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Recto verso
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Livre électronique178 pages2 heures

Recto verso

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À propos de ce livre électronique

Une nouvelle femme dans sa vie...
Un pirate informatique qui s’intéresse un peu trop à son roman...
Un étranger sans visage qui le suit...
Rien ne va plus pour Thierry !

Quartier Hochelaga-Maisonneuve, Montréal. Un hiver pressé d’arriver. Dans sa routine où se côtoient procrastination et paresse, Thierry rêve de terminer son premier roman, « La Grande Trahison ». Malgré les idées qui foisonnent dans sa tête, la motivation n’est, à son grand dam, pas souvent au rendez-vous. Les bières entre amis, les traditionnelles soirées du hockey et la mobidépendance laissent bien peu d’espace aux séances d’écriture. Puis, une rencontre fortuite bouscule la notion qu’il a du monde qui l’entoure. Le temps perd sa linéarité, la fiction et la réalité se confondent, faisant naître en Thierry des doutes sur sa lucidité.
LangueFrançais
Date de sortie28 mai 2020
ISBN9782925049203
Recto verso
Auteur

Étienne Duhamel

Né au Québec en 1974, Étienne Duhamel s’est établi en Espagne en 2012. Traducteur à la pige et amateur de littérature universelle classique et contemporaine, il s’intéresse aussi bien aux œuvres de réalisme qu’aux histoires imaginaires. Les nombreux voyages qu’il a faits l’inspirent à écrire des histoires où se côtoient le réel et l’irréel.

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    Aperçu du livre

    Recto verso - Étienne Duhamel

    Table des matières

    I      Rendez-vous à l’Imprimerie 12

    II     Une drôle de coïncidence 21

    III    Un réveil agréable 30

    IV    La chambre du coloc 37

    V     Le maître des faux-fuyants 47

    VI    Les détectives de la rue Sainte-Catherine 61

    VII  Un doux soir de tempête 68

    VIII L’intrus 79

    IX    Encore la tempête 88

    X     Samedi d’Action de grâces 100

    XI    Un rendez-vous raté 111

    XII   Recto ou verso 128

    RECTO VERSO

    ÉTIENNE DUHAMEL

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Titre: Recto verso: la grande trahison / Étienne Duhamel.

    Noms: Duhamel, Étienne, 1974- auteur.

    Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200073591 | Canadiana (livre numérique) 20200073605 | ISBN 9782925049197 (couverture souple) | ISBN 9782925049210 (PDF) | ISBN 9782925049203 (EPUB)

    Classification: LCC PS8607.U376294 R43 2020 | CDD C843/.6—dc23

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition.

    Conception graphique de la couverture: Étienne Duhamel

    Direction rédaction: Marie-Louise Legault

    ©  Étienne Duhamel 2020 

    Dépôt légal  – 2020

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

    Imprimé et relié au Canada

    1re impression, mai 2020

    Je dédie ce livre à Montréal,

    une ville qui me fait rêver depuis ma jeunesse

     et qui n’a jamais cessé de me fasciner.

    I

    Rendez-vous à l’Imprimerie

    Sur l’écran du téléphone de Thierry, la notification d’un appel entrant interrompit le jeu Post-Apocalypse. Le jeune homme vida ses poumons en s’étirant paresseusement vers le cendrier. Le parfum de Marie-Jeanne, qui envahissait les moindres recoins du salon, formait un nuage vaporeux autour de la lampe sur pied. Il écrasa son joint dans le cimetière de mégots. À l’écran, la photo de Luc Chevalier, veston cravate, flanquée du numéro de son cabinet du centre-ville. Après quelques mots de circonstances, la conversation dévia vers un thème un peu plus sérieux, source d’embarras et d’angoisse pour Thierry.

    —Pis, le roman? Toujours sur la glace?

    —Bof, répondit Thierry en lançant un long bâillement pour appuyer son interjection. Tu veux pas le savoir, docteur. Ça stagne.

    —Toi, t’es gelé comme une balle, non? entendit-il en devinant le sourire du psychologue au bout du fil.

    —Je viens d’en griller un solide, ouin. Il faut que j’aille pisser, mais je me sens pas trop Ironman, en ce moment.

    —Tu devrais t’acheter des couches, le grand.

    —C’est pas bête pantoute comme idée, ça, approuva Thierry pendant que Luc s’esclaffa.

    —Tout ça pour dire que l’écriture… poursuivit le psy avant que Thierry pousse un rire forcé, suivi d’un soupir. Je pensais écouter ton compte-rendu devant une pinte. Ça avance?

    —Luc, sérieux, y’a pas grand-chose à raconter. C’est le statu quo… Quo vadis. Alea jacta est.

    —Amen.

    Le silence régna un instant entre les deux amis d’enfance, jusqu’à ce que Luc reprenne en disant:

    —Sans blague, Thierry, depuis que t’as gagné ton demi-million à Loto-Québec, ta motivation est tombée à plat. T’as écrit combien de pages?

