Quand Frankie rencontre Johnny: Frankie et Johnny, #1
Par Xio Axelrod
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À propos de ce livre électronique
Frankie Llewellyn, expatrié écossais, ne vit que pour la musique. Travaillant de nuit à WKMP, une station de radio de la banlieue de Philadelphie, il peut passer la musique qu'il veut, faire la grasse matinée tous les matins, sans que personne ne lui fasse de reproches. Personne, sauf son plus récent ex-petit ami. Frankie est un éternel dragueur, mais après cette dernière rupture, il craint de se retrouver seul, sans rien d'autre que ses disques pour se réchauffer la nuit.
Lorsque la station engage un artisan pour effectuer des rénovations indispensables, Frankie est horrifié d'apprendre que les travaux seront effectués pendant ses heures de travail. Mais c'est la solution la plus logique, et il est résolu à supporter ce contretemps pour l'équipe. Après avoir rencontré le mystérieux entrepreneur, un magnifique menuisier du nom de John Burton, Frankie décide qu'endurer tous ces désagréments n'est peut-être pas si difficile après tout.
John est réservé et un peu mystérieux. Tout un contraste avec la vie remplie de drames de Frankie. Mais, au fur et à mesure que leur amitié grandit, la présence tranquille de John apporte une nouvelle mélodie à la vie de Frankie.
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Aperçu du livre
Quand Frankie rencontre Johnny - Xio Axelrod
Chapitre Un
J'adore cette chanson. La ligne de basse est à couper le souffle. C'est comme de l'héroïne, ou du moins ce que j'imagine être la sensation de l'opiacé quand il coule dans nos veines à un million de décibels.
Carlos D liquéfie mes entrailles sur ce morceau, me grogne dessus en faisant claquer ses cordes, et menace de me manger tout cru.
Un classique d’Interpol, mec. Une putain d'héroïne auditive, ce groupe.
La musique, c'est ma vie.
C'est la couverture que j'enroule autour de moi quand les ténèbres descendent. C'est le bouclier que je brandis lorsque mes ennemis sont à ma porte. C'est mon rire et mes larmes, ma plus grande joie et l'expression absolue de ma douleur.
La musique est mon seul et unique amour. C'est pourquoi mon travail est si important pour moi. C'est la seule chose qui m'ait jamais vraiment appartenu, et je n'y renoncerai pour rien au monde. Pour personne.
Ce qui veut dire que Garrett et moi, c'est fini. Enfin.
Lorsque j'ai quitté son appartement ce soir pour me rendre au travail, il ne m'a pas dit au revoir. Moi non plus. Après la conversation que nous avions eu sur l'avenir, notre avenir ou l'absence d'avenir, les adieux semblaient superflus. Quand quelqu’un vous dit qu'il a tout eu et tout fait, et qu'il ne ressent pas le besoin d'en avoir plus alors que vous cherchez toujours tout ce que la vie peut vous offrir, que reste-t-il à dire?
« Nous voulons des choses différentes, Frankie », avait-il dit, et cela n'avait pas été une surprise.
J'étais une passade pour Garrett. Au fond de moi, je l'avais toujours su. C'est le premier type avec qui j'ai vraiment sympathisé quand j'ai quitté Glasgow pour Philadelphie. Nous avons été amis pendant quelques années, dansant autour de notre attraction avant qu'il ne me laisse finalement le sucer dans un parking de Home Depot. Quel début peu prometteur, n’est ce pas ?!
Et même si j'ai toujours prétendu ne pas croire aux fins heureuses, je me disais que lui et moi allions peut-être finir par… Je ne sais pas.
Eh bien, ce que je pensais n'a plus d’importance, n'est-ce pas? C'est fini. Mais, j'ai toujours ma musique. C'est toujours ça.
Je me gare sur le terrain vague devant les studios de 91.9 WKMP et je coupe le moteur de mon AMC Gremlin 1978. J'adore cette petite voiture. Mes amis pensent que je suis fou de conduire une si vieille bagnole, mais elle me convient. Cette voiture trois portes à hayon est un classique sous-estimé. C'est une voiture que la plupart des personnes qualifieraient de laide, mais j'en aime chaque centimètre.
Bon, d'accord, la vitre du côté passager ne s'abaisse pas complètement, la vitre arrière a une longue fissure, et elle consomme de l'essence comme un trou, mais elle est à moi. Cette voiture me comprend.
Je suppose donc que j'ai deux choses à moi.
La seule amélioration que j'ai apportée à la Gremlin concerne le système audio : j'ai enlevé l'ancien poste cassettes et ajouté un lecteur CD avec une prise jack pour mon téléphone portable.
