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Triple #Sexto
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Livre électronique258 pages3 heures

Triple #Sexto

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À propos de ce livre électronique

Et si ma relation idéale sur le campus n'était pas avec un mec, mais avec trois ? 


J'avais un fantasme vraiment torride. La nuit précédant mon départ à la fac, j'ai rêvé que la star de l'équipe de football américain tombait à mes pieds. Le retour à la réalité a été difficile quand j'ai découvert que la vie à l'Université de New York était bien loin de ce que j'avais espéré. Tous les clubs que j'ai intégrés ont tourné au fiasco et ma coloc, loin de se lier d'amitié avec moi, n'était qu'une espèce de brute que je devais éviter. 

Soudain, j'ai reçu un texto.
Non pas un texto ordinaire, mais un texto si érotique qu'il m'a mise dans tous mes états.
J'en avais le cerveau tout retourné.
Alors, j'ai répondu.
Et c'est ainsi qu'une relation par messages interposés a commencé, avec des textos de plus en plus dépravés. Bientôt, je n'avais plus qu'une question en tête... Qui était ce mec ? 

À moins qu'il s'agisse de trois mecs différents ?

En effet, le style changeait selon l'heure de la journée.
Les messages que je recevais le matin étaient si brûlants qu'ils auraient réduit l'acier le plus solide en flaques de métal fondu. 
Les messages de l'après-midi étaient encore meilleurs... quoique différents. 
Et ceux du soir étaient d'une telle sensualité qu'ils m'empêchaient de fermer l'œil sans avoir glissé les mains entre mes cuisses. 
Je suis devenue accro et j'ai fini par accepter de rencontrer ce Casanova du monde virtuel. Cependant, j'avais une inquiétude. 

Et si c'étaient bel et bien trois mecs ?

Qu'allais-je faire avec eux, tous les trois en même temps ?


Remarque de l'auteure :
Triple #sexto est un roman complet, indépendant de toute série, sur le thème du harem inversé avec un mélange de romance, d'humour, de brutalité et même de suspense. Vous y trouverez des scènes d'amour à plusieurs, alors assurez-vous non seulement que votre livre soit prête, mais également d'avoir une serviette à proximité, car cette lecture sera torride.

LangueFrançais
ÉditeurSarwah Creed
Date de sortie30 janv. 2022
ISBN9798201087760
Triple #Sexto

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    Aperçu du livre

    Triple #Sexto - Sarwah Creed

    Prologue

    Celia

    Je marchai vers la boîte aux lettres située à l’autre bout du terrain de camping. Ce dernier s’était agrandi au cours des dernières décennies. C’était là où vivait ma famille et où j’avais grandi. Normalement, cette boîte devait contenir une lettre. Une lettre qui apporterait de l’espoir à tous. L’espoir de pouvoir un jour quitter ce petit bout de terre dans l’Iowa pour quelque chose de meilleur.

    En chemin, je jetai un coup d’œil à la rangée de petites caravanes toutes plus vieilles que les personnes qui vivaient dedans. C’était ce à quoi ma famille était réduite.

    Tout était la faute de mon père. Si ce pli contenait la nouvelle que j’attendais, alors je pourrais tout arranger.

    En réalité, ce n’était pas vraiment la faute de mon père. C’était la faute à pas de chance, ou plutôt à la génétique. Puisqu’il avait hérité de son père la maladie d’Huntington. Parmi ses deux sœurs et trois frères, mon père a été le seul à perdre la partie de roulette russe sur laquelle ses parents avaient involontairement misé.

    Papa et papi étaient tombés malades en même temps. Nous avions alors appris pour la maladie qui les emporterait tous les deux à mes cinq ans.

    Papa avait trente et un ans quand je suis née. En plein dans la tranche d’âge d’apparition de la maladie. Il a commencé par perdre le contrôle de ses mouvements, puis par avoir des tics et des sursauts qui avaient alerté les membres de ma famille. Lorsque papi avait commencé à présenter les mêmes symptômes, ils s’étaient rendus chez le médecin.

    Au cours des années suivantes, ils avaient été affreusement touchés par les déficiences de cette terrible maladie. Papi avait perdu l’équilibre et ses yeux clignaient tout seuls. Papa avait perdu la parole et il ne pouvait plus avaler. Il avait fini par succomber à une pneumonie, et je pense que papi était mort de chagrin. Il avait transmis l’affreuse maladie à son fils, même s’il ne l’avait pas fait exprès.

