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Serge Fiori : S'enlever du chemin: Biographie
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Livre électronique441 pages6 heures

Serge Fiori : S'enlever du chemin: Biographie

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À propos de ce livre électronique

Près de trente-cinq ans après la dissolution du mythique groupe Harmonium, Serge Fiori se livre à Louise Thériault, qui dresse de lui un portrait tout en nuances, plein d’empathie mais jamais complaisant. Grâce à des dizaines d’heures d’entrevues – tant avec Fiori lui-même qu’avec ceux qui ont jalonné sa vie personnelle et professionnelle –, l’auteure nous relate, depuis son enfance italienne jusqu’à l’éclosion de son immense talent, comment Serge est devenu Fiori, comment Harmonium est né et a vécu, dans un Québec en pleine effervescence culturelle et politique.

Sa relation à son père et à sa mère, sa peur de la folie, sa spiritualité, son rapport complexe aux autres musiciens, son engagement politique, le culte de la personnalité que lui vouent ses admirateurs et qui le dépasse, les raisons de son retrait de la vie publique; rien n’échappe à la plume tout en finesse de Louise Thériault, qui fut son amoureuse, puis son amie et sa confidente.

Elle nous raconte la carrière désormais dans l’ombre que mène Serge Fiori depuis cette rupture, depuis qu’il s’est «enlevé du chemin», rongé par le doute et l’angoisse, et sa vie personnelle jusqu’à aujourd’hui.

Un portrait fascinant, un plongeon au cœur de l’âme et de la fragilité d’un homme qui a consacré sa vie à la musique, mais dont l’ego n’a jamais atteint l’immense ampleur de son talent.
LangueFrançais
Date de sortie8 mai 2013
ISBN9782897210267
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    Aperçu du livre

    Serge Fiori - Louise Thériault

    Serge Fiori

    s’enlever du chemin

    Louise Thériault

    Serge Fiori

    s’enlever du chemin

    Les Éditions du CRAM

    1030, rue Cherrier, bureau 205

    Montréal (Québec) Canada H2L 1H9

    Téléphone : 514 598-8547

    Télécopie : 514 598-8788

    www.editionscram.com

    Direction littéraire : Pierre Lavigne

    Révision : Michel Samson

    Conception graphique : Alain Cournoyer

    Révision des épreuves : Marie Desjardins

    Correction : Hélène Bard

    Photo de couverture et photo de l’auteur

    © Marie-Claude Tétreault

    II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation de la maison d’édition.

    La reproduction de cette publication, par quelque procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d’auteur.

    Dépôt légal – 2e trimestre 2013

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    Copyright 2013 © Les Éditions du CRAM

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Thériault, Louise

    Serge Fiori : s’enlever du chemin

    (Biographie)

    Comprend des réf. bibliogr.

    ISBN Imprimé 978-2-923705-42-2 EPUB 978-2-89721-026-7 PDF 978-2-89721-200-1

    1. Fiori, Serge, 1952. 2. Harmonium (Groupe musical) - Histoire. 3. Chanteurs - Québec (Province) - Biographies. 4. Compositeurs - Québec (Province) - Biographies. 5. Paroliers - Québec (Province) - Biographies. I. Titre.

    ML420.F517T43 2013  782.42164092      C2013-940488-0

    Version ePub réalisée par:

    www.Amomis.com

    Amomis.com

    TABLE DES MATIÈRES

    Préface

    Prologue

    Introduction

    Chapitre 1 : Une jeunesse à l’italienne

    Giuseppe

    Albertine

    Georges

    Claire

    Enfance

    Adolescence

    Bad trip

    Chapitre 2 : Harmonium

    Naissance d’Harmonium

    Album Harmonium

    Album Si on avait besoin d’une cinquième saison

    Album l’heptade

    Saint-Jean 1976

    Tournée hybride

    Les aléas des tournées

    Tournée des théâtres

    Rencontres d’idoles et convention de la CBS

    L’heptade dans les arénas et les centres sportifs

    L’histoire d’un fan

    Début des problèmes du groupe

    René Lévesque et le Parti québécois

    Chapitre 3 : L’après-Harmonium

    Fiori-Séguin

    Après Fiori-Séguin

    Marie-Claire

    Retour à Montréal

    Voyage de méditation en Californie

    Une nouvelle orientation : l’électronique

    Album solo

    Nanette

    Majoly

    Minisérie et nouvelles rencontres

    Angoisse, quand tu me tiens…

    D’autres rencontres

    Offre documentaire

    Mon histoire avec Serge

    Québec sur ordonnance

    Babine

    Première rencontre avec Hélène

    Conclusion

    Remerciements

    Il n’y a point de génie sans un grain de folie.

