Même accent israélien, même goût pour la macrohistoire, même capacité à survoler les époques, des chasseurs-cueilleurs à la Silicon Valley. Comme Yuval Noah Harari, Oded Galor a enseigné à l’université hébraïque de Jérusalem, avant de rejoindre la prestigieuse université Brown, aux Etats-Unis. Père de la « théorie de la croissance unifiée », l’économiste a consacré sa carrière à tenter de résoudre le « mystère de la croissance » et celui des inégalités. Pourquoi notre espèce dont le niveau a longtemps stagné a-t-elle depuis deux siècles connu des progrès spectaculaires, mais également d’importants écarts entre les différentes régions du monde? A ranger à côté de Sapiens et de De l’inégalité parmi les sociétés de Jared Diamond, le fascinant Voyage de l’humanité est une version pour le grand public des travaux d’Oded Galor. L’universitaire se distingue cependant de son compatriote Harari par son « optimisme prudent ». En dépit du réchauffement climatique, il fait le pari que le périple d’Homo sapiens se poursuivra. Entretien.
Selon vous, l’humanité a longtemps stagné dans un monde « malthusien », avec des conditions proches de la survie. Pourquoi?
Le livre se penche sur l’évolution des sociétés humaines, depuis l’émergence d’ il y a trois cent mille ans en Afrique. Alors que l’humanité a stagné durant plusieurs centaines de milliers d’années, il y a eu une transformation spectaculaire de nos niveaux de vie depuis siècle dans les pays industrialisés, puis vers la seconde moitié du XX siècle dans les pays en développement. Le revenu par tête moyen à travers le monde a lui longtemps été proche de la subsistance. Mais, sur ces deux cents dernières années, il a été multiplié par 14. Il s’est donc passé quelque chose de spectaculaire depuis deux siècles, que l’on n’avait pas vu dans l’économie mondiale avant.