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Marée blanche en Atlantique: Polar
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Marée blanche en Atlantique: Polar
Livre électronique147 pages2 heures

Marée blanche en Atlantique: Polar

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À propos de ce livre électronique

Une pincée de poudre blanche sur des eaux tumultueuses…

Deux paquets suspects viennent se déposer sur une plage du littoral charentais…
Un arrivage à ne pas mettre entre toutes les mains et pourtant… Omitov, un solitaire, tire son chariot à pneus sur cette plage et découvre la marchandise. Que faire de toute cette drogue ? Voici le récit de personnages hors norme qui se brisent et s'entrechoquent pour quelques gramme de plus. Qui s'en sortira ?

Une galerie de portraits ciselés et sombre à la manière d'Olivier Marchal (36, Quai des orfèvres) dans un thriller palpitant.

EXTRAIT

Les grandes marées attirent toujours du monde, des pêcheurs, des familles qui s’en vont joyeusement grattouiller les rochers à découvert, dans l’espoir de ramener une jolie petite pêche. Si les vents sont calmes la mer se retire si loin que l’estuaire n’est plus qu’un large fleuve qui s’écoule dans l’océan.
Parmi tous ces pêcheurs du dimanche et ces curieux, se trouvent sans aucun doute nos fouineurs, en tout cas l’autorité est bien présente, le bleu marine est tendance cette saison sur nos plages.
Pour mes affaires c’est pas l’idéal cette affluence. Les plus belles pièces me filent souvent sous le nez, et terminent sur un bout de trottoir, ou dans un feu de cheminée.
Le bois flotté c’est un art à part entière, l’art de l’analogie, de l’adaptation, des volumes, du mouvement. Il faut savoir ce que l’on cherche et ce que l’on peut trouver, afin que coïncident au plus juste ce désir et cette proposition. C’est dans cette fourchette-là que la création peut naître, c’est une vraie discipline.…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Après des études d’arts plastiques, Jean-Luc Blanchet réalise ses premiers films de fiction puis s’oriente vers le documentaire et le portrait pour la télévision. À travers son parcours émaillé de rencontres et d’émotions, va naître un désir d’aller plus loin dans l’écriture, et de laisser le champ libre à l’imaginaire. Marée blanche en Atlantique est son premier roman librement inspiré d’un fait divers.
LangueFrançais
Date de sortie2 janv. 2020
ISBN9791035307332
Marée blanche en Atlantique: Polar

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    Marée blanche en Atlantique - Jean-Luc Blanchet

    MareeblancheenAtlantique.jpg

    Marée blanche en Atlantique

    Collection dirigée par Thierry Lucas.

    Jean-Luc BLANCHET

    Marée blanche en Atlantique

    La Geste

    Avant-Propos

    Les yeux fermés, je me souviens d’un moment bref, net comme un éclair, mes muscles tendus vers le haut m’accordaient la joie d’atteindre les anges, debout dans ma soucoupe volante ornée de clignotants.

    J’étais alors le temps d’une révolution le roi du monde taraudant l’air en moulinets de mon trophée laineux, narguant les Terriens, comme un pacha ventile sa flemme, défiant l’appétit de Kronos d’un autre tour de manège gratuit.

    J’avais six ans et la queue du Mickey que je venais d’arracher au vol révélait en moi l’intuition du désir, au même titre qu’un bocal de caramels, qu’une glace à la pistache ou qu’un vélo jaune citron.

    Le manège a grandi, il ne s’arrête plus de tourner, les vélos jaunes ont fait leur temps, mais le désir est resté intact. Il faut seulement sauter plus haut pour conquérir ses grâces, dans un Olympe aléatoire, où la galerie des dieux ressemble à s’y méprendre à un annuaire téléphonique débordant de personnages comme vous et moi, palpables humains, volubiles et numérotés, qui ne demandent qu’à se coucher sur un autre papier plus chic.

    Il ne me reste plus alors qu’à écrire pour les inviter. Mais il faut un point d’accroche pour qu’ils se rencontrent, s’orchestrent, un fait divers de quelques lignes, un souvenir prégnant, un truc pas ordinaire qui dépasse du chemin comme un pavé de la tranchée d’Arenberg pour tordre les rayons et faire qu’ils se cassent tous la gueule fixant ainsi dans cette chute collective les liens de leur existence romanesque. Moi je ne suis là que pour témoigner sur la pointe des pieds de ce qui va suivre… pendant qu’ils se relèvent…

    Chapitre 1

    Marée blanche

    La fonction crée la forme, cette variation de la théorie darwinienne, appliquée aux arts plastiques, reste une bien solide motivation pour tirer mon chariot sur la grève en chinant mon bonheur parmi les rebuts de l’océan.

