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Balles perdues: Nouvelle
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Livre électronique31 pages26 minutes

Balles perdues: Nouvelle

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À propos de ce livre électronique

Lors d'une manifestation politique au Venezuela, un homme disparait face aux caméras de télévision. Mais nul ne sait pourquoi...

Récit de la disparition d’un homme, sous l’œil des caméras de télévision, lors d’une manifestation à caractère politique dans un Venezuela contemporain divisé par ses antagonismes. Qu’est devenu ce citoyen ordinaire, comment et pourquoi peut-on disparaître « en public », comment réagissent famille, amis et anonymes ?
C’est ce que le texte s’emploie avec finesse à démêler ici.

Entre questionnements politiques et sociaux, découvrez un récit atypique destiné à former son esprit critique et s'interroger toujours sur la nature humaine.

EXTRAIT

À neuf heures dix-huit du soir, dans un flash d'informations, au beau milieu du feuilleton, la chaîne rediffusa la séquence qui avait tant troublé le vieux. Tous se penchèrent en avant, contenant leur respiration. Carmen et Fanny se levèrent. Effectivement, c'était Henry. Ils le virent tous. Sur les images il apparaissait inquiet et décontenancé, comme s'il s'était retrouvé dans cette histoire par erreur, par l'effet d'une confusion, par pur hasard. Soudain, alors, Henry s'affaissa sur lui-même.
— Mon Dieu ! cria Carmen, en larmes, s'accrochant au bras de son mari. Les autres demeuraient paralysés, les yeux rivés au téléviseur.
Cela ne dura qu'un instant. Henry disparut. Comme si on lui avait fauché les jambes. Comme s'il s'était vidé. Henry s'était ratatiné sur le sol.
Ensuite, la caméra avait commencé à filmer un groupe de femmes qui criait et cherchait à échapper au tumulte. On entendit d'autres détonations. La caméra, hésitante, semblait tenter de suivre le bruit parmi la foule, s'efforçant en vain de traquer les détonations. Finalement les images disparurent et un présentateur, la mine sobre, annonça que l'on en verrait plus sur ce sujet, beaucoup plus, à onze heures, au cours de l'édition spéciale. Nous vous donnons donc rendez-vous.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Une nouvelle comme une leçon de morale qui dénonce la faiblesse des hommes toujours prêts à marcher sur des cadavres pour accéder à une certaine reconnaissance, à un certain pouvoir, et les médias artisans de toutes les manipulations qui peuvent servir la cause de ceux qui les possèdent ou les financent. - Débézed, Critiques Libres

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alberto Barrera Tyszka (Caracas, 1960) romancier, poète, scénariste pour la télévision et journaliste vénézuélien est aussi professeur à l’Université Centrale du Venezuela.
Le prestigieux prix Heralde a récompensé en 2006 son roman La Maladie.

LangueFrançais
Date de sortie1 avr. 2019
ISBN9782954472348
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    Aperçu du livre

    Balles perdues - Alberto Barrera Tyszka

    Alberto Barrera Tyszka

    Balles Perdues

    Traduit de l'espagnol (Venezuela) par Nicole Rochaix

    Zinnia Éditions

    Alberto Barrera Tyszka, Balles perdues

    Traduction Nicole Rochaix

    Zinnia Éditions

    ISBN : 978-2-9544723-7-9

    Titre original : Balas perdidas

    © Alberto Barrera Tyszka

    © 2013, Zinnia Éditions pour la traduction française.

    Retrouvez l'ensemble des publications des éditions Zinnia sur

    www.zinniaeditions.com

    Alberto Barrera Tyszka

    Balles Perdues

    Pour Ibsen Martinez

    Personne n'entendit les détonations.

    Il était impossible de percevoir autre chose que la rumeur de la manifestation, le bruit des gens qui parlaient, criaient, reprenaient en chœur les slogans ou jouaient du sifflet. Il y avait aussi de la musique. Et quelques meneurs, placés à différents endroits, le porte-voix en main, haranguaient à la ronde les personnes présentes. Il était trois heures de l'après-midi. Tous les mots folâtraient au soleil. Les balles passèrent inaperçues. On ne découvrit qu'elles étaient arrivées, qu'elles étaient là, qu'au moment où des corps commencèrent à tomber sur le pavé.

    D'abord ce fut une jeune fille. Elle s'appelle Yolimar Martinez. Elle a dix-neuf ans. Elle étudie à l'université et elle fait partie de la Brigade des Étudiants Simon Rodriguez. Elle est venue à la manifestati on pour soutenir le gouvernement. Elle se rappelle seulement que, soudain, elle a commencé à ressentir une forte sensation de chaleur dans le dos, une chaleur qui n'était pas celle de la température extérieure, comme si on la brûlait. Tout est allé si vite. Soudain, elle a senti qu'elle partait en arrière. Elle se renversa peu à peu, sans pouvoir se retenir à rien, elle perdit l'équilibre sans comprendre pourquoi, avec la sensation que la gravité tout d'un coup était devenue une force implacable, que la terre l'engloutissait. En une seconde elle vit un nuage passer devant ses yeux et s'échapper. Puis elle vit passer et s'enfuir aussi les cimes des arbres, un réverbère, les regards étonnés de deux amies, les genoux d'autres corps, jusqu'au moment où sa tête heurta brutalement le macadam.

    Deux ou trois mètres plus loin, presqu'au même moment, Idelmaro Jiménez aussi s'écroula. C'est un homme de soixante-cinq ans qui se maintient en excellente forme,

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