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Parfum d'enfance: miel pour salauds
Parfum d'enfance: miel pour salauds
Parfum d'enfance: miel pour salauds
Livre électronique381 pages3 heures

Parfum d'enfance: miel pour salauds

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À propos de ce livre électronique

Je m’appelle Destiné. Prénom maudit. Ne me dites pas que j’exagère. Vous n’avez pas idée à quel quotidien, j’ai été confrontée.

Depuis l’aube des temps, j’étais prédestinée à me faire battre, à me faire humilier, à vivre isolée, meurtrie et à subir les assauts répétés d’un salaud de la pire espère : mon paternel.

Si seulement ma mère n’avait pas eu l’intelligence d’une innocente gamine dans le corps d’une adulte.

Si seulement mon père n’avait pas été un monstre, un psychopathe.

Si seulement j’avais eu de la famille pour me réfugier.

Si seulement j’avais pu me défendre.

Si seulement...

Hélas, ma réalité a plutôt ressemblé à un film d’horreur.
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditions Crescendo
Date de sortie4 avr. 2022
ISBN9782898312229
Parfum d'enfance: miel pour salauds
Auteur

Lolita Leblanc

Après le succès de ses deux premiers romans, Lolita Leblanc signe une nouvelle série Lady Commandement. Elle s’inspire de ses rêves qui tracent la trame de ses aventures. D’ailleurs, ses amis d’enfance en ont été témoins jusqu’au jour où elle a décidé de les immortaliser sur papier pour en faire des histoires. Ce troisième roman nous transporte dans un univers qui ne laissera personne indifférent.

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    Aperçu du livre

    Parfum d'enfance - Lolita Leblanc

    Introduction

    L’Origine de ce roman

    Par une belle journée, je m’étais assoupie dans notre balançoire. Sous les caresses d’une brise légère, je laissai mon esprit vagabonder en paix. La main discrète de l’astre du jour me recouvrait d’un drap bienfaisant. Soudain… une image jaillit de ma tête. Puis… une scène et un canevas… les premières lignes d’une histoire dramatique.

    Je devais l’écrire.

    M’éveillant, je m’élançai sur mon clavier pour coucher la moisson d’images qui venait de germer. Depuis, peu importe ce que je compose, le fil conducteur émerge de mes rêves.

    À partir de cette inspiration, un texte de cinq pages prit vie. Il circula parmi mes proches pour se retrouver entre les mains d’amis de toutes sortes. Un certain après-midi, une auteure communiqua avec moi en me disant à quel point l’histoire de Destiné l’avait ébranlée.

    Pourquoi ne pas en faire un livre ? Cette question me prit au dépourvu.

    À cette époque, je travaillais sur une série d’un style différent : une saga fantastique jeunesse. Longuement, je réfléchis et mûris l’idée puis… je me lançai. Le thème me touchait profondément.

    Cela devait dater de mon enfance alors que j’habitais à proximité d’une de ces innombrables victimes d’inceste. La côtoyant chaque jour, jamais je n’aurais soupçonné le moindre danger dans son cocon familial. Pourtant, sans scrupule, son père abusait de son innocence. Des années après qu’elle ait déménagé, son histoire fut dévoilée au grand jour.

    Je remercie le ciel de ne pas être l’une de ces écorchées. Je reste convaincue que vous aussi connaissez une Destiné, une voisine, une cousine, une personne proche de vous. Ne pas se voiler la face ferait de vous des héros envers ces malheureux. Vous savez, et moi aussi je le sais, il existe des essaims d’innocents qui subissent des tourments quotidiens. Sont-ils coupables ? Doivent-ils être jugés d’avoir vu le jour au mauvais moment, au mauvais endroit ? Ont-ils à payer parce qu’un numéro maudit est sorti du chapeau ? Et méritent-ils d’être pénalisés au point de subir la folie de parents destructeurs ? Je ne crois pas, non.

    Comme tout être humain, chaque enfant a le droit de naître dans un environnement sain. Où, il fait bon vivre… où s’y retrouver égale sécurité.

    S’il vous plaît…, soyez attentif. Cherchez des signes précurseurs d’abus sexuels.

    Ouvrez vos oreilles et laissez parler votre sixième sens. N’attendez pas !

    Sans quoi, la marque d’un monstre risque de s’enfoncer trop profondément pour sauver un gamin… un enfant… un adolescent.

    Régalez-vous du bonheur des petits entourés d’amour, débordants de fous rires. Renoncer à la folie de freiner parce qu’une dénonciation mettrait en jeu l’équilibre d’une famille. Vaut mille fois mieux enfermer un coupable que de porter le fardeau d’un silence irrationnel.