    Aristote

    PRÉFACE

    On est là, tout nus

    Vivants, fragiles

    Comme des enfants de l’éternité

    Je nous entends rêver d’une plus grande place pour s’aimer

    D’abord une voix. En tout premier lieu, une voix.

    Familière dès la première écoute. La voix d’un frère, d’un proche, d’un intime. La voix de quelqu’un qui nous veut du bien, qui se berce tellement lui-même qu’il nous berce avec lui. C’est la voix de l’air du temps, quand l’air est celui du printemps et qu’on ouvre les fenêtres pour la première fois. La voix d’un enfant. Celle qui traîne dehors depuis toujours et qui trouve son chemin jusque chez nous à force de mots et de musique. Une voix libre, une voix qui va là où l’émotion l’appelle, une voix qui ne s’excuse de rien.

    Un chat de ruelle, cette voix.

    Suave, heureuse, tragique. Et tendre. Si tendre qu’elle fait chanter les silences. Une voix qui se perche, qui se suspend à fleur d’âme comme si elle attendait qu’on lui réponde quelque chose avant d’attaquer la prochaine note, le prochain mot. Comme une invitation, une place à prendre pour qui veut la prendre. Une voix parfois si aérienne qu’on peut presque s’imaginer la voir se détacher, s’envoler de la chanson et tournoyer dans le salon. Et parfois si près de l’asphalte qu’elle nous creuse le cœur à vouloir planter quelque chose dedans. Une histoire, nos histoires.

    Une voix qui veut désespérément appartenir à quelque chose, qui veut faire partie de quelque chose, qui a besoin d’être du « nous ». C’est la voix de Serge. Abandonnée, exposée, fragilisée. C’est du grand art. Le virtuose qui se rend toujours jusqu’au déséquilibre, jusqu’à l’endroit où il redevient petit et transparent ; un être humain, non pas armé de musique mais au contraire, déshabillé par elle. Un frère, quoi. Un artiste qui porte en lui la conviction qu’on est tous les mêmes à la base, qu’on partage les mêmes douleurs, les mêmes joies et les mêmes faiblesses. Un artiste qui résiste à la tentation, si même tentation il y a, de devenir adulte, de se vêtir de cette prétention étrange qui consiste à croire qu’on a compris le monde, la vie, l’amour et les sous. Cette prétention qui interdit toute beauté et qui tue la création dans l’œuf. Serge s’en est tenu loin. Il a fait le pari du désarmement, de la fragilité et de l’enfance à tout prix. Il a fait le pari de l’innocence.

    Donne la vérité, j’ai faim

    Donne-moi du bonheur, j’ai peur

    Y a rien que toi qui peut l’savoir parce que moi je sais rien

    Et puis la musique ! En deuxième lieu, la musique.

    Tout simplement prodigieuse. Une musique qui ne ressemble à aucune autre. De sublimes mélodies qui restent gravées à jamais dans nos cœurs. Des refrains d’une simplicité désarmante, des suites d’accords, une mixité des rythmes d’une complexité ahurissante. Une complexité qui trahit la virtuosité du compositeur. Une simplicité qui trahit son honnêteté. Les deux à la fois. Tout comme sa voix, la musique de Serge va là où l’émotion l’amène. Elle ne triche pas. Elle ne s’encombre pas des règles établies ni même des tendances du temps. Elle court, elle danse dans le sens du sentiment. Elle suit le frisson. Elle coule le long de la colonne vertébrale pour se rendre jusqu’au ventre. Une musique sensuelle, libre et téméraire. Une musique qui, comme la voix, ne s’excuse de rien.

    Une musique qui me souffle.

    Je viens d’écouter L’exil. Pour la millième fois. Et un peu encore pour la première fois. Et ça me fait un trou au cœur par où ça passe. Et ça me l’ouvre. Et ça me le remplit. Une berceuse toute triste et tendre au début, compassée et pleine du « nous » dont je parlais plus haut et soudainement, ce cri de douleur, ce morceau d’opéra italien tout droit sorti des ruelles montréalaises. Et ça coupe le souffle. Le temps s’arrête et on s’arrête avec lui. Une charge insoutenable. Et je me demande par où cela est passé avant de se rendre jusqu’à moi, avant de faire son chemin jusqu’à m’appartenir complètement. M’appartenir tellement que je ne sais plus trop bien, en l’écoutant, où je commence et où la chanson finit. Et la réponse est simple. C’est passé par Fiori. C’est passé par Serge.

