’exploitations agricoles familiales qui sont toutefois des fermes relativement grandes et fortement capitalisées, en partie grâce à une mécanisation qui a remplacé la main-d’oeuvre» (Lamarche et al., 1994, p. 17). En 1991, plus de 98% des fermes au Québec étaient considérées de type familial. Cela n’empêchait toutefois pas qu’à ce moment-là, 57% du revenu des familles agricoles de la province provenait d’autres sources que de l’activité agricole. Ce revenu pouvait provenir entre autres, des placements et des régimes de retraite (Statistique Canada, 1994, p. 4).
Ce modèle d’agriculture n’est pas récent au Québec. D’après la plupart des auteurs consultés (Morisset, 1987; Kesteman, 1984; Wampach, 1992; Chatillon, 1976; Lessard, 1976), son origine pourrait remonter au moins à l’année 1854, soit à l’occasion de l’abolition du système seigneurial de la possession de la terre. Au cours de cette longue histoire:
[...] le secteur agricole s’est retrouvé profondément modifié. La production s’est spécialisée, la population agricole et le nombre de fermes diminue, le développement de réseaux de transport unifient le marché, l’agro-industrie se concentre, l’organisation de la production change (Reimer et Shaver, 1990, p. 142).
Dans ce long parcours, l’agriculture de la province s’est spécialisée dans les productions animales, pendant que de nouvelles frontières furent ouvertes et abandonnées par la suite, occasionnant, par exemple, la marginalisation de certaines régions (Jean, 1990; Bollman et Biggs, 1993). Au long de ces années, le nombre de fermes ne cesse d’augmenter au Québec jusqu’aux années quarante, et commence à diminuer avec la disparition de petites fermes qui ne pouvaient suivre la compétition, parce que non-rentables (Lamarche et al., 1994, p. 19; Morisset, 1987). On arrive alors au moment où l’agriculteur devient spécialisé.
Tableau 7.2 Nombre de fermes au Québec, 1911-1991
Source: UPA/Statistique Canada; Québec, profil agricole, 1995.
Les producteurs agricoles¹ québécois comptent, depuis quelques décennies déjà, avec une organisation syndicale très puissante, l’Union des Producteurs Agricoles du Québec (UPA), et un système coopératif très bien structuré.
Depuis les années 50, l’organisation syndicale des agriculteurs ne contrôle plus uniquement la profession, mais aussi la mise en marché des produits agricoles. En 1991, l’UPA comptait 42.178 membres, pendant que le nombre de fermes était de 38.076. Dans sa structure organisationnelle, elle comptait 178 syndicats de base et 16 fédérations régionales, et 174 syndicats spécialisés regroupés dans 18 fédérations. Cela fait de l’UPA un des piliers fondamentaux de la régulation du secteur.
À côté de l’organisation syndicale, les agriculteurs du Québec comptent aussi avec de puissantes organisations de type économique, les coopératives, qui sont regroupées au sein de la Coopérative Fédérée de Québec (CFQ). En 1996, la CFQ comptait 96 coopératives affiliées, avec un total de 37.700 membres, rassemblant la quasi totalité des agriculteurs de la province.
Depuis les années vingt de ce siècle, le coopératisme et le syndicalisme agricoles se disputent de manière constante la représentation des agriculteurs