    Ce soir, avant de mettre vos anges au lit, permettez-vous de les étreindre. Savourez la chance qu’ils ont de vivre dans un foyer sécuritaire. Embrassez-les et dites-leur à quel point vous les aimez. On ne le répète jamais assez.

    Peut-être cette histoire secouera-t-elle la cage gouvernementale ? Peut-être enfin ouvriront-ils les yeux et s’inspireront-ils de la sévérité des Américains ? Il serait temps que nos dirigeants mettent leurs culottes pour châtier ceux qui baissent les leurs pour de mauvaises raisons.

    Les jeunes ont le droit d’apprécier la vie et de grandir sans crainte de voir surgir un monstre dans leur lit.

    Après l’écriture de ce roman, de nombreux témoignages poignants m’ont prouvé qu’il existe une lueur d’espoir autour de nous et que mener une existence sans violence peut se concrétiser.

    J’admire le courage de ces survivants.

    J’espère ne jamais entendre qu’il n’est plus nécessaire de s’attarder sur le sujet de l’inceste et de la pédophilie, qu’on en a trop parlé… que l’on devrait passer à autre chose !

    Paroles inadmissibles. Profonde tragédie.

    Sans quoi nous condamnons nos enfants et donnons notre aval à ces monstres qui sommeillent dans notre voisinage.

    Quelle société deviendrons-nous alors ?

    Après lecture, si cette histoire a pu apporter une lueur à quelqu’un… j’aurai atteint mon objectif.

    Cours, petite fille, cours…

    Fuis, jeune innocente, fuis…

    Ce loup, ce monstre, cet infâme salaud…

    Tous les personnages et événements de ce roman sont fictifs.

    Si des gens se reconnaissent, ce n’est qu’un hasard.

    PREMIÈRE PARTIE

    Les autres

    1

    Les années 70, appelées « peace and love », furent un mode de vie prisé par des jeunes à la recherche de sensations fortes. Cette époque est le berceau de mes origines.

    Au milieu d’une commune naquit un rayon de soleil d’une beauté et d’une gentillesse incomparables. Comme ses dizaines de frères et sœurs, l’enfant se contentait de peu et riait de tout. Une innocente à mille lieues de concevoir ce que deviendrait son âge pubère. Elle grandit au cœur d’une troupe où le laisser-vivre s’accrochait au quotidien alors que tous coulaient des jours de nonchalance.

    Selon leur mentalité, un partenaire ne devenait jamais la propriété de personne. Ce qui appartenait à l’un se glissait aussi bien dans le lit de l’autre et même dans celui de plusieurs.

    La génitrice savait quel rejeton sortait de sa matrice sans s’attarder sur le porteur du gène. Pendant que le troupeau mâle s’organisait pour appliquer un pseudorôle de père, chacun demeurait maître de son destin.

    Outré de leur libertinage, le voisinage se regroupa pour les contraindre à s’éloigner.

    La commune déménagea à deux reprises.

    La première fois, la fillette approchait six ans. Que de nouveaux horizons ! Que de découvertes !

    L’équipée dépassait une manne d’arbres débordants d’épines qui tombaient lorsqu’une poussière molletonneuse se déversa sur le sol. Cette première neige devint l’inspiration d’une danse enfantine qui ensorcela la communauté.

    La gamine se prénommait Soleil. Tout la ravissait. Un jour, sa véritable mère dénicha un vieux poudrier qui sortait de son ancienne vie. Elle l’offrit à sa fille. La petite passait des heures à se barbouiller le visage. Jamais on ne l’obligea à effacer les traces de ses exploits. Souvent, elle traînait ses pinceaux pour faire étalage de son savoir sur ses camarades. Comme l’inertie leur donnait des fourmis dans les jambes, après deux ou trois étalages de barbouillage, ils lui faussaient compagnie.

    Armée de son sourire, l’artiste débusquait un adulte qui acceptait un dessin de visage juste pour recevoir une caresse de l’ensorcelante.

    * * *

    À quelques semaines de ses neuf ans, un déménagement bouleversa leur quotidien. Des individus obligèrent les libertins à instruire leurs enfants. S’ils refusaient de les inscrire à l’école, les autorités les placeraient en foyer d’accueil.

    Au milieu d’une nuit sombre, des véhicules emplis à ras bord prirent la fuite pour s’isoler en montagne. Certains préférèrent quitter la cellule.

    Après de rapides adieux et quelques larmes, tous jurèrent de ne jamais révéler l’endroit où s’installerait la communauté.

    La mère de Soleil et un des hommes optèrent pour une nouvelle vie.