    Et je me demande comment il a eu l’effronterie d’écrire l’heptade, comment a-t-il osé viser si grand, si large. Il me répondrait probablement qu’il n’a rien visé du tout, que c’est la musique elle-même qui l’a visé lui, et qu’il s’est juste contenté de ne pas la déranger, qu’il était dans la « zone », comme disent les athlètes. Il a probablement un peu raison, mais toujours est-il qu’au départ, ça aide si l’homme qui est dans la zone est un musicien redoutable. J’aurais beau m’enlever du chemin jusqu’à demain matin, je ne crois pas que j’accoucherais de Chanson noire de sitôt. Et bien sûr, je ne minimise pas l’apport extraordinaire de tous ces artistes qui l’ont accompagné dans cette aventure, chacun a trouvé sa place pour enrichir le matériel. Mais quel matériel ! Je déteste les palmarès, mais je tiens l’heptade pour le plus grand album québécois que j’ai entendu. Un objet en soi, une œuvre singulière, d’une richesse inouïe, de la très grande musique.

    Me reconnaissez-vous ?

    C’est moi le crisse de fou qui marche sur la ville

    Et puis il y a Serge.

    Une âme en forme de guitare, de la musique avec des gros doigts. Que même lorsqu’il parle, il chante. Il prend les mots par la taille et les fait danser jusqu’à la fin de sa phrase. C’est mélodieux, ça coule le plus simplement du monde. Que ce soit pour dire des bêtises, parler de hockey, de sexe ou de politique, ça chante. Il a littéralement de la musique sur le bout du cœur. C’est une chanson, cet homme.

    C’était une idole de jeunesse. C’est devenu mon ami. Et je n’arrive toujours pas tout à fait à réconcilier les deux. C’est que Serge ne ressemble pas vraiment à l’idée que je me faisais de lui, il ne ressemble pas du tout à ce gourou en salopette blanche que je m’imaginais. Il n’est pas un « fou » de Jésus et il ne mange jamais de luzerne. Il ressemble en fait à sa musique : simple, complexe, chaleureux et fragile. D’une candeur désarmante. Et drôle ! Capable des pires pitreries. Capable aussi d’une affection franche et généreuse quand il se sent en confiance. Un être d’instinct et d’émotion qui n’a jamais trahi son enfance. Un ti-cul. Facile à trouver, dur à attraper, parce que fragile et échaudé. Parce qu’il négocie avec cette folie qui parfois lui fait mal et qui parfois lui donne accès aux bonheurs les plus simples.

    J’étais chez Serge avec Henri, mon fils de quatre ans. Je me souviens que c’était l’après-midi et qu’il faisait soleil. Serge a sorti sa guitare, ce qu’il ne fait pas souvent. Mon gars, qui adore la musique et qui connaît Harmonium, s’approche de lui pour voir l’instrument de plus près. Serge commence à jouer doucement et puis tout d’un coup, comme ça, sans avertissement, les accords d’Un musicien parmi tant d’autres retentissent dans la pièce. Et je suis sidéré parce que ça n’arrive jamais. Et mon fils qui sourit en tapant du pied. Et moi je ne bouge pas, parce que je me dis que, putain ! mais c’est qu’il va la chanter ! Et puis la voix, la voix de mon frère, cette voix qui m’accompagne depuis trente ans, résonne dans le salon ensoleillé ! Une main sur une épaule, chacun a bien joué son rôle… Et je fais comme si c’était normal, parce que je ne veux pas en faire de cas, parce que je ne veux rien déranger. Et soudainement je ne suis plus chez mon ami, je suis chez Serge Fiori et je me demande comment j’ai bien pu faire pour aboutir là. Et j’ai le cœur qui bat trop fort. Il en est à la moitié de la chanson, il va sûrement se rendre jusqu’au refrain final…

    Et une voix. Une petite voix qui dit : « Non pas celle-là, chante l’autre… » C’est mon garçon qui demande à Serge Fiori d’arrêter de chanter Un musicien parmi tant d’autres parce qu’il veut entendre Histoire sans paroles. Et Serge qui éclate de rire et qui se retourne vers moi en disant : « C’est tellement parfait, ça peut pas être plus parfait… »

    Et puis les accords d’Histoire sans paroles. Et Henri et Serge qui commencent à fredonner cet air si merveilleux. Et je me joins à eux. Et je sais que c’est à cause d’Henri que Serge a chanté.

    Et nous voilà trois dans la pièce ensoleillée ; une petite gang qui chante une toune d’Harmonium.

    Envie de dire merci à mon ami. Je ne me sens jamais seul en l’écoutant. J’ai l’impression de faire partie de la chanson, d’y être invité. De faire partie de la gang. De faire partie de ces gens qui ont quelque chose à raconter.

