Le jour où... l'univers m'est tombé sur la tête
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À propos de ce livre électronique
S'il y a deux choses que j'ai apprises dans la vie, c'est que contrairement aux histoires dans les livres, il n'existe aucun personnage secondaire et on peut rarement deviner comment ça se terminera.
À l'aube d’un nouveau départ, j'ai l'intention de survivre, même si j'écris des romans non publiables, même si l'amour a tendance à me créer des nœuds dans le cerveau, et même si j'ai développé l'habitude de compliquer les choses.
Parce que dans la vie, même après la fin du monde, il y a toujours une étoile qui brille quelque part dans le noir.
Andrée-Anne Chevrier
Native de Québec, Andrée-Anne Chevrier vit au rythme de ses nombreuses passions. Amoureuse de la littérature jeunesse sous toutes ses formes, elle cherche dans ses lectures et dans son écriture l'étincelle qui fait briller les yeux et accélérer les battements de coeur.
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Aperçu du livre
Le jour où... l'univers m'est tombé sur la tête - Andrée-Anne Chevrier
L’art de trouver chaussure à son pied… et robe à sa taille
J’ai toujours cru que si on me demandait en mariage, je répondrais oui. Évidemment, je m’imaginais le scénario très hollywoodien où je serais éperdument éprise de mon grand amour et où je ne douterais pas de notre capacité à vivre heureux jusqu’à la fin des temps. À la télévision, on le sait que ça se termine bien peu importe ce qui se passera après le premier baiser.
Mais s’il y a une chose que je commence à comprendre, c’est que la vie ne se déroule jamais comme dans les films. Et je ne le pense pas seulement parce que je suis célibataire.
— Ça sert à quoi, dans le fond, de se marier? lancé-je à voix haute autant pour mes amis que pour l’univers.
Seb me lance un regard qui me laisse présumer que si j’ajoute un seul mot de plus, il va me déchirer ma robe de demoiselle d’honneur sur le dos et me renier à tout jamais.
Il nous a donné rendez-vous dans une boutique de vêtements beaucoup trop chers, Kim et moi, pour notre premier essayage depuis qu’il nous a fait la grande demande. Celle que l’on soit ses demoiselles d’honneur, pas LA grande demande.
Me marier avec Seb?! Ha!
On s’est peut-être déjà imaginé un jour que ce serait le cas, quand on avait douze ans et qu’on ne savait pas ce que ça voulait dire. Mais on a rapidement compris qu’on n’avait aucun avenir ensemble: moi quand je l’ai laissé au début de notre cinquième année au secondaire et lui quand il est tombé amoureux d’un autre garçon.
Mais l’amitié peut prendre des détours inattendus.
L’amour aussi.
— Tu me demandes vraiment à quoi ça sert de se marier? répète Seb. Tu oses dire ça au gars qui est sur le point de t’acheter une robe à ce prix-là?
Oups.
Je ne lui posais pas vraiment la question à lui, je la lançais surtout dans l’univers pour mieux comprendre ses mystères. Comme le mariage. Plus je vieillis, moins j’y trouve de logique.
Mais c’est peut-être aussi puisque je n’ai rencontré personne depuis que j’ai laissé Dim, ce qui m’enfonce de plus en plus dans ma certitude qu’il a été et restera mon plus grand amour à vie.
Pas que je ne crois plus en l’amour. Non, au contraire, je veux y croire comme jamais auparavant. Je ne suis pas une célibataire frustrée!
J’essaie seulement de comprendre.
— C’est pour te simplifier la vie quand tu fais tes rapports d’impôts, répond Kim d’emblée. Mais je pense qu’il est quand même plus avantageux de déclarer que vous êtes colocataires que conjoints de fait ou mariés.
— T’es pas censée être amoureuse, toi? lui lance Seb, découragé. Voyons que vous êtes devenues totalement antiromantiques tout à coup!
— Ça fait à peine deux mois, va rien t’inventer! s’exclame Kim en rougissant.
Kim et moi pouffons de rire en nous intéressant un peu plus à nos robes pour faire plaisir à Seb avant qu’il se décide à désigner deux inconnues pour nous remplacer dans notre rôle de demoiselles d’honneur pour son mariage. Mais j’échange un sourire en coin avec elle, ce qui la fait rougir encore plus.
