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Reading love – Welsie et Isaac
Reading love – Welsie et Isaac
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Livre électronique276 pages4 heures

Reading love – Welsie et Isaac

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À propos de ce livre électronique

Lorsque Welsie débarque à Saint-Martin, elle est au bout du rouleau, non seulement elle est étranglée financièrement, mais elle a dû tourner le dos à son ancienne vie, ou plutôt, c’est cette dernière qui l’a laissée tomber.

Alors qu’elle se présente à son nouveau job, elle tombe littéralement dans les bras d’Isaac Raner, le Bad Boy par excellence. Cependant, alors que celui-ci développe une obsession envers elle, au point de la harceler en compagnie de sa bande, Welsie n’a qu’une seule priorité: régler les dettes de son père et enfin reprendre sa vie en main.

Toutefois les factures s’accumulant, Justin Vidal, l’avocat de son père, lui propose une solution, mais va-t-elle accepter, sachant qu’elle y perdra tout… jusqu’à son honneur?
LangueFrançais
Date de sortie20 mai 2020
ISBN9782897655334
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    Aperçu du livre

    Reading love – Welsie et Isaac - Pierrette Lavallée

    SODEC.

    PROLOGUE

    C’était un cauchemar pur et simple. Il n’y avait pas de mot assez fort pour décrire ce que j’étais en train de vivre.

    La bouche grande ouverte, les yeux pleins de larmes, je fixais les policiers qui procédaient à une perquisition… chez moi, dans ma maison, alors que mon père se tenait debout entre deux agents, les mains menottées derrière le dos comme un vulgaire criminel, la tête baissée, comme s’il n’osait pas me regarder en face.

    — Chef, on a trouvé quelque chose !

    Je me retournai et vis l’un des agents sortir de ma chambre avec un sac de sport que je n’avais jamais vu.

    — Ce… ce sac ne m’appartient pas, murmurai-je tandis que l’attention des forces de l’ordre se reportait sur moi à présent.

    — Non, elle a raison. C’est à moi, souffla mon père. Je l’ai caché dans le faux plafond de son placard.

    Le chef jeta un bref coup d’œil à son second, qui lui confirma d’un signe de tête qu’il s’agissait bien de l’endroit où il l’avait déniché.

    Je ne comprenais pas. Personne ne voulait rien m’expliquer ; mon père m’ignorait et les flics ne répondaient à aucune de mes questions.

    Le capitaine ouvrit alors le sac, et je poussai un cri de stupeur, d’effroi ; il contenait des liasses et des liasses de billets de 500 €… Il y en avait pour plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais ce qui m’effrayait le plus était les blocs de poudre blanche, comme ceux que je voyais à la télévision et qui contenaient le plus souvent de la drogue. De la putain de drogue. Et une arme semi-automatique.

    — Mais c’est quoi, ce bordel ? rugis-je. Papa, c’est quoi, ce bordel ?

    J’étais à présent hystérique. Qu’est-ce que ça signifiait ? Pourquoi mon père avait-il de la drogue, de l’argent et… une arme ?

    — Papa ! gémis-je en entourant sa taille de mes bras.

    — Tu devras être forte, ma petite fille. Je reviendrai dès que possible, murmura-t-il sans même daigner m’adresser d’autres encouragements.

    — Il va falloir que vous nous suiviez également, mademoiselle, dit avec douceur le capitaine. Nous avons besoin de vous poser quelques questions.

    — Je vais avoir le droit aux menottes moi aussi ? demandai-je d’une voix à peine audible.

    — Non, je ne pense pas que ce sera utile.

    Il posa une main au creux de mes reins, certainement pour s’assurer de ma coopération. Je le suivis, à la fois triste et honteuse. Que deviendrais-je à présent ? Comment surviendrais-je à mes besoins si mon père n’était plus là pour s’assurer qu’il y ait toujours de la nourriture sur la table ?