    Luc Picard

    PROLOGUE

    Année 1976. Comme de très nombreuses adolescentes de mon âge, j’étais rapidement devenue une fan finie d’Harmonium. À l’époque, j’avais à peine treize ans, mais déjà, je fredonnais toutes les chansons du groupe, que je connaissais par cœur. Pochettes de disques en main, j’avais appris toutes les paroles en rêvant à ce beau brun aux cheveux longs et au regard angélique, qui emplissait mes oreilles de sa voix, et mon cœur d’espoir. Assise au salon du bungalow familial, écouteurs sur la tête, j’imaginais et j’enviais la femme qui devait se trouver à ses côtés.

    Lorsque mon frère, de neuf ans mon aîné, m’a proposé, en 1978, de l’accompagner au Centre sportif de l’Université de Montréal pour assister à l’heptade en concert, j’ai cru que mon cœur s’arrêterait de battre. Après avoir supplié ma mère de me permettre de vivre cette première expérience de concert, je suis partie à Montréal avec mon frère et ma copine Christine. Cette soirée, jamais je n’allais l’oublier. Assise dans les premières rangées du théâtre, je n’ai rien perdu du spectacle : chaque note, chaque intonation, chaque mouvement se sont gravés en moi de manière indélébile. Le regard rivé sur Serge Fiori, j’ai chanté, dansé et jubilé toute la soirée.

    Pétard à la main, nous avons terminé notre mémorable concert en fredonnant Ça fait du bien, une pièce que Fiori nous avait gracieusement offerte en fin de spectacle avec Richard Séguin.

    Je me souviens d’avoir été impressionnée de voir autant de gens chanter et danser des heures durant, déambulant dans le cimetière du mont Royal, longtemps après le spectacle, le cœur rempli de gratitude, comme le mien l’était.

    J’étais loin d’imaginer qu’un jour, je partagerais le quotidien de mon idole. Et encore plus loin de moi l’idée qu’éventuellement, j’écrirais son portrait. Mais plus important encore : je n’aurais jamais pu croire que cet homme deviendrait un ami si précieux.

    Lorsque, plus de dix ans plus tard, en 1989, je me suis relevée d’une période noire et que j’ai entrepris une démarche de thérapie, c’est au son de la musique de l’heptade que j’ai réussi à traverser cette période de souffrance profonde dans laquelle j’étais certaine de m’enfoncer à jamais. J’avais vingt-six ans à l’époque. Je m’étais enlisée dans la dépendance et je me consacrais à devenir sobre. Assistée par mes amis et ma famille, je peinais à me remettre des conséquences nombreuses que ma consommation avait engendrées. Endettée jusqu’au cou, sans boulot, j’habitais un minable logement où je n’avais, pour toutes possessions, qu’un matelas, l’ancienne chaîne stéréo familiale, quelques ustensiles et mon album de l’heptade.

    Le soir, prise de panique devant la nuit et la solitude, je mettais mon 33 tours sur le tourne-disque et c’est au son de la chanson Comme un sage, dernière pièce de l’album, que je trouvais refuge dans le sommeil. Je me souviens que mon ami Bob Beauchamp, anciennement directeur de CKVL et CKOI, venait parfois me border. Il savait que ma thérapie du soir, c’était la musique d’Harmonium. Il mettait mon « long jeu », et je m’endormais doucement au son de la voix de Serge Fiori, qui m’invitait à monter dans les nuages.

    La vie, qui fait parfois bien les choses, a voulu que presque vingt ans plus tard, nous devenions des amoureux, Serge Fiori et moi, puis des amis. Le lien de confiance entre nous est à la base de ce portrait biographique. Durant les deux années qui ont précédé la parution de cet ouvrage, nous nous sommes rencontrés, Serge et moi, durant de longues soirées. Il s’est confié à moi, lors de moments mémorables ; il a passé du temps à fouiller dans son passé, à rire de certaines anecdotes, à pleurer à l’évocation d’autres moments plus touchants, à se questionner sur ce qu’il convenait de livrer. Il était soucieux de partager à cœur ouvert les moments importants de sa vie d’artiste, tout en préservant un peu d’intimité. Grâce aux témoignages de tous ceux qui ont partagé sa vie et qui ont eu la générosité d’évoquer à leur tour leurs souvenirs, ce livre a pris la forme d’un portrait, tout en nuances, de l’homme-musicien qui est devenu l’âme d’Harmonium.

    Obtenir les confidences d’un homme qui a passé la plus grande partie de sa vie à cacher les raisons de son départ de la scène artistique, ce n’était pas une mince tâche, parfois. Ce fut pour lui une thérapie en profondeur, où ses zones d’ombre et de lumière ont émergé, et c’est à coups de dépassements et de dévoilements que Serge Fiori se livre ici.

    À ce grand homme, Serge Fiori, qui a marqué la culture québécoise et qui ne pourra jamais être oublié : merci pour ton œuvre, ta confiance et ton amitié.