Parce qu’on sait toutes les deux que Kim est complètement folle d’Antoine depuis le jour où elle l’a rencontré il y a quelques mois. Qu’elle n’arrête pas de parler de lui au point où elle en est vraiment épuisante! Qu’elle se met à roucouler dès qu’il lui écrit et qu’elle saute partout quand il est question de le revoir.
Je crois en l’amour, mais si cette histoire se termine trop rapidement, je vais ramasser les miettes du cœur de Kim avec un porte-poussière.
— Elle est trop serrée, se plaint Kim en étirant le bustier. J’ai les seins tellement compressés qu’ils vont sortir à la première occasion…
— Tu peux les faire déborder ici, j’ai beaucoup trop d’espace de rangement à la hauteur du décolleté! lui dis-je, obligée de tenir ma robe pour ne pas la perdre.
On rit au point que même la vendeuse a l’air un peu découragée.
— Ouais, non, Seb, je suis pas certaine que ce soit une bonne idée, une robe bustier, lance Kim.
— J’ai failli en porter une au bal de finissants, leur rappelé-je. J’ai finalement décidé d’éviter tout risque d’humiliation en choisissant un modèle à bretelles. Il suffit d’un talon coincé dans la crinoline… et woups!
Seb a l’œil pour nous dénicher des robes absolument sublimes, mais on constate rapidement qu’il n’a jamais été obligé d’en porter une.
— On pourra jamais aller aux toilettes…
— La brassière intégrée, c’est jamais très valorisant…
— Cette couleur-là… jamais.
— Pis on va danser comment?
— La coupe est faite pour mettre les courbes en valeur. Pis on voit tout de suite que Sam en a pas.
— On dirait que j’ai pas de jambes!
— J’ai l’air d’une poche de patates!
— On a dit avec bretelles…
— T’es sûr que tu veux qu’on porte une robe blanche à ton mariage?
Seb soupire en cachant son visage entre ses mains.
— C’est le concept, les filles. Tout en blanc. Ça nous a pris assez de temps s’entendre sur quelque chose, Youri et moi, vous viendrez pas tout remettre en question!
— OK, OK, calme tes nerfs, lui dit Kim en regardant la forme de ses fesses dans la robe via le miroir devant nos cabines. On veut quand même pas provoquer le divorce avant le mariage, hein!
Elle se trouve très drôle, mais je commence à être d’avis avec Seb qu’il faudrait peut-être se montrer un peu plus sérieuses. Et disciplinées. Et lui prouver qu’on croit encore non seulement à son mariage, mais à toute cette institution autour de la célébration de l’amour. Au cas où.
Après tout, c’est lui qui paie…
— T’as raison, l’important, c’est que ça vous fasse plaisir, à ton futur mari et toi, lui dis-je en beurrant épais pour regagner son respect. Mais… t’es sûr qu’on peut pas essayer la super belle robe sur le mannequin dans l’entrée?
Romance et pop corn
(comme dans les films)
Seb va se marier. Avec Youri, un gars qu’il a rencontré pendant une session universitaire très, très loin dans un autre pays. Ils unissent leur destin ici devant la famille de Seb, puis ils vont célébrer une deuxième fois dans le pays de Youri avant d’y emménager.
Un endroit dont je n’ai jamais entendu parler et que je ne sais même pas comment prononcer.
Dans quelques mois, celui qui a toujours été mon voisin, mon ami, mon chum, un étranger puis mon colocataire vivra bientôt dans une réalité parallèle à six heures de décalage de ma vie.
— C’est quand même romantique qu’Antoine ait accepté de m’accompagner au mariage, hein? me dit Kim. Ça veut dire que c’est sérieux entre nous deux parce qu’il n’y a rien de plus solennel que ça. On va pas à une soirée dédiée à la célébration de l’amour si on n’y croit pas un tout petit peu. Hein? On n’y va surtout pas avec quelqu’un qu’on n’aime pas! Ça veut dire qu’il m’aime.
Elle frétille tellement que je peux entendre les battements d’ailes des papillons qui lui remplissent le ventre, la tête et le cœur.
On avait prévu visionner un film ensemble pour une rare fois où on se retrouve toutes les deux à l’appartement en même temps, mais on ne l’écoute pas puisqu’on parle de n’importe quoi depuis le début du générique d’ouverture. Dire que ça nous a pris une éternité pour le choisir en plus!