    Alors que l’astre du jour inondait la clairière, l’enfant s’éveilla dans la voiture. Quelque chose n’allait pas, quelque chose avait changé. Les visages qu’elle avait connus, aimés, avec lesquels elle avait partagé son existence ne faisaient plus partie de sa réalité.

    Sa mère essaya de l’apaiser. Avec des termes simples, elle tenta de lui expliquer, lui parla doucement, ajoutant la promesse de lui apprendre à lire et de lui faire rencontrer de nouveaux compagnons. Leur vie serait différente.

    Soleil ne comprenait pas. Docile, elle accepta sans broncher.

    Déjà avec un fort sentiment de regret, le partenaire s’évertuait à entrer dans les rangs de la société. Il se dénicha un boulot. Avec peu de moyens, il installa la famille dans un modeste logis.

    La première journée d’école fut pénible pour la petite. Habituée à l’oisiveté et aux jeux sans restriction, elle se sentait perdue. Une élève la bouscula. Ce fut la catastrophe pendant la récréation. L’enfant pleura toutes les larmes de son corps. Des vilains l’injurièrent en la traitant de noms dont la majorité ne lui étaient pas familiers. Sa mère fut contrainte de passer la chercher.

    Compatissant, le directeur suggéra de transférer l’enfant dans un groupe spécialisé en difficultés d’apprentissage. La femme s’offusqua. Avant d’autoriser l’insertion, elle en discuterait avec son conjoint qui regrettait de plus en plus sa vie d’antan.

    Il lui intima d’accepter et sortit prendre l’air. Geste qu’il répétait jusqu’à s’absenter pendant des heures pour ne revenir qu’au lever du jour. Sa partenaire souffrait de son éloignement.

    Soleil s’acclimata. Intelligente, elle comprit que pour ne pas souffrir des commentaires, passer inaperçue devenait sa meilleure arme. Elle travailla d’arrache-pied et rattrapa son retard. Vers l’âge de douze ans, à l’aube de son adolescence, la direction lui accorda l’accès à l’école secondaire normale.

    * * *

    À la maison, de terribles discussions ébranlaient son quotidien. Leur pourvoyeur détestait l’autorité. Il criait sans arrêt, se plaignait de sa vie astreignante, souhaitait retourner auprès de la communauté.

    Par un curieux hasard, il croisa un membre et découvrit le moyen de se libérer. L’événement précéda le début des classes.

    La mère perdit son partenaire, se retroussa les manches et se dénicha un emploi de serveuse dans un restaurant routier. On lui offrit le poste de nuit.

    Seule le jour, Soleil apprivoisa son autonomie. L’adolescente croisait sa mère qui s’isolait pour un sommeil réparateur alors qu’elle s’éveillait à la vie.

    * * *

    Après quelques mois, un individu se montra intéressé par la serveuse. Il s’installa chez le duo. Camionneur, il vidait les lieux la semaine. Le week-end, il exigeait l’attention de sa partenaire.

    Même si l’adolescente souhaitait plus de moments avec sa mère, jamais elle ne s’immisça dans leur bonheur. Ce type la faisait rire. Soleil s’effaçait et ne revenait que pour manger ou dormir.

    Une semaine avant le début des classes, l’homme proposa une sortie à la plage. Il s’était acclimaté. C’était un bon diable qui s’imprégnait de sa nouvelle vie de famille. Qui plus est, il adorait la compagnie de l’ado.

    Ils chantèrent, se baignèrent, se chamaillèrent.

    Ce fut un beau samedi. Le plus agréable depuis des lustres.

    Au moment de rentrer, alors que son beau-père refermait la porte, Soleil échappa sa serviette. Le choc fut catastrophique. La malheureuse se fit écraser la tête.

    Le coupable courut chercher secours pendant que la mère, à moitié hystérique, s’évertuait à réanimer sa petite.

    * * *

    La convalescence dura huit mois. Soleil resta catatonique. Parfois, elle ouvrait les yeux. Son regard habitait l’absence.

    Sa mère échelonna ses visites. Sa vie amoureuse prenait toute la place.

    Au bout d’une année, on nota de légers progrès. Suffisants pour amorcer un retour progressif. Avec des soins et de la patience, la malade recouvrerait une existence acceptable. La mère s’écroula, appréhendait le tableau qui se profilait. Même avec des efforts, elle se savait inapte à s’accaparer d’une handicapée mentale.

    Se sentant fautif, son conjoint la convainquit d’honorer ses responsabilités. Il les ferait vivre et elle pourrait accorder son attention à sa fille. À ses yeux, Soleil était redevenue un bébé.

    Puis des progrès se réalisèrent peu à peu.