    INTRODUCTION

    Ma tête s’est mise à bouger

    Comme le bout d’une chandelle

    La raison part en fumée

    On n’aura plus besoin d’elle

    La flamme sort des deux côtés

    Moi, j’brûle d’la tête aux pieds

    Au milieu de mon corps

    Monte un grand corridor

    Le corridor

    Seize juin 2011, bureau de l’éditeur. Serge Fiori propose le titre S’enlever du chemin pour l’ouvrage qui lui sera consacré. Il justifie ainsi son choix :

    « J’ai compris très jeune que la seule façon d’être vraiment soi-même, c’est de s’enlever du chemin. Toute notre vie créative, amoureuse, spirituelle et musicale consiste à enlever l’ego de réaction et de personnalité, à nous soustraire des programmations de notre enfance, de notre éducation et de tout ce qui forme notre fausse identité. Je crois que nous sommes tous fondamentalement pareils dans l’énergie pure.

    « Pour avoir de vraies relations, de vraies créations, nous devons guérir nos blessures non par la thérapie verbale, mais par la thérapie personnelle énergétique. Et la seule façon de le faire, c’est de s’enlever du chemin. »

    Comme le précise Serge Fiori, s’enlever du chemin consiste à dériver sur un fleuve inépuisable de gestes, de paroles et de réactions qui ne proviennent pas de la personnalité, mais bien de l’énergie commune. Cette énergie particulière ne peut en aucune façon surgir de l’ambition personnelle et de l’arrogance de celui qui se perçoit au-dessus de tout, de celui qui, précisément, se trouve dans le chemin, le bloque, mais s’imagine être l’auteur, le créateur. « Nous sommes tous des ti-pouts », ajoute-t-il dans son langage imagé ; « tu ne peux pas être arrogant face à la multitude, tu ne peux pas être arrogant face à un individu, tu ne peux même pas être arrogant face à toi-même. » C’est que dans la création pure, le geste ne provient pas de soi, mais de ce fleuve qui nous emporte, de ce corridor qui s’ouvre au milieu de notre corps.

    Le Bouddha lui-même offre une belle illustration de ce précepte si cher au musicien, qui consiste à s’écarter du chemin. Malgré le fait qu’il ait été prince et roi, le Bouddha historique a reconnu qu’il ne s’élevait point au-dessus des autres et, par conséquent, qu’il ne pouvait gouverner qui que ce soit. Il s’est donc retiré longtemps au pied d’un pipal (l’arbre de la Bohdi, la révélation), afin de parvenir à se dépouiller des écorces de sa personnalité. Ce faisant, il s’est écarté du chemin que la royauté lui avait tracé.

    « Il faut arriver à s’asseoir dans le fond. C’est un peu comme un verre d’eau avec du sable dedans. Le sable étant la personnalité, si tu ne bouges pas, le sable se dépose au fond du verre. Si tu bouges, il se soulève, se mêle à l’eau qui devient embrouillée. Il faut apprendre à ne pas bouger. Quoi que l’on fasse de sa vie, il y a quelque chose en nous qui ne bouge pas, une lumière, une énergie située dans la colonne vertébrale qui est accessible, comme la lumière est toujours présente lorsqu’on actionne l’interrupteur d’une lampe.

    « De plus, si nous parvenions à nous enlever du chemin, même en relation, nous gagnerions vers l’autre. C’est parce que nous nous amenons avec des projets, des attentes et des programmations que nous cessons de prendre l’autre pour ce qu’il est. Les journées où mon interrupteur n’est pas à on, je ne reçois pas les messages de ma blonde pour ce qu’ils sont : des idées, des points de vue, des émotions. Coupé de la lumière, je les reçois comme une menace et je n’y réponds plus par l’écoute, et l’accueil de ce qui est là pour elle. »

    Lorsqu’il parvient à s’enlever du chemin en s’armant de patience et en accomplissant des gestes aussi quotidiens et simples que saisir sa guitare et en jouer pendant des heures, Serge arrive à se nourrir de cette énergie commune qui le fascine. Un accord surgit soudain, qui en entraîne un autre, et d’autres encore qui se combinent, deviennent mélodie et enfin appellent sa voix ; en osmose et en harmonie, le tout coule et se mêle au fleuve intarissable de la création. Ces instants magiques, il se sent privilégié de les avoir vécus à maintes reprises.

    Pour Serge Fiori, se retirer du chemin qui constituait une assise importante de sa vie artistique – la scène – a suscité en lui une souffrance innommable, encore présente aujourd’hui, et devant laquelle il ressent une impuissance infinie.