Même si on habite en colocation depuis deux ans, on ne se voit pas beaucoup, Kim, Seb et moi puisque nos horaires n’ont jamais été aussi incompatibles. Seb a été parti quatre mois à l’étranger, puis il est revenu avec Youri. Ce n’est pas que je n’aime pas son chum, mais je me sens toujours un peu de trop depuis qu’il s’est mis à habiter avec nous par surprise depuis leur retour.
On ne se croise pas régulièrement, mais dès que Youri est dans l’appartement, je sens qu’il est préférable que j’aille m’enfermer dans ma chambre plutôt que je me joigne à eux à la table, disons.
De toute façon, on ne les voit presque plus. Je pense qu’ils sont souvent chez la mère de Seb, qui veut profiter un peu de leur présence avant le grand départ de son garçon.
Et Kim, son programme de théâtre la garde tellement occupée entre les cours, les répétitions et les partys que je la croise seulement de temps en temps quand elle vient changer de vêtements ou prendre une douche entre deux événements.
Quand j’ai su qu’elle avait réservé sa journée pour le magasinage de nos robes de demoiselles d’honneur et que personne ne l’attendait en soirée, je me suis dit que c’était le moment idéal pour mettre notre vie sur pause et faire une petite mise à jour.
— J’ai hâte que tu me le présentes! lui dis-je en lui arrachant un sourire pétillant.
— Oh, il est tellement parfait, April! roucoule-t-elle en laissant tomber sa tête contre le dossier du divan. Il est fin, il est talentueux, il est beau…
— Un beau photographe sexy, dis-je avec un jeu de sourcils pour la faire rire.
Ça fonctionne.
Mais bien que je ne laisse rien paraître, on dirait que… j’aurais envie, moi aussi, de sentir le pop corn éclater dans mon ventre. Avec une odeur de beurre salé.
C’est vrai que ça fait du bien être en amour.
— Tu vas devenir sa muse, poursuivis-je pour me changer les idées, et vous allez parcourir le monde pour présenter ses portraits de toi dans les plus grandes galeries d’art.
J’utilise un ton hautain qui la fait rire encore plus tandis qu’elle se cache derrière un coussin.
— Arrête, il va faire faillite, me nargue-t-elle.
— Les photos de toi qu’il a prises sont tellement belles!
— Je le sais, c’est pas pour rien que je suis tombée amoureuse de lui!
Antoine est l’ami d’amis qui a été recruté par les finissants du programme de théâtre de Kim pour prendre leurs photos de casting qui seront envoyées dans des agences d’ici leur spectacle de fin d’année. Je n’ai jamais vu Kim aussi resplendissante que sur ces photos-là. Mais j’imagine qu’elle avait une bonne raison d’avoir le regard profond quand elle le posait sur le gars derrière la caméra…
— Toi, tu vas aller au mariage avec qui? me demande-t-elle.
Urgh. Je savais que cette question finirait par retentir et je ne suis pas certaine d’y être bien préparée.
— C’est dommage que t’aies pas un grand frère sexy, lui dis-je, ce qui nous fait pouffer de rire toutes les deux.
Dans un autre monde, à une autre époque, c’est elle qui m’avait dit ça. C’est drôle comment un simple commentaire fait revivre en moi le souvenir de Zach. Mais il n’est plus que cela, aujourd’hui: le souvenir d’une vie qui aurait pu être différente. Même si j’en veux encore au karma de m’avoir arraché mon demi-frère pas de demie, j’ai compris qu’il m’avait apporté beaucoup de choses pendant son court passage dans ma vie. Notamment une famille. Et la certitude que l’amour se multiplie, qu’il ne se divise pas.
— Je suis bien toute seule, Kim, lui dis-je en toute honnêteté pour chasser la mélancolie.
— T’es pas très convaincante. C’est une phrase que tu répètes à ton cerveau depuis combien de temps?
Elle se moque de moi en me mettant mes théories sur le nez. Et c’en est une bonne! Oui, notre petit cerveau finit par croire tout ce qu’on lui dit.
Mais ça, c’est vrai. Je suis bien toute seule. Je ne fais pas que… essayer de m’en convaincre.
— «Sam se cherche et moi, je cherche Sam…», chantonne-t-elle.
— ARGH! explosé-je aussitôt, ce qui la fait éclater de rire.
