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Quatrain de saisons: L'été
Quatrain de saisons: L'été
Quatrain de saisons: L'été
Livre électronique142 pages1 heure

Quatrain de saisons: L'été

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À propos de ce livre électronique

Nous irons nous promener dans les champs, un épi de blé tendre en bouche. Nous parlerons de nos échecs et de nos entraves. Nous parlerons de notre passion. Tu souffleras sur nos serrures. Elles partiront en fumée, dans une légère brise de feu que nous happerons de nos mains. Les flammes s’écarteront à chacun de nos brassages pour se refermer aussitôt. Nous coudrons ton feu au mien et nos cicatrices disparaîtront. Des gardiens lumineux dispersent une nuée de poussières d’anges sur notre passage. Elles scintillent, pour retomber à nos pieds dans une extrême gravité. Les particules se télescopent en tournoyant, se pressent dans des brasillements individuels. Ils sont par terre, éparpillés comme au lendemain d’une joyeuse fête. Je ramasserai une poignée de cotillons rouges que je fixerai sur tes cheveux. Je te regarde. Tu seras coiffée d’un arc en ciel, fait de fragments délicats. Qu’as-tu emporté avec toi ? Des incendies, des trêves et des rêves d’unions qui m’écorchent encore le cœur… Miren est morte voilà dix ans. Je ne le découvre qu’aujourd’hui.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Chaouki Dachraoui - L’auteur raconte son immigration en Belgique à travers ses quatrains. Le premier était "un printemps tunisien", déjà édité par 5 sens éditions. Dans ce nouveau recueil, il nous livre un été torride fait de passions et de déchirements. Il apprend à aimer, sans retenue, sans interdits, sans surveillance. Une recherche intérieure libre qui va le conduire à des excès. Il vit à l’intérieur d’un musée qu’il nous livre dans ses moindres recoins.
LangueFrançais
Date de sortie12 avr. 2024
ISBN9782889496518
Quatrain de saisons: L'été

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    Quatrain de saisons - Chaouki Dachraoui

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    Dachraoui Chaouki

    Quatrain de saisons

    L’été

    Du même auteur

    – Quatrain de saisons, le printemps

    Roman, 5 Sens Editions, 2021

    Flamenco.

    Les pirouettes de sa robe virevoltante,

    Écartent le tissu que sa danse égare,

    découvrant ses jambes tourbillonnantes,

    Dans un ballet de grâce, circulatoire.

    Les mains, bombées en cœur, pivotantes,

    Se joignent en supplique, puis, se séparent,

    La danseuse tangue, avance, tâtonnante,

    Traquant les sons diaboliques de la guitare.

    Ses chaussures résonnent galopantes,

    Frappant le sol par saccades libératoires,

    Elle s’arrête un instant, reprend, arrogante,

    Une danse vivante, fixée dans sa mémoire.

    Un jour de solitude et de cafard je me suis mis à fouiller internet trente-huit ans après notre séparation.

    Est-ce la solitude qui m’avait poussé à effectuer cette recherche ?

    J’ai essayé toutes les orthographes de son prénom, basques et espagnoles. Je voulais découvrir son histoire cachée dans mes pixels, la comparer à la mienne afin d’y retrouver ses bonheurs et nos chemins perdus.

    C’est au détour d’une extension d’un journal basque que j’ai vu sa petite photo en bas d’une annonce.

    Je l’ai reconnue tout de suite.

    Mon plaisir était réel de découvrir le visage de Miren après tant d’années. Ses cheveux étaient tirés en arrière, ils ondulaient dans des vagues toujours irrégulières. Son regard était dirigé vers le bas. On aurait dit qu’elle s’adressait à quelqu’un, elle me donnait l’impression qu’elle réfléchissait avant de répondre. Elle affichait un sourire que je ne connaissais que trop bien. Sa bouche était mi-ouverte. Ses yeux étaient lumineux, heureux. C’était une photo soudaine, prise sur le vif.

    Elle portait une écharpe qui lui couvrait le cou.

    Surpris, je la regardais sans déchiffrer les textes qui l’entouraient.

    Elle était élégante.

    En dessous de son nom était écrit « Miren, Goian bego ». Je me suis empressé de traduire ces deux mots.

    « Miren, Reposez en paix »…

    C’était sa nécrologie !

    Elle avait disparu à l’âge de cinquante-quatre ans.

    J’étais atterré. J’avais du mal à réaliser cette évidence qui m’anéantissait progressivement.

    Elle ne pouvait mourir avant moi dans une hâte injuste. J’étais plus âgé.

    Notre histoire était gelée. Elle se trouvait dans nos frigos respectifs.

    Est-ce qu’il y avait une date de péremption à nos sentiments ?

    Étions-nous engagés pour un oubli éternel ?

    Je lis et relis cette annonce sans trop y croire.

    Je vis aujourd’hui avec les peines de cette nouvelle.

    J’épouse celles passées, inexprimées, dans un consentement mutuel.

    Je regrette nos bruits cacophoniques, nos bourdonnements, nos sentiments qui grésillaient. Je regrette l’extinction de cette passion enragée, écrasée dans nos silences d’après.

    Je ne peux la laisser partir de la sorte.

    Je ne peux que lui prêter mes mots d’aujourd’hui. Ils sont les siens, en retard comme à tous nos rendez-vous d’avant.

    Je fus projeté quarante ans en arrière. Je regardais cet avis de décès sans trop y croire. Il était rédigé en basque. J’ai traduit chaque mot afin de construire des phrases audibles à cette douleur soudaine qui s’était emparée de moi, qui commençait à m’envahir, sans crier gare, sans aucune introduction progressive.