    Je laissai échapper un rire hystérique en comprenant d’où provenaient les revenus de mon père ; puis soudainement, je pris conscience que mes voisins étaient tous sortis, qu’ils chuchotaient entre eux…

    Comment pourrais-je affronter le regard des autres à présent ? Comment parviendrais-je à garder la tête haute en sachant ce qu’il avait fait ?

    Je compris qu’aujourd’hui, je n’avais pas perdu que mon père ; on m’avait également volé mon enfance, ma vie. Je compris alors que plus rien ne serait jamais pareil… De toute évidence, mon père finirait en prison, et je devrais apprendre à vivre seule, sans lui. C’était comme devenir orpheline alors même qu’il était encore en vie. Une question tournait en boucle dans mon esprit : comment m’en sortirais-je ?

    CHAPITRE 1

    Je pris une profonde inspiration, puis une autre. Je ne devais pas paniquer. Pas maintenant. Pas alors que je commencerais mon nouveau boulot dans à peine 10 minutes.

    Je finis par pousser la porte de la bibliothèque universitaire et pénétrai dans le hall. Il n’y avait aucun bruit et je fermai les yeux, m’imprégnant du lieu, du silence, des odeurs…

    Je soulevai les paupières et me motivai mentalement ; je pouvais y arriver ! Je me dirigeai vers une jeune fille qui me fixait comme si j’avais perdu la tête (ce qui était peut-être le cas) et qui s’occupait visiblement d’accueillir le public.

    — Bonjour, je suis Welsie Styles. Je suis la nouvelle monitrice étudiante. Au bureau, on m’a dit que je devais venir ici.

    — Ben, ce qui est un peu logique si tu as signé un contrat pour bosser à la BU¹ 1 rétorqua celle qui me dévisageait moqueusement tout en mastiquant bruyamment sa gomme à mâcher. Faut que tu t’adresses aux boss. Ils sont trois : Oliver, sa sœur, Cheryl, et Bruno. Mais aujourd’hui, il n’y a que Bruno. Tu vois la porte où c’est indiqué Bureau ? Ben c’est là ! Un conseil : frappe avant d’entrer.

    — Pourquoi ?

    — Parce que Bruno a la fâcheuse habitude de se faire une petite branlette en matant un porno lorsqu’il s’ennuie. Et comme pour l’instant, c’est mortel ici… Je te laisse imaginer la suite. Et fais gaffe aussi s’il te tend la main !

    Je la fixai, horrifiée. Dans quoi avais-je mis les pieds ? Pourtant, courageusement, mes pas me menèrent jusqu’à la porte en question. Je frottai mes mains moites sur mon jean, tentai de ralentir les battements erratiques de mon cœur et cognai contre le battant.

    — Entrez !

    Je pénétrai dans la pièce et fus soulagée en voyant que le dénommé Bruno se tenait debout près d’une étagère, un dossier à la main. Il leva la tête, et un sourire bienveillant s’afficha sur son visage.

    — Bonjour, me salua-t-il en avançant vers moi. Tu es Welsie, n’est-ce pas ? Je suis Bruno.

    — Enchantée, monsieur.

    — Ah non ! Pas de ça ici, appelle-moi Bruno comme tout le monde.

    Je me contentai de grimacer un petit rictus et le dévisageai discrètement. Il semblait avoir une quarantaine d’années, mesurait près de 1,80 m pour 80 kg. Vêtu d’un jean et d’une chemise sombre, il aurait facilement pu passer pour un professeur cool et avenant. Ses cheveux châtains étaient décoiffés, comme s’il y passait régulièrement la main, et ses yeux avaient une teinte noisette.