    En effet, il a dû abandonner ce qu’il aimait autant que la musique elle-même : la performance live. Il lui a fallu s’abstenir d’aller à la rencontre de son public afin de percevoir ce fleuve à l’intérieur de lui : il lui fallait renoncer à faire l’amour à l’audience et s’éloigner ainsi de l’extase de la grande communion avec l’autre afin de se retirer de la vie publique, rompant avec une carrière qui s’apprêtait à prendre son envol sur la scène internationale.

    Tranquillement, répondant à un simple réflexe de survie, Serge Fiori a alors commencé à s’effacer.

    Il s’est enlevé du chemin.

    S’enlever du chemin est devenu un art de vivre pour Serge : il tente d’appliquer cette philosophie dans ses relations, dans ses créations, ainsi que sur les plans physique et matériel. Il avoue toutefois ne pas toujours y parvenir : « Ce sont de belles théories, mais il y a des moments où je me pète la gueule ! Des moments où l’ego et la personnalité me mènent : vais-je y arriver ? Suis-je à la hauteur ? Les gens vont-ils m’aimer ? Ma toune est-elle bonne ? » Dans ces moments-là, Fiori accepte le questionnement et observe dans le miroir le clown qui lui fait face ; il le laisse faire ses grimaces et attend que le calme revienne.

    Je ne veux pas paraître trop ésotérique, mais je trouve que les affaires les plus brillantes qu’on crée ne viennent pas de nous. On a juste laissé passer l’énergie, on a été visité par la grâce. Pour avoir écrit cette musique, Serge Fiori a été visité par la grâce très jeune. Tous les deux, nous partageons cette vision et cet espoir d’être visités par la grâce.

    Luc Picard

    CHAPITRE 1

    Une jeunesse à l’italienne

    Où est allé tout ce monde

    Qui avait quelque chose à raconter

    On a mis quelqu’un au monde

    On devrait peut-être l’écouter

    Un musicien parmi tant d’autres

    L’enfance de Serge Fiori se révèle aussi solitaire et sombre que la maison dans laquelle il a grandi. Fils unique de Georges Fiori et de Claire Dauphinais, il est l’un des derniers descendants masculins de la lignée de Giuseppe Fiori, son grand-père.

    Giuseppe

    En termes imagés, Fiori décrit son grand-père comme un morceau de granit qui n’a pas été façonné entièrement, qui aurait dû être sculpté, mais dont l’artiste se serait désintéressé avant d’avoir terminé son œuvre.

    Tout, chez cet homme, lui faisait peur : son physique imposant, ses gros pieds, son nez proéminent, sa voix rocailleuse, son accent italien prononcé. Bien qu’il ait vécu au Québec jusqu’à sa mort, l’homme n’a jamais réussi à parler un français correct. Il ne parvenait même pas à prononcer convenablement le prénom de son petit-fils : soit il utilisait l’expression mio filio, soit il l’appelait Shergué. Les autres enfants de la famille évitaient le grand-père et c’est Serge qui, à contrecœur, se retrouvait sur ses genoux, étouffé par les embrassades du vieil homme et assailli de chatouillis dans les oreilles : « Ça me gossait d’être son préféré ! » reconnaît-il.

    Pourtant, l’homme le fascinait. À ses yeux, il représentait un insondable mystère : une partie importante de ses origines. Sans les racines italiennes que son grand-père lui a transmises, il n’est pas certain que Serge aurait exécuté la musique qu’il a composée de la même façon. On a souvent fait remarquer à Fiori qu’il y avait l’influence d’un Ennio Morricone chez lui. Le musicien d’Harmonium, pour sa part, croit plutôt que c’est son grand-père qui lui a instillé ces valeurs italiennes, liées à la musique romantique. Lorsqu’il repense à son aïeul et qu’il se remémore l’intrigant paradoxe entre son côté mafieux et bandit, et son goût prononcé pour le décorum, les parures et les soupers officiels, Serge évoque la scène du mariage qui apparaît au début du film Le parrain de Coppola : alors que la cérémonie bat son plein, le parrain, de son côté, fait du business et traficote dans son bureau !

    L’enfance de Fiori, c’est la démesure italienne. Il l’a vraiment constaté en voyant la trilogie de Coppola et en s’imprégnant de la musique de Nino Rota, qui le rejoint profondément. Cette fascination va laisser des traces dans l’œuvre de Serge Fiori. Au sein de sa musique se manifeste un côté résolument nationaliste québécois. Il ressent de vifs sentiments d’appartenance, de fidélité et de loyauté à l’égard du Québec ; ces sentiments, ce sont ses racines italiennes qui en sont responsables. La chose peut sembler contradictoire, mais pour Fiori, ça ne l’est pas : il a peut-être choisi le contexte québécois, mais il exécute le tout à l’italienne.