    L’annonce datait de 2012, un certain vingt-sept décembre.

    C’était une nécrologie de souvenir, commune, distante. Une formalité en quelque sorte.

    Elle m’avait pris en traitre.

    Des mots, des lignes, pour annoncer son départ quelque part dans l’au-delà, quelque part dans un monde parallèle.

    Un de ses proches avait résumé sa vie par ces mots, une sorte d’épitaphe glaçante de réalisme : « Tu as passé ta vie à donner… Tu as vécu pour donner. »

    Miren était infirmière.

    Je cherche dans ce départ des réponses qui ne viendront jamais.

    Je cherche des pardons et des paix intérieures.

    Je cherche mes excuses dans le silence des siennes.

    Elle avait quitté ce monde voilà dix ans.

    Je ne le découvre qu’aujourd’hui.

    Que faire de mon deuil si frais ? Si jeune, enfantin presque, qui vient à peine de naître ?

    Que faire de ces éboulements liquides ?

    Ce retard est sans pitié. Il est impératif. Le temps est un couperet, une guillotine huilée. Elle ne se grippe jamais.

    J’étais libre de formuler toutes les réponses que je voulais, j’étais libre sans entraves.

    Je pouvais jouer aux échecs à tour de rôle, je bougeais des blancs puis des noirs en me mettant à la place des deux joueurs que j’étais, dans une alternance fébrile qui pouvait perdre la partie, la gagner aussi. Je lui parlais et je répondais à sa place.

    Un monologue incapable de patience.

    J’ai scruté dans sa vie antérieure en fouillant les entrailles de mon ordinateur, afin de recoller nos départs respectifs. J’ai fouillé dans son nom, dans ce qu’il pouvait contenir.

    J’ai voulu découvrir ses constructions de vies, les comparer aux miennes, ses joies, ses peines, superposer nos deux chemins en espérant voir y pousser, ne fût-ce qu’un seul regret.

    Celui d’avoir divorcé alors que nous n’étions même pas mariés. Celui d’avoir mis fin à notre histoire devenue trop compliquée.

    Une faim qui persiste, malgré les festins d’après.

    Pourquoi ce manque persistant ? Pourquoi cette soif régulière qui refuse d’être étanchée ?

    Elle s’est éteinte à cinquante-quatre ans, à la fleur d’un âge ingrat, seule, sans mari et sans enfants.

    J’aurais aimé combler tous ces vides. J’étais prêt.

    Ces mots sont un hommage rendu, à une passagère du passé, toujours présente.

    Repose en paix Miren.

    À bientôt, sur le pas d’un nuage.

    Je toquerai à ta porte faite de rosée et de brouillard. Tu flotteras dans une brume de vapeur, un peu surprise par cette visite.

    Je te tiendrais par la main. Nous irons nous promener dans les champs, un épi de blé tendre en bouche. Nous parlerons de nos échecs, de nos entraves. Nous parlerons de notre passion.

    Tu souffleras sur nos serrures.

    Elles partiront en fumées, dans une légère brise de feu que nous happerons de nos mains. Les flammes s’écarteront à chacun de nos brassages pour se refermer aussitôt. Nous coudrons ton feu au mien et nos cicatrices disparaîtront.

    Les grillons du paradis accompagnent nos pas de fakir qui marchent sur des tessons de braises indolores.

    J’observe tes pieds. Elles apparaissent puis disparaissent, comme si elles inspiraient… puis expiraient des souffles marcheurs.

    Tu étais intermittence et battements.

    J’entendais ton cœur qui cognait dans ta main. Je pouvais sentir sa douce rondeur, lové dans le creux de ma main gauche. Il vibrait contre le mien à travers des doigts ventricules et veines confuses.

    Nos passions fusionnaient dans des incendies ravageurs que plus rien ne pouvait éteindre.

    Nos flammes s’étreignaient noyées dans nos sens, soudain, interdits…

    Des gardiens lumineux dispersaient une nuée de poussières d’anges sur notre passage. Elles scintillaient… pour retomber à nos pieds dans une extrême gravité.

    Les particules se télescopaient en tournoyant, se poussaient, se pressaient dans des brasillements individuels.

    Elles gisaient par terre, éparpillées comme au lendemain d’une fête. Je ramasse une poignée de cotillons rouges que je fixe sur tes cheveux.

    Je te regarde.

    Tu es coiffée d’un arc-en-ciel, fait de fragments délicats.

    Le disco Rojo

    Je travaillais dans un petit théâtre de marionnettes. Il était situé en plein cœur de Bruxelles, dans l’îlot sacré.

    Dans un premier temps, je me suis essayé à la manipulation de poupées trop lourdes.

    On les tenait par une tringle coincée dans le creux d’une main. On devait la dandiner, la balancer, l’incliner à gauche puis à droite afin qu’elle puisse avancer, se battre en duel.

    Le bar du théâtre servait des bières typiques telles que la kriek, la gueuse et le faro.

    Nous étions six manipulateurs… Nous surplombions un carré fait d’un décor en bois. Chacun de nous tenait une anse métallique recourbée, qui se terminait par une tige fichée dans la tête d’une marionnette raide, d’un mètre de haut.

    Il nous fallait avoir la main pour actionner convenablement ces pantins. Un très bon manipulateur faisait oublier la marionnette. Elle avait soudain une âme. Elle devenait humaine le temps d’un spectacle.

    Les

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