Qu’est-ce que j’ai fait à l’univers pour mériter ça?! Je n’aurais jamais dû lui faire entendre cette chanson. J’en veux à Éloi, le chanteur de mon ancien band, d’avoir totalement ruiné ma vie avec un air aussi entraînant qui donne envie de faire une petite danse d’épaules! Il ne pouvait pas seulement se contenter de détruire notre groupe le soir où il m’a embrassée sur scène sans attendre mon autorisation, il fallait aussi qu’il me hante pour toujours à cause d’une chanson stupide!
En fait, les paroles peuvent parler de n’importe qui, ça ne veut rien dire. Des Sam, il en existe des millions.
Une Sam qui se teint les cheveux en rose avant de monter sur une scène.
Une Sam qui vit au rythme de la musique.
Argh! Il a complètement gâché mon existence!
Kim s’entête à penser qu’Éloi est toujours en amour avec moi et qu’il a su me décrire comme personne puisque visiblement, «Sam se cherche» encore… Donc, elle a enregistré la chanson sur mon cellulaire comme sonnerie et comme réveille-matin.
Je ne l’ai jamais changée parce que… je le laisse sur le mode vibration, sauf en de rares occasions.
Et que la mélodie est quand même belle.
Et que… c’est agréable de savoir que quelqu’un nous aime suffisamment pour nous adresser une chanson. C’est bon pour le moral de temps en temps.
— Sam se cherche, mais elle aurait pas envie d’avoir quelqu’un pour l’aider à se trouver? minaude Kim.
Elle pense vraiment que je fais exprès d’être célibataire? Ou que ça me dérange au point de vouloir sortir avec n’importe qui… comme Éloi, le gentil crétin?
— Ben… peut-être que Sam considère que c’est moins compliqué de faire ses rapports d’impôts en colocation avec sa meilleure amie.
Elle hoche la tête en me pointant du doigt pour marquer son approbation. Avec un peu de chance, elle va me laisser tranquille avec ça.
— De toute façon, il te reste encore trois mois avant de devenir officiellement un cliché de comédies romantiques, me prévient-elle.
— Demoiselle d’honneur célibataire au mariage de mon ex et ami?
— Il faudrait donner ton rôle à une actrice un peu plus jolie et ça vaê tre comme dans les films!
Je renverse le fond du plat de pop corn en m’étirant vers elle pour lui asséner un coup de coussin. Mais ça en valait la peine.
Ambassadrice de la salle de bain
(et du papier de toilette d’urgence)
«Madame April,
La théorie des dominos, pourquoi porter des sous-vêtements assortis et autres réponses aux mystères de la vie est très rafraîchissant. Nous vous félicitons pour votre humour et le déploiement de votre imagination dans des théories aussi farfelues que révélatrices. Malheureusement, votre manuscrit n’entre pas dans nos politiques éditoriales. Il ne s’agit ni d’un documentaire à proprement parler ni d’un roman. Nous vous invitons à mieux définir votre proposition. En vous souhaitant la meilleure des chances dans votre quête d’une maison d’édition.»
— Je suis farfelue. Et révélatrice. Et je ne sais même pas ce que ça veut dire! dis-je en rangeant mon téléphone après avoir montré l’infâme-courriel-destructeur-de-vie à Paul, le gérant de la librairie où je travaille.
C’est la quatrième réponse négative que je reçois de la part d’une maison d’édition en trois ans pour mon manuscrit. Ça, c’est quand je ne suis pas totalement ignorée et que je dois comprendre au bout d’une demi-année de silence absolu que mon livre a été rejeté. Celle-ci, il m’a fallu attendre neuf mois avant de la recevoir.
Deux cent soixante-quatorze jours à tourner en rond pour enfin savoir si cette fois, je serai publiée. À sursauter dès que je voyais un nouveau courriel dans ma boîte électronique. À me demander si on m’avait oubliée. Si j’en valais vraiment la peine.
Neuf mois, c’est le temps d’une grossesse. Mais au lieu d’avoir un bébé tout neuf dans mes bras, un premier roman prêt à voir le jour qui viendrait bouleverser mon univers, j’ai eu un «non». Un non qui résonne comme un autre échec. Un autre coup de poing dans la figure.
Sur le site Internet de la maison d’édition, ils disaient envoyer une réponse dans les trois à six mois suivant la réception du manuscrit. Je n’ai eu aucune nouvelle, doncje me suis convaincue que je ne valais même pas un courriel automatique.
