OLIVIER DUHAMEL SOUS LE SOLEIL DE SATAN
CAMILLE KOUCHNER DÉNONCE UN BEAU-PÈRE INCESTUEUX. MATCH A ENQUÊTÉ SUR L’ASCENSION, L’EMPRISE ET LA CHUTE D’UN PROFESSEUR QUI PENSAIT AVOIR TOUS LES DROITS
L’esprit tranchant et le charisme du bon vivant cachait la folie de l’ogre. Figure de l’intelligentsia française, le spécialiste de droit constitutionnel aura exercé le pouvoir sous toutes ses formes : des plus prestigieuses, jusqu’au très élitiste club du Siècle, aux plus sombres, dans l’intimité familiale. Il aura fallu un livre courageux, « La familia grande », pour que cesse la toute-puissance d’Olivier Duhamel. Accusé d’avoir abusé de l’un de ses beaux-fils il y a plus de trente ans, il fait aujourd’hui l’objet d’une enquête pour « viols et agressions sexuelles ».
Le silence, c’est ce que « Victor », comme le surnomme sa sœur, Camille Kouchner, dans son livre, a exigé d’elle, la première à qui il s’est confié. Au fil des ans, il le demande aussi à son frère aîné et à son père, Bernard Kouchner, en couple avec Christine Ockrent. Tous veulent croire que le non-dit protège… Il va surtout se révéler dévastateur au sein d’une famille recomposée.
DERRIÈRE LES SOURIRES, UN CLAN BLESSÉ PAR UN SECRET QUI METTRA TRENTE ANS À EXPLOSER
DANS LES HAUTES SPH RES, IL IMPRESSIONNE, LA MAISON IL JOUE LES PAPAS POULES, COUTE LES GRANDS, CAJOLE LES PETITS. C’EST L QUE L’IMMONDE SURGIT
Ce samedi 2 janvier, les vibratos furieux de Wagner secouent la cour arborée d’un bel immeuble de la rue de Bièvre, non loin de Saint-Germain-des-Prés. Au rez-de-chaussée, le politologue Olivier Duhamel vide sa valise après une escapade à Dubaï, mer et désert à dos de dromadaire, avec Aurore, sa fille adoptive, et ses deux enfants. Le soleil a doré son visage, allégé un peu ses 70 ans. Retour chez lui, dans le studio de sa jeunesse – cadeau des parents qui jadis occupaient tous les étages – devenu son refuge depuis la disparition de sa femme, Evelyne Pisier. Elle est là, en photo, posée sur la table : nymphette incandescente au côté de son amant dans les années 1960, Fidel Castro. Ses yeux de chat le transpercent, Olivier Duhamel ouvre les fenêtres, vide les cendriers. Une nouvelle année commence, il faut relancer les tribunes, les projets d’écriture, préparer les chroniques sur Europe 1, LCI, jeter un œil à ses obligations de président de la FNSP (Fondation nationale des sciences politiques, au cœur de l’école Sciences po), du Siècle, ce prestigieux cercle d’influence où tant d’importants ministres, banquiers, grands patrons le courtisent. La plaie soudain, une fuite d’eau. Il court chez Bricorama, achète de quoi rafistoler le tuyau, abrège les appels téléphoniques le couvrant de vœux. Dimanche après-midi, c’est une journaliste du « Monde » qui le dérange : elle l’informe de la publication du livre de Camille Kouchner,
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