Quelle étrange histoire (annoté)
Par Jean Galmot
()
À propos de ce livre électronique
- Texte révisé suivi de repères chronologiques.
" Quelle étrange histoire !…
Un bateau perdu sur la mer des Tropiques… et une femme seule sur cette mer ardente.
Une femme est là, lumière dans la lumière.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
J’ai vécu ma vie sur la mer des Antilles. Mousse, pilote, marchand, j’ai vieilli sur des routes qui sont des fleuves de feu.
Maintenant je garde dans mes yeux l’image de la Mer.
Je sais que tout Mouvement, toute Beauté, le Silence, la Lumière et la Musique nous viennent de la Mer.
Une femme est là qui tremble et qui pleure sur ce bateau désert.
Sa voix est la voix de la Mer… des chants montent de l’eau phosphorescente qui sont les voix de son âme amoureuse.
Seul auprès d’elle j’ai écouté le récit merveilleux qu’aucun homme n’a jamais entendu.
Ainsi, moi qui ne connais d’autres livres que le livre de la Jungle et le livre de la Mer, j’ai raconté, comme un aveugle dans la lumière, le récit de l’Inconnue." Jean Galmot.
Lié à Quelle étrange histoire (annoté)
Titres dans cette série (32)
Les faux-monnayeurs (annoté) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNicolas Bergère Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRadiguet - Oeuvres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn mari pacifique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDîners de Lune Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJournal d’un curé de campagne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Grand Dieu Pan Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes déracinés Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Mont Analogue Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Ma double vie: Mémoires de Sarah Bernhardt Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAu coeur des ténèbres Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le théâtre et son double Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSous le soleil de Satan Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSensations Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoires du bon Dieu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTypographes et gens de lettres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’Enfant de volupté Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'appel des armes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire d’une montagne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationContes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNotre-Dame De Paris Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire d’un ruisseau Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne femme à sa fenêtre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa femme pauvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes nourritures terrestres (annoté) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRegards sur le monde actuel Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉloge de la folie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉtat civil Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationScènes de la vie de bohème (annoté) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuelle étrange histoire (annoté) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Livres électroniques liés
Quelle étrange histoire…: Roman lyrique et exotique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHeures de Corse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe loup des mers Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNord-Sud: Amérique; Angleterre; Corse; Spitzberg Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGabriel Lambert Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe pot au noir Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe loup des mers: de Jack London Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe mystère de la chauve-souris Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMinuit en Sicile: Sur l'art, la gastronomie, l'histoire et… cosa nostra Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyage au Congo - Retour au Tchad: les carnets de voyage d'André Gide Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDix-sept histoires de marins Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNaviguer à l'estime: trois fantaisies maritimes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMarée blanche en Atlantique: Polar Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyage au Congo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFeuilles de route en Tunisie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCe que racontent les cannes à sucre: Un roman initiatique dans les îles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAndré Gide: Voyage au Congo - Retour au Tchad Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyage au Congo: Carnets de route Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTous ou personne: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Exploits de Rocambole I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTerre de Chanaan Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTous les récits de voyage de Guy de Maupassant: Au soleil - Sur l'eau - La vie errante Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyage au Congo & Le Retour du Tchad Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAu cœur du Harem Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe port Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDans l'extrême Far West: Aventures d'un émigrant dans la Colombie anglaise Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLettres de mon moulin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMarseille, porte du Sud: Premium Ebook Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCapitaines Courageux: Une histoire du banc de Terre-Neuve Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRien ne pèse tant que les secrets Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Fiction générale pour vous
1984 Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'Art de la Guerre - Illustré et Annoté Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Vie devant soi de Romain Gary (Fiche de lecture): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMoby Dick Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Petite Prince (Illustré) Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Mauvaises Pensées et autres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Procès Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAlice au pays des merveilles Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Nouvelles érotiques: Confidences intimes: Histoires érotiques réservées aux adultes non-censurées français histoires de sexe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Comte de Monte-Cristo Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Gouverneurs de la rosée Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Les frères Karamazov Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Étranger d'Albert Camus (Analyse de l'œuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Mes plaisirs entre femmes: Lesbiennes sensuelles Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5L'Alchimiste de Paulo Coelho (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Proverbes et citations : il y en aura pour tout le monde ! Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Père Goriot Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les légendes de la Bretagne et le génie celtique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Carnets du sous-sol Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoires de sexe interracial: Histoires érotiques réservées aux adultes non-censurées français novelle èrotique Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Grand Meaulnes: édition intégrale de 1913 revue par Alain-Fournier Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'Odyssée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLearn French With Stories: French: Learn French with Stories, #1 Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Mythe de Sisyphe d'Albert Camus (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationManikanetish Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Orgueil et Préjugés Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'étranger Évaluation : 1 sur 5 étoiles1/5Bonjour tristesse de Françoise Sagan (Analyse de l'oeuvre): Comprendre la littérature avec lePetitLittéraire.fr Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le secret des templiers: Roman Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5L'Iliade et l'Odyssée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Quelle étrange histoire (annoté)
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Quelle étrange histoire (annoté) - Jean Galmot
QUELLE ÉTRANGE HISTOIRE
JEAN GALMOT
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Repères chronologiques
Couverture
Copyright © 2022 Philaubooks, pour ce livre numérique, à l’exclusion du contenu appartenant au domaine public ou placé sous licence libre.