    — C’est le jour de prérentrée, mais déjà, nos habitués ne vont pas tarder à débarquer, me signala-t-il en m’indiquant le siège face au bureau tandis qu’il s’installait à son tour. Ceux que tu dois redouter, ce sont les STAPS², les célébrités de cette université. Ce sont des classes principalement de garçons, et je peux te dire qu’ils se croient supérieurs aux autres étudiants, tous persuadés qu’ils deviendront le prochain Zidane ! Ils se réunissent en troupeau, tenteront de te convaincre qu’ils ont la permission de bouger les tables ou de se servir des ordinateurs comme ils le désirent. C’est faux !

    Pendant plus d’une demi-heure, Bruno m’expliqua ce qu’il attendait de moi, parlant sans même prendre la peine de faire de pause entre deux tirades. Lorsqu’il eut terminé, je le fixai, un peu perdue.

    — Tout ira bien, tu verras. Le job n’est pas compliqué, tenta-t-il de me rassurer. Il faudra que tu donnes ton emploi du temps à Cheryl, qui va en prendre connaissance afin de vérifier tes disponibilités.

    — J’ai vraiment besoin de travailler, insistai-je.

    — Il me semble que tu as un autre emploi, dit-il, suspicieux.

    — Oui, je travaille au fast-food tous les week-ends.

    — Crois-tu que tu vas pouvoir tout gérer ? Les cours, deux jobs étudiants ?

    — Je n’ai pas le choix, soupirai-je.

    Bruno ne répondit pas, se contentant de me dévisager longuement.

    — Bon, reviens mercredi. Cheryl sera là, et il vaut mieux que ce soit elle qui te montre exactement ce qu’il faudra que tu fasses.

    — Combien sommes-nous de moniteurs étudiants ?

    — Cette année, vous ne serez que trois. Tu as certainement fait la connaissance de Julie en arrivant. Il y a aussi Suan Li ; elle travaillera principalement le matin. Puis, il y a toi.

    — D’accord. Merci, Bruno.

    — Welsie, puis-je te demander pourquoi tu as changé d’université ? L’année dernière, tu étais scolarisée dans la capitale. Pourquoi venir t’enterrer ici dans cette petite ville du Nord ?

    — Malheureusement, c’est personnel, murmurai-je.

    Bruno hocha la tête d’un air entendu puis se leva pour me raccompagner.

    — J’espère que tu te plairas ici, même si ce n’est pas aussi prestigieux que ton ancien établissement.

    — Le prestige n’est pas ce que je recherche ; je veux juste aller en cours, passer mes examens et travailler.

    Bruno me regarda tandis que je quittais la pièce. Quelque chose dans mes yeux avait dû lui faire comprendre que j’en avais bavé. J’espérais seulement ne pas devenir sa BA de l’année. Je sortis rapidement de la bibliothèque, n’aimant pas outre mesure que l’on me pose des questions sur mon passé, surtout que ça remuait un peu trop de souvenirs. Quelques années plus tôt, j’étais une jeune fille populaire, appréciée des lycéens, j’avais un petit ami… Après les évènements récents, à 19 ans, je n’avais plus rien ni personne, et je ne pus empêcher les larmes de s’agglutiner sous mes paupières, troublant ma vision. Je percutai violemment un torse musclé. Heureusement, une main secourable m’évita une chute qui s’annonçait douloureuse. Je relevai la tête et plongeai mon regard encore voilé de chagrin dans des yeux émeraude. J’allais m’excuser, mais je n’en eus pas le temps.

    — Eh, si tu as envie que je te rentre dedans, il suffit de me le demander, susurra-t-il à mon oreille. J’aime la… nouveauté.

    Il ne venait quand même pas de me proposer… J’étais choquée, mais je le fus encore plus lorsqu’il ne se gêna pas pour parcourir mon corps de ses prunelles amusées. Par automatisme, je me libérai, croisai les bras sur mon ventre et me penchai en avant, comme pour me protéger de ses paroles, de son regard. Il éclata de rire.

    — Tu crois qu’en faisant ça, on ne s’aperçoit pas que t’es une bombe ? C’est encore pire, car tu mets l’accent sur tes putain de nichons !