    La convalescente réapprit à manger seule, à s’occuper de son hygiène et recommença à parler. Aucune conversation élaborée, mais suffisante pour alléger les tâches de la mère qui réintégrait le marché du travail. Sa vie d’avant lui manquait. Comme son amoureux s’absentait la semaine, elle se sentait prisonnière, isolée avec un boulet. La solitude l’oppressait. Son rêve étant de plier bagage et de prendre du bon temps.

    Avec les années, Soleil devenait un poids énorme.

    * * *

    Au lieu de paraître différente, Soleil s’épanouissait en beauté. Ses cheveux d’or brillaient de santé. Son regard captait l’inconnu et colorait ses pupilles d’un bleu hypnotique. Grande, avec une démarche altière, on la remarquait plus que quiconque. Son sourire accrochait. Sa présence intriguait le soupirail masculin. Et comme la nature l’avait gratifiée de formes généreuses, une sensualité troublante émanait de ses moindres gestes.

    La mère détestait ces attributs de déesse. Elle l’enviait. Non seulement sa fille éblouissait, mais on lui pardonnait ses lacunes. Son âge mental égalait celui d’une enfant de huit ou neuf ans.

    —On devrait peut-être lui dénicher un mari.

    —T’es malade ! réagit son partenaire après l’amour. Tu donnerais une fillette d’âge présecondaire à un homme ? Ce serait presque de la pédophilie.

    —Pédophilie, pédophilie ! Faut tout le temps que t’exagères.

    —Pas du tout !

    —Réveille-toi ! Elle aura bientôt vingt et un ans.

    —Dans deux ans.

    —Et alors ? Il faudra bien qu’elle nous quitte un de ces jours.

    —Pas pressé.

    —Allume ! Je ne vais pas passer ma vie avec une gamine de cette grandeur accrochée à moi.

    —C’est ta fille ! (Soupir) T’avais qu’à la laisser à la commune. Cet accident ne se serait jamais produit.

    * * *

    Jour après jour, la mère revenait à la charge.

    Lorsque l’atmosphère grésillait, pour remettre l’humeur, elle se faisait chatte. L’invitation redonnait le sourire et en prime, elle profitait d’une érection pour une partie de plaisir.

    Le beau-père s’attacha à Soleil, la considérait comme sa fille. Il la couvait, plaisantait sur ses gaffes, lui pardonnait tout. Rien ne surpassait cet élan paternel qui le comblait.

    * * *

    Au cours des semaines, la génitrice remarqua un jeune homme dans la vingtaine avancée. Il rôdait, salivait pour Soleil.

    La mère provoqua la conversation, l’invita en toute innocence.

    Appâté, le prospect accepta un rafraîchissement. Ses propos et ses insinuations trahissaient ses désirs. Il s’éblouissait devant les gestes et la candeur de la jeune femme. Malgré ses tentatives pour paraître insensible, tellement elle le perturbait, il s’accrochait à la balustrade. Ses jointures le trahissaient. Son essence dégageait des envies palpables.

    Enfin, quelqu’un de potentiel convoitait sa fille. La mère encouragea ses visites, louangea sa gentillesse et manigança de brefs tête-à-tête.

    L’individu travaillait pour une entreprise de construction. Il gagnait bien sa vie. Inconscient des rencontres, le beau-père appréciait leur routine de week-end. Sa belle-fille adorée était devenue essentielle à son monde. Elle nourrissait son côté paternel. Naïvement, il croyait que leur quotidien s’allégeait, que sa conjointe s’était adaptée, que l’enfant profitait d’une mère dévouée.

    Au retour d’un voyage, il apporta une poupée. L’objet se voulait d’un réalisme, tellement qu’il passait pour un véritable bébé.

    En plein cœur d’une vitrine, installé dans un berceau, l’objet lui faisait penser à sa princesse. Regard bleu, boucles blondes, joues colorées, un visage synthétique qui réveillaient l’instinct maternel. Paternel dans ce cas-ci.

    Dans la file d’attente, le camionneur se sentit nostalgique devant la réaction d’une gamine d’environ six ans. Il en rit de bon cœur. Il devait offrir cette poupée à celle qui était devenue sa fille.

    * * *

    Lorsque Soleil déchira le papier d’emballage, ses yeux s’illuminèrent. Même sa mère en fut touchée. La handicapée s’extasiait devant ce si beau bébé. Son côté maternel les sidéra. Le beau-père ignorait que le jouet imitait la succion d’un nourrisson. Aussitôt que la maman le pressa contre son sein, l’illusion envahit la pièce.

    Le beau-père partit d’un énorme fou rire.