    Papi ayant été adopté, il ne savait rien de ses prédispositions génétiques lorsqu’il s’était marié et avait eu des enfants. Cependant, comme tout bon père, il avait ressenti le poids du fardeau qu’il avait transmis.

    La famille avait assemblé toutes ses économies dans le but de trouver un traitement pour papi et papa. Malheureusement, cela avait ruiné tout le monde parce que cette maladie était incurable. Les frères et sœurs de papa avaient fait en sorte de s’occuper de lui, mais aussi de papi. C’était un fardeau que tout le monde portait.

    Lorsque mes proches avaient appris pour la maladie, ils m’avaient fait dépister, à la recherche éventuelle de l’horrible gène dont les personnes atteintes étaient porteuses. Je faisais partie des chanceux. Je l’avais échappé belle et n’étais pas porteuse. À l’époque, j’étais encore petite, donc je ne le savais pas. Je ne l’ai appris que plus tard.

    Nous avons perdu deux proches cette année-là. Mais tout ce dont je me souviens, c’est d’avoir emménagé dans ces caravanes avec ma famille, à la mort de papa. Papi les avait gardées sur ce bout de terrain qu’il possédait.

    Il avait travaillé dur toute sa vie en reprenant les affaires que le papa de mamie lui avait léguées à sa mort. Lorsque papi était tombé malade, ils avaient dû vendre le parc à mobile-homes et hypothéquer les maisons de tout le monde. Papi avait alors acheté ce terrain pour y installer les caravanes. Elles étaient beaucoup trop vieilles pour être louées, mais comme il ne savait pas qu’en faire d’autre, il les avait installées ici. Toute ma famille y avait emménagé peu de temps après l’enterrement de papi. Treize ans plus tard, nous vivions encore ici.

    Mais, à présent, j’avais une chance de pouvoir tout arranger. De rendre nos vies meilleures. De nous faire quitter cet endroit. J’avais travaillé dur tout au long de ma scolarité. J’étais restée concentrée sur mes objectifs. J’avais obtenu assez de bourses pour financer la majeure partie de ma scolarité. Il me fallait juste trouver le reste avant l’obtention de mon bac le mois prochain.

    Cela faisait longtemps que j’attendais cette lettre. Il était temps qu’elle arrive. Nous étions le 5 avril. La lettre avait eu assez de temps pour pouvoir faire New York – Iowa.

    Alors que je marchais, la vieille balançoire rouillée qui était accrochée à l’unique arbre du terrain grinça. Ma famille en avait planté plusieurs, mais ces satanés arbres ne voulaient tout simplement pas pousser. Nous n’arrivions même pas à faire pousser de la pelouse. Il y avait donc toujours de la poussière partout sur les caravanes, qu’importe le nombre de fois où nous passions un coup de chiffon. Je jetai un nouveau coup d’œil aux six caravanes derrière moi. Leurs couleurs autrefois vives s’estompaient.

    La caravane de mamie était à présent rose. Celle d’oncle Mark beige. Celle d’oncle Allan était presque vert menthe tandis que celle de tata Irène était bleu clair. La caravane de tante Jenna et celle de maman étaient quasiment blanches, avec une légère trace de gris, leur couleur d’autrefois.

    Toute la famille travaillait et faisait de son mieux depuis qu’elle s’était retrouvée dans cette situation précaire. Il nous avait fallu du temps pour payer les frais médicaux et les funérailles. Nous devions finir de payer les derniers frais médicaux de mon père cet été, et utiliserions le reste des économies pour que j’aille à l’université.

    J’ouvris le clapet de la boîte aux lettres gris métallique et regardai à l’intérieur. Il y avait une pile d’enveloppes. Celle que j’attendais depuis si longtemps se trouvait au-dessus. Ernie, notre facteur, savait que j’attendais cette lettre et il avait fait exprès de la mettre en haut de la pile.

    Je ne fis pas comme dans les films, où l’on voit les gens qui fixent l’enveloppe et essaient anxieusement de deviner ce qu’il y a l’intérieur. Je ne l’apportai pas à la maison non plus pour partager la nouvelle avec ma famille. Non. J’ouvris cette fichue enveloppe sur le champ et lus la lettre en diagonale à la recherche de ce que je voulais trouver.

