Benjamin Biolay
Presque minuit 18, rue Dauphine, à Paris. Sur une petite table devant chez Volver, restaurant argentin, un costaud s’envoie un pavé de viande saignante. Il boit des coups avec Carlos Muguruza, le patron. Deux jeunes filles s’arrêtent, hésitent. « Vous êtes Benjamin Biolay? » Je rallie sa table. Une poignée de mains, pas de sourire, mais un échange de regards, de ceux que s’envoient deux joueurs avant un match. Le nouvel album de Biolay s’appelle Saint-Clair, comme le mont éponyme de Sète où le chanteur possède « une baraquette », « on dit comme ça », sa seule propriété. Benjamin Biolay n’est pas un client facile. Contourner la difficulté en s’appuyant sur ses textes? Ou la jouer comme lui, direct, frontal, à renfort de malbec?
Il chante: Il a beau assurer que ses chansons ne relèvent pas du journal intime, il refuse d’en dire plus: Noté. On sent de la nuit dans ce cœur-là. Jusqu’à 15 ans, il s’ennuie à crever: Insomniaque, il cherche familial. Sa mère est une héritière Opinel sans héritage, son père, rejeton de la bourgeoisie, est agent de maîtrise à la Mnef. Les nuits du chanteur s’éclairent quand l’orchestre où il joue se produit en Allemagne. Première cuite au schnaps à 12 ans. Initiation à Gainsbourg et au shit à 13. Melody Nelson . À 15 ans, il part au conservatoire à Lyon, hébergé chez la mère de sa meilleure amie, une prof agrégée d’économie qui lui fait corriger ses copies de terminale. Le soir, il joue du piano en sourdine, et chante bas.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits