Allons-y franchement : depuis son tube Caravane, rarement une chanson de Raphaël ne nous avait autant tenu au corps. Bien sûr, il y a dans la mélodie de L’Espoir un écho de steppe lointaine avec ses guitares cahotant sur des routes escarpées. Tout aussi entêtant, le texte cogne dans des recoins oublieux de notre mémoire. On ne sait trop ce que signifient des phrases comme : « Tu n’as pas de livres sur ton étagère / Tu ne connais ni ton nom ni ton père. » Ou bien : « J’ai marché dans le désert dans le fond de la mer / Je n’ai jamais rien connu d’aussi beau que toi. » Et pourtant, elles nous parlent terriblement ces lignes sibyllines, comme beaucoup dans les décors marécageux de l’éternel Prince d’Aquitaine de la chanson française qui ne semble cesser d’avoir 1 000 ans tant ses paroles s’inscrivent dans la lignée d’un vieux siècle courtois.
La place nous manque ici pour dresser la topographie d’un garçon né à ) ou de Manset (), les pépites ne manquent pas, du single élastique à la virée nocturne dans le reflet cruel d’une joliment odieuse. On allait oublier de mentionner le titre de ce dixième album à la croisée de la ritournelle pop et de la compo expérimentale : nous laisse à croire qu’elle pourrait recommencer à 48 ans. Rencontre sur les hauteurs de Montmartre avec le musicien, romancier et nouvelliste goncourisé à d’autres périodes de l’année.