    « Vous avez été admise… »

    Je tombai à la renverse en lisant les mots que j’attendais à tout prix.

    C’était tout ce que j’avais besoin d’entendre. J’avais été admise. Je fus envahie par une vague de soulagement et des larmes de joie coulèrent le long de mes joues. Je pouvais enfin me rendre utile et aider ma famille. J’allais entrer à l’université de New York. J’allais intégrer la prépa médecine et si tout se passait bien, continuer sur un master en neurosciences. Je pourrais alors sortir ma famille de la misère et lui offrir une nouvelle vie. Une nouvelle vie où je pourrais peut-être trouver un remède contre la maladie responsable de notre malheur.

    1

    Celia

    C’était la dernière nuit que je passais dans la caravane qui me servait de maison depuis bien trop longtemps. Je ne fis pas de fête, du moins pas comme la plupart des adolescents de mon âge l’auraient fait. Je n’avais pas prévu d’adieux déchirants non plus. C’était juste moi, comme toujours. Rien de bien nouveau.

    Je passais la plupart de mes soirées à la maison toute seule. Je rêvais des garçons que je rencontrerais une fois installée à New York. Pendant la journée, je bossais comme une folle, mais le soir je laissais libre cours à mon imagination.

    Je rêvais de m’asseoir sur un banc et de sentir la brise fraîche et humide sur mes joues. La brise qui indiquait qu’il neigerait bientôt et qui donnait envie de se blottir avec son amoureux et de voir les feuilles tomber. La magie de l’automne se mélangerait aux baisers que j’échangerais avec le beau gosse star de l’équipe de football, ou encore la star des intellos, s’il existait. Il se blottirait contre moi et me murmurerait à l’oreille à quel point il avait envie de moi.

    Il n’avait pas envie de la pom-pom girl sexy qui s’était tapé toute l’équipe de foot rien que pour goûter au joueur vedette. Il n’avait pas non plus envie de la présidente de sororité sexy qui avait du succès auprès de tous les mecs. Non. Il avait envie de moi.

    Moi. La bonne vieille Celia O’Donnell. Celle que personne ne remarquait au lycée. Mais à présent, à l’université de mes rêves, ce gars mythique et magique me remarquerait et il aurait follement envie de moi.

    Je le regarderais dans les yeux en pensant être la fille la plus chanceuse au monde et je lui offrirais ce que j’avais préservé depuis longtemps. On sortirait ensemble pendant six mois avant que je lui offre mon plus précieux cadeau, et la vie d’étudiante serait géniale.

    Je fus ramenée à la réalité par une rafale de vent qui s’abattit sur un bout de lambris qui pendait au bord de la caravane. J’étais tellement stressée ! J’avais bossé comme une malade pour être acceptée à l’université de New York, et j’avais tout fait pour avoir droit à une bourse et des aides puisque je savais que ma mère n’avait pas les moyens. J’avais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour rendre mon rêve réalité.

    Maintenant que j’entamais une nouvelle étape dans ma vie, j’avais plus que tout envie d’avoir un copain. J’avais dix-huit ans et je n’en avais encore jamais eu. C’était ridicule, je sais, mais j’avais été beaucoup trop occupée à bosser et à avoir de bonnes notes tout en mendiant pour avoir droit à une bourse, que je n’avais pas eu le temps pour les garçons. À présent, j’allais intégrer l’université de mes rêves et avoir un copain. J’avais hâte que le soleil se lève pour que je puisse me mettre en route.

    Je m’imaginais tout cela, comme souvent quand je rentrais à la caravane et me retrouvais seule. Maman bossait autant qu’elle le pouvait pour subvenir à mes besoins et m’aider à économiser pour les années universitaires qui m’attendaient.

    Une vague de culpabilité m’envahit lorsque je repensai à l’homme imaginaire que je désirais. Maman était au boulot pour me nourrir et m’envoyer à l’université et je n’avais rien de mieux à faire que de penser à un garçon stupide. Je devrais peut-être me concentrer sur les cours que j’allais avoir, plutôt que de fantasmer sur un garçon et de rêver que je couchais avec lui.