J'ai toujours des giga-octets de musique sur moi. Pour les situations d'urgence. On ne sait jamais quand on peut avoir besoin d'un peu de Janelle Monae ou de Red Hot Chili Peppers. Ou du parfait morceau de Kinky. Ma bibliothèque musicale m'a permis de me sortir de bien des situations sociales délicates. Et elle m'a permis de m'envoyer en l'air.
C'est aussi ce qui m'a permis de devenir disc-jockey.
L'air est lourd et humide lorsque je sors de la voiture. Nous ne sommes qu'au mois de mai, mais le soleil d’été darde déjà ses rayons, impatient et déjà bien présent, faisant mûrir les pêches. Je laisse la vitre un tout petit peu abaissée — de peur de me retrouver dans un sauna demain matin — et je vérifie que j'ai bien serré le frein à main avant de prendre mon sac à dos, de fermer la voiture à clé et de me diriger vers le bâtiment en briques d'un étage.
Une fois, j'ai oublié de serrer le frein à main et, en sortant de mon boulot, j'ai trouvé ma voiture en bas de la colline, presque au milieu de la rue principale. Ce n'était pas beau à voir.
Je suis d'humeur pensive ce soir, semble-t-il. Cela donnera un set intéressant. Peut-être un peu de Joy Division, un peu de Sigur Ros, un peu de Bilal, certainement du James Blake.
— Yo, Frankie, comment ça va?
— Salut, Mario !
Je salue le directeur général de WKMP alors qu'il pose une caisse remplie de disques sur le sol et déverrouille sa VW Golf 2012.
— Tu as besoin d'aide ? demandé-je.
Mario secoue la tête, ses bajoues bougent en rythme, suivant le mouvement. C'est un joyeux luron. Une sorte de Père Noël sicilien.
— Non, ça va, répond-il avec son accent prononcé du nord-est de Philadelphie. J'ai récupéré quelques doublons dans les archives et je pensais les donner à la bibliothèque.
Les lumières de la rue scintillent sur les verres de ses lunettes à monture métallique alors qu'il ouvre la portière de sa voiture et pose la caisse sur le siège arrière.
Malgré mon offre, je n'ai pas ralenti mon allure, et je suis presque à la porte d'entrée lorsqu'il me lance un « bonne nuit ».
— Toi aussi, répondis-je par-dessus mon épaule, tandis qu'il démarre son moteur.
Dès que ma main touche la porte, je pousse un soupir. L'anxiété me pince parfois les poumons, et le simple fait d'être dans ce bâtiment banal d'un étage m'apaise.
Lorsque j'ai débarqué sur le sol américain, j'avais de grands espoirs de devenir journaliste musical. Je n'ai pas tardé à m'apercevoir que c'était une idée dépassée. Le mieux que j'aurasi pu espérer, en suivant cette voie, était de tenir un blog en vogue. Ou peut-être de travailler en freelance pour le Huffington Post ou un autre site web général où les nouvelles passent à la trappe à la vitesse de la lumière.
C'est par pur hasard qu'un ami m'a parlé de WKMP, l'une des dernières stations radio indépendantes de la côte Est. Ici, ils se soucient davantage de la musique que des résultats financiers. C'est un retour aux sources, en vérité. Je suppose que pour moi aussi, c'en est un. Chaque fois que j'entre dans le studio, j'envoie une prière silencieuse en guise de remerciement pour avoir trouvé mon foyer musical.
J'aime chaque centimètre carré des murs recouverts de moquette berbère, des lumières fluorescentes vacillantes et du décor du début des années quatre-vingt-dix. Malgré sa petite taille, la bibliothèque musicale est immense. Je ne parle pas seulement des millions de chansons contenues dans les archives numériques, mais du fait qu'une personne, dans l'histoire de la station, ait accumulé des vinyles comme si c’était démodé. Avec le recul, je suppose que c’était le cas. Presque tous les murs sont tapissés d'étagères remplies de vinyles, du sol au plafond. J'ai passé d'innombrables heures à les parcourir, découvrant de vieux joyaux et de nouveaux favoris.
WKMP a changé ma vie. Elle m'a probablement sauvé.
L'air froid de l'intérieur du bâtiment me glace les tétons avant même que je n’y pénètre. Ça fait du bien pendant une seconde, puis je suis reconnaissant d'avoir noué un sweat à capuche autour de ma taille. Je vais en avoir besoin. Je suis également aveuglé par le gilet rose fluo que porte notre réceptionniste.
— B’jour, Gayle. Tu travailles tard c’soir, n’est c’pas?
Je force un peu sur l'accent, je sais, mais Gayle avale les sons.
Elle ne fait pas plus d’un mètre cinquante, et est à la tête de nos opérations. Je ne dirais pas qu'elle est la réceptionniste, même si c'est son titre officiel. Gayle Green est plutôt un amiral. Elle fait