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Edgar et la Grise
Edgar et la Grise
Edgar et la Grise
Livre électronique102 pages57 minutes

Edgar et la Grise

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À propos de ce livre électronique

Edgar a 13 ans. Les premières années d’une ferme sont difficiles : il faut défricher avant de pouvoir semer et récolter pour se nourrir. Les colons au nord du lac Saint-Jean comme la famille d’Edgar en arrachent dans les années 1930. Heureusement, l’industrie du bois donne du travail aux hommes pendant les saisons où ils ne peuvent cultiver la terre. Mais Edgar est bien jeune pour remplacer son père sur le chantier. Pour cela, il doit quitter l'école qu'il aime. Entre le travail exigeant, le froid, le confort sommaire du camp, l’intimidation que le jeune garçon subit d’un dénommé Gagnon et ses inquiétudes pour le sort de sa famille en cette époque difficile de l’histoire du Québec et du monde, le jeune garçon devra puiser au fond de lui-même pour maintenir le cap, tisser des amitiés et sortir grandi de sa première saison « dans le bois ».
LangueFrançais
Date de sortie5 avr. 2024
ISBN9782982105980
Edgar et la Grise
Auteur

Jean Brodeur

Spécialiste en développement de marchés à l’international, Jean Brodeur a travaillé dans plusieurs pays où il s’est intéressé à la vie quotidienne des gens. Avec Piano interdit destiné aux jeunes de 10 ans et plus, l’auteur concrétise ses passions : l’écriture et le souhait de rapprocher les cultures grâce à elle. S'il ne joue pas du piano comme son héros, Jean n'en est pour autant pas très loin, puisqu'il est choriste dans l'Ensemble vocal Massawippi.

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    Aperçu du livre

    Edgar et la Grise - Jean Brodeur

    Prologue

    Je me nomme Edgar Brochu. J’ai treize ans, presque quatorze. Au milieu de douze hommes plantés devant le magasin général de Saint-Ludger-de-Milot, j’ai l’air d’un bouleau dans une talle d’épinettes. La différence ne me dérange pas. C’est une question de vie ou de mort pour ma famille. Octobre est arrivé. Le froid approche. L’hiver n’est pas loin. Le moment est venu de monter au chantier où travaillent les bucherons.

    Illustration: Carte du Québec sur laquelle sont situées les villes de Saint-Ludger-de-Milot (numéro 1), Jonquière (numéro 2) et Baie-Saint-Paul (numéro 3).

    1

    Survivre

    Debout sur les marches du magasin général de Saint-Ludger-de-Milot, Gérard Beaudoin appelle un à un les hommes qui sont devant lui. Du haut de son statut de patron, l’homme les regarde à peine. Moi, j’ai beau avoir les bras bien bâtis à force de travailler avec mon père, il me voit encore moins parmi ces bucherons qui me dépassent d’une tête.

    Papa dit que ce patron-là est un profiteur. Quand mon père parle de monsieur Beaudoin, je sens bien qu’il ne le porte pas dans son cœur. Il dit que ce n’est pas par charité que monsieur Beaudoin transporte en camion les familles qui s’établissent dans le canton, qu’il apporte le bois pour la construction de leur maison et toutes sortes de choses qui leur manquent. Monsieur Beaudoin est le seul au village à posséder un véhicule. Papa dit qu’il l’a acheté avec l’argent qui devait revenir aux colons. En tout cas, l’homme a l’air de se penser plus fin que tout le monde avec sa cravate, son crayon et la feuille de papier où il inscrira les noms de ceux qu’il embauche. Si je veux travailler dans son chantier cet hiver, j’ai intérêt à garder mes opinions pour moi.

    – Brochu !

    La voix de monsieur Beaudoin me fait sursauter. J’avance d’un pas sans dire un mot.

    – Brochu ! répète-t-il.

    – Présent, monsieur. Je suis Edgar, le fils de Benoit Brochu.

    Les yeux du patron lâchent la feuille de papier. Il me voit enfin.

    Mon père et monsieur Beaudoin s’entendent comme chien et chat. Au début, ils se sont disputés pour le lot de terre sur lequel papa voulait installer notre famille. Ensuite, ils se sont opposés sur la prime offerte pour défricher notre terre et sur le salaire pour ouvrir les routes. La pire querelle, c’est quand papa s’est plaint des fameux pitons qui servent d’argent dans les magasins des patrons.

    Mais ce n’est pas à cause de ces disputes que mon père n’est pas ici ce matin.

    J’ai besoin que Beaudoin m’embauche. Pour que ma famille ne meure pas de faim, il n’y a que moi qui peux aujourd’hui répondre présent. Je ne suis pas ici pour demander la charité, mais pour gagner de l’argent.

    Illustration : Monsieur Beaudoin a les sourcils étonnés. Il porte une moustache et des lunettes. Une cravate est nouée autour de son cou. Il tient un livre de comptes devant lui et un crayon dans sa main droite.

    2

    Je suis capable

    Monsieur Beaudoin me regarde maintenant de la tête au pied de son air hautain.

    – Ton père est pas là ?

    – Non, monsieur. Il peut pas venir cette année.

    – T’es venu jusqu’ici pour me dire ça ?

    – Non, monsieur. Je suis venu ici pour travailler pour vous.

    Le patron éclate de rire. Il se penche sur sa feuille. Je le vois rayer un nom. Celui de mon père sans doute.

    – Bonin ?

    Avant que Fred Bonin ne réponde, je m’avance vers le patron. Je veux lui montrer que je suis digne de confiance malgré mon âge.

    – Monsieur, je suis sérieux.

    – Mon p’tit gars, retourne chez vous. Tu reviendras quand t’auras du poil au menton.

    – Monsieur, je buche, je défriche, je construis, j’ouvre des chemins. J’suis peut-être pas bien grand et j’ai pas encore de poils au menton, mais j’ai de la volonté et je suis fort.

    Le patron détourne la tête. De la main, il me fait signe de déguerpir. Mais il ne se débarrassera pas de moi comme ça. Mes pieds restent plantés devant le magasin général.

    – Racine ! lance monsieur Beaudoin.

    Les Racine vivent sur une terre à côté de chez nous. Médée et ses deux frères sont connus pour être des durs et parmi les meilleurs cogneurs de la région. Et pas juste avec une hache. Mon père dit que les Racine sont des têtes fortes, mais droites. Si le chef de chantier marche croche, ils le remettent à sa place.

    – On est ici tous les trois, répond l’ainé de la famille. Mais avant que t’appelles le prochain, inscris Edgar sur ta feuille. C’est notre homme.

    – De quoi te mêles-tu ? C’est moi le patron, et il ne viendra pas.

    Médée s’avance. Les autres hommes et moi reculons d’un pas. Par peur de ce qui va arriver… ou pour mieux voir le spectacle !

    – Écoute-moi bien, Beaudoin. Ou tu prends Edgar…

    – Commence pas. Te penses-tu dans une école ? dit le patron en cherchant des yeux un appui parmi les autres bucherons. Voyez-vous une maitresse d’école ici ?

    Un rire

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