Mais quand j’ai ouvert ma boîte électronique ce matin, mon cœur a recommencé à battre dans ma poitrine. Ça faisait si longtemps que je n’avais pas ressenti une telle excitation que j’ai cru pendant une fraction de seconde que j’étais en train de mourir.
Je pensais vraiment que c’était le destin. Que ça avait été aussi long avant qu’ils me rejoignent parce qu’ils avaient tout planifié pour me publier l’année prochaine. Qu’ils avaient contacté une agence hollywoodienne pour la scénarisation et qu’ils n’attendaient plus que la confirmation de l’actrice principale pour me proposer un contrat.
Mais en ce moment, la seule chose qui ressemble un peu au destin termine sa course dans le mouchoir que Paul me tend pour que je puisse évacuer le contenu de mon nez.
Je pensais que j’aurais plus de pratique après quatre refus. Que je finirais par m’y habituer, peut-être. Je ne veux pas avoir l’air prétentieuse, mais je n’arrive pas à me faire à l’idée de ma propre médiocrité. Je continue de m’accrocher et de croire que je vaux quelque chose.
Chaque fois que j’envoie mon manuscrit quelque part, je ne peux pas m’empêcher d’espérer que je recevrai le courriel ou l’appel téléphonique qui changera ma vie.
Mais non. Chaque fois, je morve, je pleure, je vide le contenu de mes tripes et j’éclate dans un élan de diarrhée émotionnelle.
— Quand je choisis une maison d’édition qui publie du roman, je me fais dire que c’en n’est pas un! explosé-je. Quand Je m’essaie dans le documentaire jeunesse, je me fais dire que mes théories sont abordées comme un roman! On dirait qu’ils cherchent des raisons pour ne pas me publier! Est-ce que c’est ma faute si ce que j’écris n’entre dans aucune politique éditoriale?
Je crache les derniers mots avec tout le dédain que mes larmes peuvent contenir. Avec le temps, je commence à croire que c’est l’excuse parfaite pour refuser un manuscrit sans expliquer pourquoi. Je ne sais même pas ce que c’est, une fichue politique éditoriale!
— Farfelue et révélatrice… songe Paul. Je pense que c’est quand même positif, comme critique. Ils ont peut-être senti que tu te cherchais dans ton style…
«Sam se cherche». Évidemment. Et puis quoi, encore?!
— Ce que j’écris, c’est juste bon à devenir du papier de toilette d’urgence, dis-je en me levant, prête à sortir de son bureau pour affronter le monde réel.
Mon manuscrit sera le premier papier sacrifié quand on vivra une épidémie de zombies et qu’il faudra apprendre à survivre en forêt. Une page pour les petits besoins. Une autre pour alimenter le feu et le reste pour rembourrer l’intérieur du vieux manteau trouvé sur un cadavre.
Non, c’est faux. Je sais très bien que si je ne crois pas en moi, personne ne le fera à ma place. Je suis capable d’appliquer mes propres théories.
Mais ce matin, c’est un peu plus difficile. Ça arrive. Ça fait plus de quatre ans que je m’accroche à mon rêve. Il est bien normal que certains jours, la motivation disparaisse, enterrée sous des litres de larmes et de scénarios catastrophiques.
Et en attendant d’être publiée, je vends les livres des autres dans la plus belle librairie qui existe. Pour continuer d’y croire tout en me torturant en même temps.
— Tu vas partager tes théories avec le reste du monde, Sam, me dit Paul. Un jour. Il y a des auteurs pour qui ça a pris des dizaines de tentatives avant d’être acceptés par une maison d’édition! Il y en a qui vont attendre… des années! Faut pas te décourager, Sam. Arrête jamais d’en douter et tu vas le publier ce livre-là.
C’est comme une formule magique. Ça a l’air tellement facile. Mais ça fait quatre fois que j’ai vraiment l’impression d’avoir une chance. En ce moment, tout ce que je sais, c’est que je m’appelle Sammy April et que je ne suis personne.
— Merci, Paul.
Merci de croire en moi même quand je n’ai plus l’énergie pour le faire moi-même.
C’est drôle parce que Paul aurait pu avoir toutes les raisons du monde de me détester. La première fois que je l’ai rencontré, mon père venait de laisser son ancien chum pour lui. J’avais peur qu’il ait foutu sa vie en l’air à cause de moi, donc j’ai fait un peu de diarrhée émotionnelle, ce qui a gâché leur soirée… et possiblement leur couple.
