L'Initiation Marine
Par Thyerik
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À propos de ce livre électronique
Au cours d'une traversée en mer, le neveu du capitaine fait la rencontre d'un inconnu rescapé d'un naufrage qui va l'initier peu à peu aux pouvoirs inattendus des songes. Retourné à terre, entraîné dans tout un monde souterrain, il va se mesurer à ceux qui règnent en maîtres sur les rêves.
During a crossing, in the middle of the ocean, the nephew of the captain met the strange survivor of a wreck who is going to introduce him to the unexpected powers of the dreams. Back to the ground, led in a whole underground world, he is going to meet those who reign as masters over the dreams.
Thyerik
Fond of writing and imagination, Thyerik is the author of the "Tragedy of Véronik" (1996), "Meryem or the Tragedy of the Nights" (2004), and "a Marine Initiation" (2009). Thyerik lives and works in France. Passionné par l'écriture et l'imagination, Thyerik est l'auteur de "La Tragédie de Véronik" (1996), "Méryem ou la Tragédie des Nuits" (2004), et "l'Initiation marine" (2009). Thyerik vit et travaille en France.
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Aperçu du livre
L'Initiation Marine - Thyerik
L'INITIATION MARINE
Drame psychédélique de Thyerik
(site internet : http://thyerik.voila.net/)
(En mer, la nuit. La cabine du capitaine)
Le capitaine : Oui, laissez-moi maintenant. Qu’on me laisse. Je sens que quelque chose d’autre me préoccupe en ce moment…Cet accident a été très fâcheux.
Le Marin : Mon Capitaine, pour l’homme qui est décédé…C’était encore un jeune homme…Ses parents doivent être encore en vie.
Le capitaine : Vous avez compris, c’est aussi à cela que je dois m’efforcer de penser. Laissez-moi. Je vous appellerai le moment venu. Faîtes dire au second qu’il tienne la barre jusqu’au matin, nous sommes en pleine mer, les vents ont disparu pour plusieurs jours à présent. Mais leur prise funeste…Pire que la mort…
Le Marin : La mort lorsqu’on s’embarque sur l’océan, c’est juste tirer une mauvaise carte au hasard d’un mauvais soir… La plus mauvaise carte, n’est-ce pas ? (Silence)
Le capitaine : L’aube ne va pas tarder à poindre… Bientôt…
Le Marin : Votre neveu est là, derrière votre porte, voulez-vous le recevoir maintenant, mon capitaine?
Le capitaine : Mon neveu… (Silence) Faîtes-le entrer. Retournez sur le pont pour surveiller l’écoutille bâbord. Dans le corridor, je ne veux plus personne.
Le Marin : J’y retourne, mon capitaine.
Le capitaine : Eh bien, cher neveu, entrez. Que je n’aie pas à vous prier.
(Le neveu entre.)
Vous nous avez étonné aujourd’hui…Vous que nous connaissons toujours si sombre, si lisse. Vous nous ménagez fort vos effets à l’ordinaire. Ce personnage fantasque qui voulait ne vivre à moins qu’à l’exact milieu de ses rêves, fasciné, votre père, s’il avait vécu, aurait pu se montrer fier de vous. Vous avez tenté de sauver votre compagnon avec une bravoure qui nous a semblé sans feinte. Avez-vous eu l’intention de ce coup d’éclat dès le début de l’incident, c’est une possibilité qu’à votre décharge je n’écarterais pas… Mais lorsque la voie d’eau s’est ouverte dans la coque, vous auriez dû réfléchir à deux fois, car votre action est devenue alors très délicate, très dangereuse. Vous avez mis votre vie en jeu ; vous n’avez pas atteint votre but, hélas… Comme de chacun ici, j’attendais de vous que vous obéissiez à mon commandement. J’avais donné l’ordre que personne ne descende au fond de la cale…Je l’avais ordonné, n’est-ce pas ? Oui…c’est préférable, ne répondez pas. J’ai appris que toute action semblable est en pure perte. La première fois, j’ai vu le cas il y a plus de vingt ans sur un navire marchand qui revenait trop chargé des mers froides avec toute une cargaison clandestine de fourrures et d’ivoire…Je n’ai ramené qu’un équipage décimé, par la faute de nos efforts insensés. C’est pourquoi cette fois comme tant d’autres fois auparavant que vous n’enjambiez nos ponts, j’ai choisi de ne perdre aucune autre vie…Oui, j’ai décidé moi-même qu’une seule vie devait suffire à l’océan cette fois…cette fois encore… Et c’est cela mon devoir. Ce garçon avait tiré une mauvaise carte, l’une de ces cartes à deux versos… Ah, comme moi, l’avez-vous un peu observé… ?
