David Vuillemin Champion par procuration
ifficile de faire plus planqué que David Vuillemin ce jour-là. Une terrasse d’un restaurant anonyme bordant le parking d’une zone commerciale au beau milieu de la large banlieue sud de Los Angeles, notre bonhomme caché sous une barbe fournie, de larges lunettes noires posées sur le nez, filtrant autant le soleil que les regards, et une capuche enfoncée sur la tête lui barrant le front. Autant dire qu’un spécialiste du langage corporel y aurait instantanément décelé « la certitude d’un mutisme annoncé ». Pauvre spécialiste… Il aurait eu tout faux. Parce que les apparences, elles ne sont parfois que des apparences, et la réalité, sa réalité, David Vuillemin nous l’a livrée sans retenue. Un témoignage profond et entier, sincère, où l’enfant de Berrel’Étang exilé aux USA depuis la fin du dernier millénaire, et dont il a embrassé la nationalité très récemment, nous raconte son chemin. Un chemin tout tracé, mais pas dessiné par lui. Une ligne droite imaginée qui se sera révélée chaotique, occasionnant des plaies et des bosses dont certaines – plus celles de l’âme que du corps – peinent toujours à cicatriser. Pourtant, de l’extérieur, la peinture semble sans rayures. Une vie organisée dans cette Californie qui fait tant rêver, avec deux enfants aimants et aimés, une reconnaissance sportive enviée par tous les amateurs – et les professionnels – du motocross et du Supercross, un palmarès en or massif (même si les grincheux argueront toujours qu’il lui manque ce sacre dans la catégorie reine du SX qu’il était venu chercher en s’installant aux USA), un compte en banque mieux que bien fourni, une reconversion en tant qu’entraîneur réussie… Bref, un tableau qui, vu de l’extérieur, brille par son éclat. Sauf que ce qu’il voit, David, ce sont les zones d’ombre: L’avant, ça commence comme à chaque fois, ou presque. Un papa qui fait de la moto en vitesse et qui, par mimétisme, mais aussi pour canaliser l’énergie du petit, lui achète une moto. Ses premiers souvenirs, ils remontent à 1981. Pendant que Didier attaque sur la piste, David en fait autant dans les paddocks de vitesse. Le cross, la famille n’y connaît rien. Il rencontre Eddy Lawson, Randy Mamola, lors d’un GP de France organisé sur le circuit Paul-Ricard, les David Bailey, Rick Johnson, leurs pendants en motocross à cette même période, il n’en a encore jamais entendu parler. Ça ne va pas durer… C’est une YZ 60 toute neuve que David reçoit pour son anniversaire: Alors que son père, pilote pour la Sima, monte à, David roule à côté sur un petit terrain jouxtant l’entreprise, pile sous l’œil aiguisé de Marcel: “Il n'est pas mauvais, le minot.”
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