Hambourg-Le Havre, à bord d’un porte-conteneur
A travers la fenêtre du taxi, les docks saturés de conteneurs de toutes les couleurs du port de Hambourg se succèdent à perte de vue. Le trajet n’en finit pas. Et j’en suis à me demander pourquoi j’ai décidé, quatre mois plus tôt, d’entreprendre ce voyage quand, soudain, le chauffeur, jusque-là silencieux, claironne: «Burchardkai Terminal.» Un vent glacial me gifle le visage alors que je me présente devant l’entrée et passe un sas qui scanne au moyen de lampes aveuglantes chaque camion qui entre et qui sort. Leur va-et-vient et le charivari stridulant des grues et des portiques qui gesticulent au-dessus de ma tête me donnent le tournis. Je zigzague jusqu’à l’office, un baraquement de tôle sommaire au néon blafard où je dois m’enregistrer. Dans le calme relatif de la guérite, je m’annonce à l’armoire à glace derrière le comptoir qui sort un dossier sur lequel est surligné le mot «photographer». Son regard planté dans le mien, l’homme bourru en veste orange m’assène d’un ton sec: «Pas de photo dans l’enceinte du terminal, nous ne plaisantons pas avec la sécurité.» Je réalise sur le coup que je ne pourrai photographier le monstre dans son entier.
Les formalités réglées, je grimpe dans un minibus qui me dépose devant l’ , l’un des plus gros porte-conteneurs du monde. Du nom du commerçant et navigateur florentin au service du royaume du Portugal et de la couronne de Castille au XV siècle, ce géant des
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