SON NOM ÉVOQUE d’emblée les inégalités. Chercheur au Stone Center on Socio-Economic Inequality de l’université Cuny, à New York, Branko Milanovic est la référence mondiale en la matière. Il est notamment connu pour sa « courbe de l’éléphant », qui évoque la croissance du revenu moyen de chaque fractile des revenus mondiaux, et montre ainsi les gagnants et les perdants de la mondialisation. Mais l’économiste serbo-américain est aussi capable de souligner les bonnes nouvelles en matière d’inégalités, tout en critiquant la communication inconsidérée d’une ONG comme Oxfam. Pour lui, nous vivons aujourd’hui l’ère de « la grande convergence », à savoir que les inégalités au niveau mondial sont en train de se réduire, du fait de la montée en puissance spectaculaire de l’Asie. Mais ce nivellement marque aussi le déclin relatif des classes moyennes et populaires occidentales. De quoi alimenter un sentiment de déclassement.
Selon vous, nous vivons une « grande convergence » : le monde devient plus égalitaire qu’il ne l’a été depuis plus de cent ans. Comment expliquez-vous que si peu de gens en soient conscients ?
Les gens se concentrent principalement sur ce qui se passe chez eux. Depuis 1980, une hausse des inégalités a été observée à l’intérieur des pays. Cette augmentation n’est pas constante, et des pays comme la France font exception. Mais, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Chine, en Inde, c’est ce qui se passe, et, en 2013. La perception selon laquelle les inégalités augmentaient a grandi, tandis que la notion de « 1 % les plus riches » gagnait en popularité.