LORSQUE LE BLUES EXPLOSION, TRIO INCLASSABLE AVEC LEQUEL IL OPÉRAIT DEPUIS 1991, A JETÉ POUR DE BON L’ÉPONGE EN 2018, le chanteur-guitariste n’a pas eu envie de se la jouer trop en solo. Habitué au jeu collectif — Pussy Galore, Boss Hog, Heavy Trash —, Spencer a alors formé les HitMakers, quasi supergroupe de l’élite underground, et fait ce qu’il fait le mieux: prendre des structures rock’n’roll au sens très large du terme, les malmener, les distordre et y injecter une dose d’expérimentation, une note de fun, et surtout beaucoup de la passion qui n’a jamais cessé de l’habiter.
Esthétique
Il est tôt à New York. Enfin, 10h30 et on espère que notre interlocuteur ne sera pas frappé du syndrome céphalo-rectal, affection qui touche les pas-du-matin avant midi et ralentit leur capacité à aligner deux idées cohérentes. Mais dès qu’il décroche le téléphone, on reconnaît sa voix grave, posée, son ton réfléchi — l’homme n’est pas du genre à balancer des réponses à l’emporte-pièce — et son exquise politesse. “ Jon Spencer est heureux de promouvoir son deuxième album solo et ça s’entend. On lui dit le bien qu’on pense de “Spencer Gets It Lit”. “ Certes, mais où le situerait-il par rapport au précédent, On les retrouve ici, interpelés par leur leader charismatique dès le deuxième titre, “Get It Right Now”, mais c’est une des rares fois où Spencer a recours à une de ses plus vieilles manies vocales. L’effort de groupe est palpable. Ne serait-ce que lorsqu’il passe le micro à Coomes — on y reviendra —, ce qui lui permet de taper dans un autre registre. “ Cela ne dit pas ce qu’il faut pour devenir un HitMaker — hormis sortir des hits à la chaîne, bien sûr. Rire franc à New York. “ Petite pause. “