    Finalement, il ne méritait pas que je m’excuse. Je détournai le regard et m’enfuis sans plus attendre, non sans l’entendre rire de bon cœur.

    — Tu peux courir, joli cul, je te rattraperai un jour !

    J’arrivai dans l’aire de stationnement le visage en feu. Oh, bon sang, ça ne commençait pas très bien ! J’avais l’impression que ce type avait trouvé son nouveau jouet pour cette année.

    Je m’engouffrai dans mon véhicule, une vieille Opel qui avait plus de kilomètres au compteur qu’aucune autre voiture aux alentours. Je priai pour qu’elle démarre du premier coup, que je ne sois pas obligée de sortir le marteau pour taper sur les cosses de la batterie. Heureusement, il devait y avoir un Dieu quelque part, car non seulement elle ronronna comme un chaton, mais en plus, elle ne toussa pas lorsque je passai la première. En fin de compte, ma journée n’était pas si pourrie.

    • • •

    J’en avais pour une dizaine de minutes avant de rejoindre le petit logement que j’avais trouvé pour les deux prochaines années. Il s’agissait d’un minuscule appartement, au troisième étage d’un immeuble décrépit, mais qui était pourtant suffisamment propre pour que je signe le bail dès ma première visite.

    Tout en roulant, je fis mentalement mes comptes. Il me restait 50 €, et je devais encore tenir 10 jours avant de recevoir mes bourses, 17 avant ma paie du fast-food. Je me nourrirais certainement de pâtes plusieurs jours d’affilée, mais ça, ce n’était pas une nouveauté. Toutefois, j’avais de la chance dans mon malheur puisque lorsque je travaillais au fast-food pendant 12 heures de suite, la gérante m’autorisait à prendre un repas complet le samedi ainsi que le dimanche midi en plus d’emporter les invendus ces deux soirs de travail. Cette entente me permettait de manger correctement pendant trois jours, puisque je gardais un peu de réserve le lundi, parfois même le mardi.

    J’arrivai enfin et me garai devant l’immeuble des Coucous. Je jetai un coup d’œil autour de moi avant de descendre. L’un des habitants ayant quelques problèmes mentaux se baladait avec un couteau qu’il pointait vers les résidents ; je ne voulais surtout pas tomber nez à nez avec lui. Après vérifications, je m’empressai de sortir de ma voiture, la verrouillai soigneusement et rentrai dans le hall le cœur battant. À cette allure, je finirais bien par avoir un infarctus avant mes 20 ans.

    En passant devant les boîtes aux lettres, je fus surprise de voir qu’une lettre m’attendait. Une de ses lettres à lui. Un gémissement de désespoir fusa de mes lèvres, attirant l’attention de madame Pigeon, la concierge, qui donnait un coup de balai dans l’entrée.

    — Un problème, ma petite ? me demanda-t-elle tandis que j’enfouissais le courrier dans mon sac.

    — Des factures, madame Pigeon…

    — Ah, ça, de mon temps…

    Et me voilà partie pour l’écouter soliloquer pendant 15 minutes, à la fois sur le passage du franc à l’euro, sur le prix exorbitant d’un petit noir au café, pour terminer sur la nécessité de poursuivre ses études.

    — Vous avez entièrement raison, acquiesçai-je.

    — Oh, j’y pense, ma petite. J’ai fait de l’osso buco, mais j’ai eu les yeux plus gros que le ventre. Je vais te préparer un plat et te l’apporter dans une demi-heure.

    — C’est inutile, marmonnai-je, mal à l’aise.

    — Allons, Welsie, tu dois te remplumer un peu, et il faut que tu fasses plaisir à une vieille dame.

    — D’accord, murmurai-je, vaincue.