    —Attends un peu. Primo, le montant, c’était 403 544 dollars. Deuxio, question de faire preuve de transparence, je mentionne les quatre-vingt-quatre cents qui s’ajoutent à ce magot. Et tertio, j’ai écrit une cinquantaine de pages; peut-être même que je tape le soixante…

    —En un an? lança Luc en laissant entendre un sifflement ironique. Mon pauvre, tu dois être exténué. Et moi qui me plains de travailler soixante heures par semaine!

    —Exagère pas, quand même.

    —O.K., cinquante-cinq.

    —Je parlais pour moi. Pas un an. Onze mois et demi…

    L’autodérision, trait de caractère notable de Thierry Charles Mayrand, malgré une légère tendance à affecter une modestie, réussissait toujours à amuser son public, constitué d’amis issus de toutes les étapes de sa vie, de l’école primaire à son dernier emploi, en passant par les scouts, le club de lecture et une unique séance de yoga. Luc faisait partie des collègues du secondaire.

    —C’est bon, c’est bon. On parlera d’autre chose, alors, mais je te donne six mois pour achever ton chef-d’œuvre.

    —Marché conclu, doc! On se voit où?

    —Au nouveau bar du quartier… L’Imprimerie… Tu connais? Rue Ontario, entre de la Salle et Letourneux.

    —Cool. À sept heures?

    ***

    Thierry marchait d’un pas distrait le long de la rue Desjardins, cap sur l’Imprimerie. Avant son départ, encore un de ces appels bizarres sur sa ligne fixe, service inutile et archaïque inclus dans son forfait Internet. Cela survenait de plus en plus fréquemment, ces derniers temps. À l’autre bout du fil, l’interlocuteur semblait chercher en vain ses mots et finissait toujours par lui raccrocher au nez.

    Il faisait nuit depuis longtemps en cette mi-novembre où l’hiver avait cru bon devancer son arrivée d’un mois ou deux, occurrence aussi irritante que des connaissances qui se pointent à un souper vingt minutes avant l’heure convenue et qui s’installent confortablement dans le salon en lançant des commentaires caustiques sur la lenteur du service après avoir exigé mojitos et grignotines.

    En cours de route, Thierry croisa une femme noire qui ressemblait au bonhomme Michelin, emmitouflée, selon son calcul, sous une dizaine de couches de vêtements. Il l’enviait de ne pas se préoccuper de l’esthétique au point de sacrifier son apparence. Une balle rebondissant contre une fenêtre dans une ruelle le sortit de ses réflexions.

    —Frileux! Va chercher! Va chercher, mon pitou! cria un homme à un husky tout enjoué, non sans entraîner une grimace sarcastique de Thierry, pour qui le nom de l’animal de compagnie seyait si bien à ce moment.

    Passé la Confiserie, le souffle glacé de Montréal lui mordit les oreilles. Il voûta les épaules, tandis qu’un juron se perdit dans les sifflements du vent.

    Luc avait peut-être raison. Son apathie de la dernière année lui permettait certainement de prétendre au titre de procrastinateur par excellence de Montréal, ou à tout le moins, de lutter pour le podium. Difficile de s’en cacher, la cagnotte gagnée à Loto-Québec avait freiné ses ardeurs d’auteur en herbe. Deux premiers prix à des concours en ligne, une ébauche de près de deux cents pages d’un roman à première vue prometteur, et il s’était cru en droit de se proclamer écrivain. Célibataire endurci, il ne s’était jamais servi de ce titre escamoté pour tenter de séduire la gent féminine, hormis Marie-Jeanne, déjà si fidèle. Les choses devaient changer.

    «La peur de l’échec», alléguait avec défaitisme Thierry, pourtant fier de ses réussites littéraires, aussi négligeables fussent-elles, dans les conversations où Luc l’interrogeait de son œil inquisiteur sur les raisons de sa tergiversation.

    Force était d’admettre que depuis l’encaissement du chèque de Loto-Québec, il y avait bel et bien du sable dans l’engrenage. D’auteur en devenir, il s’était transformé en spécialiste du taponnage. Toutes les excuses étaient bonnes pour retarder d’une heure, d’une journée ou d’une quinzaine une séance d’écriture en bonne et due forme. En revanche, il consacrait un temps fou à jouer sur son téléphone, à regarder des vidéos futiles sur Internet, à acheter des romans qu’il consommait lentement et à fixer le plafond en rêvant d’une entrevue à Tout le monde en parle, où on vanterait ses talents de narrateur. Luc, en fin psychologue qu’il était, saurait peut-être lui insuffler une nouvelle dose d’énergie qui le sortirait de son marasme.

