La mondialisation: Une proposition que l’on ne peut pas refuser
Par Mouhamed Dioury
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Aperçu du livre
La mondialisation - Mouhamed Dioury
La mondialisation
Mouhamed Dioury
La mondialisation
Une proposition
que l’on ne peut pas refuser
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2017
ISBN : 978-2-312-05413-1
À mon petit-fils Théo.
Introduction
Ce que l’on a convenu d’appeler mondialisation ou globalisation dans d’autres langues que le français est un processus particulièrement difficile à cerner du fait de la multitude des situations, des événements et des tendances qui en déterminent le contenu. On peut à peine imaginer une telle complexité. Sur le plan de la connaissance, la totalité de ce que nous pensions maîtriser en matière de fonctionnement économique, social, politique et culturel se trouve bousculée. Les rudiments et les bases sont à reconstruire et à réapprendre. Ce n’est pas seulement à un autre monde dont nous avons affaire, mais à une humanité différente. L’action quotidienne des sociétés en est bouleversée.
C’est dire que notre planète est devenue un village global, enserrée dans un ensemble de flux financiers, économiques, humains, électroniques, culturels. Ces mouvements symbolisent les multiples visages d’une mondialisation qui rejaillit désormais sur tous les hommes et femmes, abstraction faite de leur appartenance culturelle religieuse ou politique et indépendamment de l’endroit où ils se trouvent.
Inévitablement, la mondialisation inspire des analyses nombreuses et divergentes. Mais sur un fait au moins, l’unanimité se dessine pour évoquer une donnée objective, une tendance sans doute irréversible de l’évolution contemporaine. La globalisation marque le contenu et les modalités de l’existence même des sociétés et des individus. Parallèlement, sur le plan international, elle détermine les rapports entre les États ainsi que la place occupée par chacun d’eux dans le monde.
La raison est que plus aucun État, aucune société ne peuvent se soustraire à ce mouvement de portée universelle qui soulève des craintes légitimes. Il convient de les examiner rigoureusement pour leur trouver des réponses appropriées. La mondialisation ouvre également une espérance, mais les sociétés sauront-elles se frayer un chemin, s’y assurer une présence effective et même, pourquoi pas, contribuer à déterminer l’orientation et le contenu ? C’est à cette interrogation que ce livre tentera de répondre.
Nous traversons un changement historique majeur. Celui-ci se manifeste par des séismes identitaires qui secouent la planète, une globalisation économique et financière devenue une véritable machine à broyer les sociétés et enfin par des menaces environnementales qui ont commencé à dégrader considérablement notre milieu. Sur le plan idéologique, le moment est à la remise en cause de l’ensemble des traditions historiques dans lesquelles vivent les peuples. Des changements de cette ampleur émergent de cinq évolutions majeures.
La première s’affirme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Après des siècles de domination, mais aussi de multiples actes de résistance de la part des populations soumises, les empires coloniaux, essentiellement français et britanniques se décomposent et progressivement disparaissent. C’est la décolonisation qui se traduit par l’émancipation des peuples soumis à une tutelle d’un autre âge. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes voit enfin le jour.
La seconde a surgi en 1989 avec la chute du mur de Berlin et l’extension mondiale du système économique capitaliste et de l’économie de marché. Mais la chute du mur de Berlin ne marque pas le commencement, mais plutôt l’aboutissement d’évolutions et de mécanismes déjà bien installés. Elle va enclencher un effet multiplicateur de la globalisation et unifier la planète par l’échange.
La troisième évoque la réduction du temps et de l’espace, grâce à l’extension prodigieuse des moyens d’information et de communication, surtout avec l’apparition de technologies et l’irruption du numérique dans tous les secteurs de la vie.
La quatrième souligne la fragmentation de l’espace politique. L’explosion des blocs hérités de la Seconde Guerre mondiale donne lieu à la création de plusieurs États-nations (plus de 190). La mondialisation constitue un puissant vecteur d’universalisation de l’État-nation.
La cinquième enfin montre l’accélération de la marche vers l’occidentalisation culturelle. L’appropriation volontaire ou non des outils intellectuels et des produits conçus par l’Occident : sciences, techniques, calcul économique, diffusion des produits, provoquent des secousses profondes pour toutes les sociétés particulièrement celles peu prédisposées à ces évolutions. La modernité se répand à la faveur de la mondialisation sur l’ensemble de la planète.
Cependant, la façon dont notre conscience sociale tente de composer avec ce monde nouveau peut surprendre. La première réaction relève du déni idéologique : aucun péril en la demeure, la mondialisation ne marque pas une nouveauté, mais essentiellement l’accélération d’une tendance multiséculaire. Cette posture donne lieu à des tentatives de marchandage avec la mondialisation (« Si nous changeons certaines choses ici et là, il se pourrait que la vie continue comme avant… »), et à des réformes annoncées, mais jamais appliquées. Le marchandage s’est soldé par un échec. La mondialisation produit plus de perdants que de gagnants, essentiellement parce que l’ordre mondial et le système capitaliste global qui en constitue la pièce maîtresse ont atteint leurs limites.
En fait, en dépit de l’apparition de nouvelles technologies et des moyens de connaissance très vastes qui l’accompagnent, les responsables manquent singulièrement d’ambition et de projets face à la déferlante de la mondialisation. Les visionnaires se font rares dans la classe politique. Aucun des grands partis en Occident ne nourrit le projet de faire face aux pouvoirs de la mondialisation, de changer le monde, ou de réformer l’ordre établi.
Néanmoins, pendant ce temps, le monde se transforme et nous oublions ou faisons semblant d’oublier que les sociétés se diversifient, se mondialisent de l’intérieur. Les cultures s’exportent, bougent. Cette multiplicité de constructions identitaires rend anachronique la représentation d’une culture liée de manière fixe à un lieu. Le « local » a cessé de désigner un endroit géographiquement défini une fois pour toutes, il n’arrête pas de s’inventer. Il représente un facteur prodigieux d’ouverture sur le monde. C’est vertigineux ! Que nos institutions sont donc en retard face à cela ! Tout est à reconstruire et à repenser. Cette situation requiert un renouvellement des outils conceptuels de façon à ne pas uniquement observer cette réalité. Il faut aussi se demander quelle révolution mentale exige cet univers inédit et quels types d’instruments nous devons déployer en vue d’appréhender ce qui est en train de se dérouler sur les plans économique, politique, culturel et même écologique. En un mot, l’intelligence de la mondialisation, s’impose comme la tâche principale de la pensée aujourd’hui. Par contre, la difficulté majeure réside dans le lien entre ses différentes dimensions. Comment