    Demain, je laisserais ma mère et mon chez-moi et je m’aventurerais dans l’inconnu. J’étais peut-être considérée comme une adulte aux yeux du monde, mais je restais encore une adolescente. Je serais livrée à moi-même. Je prendrais mes propres décisions. Je ferais mes propres erreurs et je ne pourrais en vouloir qu’à moi-même. Pendant ce temps, maman serait là, à compter sur moi pour que je réussisse. Je ne pouvais pas la laisser tomber.

    Cependant, c’était tout de même cool de réfléchir aux possibilités qui s’offraient à moi. Qui sait, peut-être que j’aurais un prof sympa, jeune et sexy ? Cette idée coquine me fit frissonner et je me mordis la lèvre avec jubilation. Il y avait plus de chances que mes profs soient des hommes et des femmes âgés, encore moins sexy qu’un sac à patates. Cette image me fit rire. Je me tournai sur le dos pour regarder le plafond. Les stickers ronds que maman et moi avions collés quand j’avais cinq ans brillaient encore faiblement dans le noir, même après toutes ces années.

    Je lâchai un soupir. Je savais que le jour que j’avais tant attendu et pour lequel j’avais bossé approchait. Je n’arrivais pas à dormir. Je n’arrivais pas à me concentrer sur mon copain imaginaire ou sur les millions de pensées qui me passaient par la tête.

    Je repoussai la couette. Même fin août, il faisait encore trop chaud pour cette couette légère. Je pourrais me lever, regarder un peu la télé ou lire un livre, mais j’avais vraiment envie de dormir. Je voulais que les heures passent pendant que je rêvais à ce qui m’attendait. Je voulais qu’on soit déjà demain.

    Pendant toutes mes années lycée, j’avais été l’étudiante studieuse qui préférait dormir quelques minutes de plus pour être fraîche le lendemain, plutôt que de se lever plus tôt afin de se coiffer et de se maquiller. Je n’envisageais pas d’avoir un copain pour me marier et avoir des enfants avant l’âge de vingt ans. J’avais de plus grands projets.

    Je voulais me construire une carrière pour ne plus avoir à dépendre de quelqu’un. Je voulais une maison en briques et en ciment, pas en contre-plaqué et en aluminium. Je voulais une salle de bain avec un sol qui ne s’affaissait pas et une cuisine aménagée et fonctionnelle. Je voulais d’une vie simple et sans problèmes. Je voulais vivre la vie que maman n’avait pas pu m’offrir malgré ses efforts.

    Et pendant que je bâtirais ma nouvelle vie, je m’intéresserais enfin aux garçons. Je trouverais enfin un copain, un vrai cette fois, pas un copain imaginaire dont je rêvais depuis longtemps. Je serais désirée, aimée, chérie, et ce serait parfait.

    2

    Celia

    Celia ! 

    J’entendis quelqu’un m’appeler, mais j’avais l’impression que c’était un murmure qui faisait partie de mon rêve. J’étais fatiguée.

    Rendors-toi, pensai-je.

    — Celia !

    Cette fois, le murmure se fit plus fort, accompagné par un coup d’oreiller sur la tête.

    L’esprit embrumé, je me réveillai tant bien que mal et levai le bras pour me protéger.

    — Maman, arrête ! J’essaie de dormir !

    Alors que je parlais, mon esprit commença à se réveiller et à comprendre la situation. Maman n’utilisait la méthode de l’oreiller que lorsque je devais absolument me lever. Sinon, elle m’aurait simplement laissé dormir dans ma version revisitée du pays des zombies.

    — Celia, il est tard. Il faut que tu te lèves !

    Elle se tenait au-dessus de moi, les mains sur les hanches, les bras fléchis, et je la regardai, bouche bée.

    — Le bus ! m’écriai-je.

    Si je ne prenais pas le bus pour la Grande Pomme aujourd’hui, je serais coincée à Iowa et manquerais la première semaine de ma nouvelle vie. Maman ne pouvait pas me payer un autre billet. J’avais travaillé tout l’été pour me faire un peu plus d’argent, mais j’étais censée utiliser ces économies une fois à l’université.