    Aujourd’hui sur la plage, ça n’est pas terrible, des brindilles, du petit-bois, du costaud intransportable. Un pan entier de navire à demi enfoui dans le sable, sorte de résurgence de l’épopée colombienne. Est-ce la Santa Maria, qui remonte le temps, la Niña peut-être ? Ou bien la carène d’un Hollandais volant en bout de cauchemar ?… Ces bordages en chêne chevillés comme au temps des galères, c’est rare sur l’Atlantique.

    Un type de construction courante sur les côtes africaines, indiennes, navires de cabotage, transport de riz, de bois, un boutre, peut-être ? À grands pas ça fait sept mètres, de quoi bâtir un bel élément mural pour un club nautique, un restau de fruits de mer. Le plus gros du décapage est fait. Ces petits restes de peinture comme des îlots de sucette arc-en-ciel accrochés aux aspérités du bois pourraient nous révéler l’âge du capitaine.

    Je préfère les conserver, ils ont résisté des jours, des nuits, affronté des tempêtes, avec la part de mystère contenue dans ces surprises venues d’ailleurs, de très loin, secrètes, comme la poussière d’étoile.

    Ici, il faut le savoir, c’est la marée qui décide. L’exclusive partenaire, complice de mes créations, c’est elle, mais je signe toujours pour deux, Omitov, c’est mon pseudo.

    Au Requin Chagrin, j’ai attrapé le journal avant qu’un autre client s’enlise sur les mots croisés. Gilbert a posé mon café sur le zinc, le matin on ne parle pas, chacun garde encore un peu de plume d’oie au fond des yeux, on se connaît bien, ça suffit.

    Parmi les nouvelles régionales, la routine, départs en retraite, nominations, accidents de la route, nécros, un vol avec effraction au port de La Tremblade. Deux moteurs hors-bord de grosse puissance dérobés dans la nuit de samedi à dimanche, les câbles cisaillés, comme d’habitude.

    Le mode opératoire laisse à penser qu’il pourrait s’agir d’une filière des pays de l’Est sévissant depuis un an sur la côte atlantique. L’exaspération face à ces vols à répétition a décidé quelques ostréiculteurs à s’organiser en groupes de vigilance… concluait ainsi le journaliste.

    La participation des chasseurs n’est pas précisée sur l’échelle de vigilance.

    Prudence, il ne fera pas bon désormais folâtrer au clair de lune à proximité des parcs à huîtres…

    Maraudeurs, malveillants de tous poils, amoureux insomniaques, prostatiques débutants… Attention aux excès de métaux lourds ! La sérénade chevrotine plombe vite les sentiments et les envies pressantes.

    Sur la même page, un entrefilet intitulé « marée blanche » poussait la surenchère dans le registre : on vit une époque formidable…

    « Cent kilos de cocaïne sur la plage » L’article commençait ainsi : « … Des petits paquets de vingt centimètres sur quinze qui peuvent être liés entre eux, indiquait hier l’officier de permanence… Leur contenu est extrêmement toxique »… Tu parles ! « Il faut immédiatement prévenir les autorités… L’enquête a établi l’origine colombienne du produit, en relation à la course-poursuite avortée avec les trafiquants, le 30 décembre dernier… »

    Nous y revoilà, c’était bien ça, Christophe Colomb, la boucle est bouclée, coup de tabac, fortune de mer sur la route des Indes, retour avec sa cargaison de schnouff livrée à tous vents… Mutinerie, cafouillage… naufrage !

    Gilbert observa d’un œil amusé la réaction d’Omitov :

    – Fais gaffe, ils vont sortir l’artillerie lourde… tu vas croiser du monde… C’est écrit dans le canard… Toxique… n’y fourre pas ton museau ! Si tu croches dedans.

    Quand Omitov regagna son vieux pick-up rongé par la rouille, garé devant Requin Chagrin Gilbert s’appliquait à inscrire sur le tableau noir l’intitulé du plat du jour, sous le regard vitreux du squale empaillé, calé derrière la vitrine.

    Le mardi c’était toujours de la blanquette.

    Avant de démarrer Omitov adressa un salut complice en direction du loufiat.

    Omitov, je vous l’ai dit, c’est mon pseudo, je ne suis pas plus slave que le père Ubu ou Mata Hari.