    Devant le stationnement de Vidéotron, une rafale le ramena à la réalité du temps. Le cœur lui sauta dans la poitrine à la vue d’un étranger, qui se tenait à deux pas de lui. Appuyé contre un arbre dans la lueur d’un lampadaire, l’homme tapotait agilement l’écran de son téléphone. Quand le regard de Thierry passa des mains à la tête de l’inconnu, il sursauta à nouveau. Son visage était trouble, comme s’il le voyait à travers des lunettes qui ne lui appartenaient pas. Intrigué, mais pressé de mettre les pieds dans un endroit chaud, il abandonna l’homme sans visage.

    «Un homme sans visage?» murmura-t-il, hébété. Sûrement pas. Du moins, les chances étaient plutôt minces. Quoi qu’il en soit, cette rencontre provoquait en lui une profonde sensation de malaise. Plus qu’un malaise, en fait. Plutôt un sentiment de culpabilité semblable à ce qu’on ressent quand on retire une chaise sous quelqu’un qui se laisse tomber pour s’y asseoir. Serait-ce sa vision qui aurait été altérée par le froid polaire? Explication plus plausible et source de réconfort. Malgré cette rationalisation, Thierry était incapable de chasser la désagréable impression que l’inconnu avait fait naître en lui.

    Au loin, sur Ontario, une meute de braves pompait de la fumée à l’extérieur du nouvel établissement. Le brouhaha des conversations prenait de l’ampleur et diminuait au gré des entrées et sorties des clients. Thierry esquissa une grimace cynique à la vue du propriétaire du restaurant adjacent, qui se frottait les mains en voyant accourir tous ces commensaux potentiels. La poudreuse tourbillonnait dans la lueur du panneau du salon de coiffure voisin, révélant dans la fenêtre du deuxième étage des voisins qui lorgnaient avec inquiétude le commerce en berçant leur tout-petit.

    ***

    Dans le vestibule de la taverne, Thierry nettoya ses lunettes embuées avec son foulard et jeta un coup d’œil autour de lui. L’Imprimerie était typique des bars à la mode de Montréal. Mur de brique, tables de bois entourées de chaises aux modèles tout aussi variés que leurs couleurs, éclairage tamisé aux teintes orangées qui donnent l’impression d’être au coin du feu et qui offrent un contraste plaisant avec la fraîcheur de la rue.

    Le sourire aux lèvres, le nouveau venu se faufila dans la jeune foule jusqu’à un sofa laissé miraculeusement vacant. Après avoir pris une gorgée de blonde, il sortit son téléphone de sa poche et sélectionna l’application Post-Apocalypse. Il fallait bien l’avouer, ce jeu, même s’il était gruge-temps au possible, était hautement satisfaisant. Aussi, comment abandonner son personnage aux dangereuses radiations? se demanda-t-il en ouvrant le menu des outils. Des sacs de ciment, de l’eau, et maintenant du sable, trouvé lors de la mission effectuée l’après-midi même. Enfin! Tous les éléments pour faire du mortier après un mois et demi à accumuler des blocs de pierre… Les serres regorgeaient de tomates et personne n’avait envahi son campement pendant le pillage des bleds dépeuplés de la région.

    À sa gauche, une silhouette athlétique attira son attention, puis une voix enrouée et moqueuse retentit:

    —Mesdames et messieurs, voyez le futur prix Nobel de la littérature qui prend des notes pour son futur best-seller!

    Thierry leva les yeux jusqu’au sourire narquois de Martin Groulx, vêtu d’un jean ajusté, d’un manteau de cuir trop mince pour lutter contre la température extérieure et d’une casquette à la visière d’une horizontalité parfaite.

    —En fait, dit Thierry en empochant l’appareil, j’étais occupé à construire un abri antiatomique. Pas facile, mon vieux. Après, si personne m’interrompt, je vais sauver le monde, toi y compris. Ça va?

    —C’est rassurant. Une chance que t’es là. Moi? La grosse forme sale, comme toujours.

    Après avoir entamé une pinte de rousse, Martin revint à la charge.

    —Sérieux, Thierry, ça serait le fun que tu finisses ton roman avant de devenir membre du club de l’âge d’or, si on veut tous en profiter.

    —Comme c’est parti là, je ferais mieux de rappeler mon ancien patron si je veux vous inviter à mes frais à un voyage toutes dépenses payées dans les Caraïbes après la publication de cette future œuvre incontournable de la littérature québécoise…

    —T’as quand même gagné un million de dollars.

    —Un tiers.

    —Un demi.

    —En tout cas. Ça avance pas vite, convint l’écrivain en portant son verre à ses lèvres.

    Dude, tu t’assieds devant ton ordi en te levant le matin, après un gros déjeuner si t’es parti sur la brosse la veille, pis t’écris. C’est simple, me semble, non?

    —Pas tant que ça.

    —Moi, j’écris tous les jours quand je rentre au bureau.

    —Ben oui, t’écris

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