    Elle trottina jusqu’à son appartement situé juste à côté des boîtes aux lettres, et je m’assis sur la première marche, ne voulant pas qu’elle soit obligée de monter trois étages pour apporter mon repas. Pendant que je patientais, je pensais à madame Pigeon, qui semblait être aussi vieille que l’immeuble, mais même si elle était un peu collante, c’était une personne adorable, avec le cœur sur la main. Tous les habitants semblaient l’apprécier et tout le monde veillait à entretenir son palier pour qu’elle n’ait pas à le faire.

    Un fumet odorant me sortit de mes pensées, et la porte s’ouvrit sur madame Pigeon. Elle me tendit un panier en osier, me souhaita un bon appétit et me claqua le battant au nez, me laissant stupéfaite. Je compris la raison de cet agisse-ment soudain lorsque, une fois dans ma minuscule cuisine, je découvris le contenu de son petit cadeau : deux énormes portions de viande et de légumes baignant dans une sauce à la tomate délicatement relevée, des pommes de terre pelées et rissolées dans un filet d’huile et d’ail, du pain odorant et encore tout chaud, sans compter un énorme gâteau aux fruits confits. L’eau me monta à la bouche et j’en eus les larmes aux yeux.

    Je n’avais pas mangé de tel repas depuis… depuis la mort de ma mère lorsque j’avais sept ans. Malgré ce jeune âge, j’avais encore le goût de son poulet marsala, de son rôti aux petits oignons et de son incroyable tarte Tatin sous mes papilles. Je n’attendis pas plus, sortis mes couverts et m’empressai de me mettre à table. C’était un pur régal ! De toute évidence, madame Pigeon était une véritable cordon-bleu, si bien que je me promis de prendre quelques euros sur ce qu’il me restait pour lui offrir un beau bouquet de fleurs pour la remercier.

    Le reste de l’après-midi, je le consacrai à la lecture, ma passion. Malheureusement, la plupart de mes romans se trouvaient dans un garde-meuble, et j’ignorais si je pourrais les conserver ou si, comme presque tout ce qui m’appartenait, je devrais les vendre. En effet, même si la lecture nourrissait mon âme, les livres ne rempliraient pas mon estomac. Au moins, il y avait plusieurs bibliothèques dans les environs, ce qui me consolait. Personne n’avait besoin d’avoir plusieurs centaines de livres sur ses étagères, pourtant, je ne pouvais me résoudre à les vendre ; je retardais le moment encore et encore. Il faudrait bien qu’à un moment donné je le fasse. Ça ne servait à rien de vivre dans le passé, même si chacun des livres que je possédais me renvoyait à un beau souvenir avec… lui.

    1. Bibliothèque universitaire.

    2. Sciences et techniques des activités physiques et sportives

    CHAPITRE 2

    Je savais enfin comment je devais gérer la bibliothèque grâce à Cheryl, ma supérieure. J’avais appris pas mal de choses avec elle, surtout concernant l’organigramme de la bibliothèque. Cheryl était bibliothécaire-assistante, son supérieur direct étant son frère, Oliver, qui occupait un poste semblable à celui d’un conservateur. Bruno, que j’avais rencontré quelques jours plus tôt, n’était que magasinier, mais le manque de personnel faisait que parfois, il remplissait les tâches d’assistant. Cheryl m’avait expliqué ce qu’elle attendait de moi et j’avais hâte de commencer mon travail, même si ce n’était que pour quelques heures par semaine. J’avais besoin de cet argent, d’avoir un emploi pour m’occuper, pour ne pas rester dans mon appartement à ressasser ce qui s’était passé l’année précédente. J’espérais de tout cœur que personne ici n’en apprenne jamais rien. Ma semaine d’adaptation s’était terminée dans cette ambiance un peu stressante. Je plongerais à présent dans le grand bain. Je voulais me faire la plus petite possible. Pour mon premier cours, j’étais donc arrivée en même temps que le professeur et je m’étais glissée sur le premier siège près de la porte. J’étais partie tout aussi discrètement dès que j’avais obtenu tous les renseignements sur le programme. Tout s’était fait si rapidement que je n’avais rencontré que deux autres élèves de la promotion : Gary et Emma, qui étaient en couple depuis l’année précédente. À part pour apprendre leurs prénoms et découvrir leur relation, je n’avais eu aucune autre interaction avec eux.