Déjà avant que vous ayez commencé à descendre le long de la poutrelle, ce n’est déjà plus qu’une silhouette défaite qui flotte depuis des heures, je fais donner de l’alcool à l’équipage pour qu’ils retournent tout de même somnoler, tandis qu’ils entendraient le corps se briser au gré des courants contre la paroi de la cale et puissent trouver des forces pour ce lendemain qui viendrait de toute façon…
Puis soudain, - vous êtes debout sur la passerelle à quelque distance, absorbé, mon regard suit le vôtre malgré moi - alors aussi, je le vois, très vite, dans une précision presque monstrueuse, flottant, immense, comme à travers l’éclat éblouissant d’un arc électrique, peut-être était-ce la violence des reflets rouges du navire au milieu de la pâle marée de minuit… Comment puis-je apercevoir ce mince visage au milieu de cette tempête, Je scrute ses paupières qui battent si rapidement puis se referment à demi avec cette mollesse singulière de ceux qui vont s’éteindre…Ses yeux roulent, puis tournent vers les vagues lointains…?…Mon regard s’est-il tant aguerri à guetter chacun des signes les plus fragiles de la fin ou n’est-ce qu’un de ces mirages effroyables perdus dans la mer ?…Mais moi, j’ai su me retenir de l’ivresse de le sauver, c’est alors que je vous ai vu comme une ombre qui plongeait entre les flots…
Oui, tous ces maudits mirages de la mer, votre esprit trop affaibli n’a su s’en méfier ; les premières traversées on croit si aisément les chasser d’une ferme assurance, ils semblent d’étonnantes folies, comme si pour la première fois vous croisiez le regard d’une chimère, alors que tout tient si solidement amarré dans votre vie. C’est étrange, cette solide assise, elle aussi paraît un rêve maintenant. Les songes entêtants savent retrouver votre sillage, se glissent subrepticement dans la conscience comme s’ils venaient hanter le pont d’un vaisseau, le bois, l’acier, les nœuds des cordées puissantes que rien n’avait pu corrompre encore, puis un matin, l’aurore, les yeux s’ouvrent, le ciel fixe et gris culmine encore, mais des songes humides et troubles glissent comme sur des glaces horizontales suspendues par milliers. Le cœur sans comprendre pourtant se froisse, les muscles glacés se mystérieusement raidissent, tout ne s’offre déjà plus que fuyant, incertain. Dans la cabine, des ombres persistent au fond du miroir, des chuchotements de sirènes s’élèvent de lointains qui ne se trouvent nulle part, les murmures de souvenirs oubliés paraissent flotter sur la mer comme de vagues filets de brumes abandonnées et rapaces…L’acier brûlé de l’ancre où vous cherchiez un instant votre appui, déjà semble se tordre comme un voile et glisser entre vos poings…Autour de vous rien ne semble réellement rompu, mais à l’intérieur on chercherait en vain ce qui ne s’est pas brisé. La journée, les nuits, les traversées, plus rien ne peut distinguer tout cela. L’angoisse sera la seule lampe à m’éclairer pour des temps qui s’annoncent désormais absurdes et longs. Alors l’alcool très vite apporte le remède à tous ces maux pour le jour qui recommence à poindre, avec sa clarté affreuse comme un supplément de menace montant du fond de l’horizon… L’alcool suffit pour s’avancer le crâne creux, sans plus un souci et limpide sous l’éclat du jour éblouissant, sentir les hautes vagues translucides et bleues qui me remplissent, puis me vident selon les immenses intervalles qui les possèdent.
Mais vous mon jeune ami, vous alliez plonger en aveugle, ramener un corps dans l’obscurité, faire qu’il retrouve le souffle bien sûr à demi noyé entre la glace et l’écume… ! C’est le produit d’une rêverie sans fondement, d’une naissance maudite. De quoi vouliez-vous vous échapper ? Le savez-vous vous même ? Parfois j’y songe cependant, tant le temps lentement s’écoule sur la mer à travers tous ces hommes immobiles, même si je tâche d’en chasser la pensée :… Avez-vous eu des rêves, vous aussi, vous autres ? Parfois, en plein midi, je reste effrayé de la somme des rêves qui se sont vainement écoulés sur le monde…et sans laisser de trace ont à jamais disparu. Ici, l’océan ruisselant sans limites est l’autre nom pour jamais. Pourtant rien n’a eu jamais autant de fortune dans le monde que le pouvoir des songes…
Vous l’avez appris maintenant, triste insensé ! Car pour la première fois sur ce navire, j’ai vu mes ordres enfreints et par vous…que nous avions accueilli en orphelin à cet effrayant premier matin de votre adolescence…Vous n’êtes pas sans savoir que je n’ai pas plus de considération pour vous que pour aucun des autres marins à bord, peut-être moins encore. Qu’espériez-vous, que vous, mon pauvre garçon, vous parviendriez…à quoi…Vous venez sur mon navire singer les désastres de votre père…ou ce que vous en avez entendu ! Miser sa vie entière à chaque fois et sur l’impossible ?!!! N’avez-vous rien commencé à apprendre de ses erreurs !!!…
Pouvez-vous ignorer la façon infâme, l’incroyable