    Les clients préfèrent les noms à consonance exotique au bas des œuvres, trois syllabes, Ras-pou-tine-, Gor-ba-tchev-, Tcher-no-bil, c’est comme ça. Il suffit de les écouter, prononcer votre nom, ils sont déjà en route pour l’aventure avec la chapka, le traîneau grelottant, et les balalaïkas, O-mi-tov !

    Pour un artiste, ça compte, voyez Picasso, s’il s’était appelé Dupont ou Martin, ça coterait moins c’est certain…

    Vous aurez plus de chance de trouver mes œuvres sur le bar d’un routier, dans la salle des trophées d’un club de rugby, plutôt qu’à Beaubourg ou à la Biennale de Venise…

    Je suis artiste indépendant. Je n’ai jamais fricoté avec les tenants de l’art officiel, qui m’ignorent. Juré ! C’est réciproque.

    Je bricole mes sculptures comme des chansonnettes, en plombard appliqué. Parfois il faut répondre à un désir précis de collectionneur obsessionnel. Tenez ! Fabriquer une deux-chevaux en bois… si, si, gageure.

    Pour un gars chez qui tout est deuch du bouton de sonnette au pommeau de douche, il n’y a que les morceaux de sucre qui ne sont pas estampillés Citroën. Ça m’a pris du temps. Il manquait le bruit du moteur et les sièges élastiques… La perfection c’est l’amorce du déclin… Je lui ai dit, ça reste toujours à finir, c’est comme le bonheur… Il a accepté mes arguments. J’aurais pu aller plus loin dans l’œuvre avec une pince à linge, un bout de carton, de la ficelle et une chambre à air usagée. Un Suisse connu a déjà fait ça. Plagiaire, moi ?… Jamais !… Non… non c’est pas Guillaume Tell, le Suisse, juré* !

    D’habitude en cette saison, les grandes marées attirent peu de monde. L’agitation de ces derniers jours n’est pas dans les normales saisonnières, vu le nombre de bagnoles garées au bord de la route.

    J’ai d’abord fait un tour rapide à la jumelle, pas le moindre naufrage en vue. Pourtant, quand l’hélico de la gendarmerie passe, repasse en rase-mottes, ça signifie qu’il y a un os dans le potage, noyade, pollution. Une plage de six kilomètres c’est une belle piste pour tout ce qui s’égare.

    Dans le mélange de brume et d’écume ça n’était qu’un gros point noir chahuté par les rouleaux, puis un autre, un peu plus loin dans le flou des jumelles, encore en flottaison, poussé par le ressac…

    La curiosité m’a propulsé très vite auprès de ces « colis spéciaux» emballés comme des momies. Je n’étais qu’à quelques dizaines de mètres des bunkers, et la mer montait. J’ai tiré les ballots à l’intérieur du premier blockhaus. Deux hélicos sont repassés quelques minutes plus tard, ils ont tourné sur la zone, plusieurs fois. Un seul a brassé l’air en stationnaire juste au-dessus. Je n’ai pas bougé, planqué, assis sur mon colis, à peine décoiffé. J’ai compris que ma partenaire me destinait ça pour une œuvre magistrale, l’apothéose de ma vie d’artiste… De toute évidence, la partie serait rude, il y avait du monde sur le coup, avec des moyens aériens, moi je n’ai que ma tête pour survoler les choses…

    Quand les hélicos se sont éloignés, les vagues léchaient déjà les parois de béton. Sous la voûte, une planque idéale dans un conduit d’aération attendait depuis un demi-siècle cette cargaison exceptionnelle. Le volume du réceptacle correspondait au poil près à celui des deux colis. En quelques minutes, j’y dissimulais la centaine de sachets de poudre blanche, sous un matelas d’algues. Les jours suivants, j’allais peaufiner la planque, et commencer un transvasement à la petite semaine, c’est-à-dire deux kilos par jour. La partie pouvait désormais commencer.

    On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Des mouches, il y en avait, de toutes les espèces, depuis que la presse avait diffusé un article en forme de petite annonce. Un essaim s’adonnant aux plaisirs champêtres, de la cueillette aux observations animalières grouillait dans la pinède, sur les dunes environnantes.

    La flore et la faune du littoral n’avaient jamais été autant piétinées. Ces diptères-là ne dupaient personne. Il y avait les amateurs, ceux qui pensaient trouver la came durant le week-end, comme on va aux champignons, avec le petit panier, le petit en-cas, en se disant qu’un petit paquet de cent grammes, ça suffirait à finir de payer les grosses traites du petit pavillon et qui reprenaient le turbin bredouilles le lundi. Les sniffeurs, d’anciens junkies reconvertis dans la collecte des métaux nonferreux, ou autres business de recyclage écolo, passant par là comme ils passeraient par la

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