Il y a des destins parallèles jusque dans les descendances. Ainsi d’Anthony Delon et de Paul Belmondo, nés à quelques mois d’écart, fils aînés des deux plus grandes stars du cinéma français. On disait leurs pères aussi amis que rivaux. Eux n’ont pas eu à se mesurer, se comprendre leur suffit. Et pour cela, ils ont des atouts irremplaçables : la même expérience de pères hors normes, d’enfances tiraillées par le divorce des parents, la même difficulté à s’imposer, et la même fierté d’avoir réussi ce qu’ils savent inestimable : leur vie de famille.
Interview Caroline Mangez
Paris Match. Vous souvenez-vous de votre première rencontre ?
Anthony Delon. On avait 17 ans, c’était à l’Élysée Matignon. Une attirance fulgurante. [Il rit.]
Paul Belmondo. Deux aimants ! On se sentait libres à 100 % mais, en fait, nos pères gardaient un œil sur nous. À l’Élysée Matignon, ils nous savaient en sécurité parce qu’ils connaissaient Armel Issartel, le propriétaire, et qu’eux aussi s’y étaient pris des murges. Un soir, Jean-Paul et sa bande avaient tout cassé. Aujourd’hui, les photos d’un tel désastre inonderaient les réseaux sociaux. À l’époque, Issartel n’a jamais voulu entendre parler de réparations : “J’ai passé une des plus belles soirées de ma vie”, disait-il. Belmondo, Delon, Bardot, Johnny… Ils ont connu un âge d’or. On leur pardonnait tout. Désormais, on ne pardonne rien.
Vos pères ont été à la fois amis et rivaux, avez-vous le même lien ?
Nous sommes très différents. Comme eux. Et nous n’avons pas besoin de nous dire les choses pour nous comprendre. Mon père aimait beaucoup Alain, mais ils n’étaient pas inséparables. Il l’aimait parce qu’ils avaient grandi ensemble, au sens de devenir