Quand j’ai revu Paul quelques mois plus tard, je me suis excusée et il m’a engagée pour travailler dans sa librairie.
C’est peut-être vrai, finalement, que le destin peut nous réserver de drôles de détours.
— Sammy?
Je redresse la tête en entendant mon collègue m’interpeler en ouvrant la porte qui accède au plancher. J’aurais dû le rejoindre depuis cinq minutes déjà, mais j’ai été retenue un peu.
— J’arrive, lui dis-je, heureuse de pouvoir au moins servir à quelque chose.
— Un client voudrait utiliser la salle de bain. Tu peux lui donner la clef?
Je m’appelle Sammy April… et je sais que j’ai ma place quelque part dans l’univers.
Farfelue et révélatrice
(ou tous ces autres adjectifs qui ne veulent rien dire)
— Au moins, tu as reçu une réponse, me dit maman Cricri, qui essaie toujours de voir le bon côté des choses. Et après neuf mois, ça signifie probablement qu’ils ont beaucoup hésité à te publier!
— Et ils ont écrit que tes théories sont révélatrices! s’exclame maman Didi. Ça veut dire qu’ils t’ont lue!
C’est vrai que dit comme ça…
— J’aurais dû savoir que vous n’alliez pas m’aider à m’apitoyer sur mon sort.
Mes mères ricanent en roulant les yeux.
— Toi pis tes fins du monde, me nargue maman Cricri.
— Euh… ça fait longtemps que j’ai pas fait de diarrhée! me défendis-je. Oui, j’ai pleuré, mais vous m’avez dit que c’était correct. J’ai pas proposé encore d’aller briser les vitres de leur bureau avec des roches…
Mes mères continuent de se moquer de moi, ce qui me fait quand même sourire.
Je les admire beaucoup puisqu’elles se démènent toujours corps et âme pour me remonter le moral lorsque quelque chose ne va pas. Ça peut être agaçant quand on a seulement envie de s’apitoyer sur son sort, mais elles ont aussi leur bon côté. Et je savais que ce soir, je serais en bien meilleure compagnie avec elles que dans le silence de mon appartement, en tête-à-tête avec mon cerveau tourbillonnant.
Même si côté cuisine, leurs capacités ne s’améliorent pas du tout: leur sauté de tofu et de légumes est toujours caoutchouteux.
— C’est vrai que dans le fond, j’ai fait du chemin depuis l’époque où je valais seulement un message automatisé. Et que personne ne prenait la peine de se demander si j’étais une fille ou un garçon, dis-je dans un grand élan d’optimisme.
— T’as jamais valu seulement un message automatisé, réplique aussitôt maman Cricri. T’es encore en mode autodestruction, Mimi. C’est pas une maison d’édition qui décide de ta valeur.
Non, je sais. Mais je suis rendue avec suffisamment de théories pour écrire un deuxième tome et semble-t-il qu’elles ne sont pas assez intéressantes pour leur attribuer un vrai qualificatif.
Mon optimisme n’aura pas duré longtemps finalement.
— «Farfelues», je trouve ça quand même insultant.
— Mais «révélatrices»! fait maman Didi en ouvrant grand les yeux comme si elle essayait de mimer le mot.
Elle a opté pour une teinture rousse et ça lui va très bien. Maman Didi ajuste toujours sa couleur avec son humeur du moment et le printemps lui donne des airs de chaleur et de lumière. Maman Cricri, elle, continue de laisser pousser ses cheveux le plus longtemps possible simplement pour faire grincer les dents de mon autre mère. Mais je commence à croire que les rayures grises dans sa chevelure vont finir par avoir raison d’elle. Ses élèves ont le même âge année après année puisqu’elle enseigne en quatrième au primaire et elle trouve extrêmement difficile de se voir vieillir malgré tout.
— Je suis pas trop certaine de comprendre comment mes théories peuvent être «farfelues et révélatrices» en même temps, leur expliqué-je.
— La folie et le génie, ça se ressemble! intervient maman Cricri, comme si ça pouvait m’aider à me sentir mieux.
Eh ben. Merci.
— Ce n’est simplement pas le bon moment, rétorque maman Didi. L’univers te prépare quelque chose. Le monde est peut-être pas prêt pour toi encore!