    Lorsqu’il repense à son grand-père, Serge comprend immédiatement pourquoi il se sent sicilien dans l’âme, et québécois sur le plan du cœur. Pourtant, bien qu’il admette l’héritage italien de Giuseppe, Serge Fiori garde le souvenir d’un homme aussi fascinant qu’inquiétant : il se reconnaissait peut-être en son grand-père, mais jamais il ne parvint à bien le cerner et à entretenir des rapports affectifs avec lui. Giuseppe s’avérait un homme distant, toujours isolé du reste de la famille : dans sa demeure, quand la fête battait son plein et que la famille festoyait bruyamment dans la cuisine, lui demeurait au salon, installé devant des piles de papiers et de licences – il avait la responsabilité de les attribuer, parfois un peu arbitrairement – et de liasses de billets de banque attachées par des élastiques, magouillant au téléphone, s’engueulant avec l’un ou l’autre de ses interlocuteurs. Puis, vers deux heures du matin, il enfilait son manteau et disparaissait dans la nuit pour ne rentrer qu’au petit matin. Pas étonnant que Le parrain ait tant marqué le musicien.

    Chacun devient le premier homme

    Sorti d’une autre forme

    La terre lui fournit un visage

    La lune lui donne son langage

    Le premier ciel

    Revenons en arrière.

    Lorsque Giuseppe débarque à Montréal au début du siècle, il est loin de s’imaginer qu’il va engendrer une famille de musiciens, encore moins que le nom de Fiori marquera l’histoire de la musique au Québec. Né dans un village des Abruzzes, il n’a que dix-sept ans lorsqu’il arrive dans la métropole. Certains membres de la famille croient que Giuseppe aurait troqué Fioré, son nom original, pour celui de Fiori, tant il est rare de trouver cette dénomination dans la région des Abruzzes. Fiori serait plutôt un patronyme répandu en Corse.

    Giuseppe se marie à Alida Giraldi (surnommée Ida), elle-même d’origine italienne, mais née au Québec ; son épouse lui donne quatre enfants : trois garçons et une fille. Naissent ainsi tour à tour Émile, Frank, Palmira et Georges, le père de Serge. La famille s’établit dans la Petite Italie et tous les bébés sont baptisés à l’église Notre-Dame-de-la-Défense. Tous les membres de la famille, à l’exception de Giuseppe, parlent couramment trois langues : le français, l’anglais et l’italien. De son côté, Giuseppe baragouine tout juste le français et l’anglais, les mélange allègrement et gardera un fort accent tout au long de sa vie. Incapable de prononcer des mots aussi simples qu’Aspirine (casparina, dira-t-il), il s’impatientera régulièrement de n’être pas compris.

    Giuseppe fixe, dans sa chambre, des affiches de Daniel Johnson (le père) et de John Diefenbaker ; il s’implique aussi aux élections pour le compte de l’Union nationale, dont il est l’un des organisateurs. Il gagne par ailleurs sa vie en exécutant de menus boulots que, selon ses proches, il conviendrait davantage de qualifier de petites magouilles. Il prend en charge la fanfare du quartier, promet ici et là des permis qu’en vain il tentera, toute sa vie, d’obtenir pour lui-même. Malheureusement, toutes ces combines ne lui rapportent pas suffisamment pour loger sa famille dans des appartements assez spacieux pour lui convenir. Malgré le fait qu’Alida travaille en tant que couturière une grande partie de sa vie, le couple n’arrivera jamais à joindre les deux bouts, déménagera souvent dans de minuscules logements et, en désespoir de cause, devra plus tard requérir l’aide de leurs trois fils qui s’uniront pour le soutenir financièrement.

    En dépit de la pauvreté et des petits logements, il y aura tout de même beaucoup d’amour et de joie au sein de la famille Fiori. Tous les dimanches, Ida et Giuseppe reçoivent enfants et petits-enfants pour un repas de spaghettis et l’esprit de ces rencontres est toujours à la fête. Les trois frères font de la musique, se déguisent, chantent, rient : ils jouent aux cartes, boivent parfois de la bière et s’amusent souvent à parler en double-talk, une espèce de langage ambigu et délibérément évasif à l’endroit des victimes, objets de leurs propos.

    Giuseppe incarne le portrait de l’Italien typique de la rue Dante. Ce patriarche imposant et strict, qui refusait de payer le pizzo à la mafia pour la protection des nombreux restaurants qu’il a possédés et qui, curieusement, ont tous brûlé, possédait une mémoire prodigieuse... Sur les fiches où il inscrivait les numéros de téléphone de ses multiples contacts, aucun nom n’apparaissait jamais : il conservait tout cela en mémoire.