    Je secouai la tête et revins au présent. Je me dirigeais vers la BU pour remettre à Cheryl le contrat signé que j’avais reçu la veille par courrier. Lorsque je poussai la porte de la bibliothèque, celle-ci fut tirée violemment. Je basculai en avant et tombai… dans les bras de mon pire cauchemar.

    — Eh, mais c’est ma petite chérie ! Tes gros nichons t’empêchent de te tenir droite et tu joues la madame Culbuto, se moqua-t-il en laissant glisser ses doigts sur mes bras avant de me redresser légèrement.

    — Oh, bon sang, pas toi ! gémis-je en le repoussant sèchement.

    — En tout cas, moi, je suis content de te voir, susurra-t-il en se penchant à mon oreille. Et je suis certain que si tu te colles encore un peu contre moi, tu verras que la Bête est heureuse elle aussi !

    — La Bête ? m’exclamai-je. Sérieusement ?

    Il fit jouer comiquement ses sourcils. Au lieu d’en rire, j’en fus absolument atterrée.

    — Bon, ce n’est pas que je m’ennuie, ma petite G.ni, mais c’est que j’ai cours, signala-t-il.

    — Je ne m’appelle pas Jenny !

    — G.ni, chuchota-t-il à mon oreille. C’est un diminutif pour gros nichons.

    Je le fixai, bouche bée. Pour toute réponse, il me gratifia d’un petit signe de la main.

    — Tu sais, ma G.ni, si une fois la journée terminée, tu as toujours envie de moi, il te suffira de me le dire. La Bête et moi serons enchantés de te rendre ce service.

    — Tu n’es qu’un gros porc ! crachai-je.

    Il se contenta de rire et tourna les talons. Il ne me restait plus que quelques minutes avant le premier cours, aussi m’empressai-je de trouver Cheryl, qui, les sourcils froncés, n’avait rien manqué du petit accrochage qui venait d’avoir lieu.

    — Sois prudente avec ce garçon, Welsie. Isaac Raner n’est pas un ange, loin de là. Il ne respecte aucune femme, a une réputation atroce, surtout concernant les relations sentimentales, et c’est le meneur d’un groupe de petits… Je préfère m’en tenir là avant de devenir grossière.

    — Tout ira bien, Cheryl, la rassurai-je. Cet Isaac et moi n’avons rien en commun. À présent, il faut que je file. Je serai là demain à 13 h.

    Je m’empressai de me diriger vers l’amphithéâtre dans lequel j’avais un cours s’intitulant Sciences du vivant. Il s’agissait d’une classe qui touchait à tout ce qui avait un rapport avec la biologie et l’anatomie, et j’avais hâte de commencer.

    J’arrivai face à la porte ouverte de la salle de cours et me faufilai à l’intérieur en espérant ne pas me faire remarquer. Je m’installai à la même place que le jour de la prérentrée et jetai discrètement un coup d’œil autour de moi. C’est alors que j’entendis un rire. Un rire qui faillit me faire gémir ; celui d’Isaac Raner !

    J’étais atterrée en constatant que le mec que j’avais bousculé, celui dans les bras duquel j’étais tombée par inadvertance, celui qui se permettait des commentaires au sujet de mes atouts se trouvait dans ma classe. Bon sang ! J’avais l’impression que cette année s’annonçait aussi horrible que la précédente.

    Je me recroquevillai dans le fond de mon siège, croisant les doigts pour qu’il ne me voie pas et ne se lance pas dans l’une de ses allusions graveleuses. Évidemment, je n’eus pas cette chance et lorsqu’il me remarqua, un sourire ironique étira ses lèvres. Il se leva, émit un sifflement strident qui stoppa net toutes les

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