— Ça veut rien dire ça non plus, grogné-je.
Peut-être que je ne suis juste pas faite pour ça. Mais on dirait que lorsque cette pensée me traverse l’esprit, j’ai tout de suite envie de la chasser. Je sens au fond de mes tripes que c’est ça ma place dans l’univers. Je veux partager mes théories avec le reste du monde.
— Dans le fond, c’est pas bête! lance maman Cricri tout à coup.
Elle a souvent tendance à poursuivre les conversations dans sa tête, puis elle se met à nous répondre comme si on savait exactement à quoi elle pense.
— Quoi donc?
— D’exposer tes théories par un autre moyen! s’exclame-t-elle comme si c’était une évidence, alors que personne n’a parlé de ça.
— Euh… j’ai jamais mentionné que je voulais essayer autre chose, lui dis-je.
— Tu t’exprimes bien, tu parles tout le temps! insiste-t-elle. Tu devrais faire des capsules sur les réseaux sociaux!
Ha! Elle est vraiment en train de disjoncter.
— Non. Non, non, non, non.
Je l’interromps avant qu’elle ait le temps d’aller plus loin et de se mettre des idées dans la tête.
— J’aime vous parler à vous. Pas à une caméra. Il en est pas question.
— Ben voyons! renchérit maman Didi à son tour. Tu serais super bonne! C’est vrai que tu jacasses sans arrêt!
— Ma voix m’énerve sur une vidéo! Je serais pas capable de m’entendre plus de trois secondes! dis-je en la sentant monter justement dans les aigus comme chaque fois que je m’emporte. Et j’ai aucune idée de comment ça marche, j’en écoute pas!
— T’as lu des livres avant d’écrire le tien? me demande maman Didi sur le ton de l’évidence.
Grrr. Je déteste quand elles ont raison.
— Ben oui.
J’ai même suivi des cours de création littéraire à l’université pour m’outiller. Pour l’instant, tout ce que ça m’a donné, c’est un courriel de refus avec de jolis mots, mais tout de même. Je sens que je me suis rapprochée de quelque chose.
— Si tu commences à t’intéresser un peu à ce qui se fait comme capsule, je suis pas mal certaine que tu vas finir par trouver quelque chose qui te ressemble et te lancer dans ta propre direction. Comme pour ton livre.
Je ne réponds pas parce qu’elle a peut-être raison et que je n’ai pas tout à fait envie de lui accorder la victoire. Encore faut-il que j’aie du temps à mettre là-dedans. La recherche, la création… je n’ai même pas les bons outils technologiques!
— Ils font ça avec leur téléphone cellulaire! intervient maman Cricri en grande connaisseuse de l’Internet et de ses mystères tout à coup.
— Justement, je suis la personne la plus incompétente au monde avec un cell. Mes photos sont toutes floues!
— Ben moi, je pense que c’est une très bonne idée, tranche maman Didi. On est rendus-là, Mimi. L’aire des communications et des réseaux sociaux. C’est là que ton lectorat se cache, ben va le trouver!
— «Sam se cherche…», chantonne mon autre mère.
— Ça vraiment pas rapport, dis-je aussitôt pour la faire taire.
Je commence à détester cette chanson. Tout le monde s’est mis dans la tête de s’en servir contre moi! Dire que j’ai cru que je pouvais être en amour avec Éloi quand je l’ai entendue pour la première fois.
Il l’a peut-être écrite pour une autre Sam, je ne suis quand même pas la seule sur la planète.
— Je suis sûre que tu serais super bonne! s’emporte maman Cricri pour se faire pardonner. T’as juste à raconter n’importe quoi pendant dix minutes et tu deviens virale. T’as un don pour dire des niaiseries, toi!
— Euh… Je ferais pas des niaiseries, je parlerais de mes théories!
— C’est ça qu’on dit! T’es farfelue, mais t’es intéressante quand même! T’as tout pour que ça marche!
J’ai l’impression qu’on vit sur deux planètes complètement différentes en ce moment. Mes mères qui ont toujours eu peur que je parle à des inconnus ou que je rencontre des gens louches sur Internet m’encouragent à produire des vidéos… pour des inconnus sur Internet?
— Mes élèves sont tout le temps là-dessus, poursuit maman Cricri. Il y a même des animaux qui ont