ISBN : 979-10-372-0241-3
AVANT-PROPOS
Quelle étrange histoire !…
Un bateau perdu sur la mer des Tropiques… et une femme seule sur cette mer ardente.
Une femme est là, lumière dans la lumière.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
J’ai vécu ma vie sur la mer des Antilles. Mousse, pilote, marchand, j’ai vieilli sur des routes qui sont des fleuves de feu.
Maintenant je garde dans mes yeux l’image de la Mer.
Je sais que tout Mouvement, toute Beauté, le Silence, la Lumière et la Musique nous viennent de la Mer.
Une femme est là qui tremble et qui pleure sur ce bateau désert.
Sa voix est la voix de la Mer… des chants montent de l’eau phosphorescente qui sont les voix de son âme amoureuse.
Seul auprès d’elle j’ai écouté le récit merveilleux qu’aucun homme n’a jamais entendu.
Ainsi, moi qui ne connais d’autres livres que le livre de la Jungle et le livre de la Mer, j’ai raconté, comme un aveugle dans la lumière, le récit de l’Inconnue.
J. G.
UN
Amsterdam, un matin d’automne.
– Je viens pour le billet…
C’est une bonne à tablier blanc qui m’a ouvert la porte. J’ai attendu une heure, sous le vent mouillé, que s’ouvrent les bureaux de la Compagnie hollandaise.
Conçoit-on une Compagnie de navigation dont l’enseigne est une porte misérable et qui n’a qu’une bonne à tablier blanc pour recevoir les visiteurs ?
La Ruyterkade est froide et déserte par ce matin d’automne.
Depuis une heure, cette porte qui reste close et pas de sonnette et point de passant…
– Mademoiselle, j’ai loué une cabine pour Paramaribo… une cabine sur le Van Dyck, qui part à 10 heures pour la Guyane… je n’ai pas encore mon billet et mes bagages sont là, dans la rue.
La petite bonne n’entend pas le français. Elle a des boucles blond paille tout autour du bonnet de dentelles. Les boucles s’agitent ; et, silencieuse, comme elle est entrée, la bonne disparaît…
Un vieux en pantoufles, coiffé d’une calotte rouge de juif, a poussé la porte vitrée ; le bruit l’a sans doute attiré.
Non, il est sourd.
Je lui crie que je veux mon billet de passage. Sa barbe s’ouvre dans un sourire ; il lève des mains bénissantes.
Il sort. Il est déjà de retour.
– Voici votre billet, monsieur, mais vous avez le temps. Asseyez-vous là, un peu… Ah ! vous êtes Français… Et vous allez à Paramaribo… Mon Dieu, quelle idée !…
Il me retient par l’habit.
– Moi aussi, j’aurais bien voulu aller à Surinam avant de mourir. C’est une belle colonie. Je ne connais personne qui y ait vécu. C’est ainsi… Les fonctionnaires et les marchands hollandais prennent l’autre ligne. Nous, nous n’avons que le fret, bien que notre bateau soit aménagé pour recevoir les passagers. De temps à autre, un étranger qui va aux Antilles nous demande, comme vous, un passage…
Et il y a, alors, deux hypothèses : ou bien le voyageur s’est trompé de compagnie, il a vu dans le guide la liste des départs, et il vient… ou bien il sait… il sait que notre bateau n’a point de passagers et il vient pour être seul, pour sa santé, ou peut-être par orgueil, pour se donner l’illusion d’avoir un yacht à lui tout seul… oui, cela arrive… Quelquefois aussi, il vient… pour se cacher… C’est ainsi…
– …
– Voilà ! Si vous revenez de Surinam, rapportez-moi une orchidée de la brousse. Oh ! je ne veux pas une orchidée rare ; je voudrais une fleur prise au hasard sur un arbre et que vous rapporteriez dans une boîte de fer-blanc sur le pont ; mais vous ne voudrez pas… Personne ne revient de là-bas… Au revoir…
Sur le pas de la porte, sa calotte rouge à la main, il ajoute :
– Tous mes compliments à la dame, à la petite dame qui est venue hier soir… Ah !… ces Français, quels farceurs !…
La porte s’est fermée. J’examine mon billet. Il est en règle : Amsterdam à Paramaribo, 400 florins, cabine n o 15.