    Giuseppe n’est retourné qu’une seule fois en Italie : il avait alors soixante-cinq ans. Il s’est éteint une quinzaine d’années plus tard, soit à l’âge de soixante-dix-neuf ans, après avoir vieilli comme il avait vécu : introverti, mais entouré de sa famille.

    Au sein de la famille Fiori, Palmira, seule fille de Giuseppe et Ida, était la personne la plus proche de Georges, le père de Serge. Elle était mariée à un policier au tempérament violent, Paul. Elle a donné naissance à deux filles, Christiane et Carole ; ces deux cousines seront déterminantes durant l’enfance et l’adolescence de Serge. Elles habitent la même rue que celui-ci, et des liens puissants se forgeront entre les cousines et le cousin, et seront à l’origine d’un instinct de protection très fort de la part de ce dernier à leur égard ; c’est que ses cousines, à la fois témoins et victimes de violences à la maison, accourent toujours auprès de Serge pour se réfugier, et lui confier leurs lourds secrets.

    Quant à Georges, le cadet de la famille, il avait hérité de son père un charisme incontestable, une prestance imposante et un sens de la séduction qui faisaient se pâmer les femmes. Bien qu’il n’ait partagé son existence qu’avec Claire Dauphinais, la mère de Serge, Georges était un véritable charmeur.

    Albertine

    Des années pour gagner

    Paix et tranquillité

    Conformément établi

    Pour la vie

    Le travail, la maison

    Les obligations

    Attends-moi

    Serge Fiori a sept ans quand Albertine Dauphinais, sa grand-mère maternelle, une femme douce et généreuse que tout le monde aime et apprécie, emménage avec eux dans le bungalow de Laval. Elle y demeurera durant six années. La présence rassurante de cette femme, ses enseignements et la complicité qui existe entre Serge et elle, constitueront les fondements solides de l’identité québécoise du petit Fiori, qui avait jusqu’alors surtout expérimenté et intégré le côté italien de la famille. C’est sa grand-mère Albertine qui l’initie à l’anglais, au cinéma, à la danse, à l’art en général, à la musique – l’autre musique – et à la société. Son petit-fils lui doit son éveil aux arts et à la culture. Sans elle et son apport majeur dans la découverte de la grande musique, Fiori serait sans doute devenu chanteur de club, comme son père ou, au mieux, crooner à Vegas.

    Le grand isolement qui caractérise son enfance, qui lui cause encore aujourd’hui des problèmes, se trouve adouci par la présence et la chaleur d’Albertine. Consciente que la vie de famille chez les Fiori est pour le moins inhabituelle et peu propice au développement d’un enfant, elle décide d’emménager avec eux et, dès lors, tient maison et s’occupe de tout. Georges s’avère un père toujours absent et Claire, submergée de travail et indifférente au bien-être de son fils, gagne son lit dès qu’elle rentre du travail : à sept heures du soir, elle dort déjà. L’arrivée d’Albertine au foyer familial va littéralement sauver Serge de la solitude dans laquelle il demeurait cantonné. Elle prend tout en charge : elle prépare les repas, supervise les devoirs et les leçons du petit, prend soin de Claire et de Georges, en plus de s’occuper de son mari, un alcoolique chronique qui effectue des razzias quotidiennes dans le bar de Georges, tout en lui causant grand tort en répandant dans le voisinage de nombreux ragots à son propos. La présence attentionnée d’Albertine assure un semblant d’unité à cette famille dysfonctionnelle.

    Le soir venu, Claire endormie et Georges parti, elle descend en douce chercher son petit-fils et l’entraîne à sa suite dans sa chambre. Le garçon adore et anticipe ce rituel ; afin de ne pas vexer Claire, Serge fait semblant d’aller se coucher quand sa mère le lui ordonne puis, étendu sous la couverture, attend impatiemment que sa grand-mère vienne enfin le chercher. Parvenus dans la chambre d’Albertine, le garçon et sa grand-mère s’installent devant le téléviseur et discutent de choses et d’autres jusqu’au petit matin. L’enfant a beau aller à l’école le matin venu, cette soif d’apprendre qu’étanche Albertine remplace les nuits complètes de sommeil, et ces heures passées en compagnie de sa grand-mère le dynamisent beaucoup plus qu’elles ne le fatiguent. Au sein de cette chambre devenue son refuge, Albertine initie Serge à la vie, à la culture, au monde. Ensemble, ils écoutent et commentent les documentaires diffusés en français ou en anglais : c’est qu’Albertine a très tôt enseigné l’anglais à son petit-fils.

    Serge a cinq ans quand, un jour qu’il joue près de sa grand-mère, celle-ci se met subitement à lui parler en anglais. Perplexe, l’enfant s’interroge sur ce qu’elle dit ; peu après,

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