    —Peut-être t’était-elle destinée.

    Le mot séduit Soleil qui choisit Destiné comme prénom.

    Elle passa des heures à la changer de couche, à l’allaiter, à l’entourer d’amour. Sa réalité tournait autour de la poupée.

    —Eh bien ! La petite a l’instinct développé !

    —C’est normal. Les animaux y arrivent, pourquoi pas elle ?

    —Tu es de mauvaise foi. Tu devrais te ravir. Plus tard, elle pourra s’occuper sainement d’un rejeton… si tu parviens à la caser.

    Absorbé par l’innocente qui rayonnait de bonheur, il soupira et réalisa que sa conjointe, qu’il aimait plus que tout, ne réussirait jamais à revêtir son rôle. À moins d’un miracle.

    Si un prétendant se manifestait, il s’impliquerait en tant que père. Il devait le faire.

    De manière discrète, il vérifierait les intentions.

    * * *

    De plus en plus souvent, Soleil se permettait des escapades. Sa mère l’y encourageait. Hélas ! Tel un chat, la futée revenait à la maison.

    La femme devenait de plus en plus amère.

    Pour s’impliquer auprès de sa belle-fille, le beau-père lui apprit à cuisiner. À l’aide de jeux, il développa les aptitudes de Soleil qui démontrait un talent naturel pour ce loisir. Lui en était fier, l’adulait, rigolait devant de simples banalités. Le duo se tordit de plaisir devant un contenant de farine qui se renversa sur le plancher.

    Dans ces instants, la mère sortait prendre l’air et vaquait à des activités moins salissantes.

    Lors des semaines où les parents filaient famille, Soleil se levait tôt. Autonome, elle leur concoctait un petit déjeuner. Munie d’un sourire à faire fondre un glacier, la belle déposait son travail au milieu de leur lit sur un plateau qu’elle avait peint.

    —Déjeuner au lit, m’man ! Je vais jouer avec Destiné. Mangez bien. Je vous aime !

    La mère en vint à prendre goût à ces instants. Elle dut s’incliner devant les résultats.

    * * *

    Destiné la suivait partout.

    Pour conserver l’équilibre de la jeune femme, mieux valait prendre le parti du morceau de plastique. L’objet semblait responsabiliser Soleil. Sa mère y voyait un avenir qui l’émanciperait.

    Un jour à la fois devint le dicton du beau-père qui refusait de brusquer les événements.

    * * *

    Le soupirant revint dans le décor. Il manœuvra pour se lier d’amitié avec la figure maternelle. Trop heureuse de visualiser une libération, celle-ci lui confia ses angoisses, ses craintes relativement au futur.

    Avec beaucoup d’adresse, le manipulateur la plaignit. Sous peu, il le savait… elle fléchirait.

    * * *

    Un jour, l’homme croisa son fantasme qui errait dans les environs de son chantier. Incapable de se contenir, il engagea une filature. Jusque-là, jamais il n’avait hésité devant une proie aussi facile.

    Pourquoi cette beauté jugulait-elle son côté barbare ?

    Depuis des lustres, si l’envie de se soulager le terrassait, il séduisait une fille. Une fois la besogne effectuée, il la balançait dans un trou quelconque.

    Pourquoi j’hésite avec cette enfant ? se disait-il.

    Le charme de l’innocente qui déambulait sous la caresse d’un vent chaud alluma son excitation. Il luttait contre ses pulsions sadiques. Une brûlure irradia le bas de son ventre.

    À peine le temps de s’isoler qu’il s’exposa le membre. Une adolescente passa alors qu’il se débarrassait de son essence à même le sol en laissant échapper un cri primal. La frayeur chez la spectatrice devint une véritable gratification pour l’exhibitionniste.

    La voyeuse déguerpit sans demander son reste.

    L’homme décida que l’attente venait à terme. Il sortirait l’armement parolier et d’ici une ou deux semaines, il officialiserait sa requête.

    Après tout, la bonne femme en a marre de sa fille. Tandis que moi…

    Riant comme un dingue, le salaud s’éloigna d’une démarche précipitée.

    Les passants se retournèrent et changèrent de trottoir pour l’éviter. Le type baraqué flanquait la chair de poule même aux plus braves qui rencontraient son regard.

    2

    Enfin, je me marie aujourd’hui. Il était temps. Foutu beau-père. Sale emmerdeur… Un mois à m’imposer l’image du gendre parfait. Merde ! Pas trop tôt !

    Ces pensées le bousculaient alors qu’il devait dégager la seule glace de sa maison. Celle de la salle de bain de l’étage. Normalement, il se contentait de la partie inférieure pour se raser.

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