Quel est ce fou ? Quelle étrange compagnie !…
Sous la pluie mêlée au vent, l’omnibus qui traîne mes bagages n’en finit pas d’arriver au quai où est amarré le Van Dyck.
Que de détours ! Que de ponts sur les canaux !
Enfin, voici le quai et tout là-bas, au fond de ce terrain vague, le Van Dyck, seul, comme perdu à cette extrémité du port désert.
DEUX
Pouvez-vous concevoir cela, un bateau où il n’y a personne ?
Je suis assis sur ma couchette et j’écoute le bruit des boiseries qui craquent. La mer donne avec fureur contre la coque ; des paquets d’eau voilent les hublots ; les murs en chêne de la galerie gémissent. J’entends le souffle intérieur des machines ; et les coups des pistons, réguliers, monotones, feutrés, me martèlent l’esprit.
Les couloirs sont déserts. Je promène mon pyjama du salon de musique au salon des secondes, le long des tapis épais qui étouffent les pas. Le piano est couvert de sa housse, et, le long des couloirs, les cabines sont entr’ouvertes, montrant des lits nus, de pauvres lits de fer qui ne furent jamais habités.
Par la porte entrebâillée, les hublots des cabines regardent dans le couloir, curieusement, mon ombre qui passe. L’armoire se penche, et l’air s’agite comme j’avance ma tête dans l’encadrement de la porte…
– Qui est-ce ? disent les meubles roux.
Le vieux bateau poussif glisse et geint, tout entier absorbé par l’effort de la mer.
Sur le pont, je suis seul. L’arrière est envahi par des bois en grume, des troncs de sapins qui vont à Curaçao pour faire des mâts de tapouilles.
Une cloche tinte trois coups. Au-dessus de moi, sur la passerelle, j’entends des pas. Le changement de quart… Verrai-je donc un visage humain ? Non, le silence est revenu et l’accès de la passerelle est fermé.
Il pleut, le froid me renvoie dans ma cabine. Il est tard. Encore des coups à la cloche, là-haut…
J’ai ouvert une malle… Une odeur de violette m’a pris à la tête. J’ai jeté par le hublot le flacon brisé et je range dans la commode les vêtements et le linge.
– Le dîner est prêt…
Une voix m’a soufflé cela dans la nuque.
Je me suis retourné avec un cri. Est-ce une façon d’entrer sans frapper et de parler ainsi sans prévenir ?
Le nègre qui était là est déjà sorti :
– Eh ! steward, eh !…
Le nègre est parti.
Alors je vais dîner. La salle à manger est à l’entrepont. Je l’ai vue éclatante de glaces, avec ses tables couvertes de moleskine rouge, pendant mes excursions, tout à l’heure, dans ce bateau-cercueil. Je l’ai vue ; mes pas résonnaient dans cette grande salle, et le dressoir disait à haute voix, comme je remontais l’escalier :
– Quel est celui-là ? Que veut-il ?
La table du milieu est servie. Il y a six couverts.
Le dressoir est garni d’argenterie et de verres avec des fruits, et des compotiers pleins. Le dressoir a l’air avenant. Il craque comme j’entre et je l’entends encore dire :
– L’étranger est revenu. C’est pour lui que le couvert est mis, c’est pour lui que nous sommes dérangés.
Le nègre en veston blanc m’a présenté le rôti enveloppé de marmelade de pommes.
– Pour qui sont ces couverts, steward ? Il y a d’autres passagers ?
Hélas ! il n’entend que le hollandais. Il sait dire : « Oui, non, le dîner est servi », en portant ses doigts à la bouche.
Je montre les couverts :
– Officers…
Je comprends… les officiers. Et j’indique les places au nègre :
– Ici, au milieu, le capitaine, à droite, le doc teur ; à gauche, le chef mécanicien ; à côté de moi, le deuxième