    De plus, j’avais bossé tout l’été parce que je savais pertinemment que la vie à New York était chère. Je savais que j’avais besoin d’amasser le maximum d’argent possible pour y vivre. Voilà pourquoi je me sentais en partie coupable d’avoir choisi d’étudier là-bas. J’aurais pu choisir une autre université, plus près. Cependant, les autres n’avaient pas la même réputation que celle de New York. Je savais qu’une fois mon diplôme en poche, j’arriverais à trouver un travail qui permettrait à maman et moi de vivre bien et tranquillement.

    Je sautai dans la douche, ma dernière fois dans la salle de bain au sol qui s’affaisse, et me lavai en vitesse accélérée. Pas le temps pour l’après-shampoing aujourd’hui, juste un shampoing rapide. Dans ma précipitation, je faillis tomber en sortant de la douche. Je poursuivis ma routine matinale. Je me brossai les dents et les cheveux, attachant ma masse blonde humide en un chignon à la va-vite et me ruai vers ma chambre pour m’habiller. J’enfilai les vêtements que j’avais préparés la veille, enfin prête à y aller.

    — Tu as fait vite ! remarqua ma mère, bouche bée lorsqu’elle me vit dans le salon de la petite caravane.

    — Pas le choix ! répondis-je, presque à bout de souffle.

    Dans la vie, on ne peut pas faire la fine bouche. J’avais rarement besoin de courir après quelque chose, mais aujourd’hui, oui.

    L’espace d’un instant, je baissai les yeux pour regarder à quoi je ressemblais. Je me retins de grimacer. Le régime que je m’étais juré de faire après le bac avait commencé et terminé le même jour. Ma silhouette n’était pas des plus sveltes. Je devais arrêter les donuts, les gâteaux et toutes les autres cochonneries au chocolat dont je n’arrivais pas à me défaire. Peut-être que me trouver à côté des New-Yorkais me ferait réagir.

    Parfois, quand je regardais ma mère, puis moi, j’avais l’impression d’avoir été adoptée. Maman pouvait faire la une des magazines avec ses cheveux naturellement blonds et ses yeux bleus pétillants. J’avais hérité de ses traits, mais pas du corps de mannequin qui allait avec. En y repensant, ma mère marchait beaucoup au boulot. Elle était serveuse et devait faire au moins trente kilomètres par jour. Elle avait aussi un appétit de moineau. Elle disait que manger relevait plus du devoir que du plaisir. Je ne comprenais pas comment quelque chose qui était naturel pour moi ne l’était pas pour elle. Mais il était vrai que je n’avais jamais travaillé dans un restaurant, ni avec autant d’acharnement qu’elle.

    — Tu vas bien te porter à New York, dit maman en me prenant dans ses bras.

    Je faillis m’étouffer lorsqu’elle m’enlaça de ses bras frêles. J’étais en route pour ma nouvelle vie. Tellement d’émotions mitigées bouillaient en moi que je m’accrochai à elle, de peur de devoir partir pendant un instant.

    — À New York, tu ne vas en faire qu’à ta tête ! s’exclama mamie.

    Surgie de nulle part, elle nous fit une peur bleue. Mamie m’adressa un clin d’œil et je ris, comme à chaque fois. Elle m’avait toujours incitée à prendre des risques, même si elle savait que ce n’était pas mon genre.

    — Mamie, tu as toujours une mauvaise influence sur moi, lui répondis-je avec un sourire espiègle.

    Maman repoussa ma mère et m’étreignit. J’avais l’impression d’être envoyée au front et qu’on ne me reverrait plus jamais. Mes yeux commencèrent à piquer lorsque j’entendis maman sangloter.

    — Je vais revenir, dis-je avec un sourire forcé.

    Le même sourire que j’affichais chaque fois que je faisais croire que tout allait bien. C’était une technique que j’employais depuis des années et elle aurait dû me venir naturellement. Cependant, j’avais toujours du mal à afficher un sourire forcé dans ces conditions. Je savais très bien que je ne reviendrais pas de sitôt, parce que je n’avais pas le choix. Notre famille avait un problème. Un problème qui était devenu une constante dans nos vies : le manque d’argent.

    J’avais fait les comptes. Entre l’argent que ma famille avait mis de côté pour me payer ce dont j’avais besoin, les aides, mon petit boulot à la BU que je commencerais la semaine prochaine et les économies que maman m’avait données, il ne me restait pas grand-chose pour faire des folies. L’argent que j’avais gagné cet été chez l’agent

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