AVEC PETER WADE À NEW YORK ET ANNA NEMTSOVA À MOSCOU
D ans le caniveau d’internet, de nombreux théoriciens de la conspiration s’efforcent de tisser un récit unique autour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Car cette guerre ne se déroule pas seulement dans les rues désertes d’une Ukraine horrifiée, mais aussi sur le web. La désinformation sur ce conflit présente, de plus, une approche multiple: déclarations politiques, médias gouvernementaux et leaders d’opinion ayant une large audience en ligne mais aussi et surtout, les relais de communication et les campagnes de “viralisation”. Les médias des deux pays sont donc au centre de cette guerre de l’information, et les réseaux sociaux transformés en principal canal de diffusion des informations, vérifiées ou non, confèrent ainsi un rôle central aux messages pro-russes et pro-ukrainiens depuis le début du conflit lancé par Vladimir Poutine, dans la nuit du 23 au 24 février dernier.
Avant même l’assaut des forces russes sur l’Ukraine, un flux incessant de fausses informations a été déversé par Moscou, où le gouvernement expliquait qu’il répondait à l’agression ukrainienne de régions russophones afin de les libérer des fascistes et des néonazis – bien qu’il existe des groupes extrémistes en Ukraine, comme dans le reste de l’Europe, le pays est loin d’être contrôlé et dirigé par des nostalgiques du IIIe Reich, alors que le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky,. Ce récit du génocide ne repose sur aucune preuve, et cette hypothèse cherchant à faire passer l’agresseur pour l’agressé ne tient pas debout: Poutine croit depuis longtemps que l’Ukraine, pays indépendant et démocratique, devrait être sous le contrôle de la Russie, et cette “croyance” a conduit à une invasion militaire bien réelle, qui a fait des milliers de victimes ces dernières semaines.