The Rolling Stones
“Licked Live In NYC”
Mercury/Universal
En 2022, ils tournent, comme si de rien n’était. Egaux à eux-mêmes. Sont dans leur bulle aux allures de monde parallèle. Une autre galaxie. Ils ont l’air heureux. Et les gens sont ravis de les voir en live : celui qui court partout, celui qui penche du côté où il ne tombe que rarement et l’autre, qui rigole. Les Stones, comme Paul McCartney, sont la force tranquille de l’histoire du rock. De la pop. Tout ça, à ce stade, signifie obligatoirement . Ceci acté, c’est avec une joie non feinte qu’on a glissé ce Blu-ray dans le lecteur, histoire de se remémorer ce concert du 18 janvier 2003 au Madison Square Garden. A New York, USA. Parce que les Rolling Stones, qui continuent de publier des enregistrements live comme si notre vie et leur portefeuille en dépendaient, passent bien à la télé, chez les vrais gens. Certes, à cette époque, ils étaient déjà vieux, mais moins. Et aussi moins que nous aujourd’hui. Aïe ! Ils fêtaient alors leurs quarante ans de carrière avec leur Licks Tour (mondial), et ce show, d’une grosse vingtaine de titres, était assez irréprochable. Non, pas à condition d’aimer les Stones. A condition d’aimer le rock, la musique, avec des guitares au poil. Et, alors que pas plus tard qu’il y a quelques jours, Mick Jagger confiait à la presse anglo-saxonne que Keith Richards n’avait jamais aimé “(I Can’t Get No) Satisfaction” parce qu’il jugeait cette chanson trop commerciale (il aurait été convaincu de son potentiel juste après en avoir trouvé le riff, dans son sommeil… et ce coquin de Loog Oldham n’en aurait pas pensé moins), force est de constater que le guitariste, avec le temps, semble s’être fait une raison. A mis de l’eau dans son Jack. Car des tubes, ici, il y en a pléthore. En clair, ils sont tous là : “Start Me Up”, “Angie”, “Gimme Shelter”, “Honky Tonk Woman”, “Brown Sugar”… La totale ! Après tout, il faut être réaliste. On n’est pas dans le secret des vieux (facile), et on ne va pas sombrer dans ce travers indigne qui consiste à ironiser à propos de choses qu’on ne connaît pas, mais on se doute que les trains de vie et autres commodités, dans les hautes sphères, ça ne se finance pas avec des nèfles ou un euro dévalorisé par l’inflation. Depuis plus d’un demi-siècle que ça dure, pour que les Stones s’en sortent, il a bien fallu que ça rentre. Et pas qu’un peu. Sans les hits, c’est sûr, les concerts dans des stades et des arènes, les tournées planétaires et les comptes en Suisse auraient eu moins d’allure. Tout ça, le Jag’, dans une forme de dingo ici (et toujours fringant vingt ans plus tard), l’a compris depuis longtemps. Et d’ailleurs, pour ratisser plus large encore, cette affaire, comme à chaque fois désormais, paraît en double-CD, digipak 2 CD+DVD, digipak 2 CD+SD Blu-ray, triple-vinyle noir ou blanc (on en connaît qui souhaiteront acquérir les deux), ainsi qu’en digital. Pour ceux qui manquent de place ou, plus prosaïquement, n’ont rien compris. Parce qu’ils le valent bien, les Rolling Stones ont évidemment fait restaurer le son du show, mais sur le plan visuel, l’image n’est qu’au format 4/3 et pas toujours bien définie. Quelques bonus permettent d’avoir accès aux coulisses du Madison, blindé ce soir-là, où membres des familles et VIP (Carly Simon, Chrissie Hynde…) se bousculaient dans la bonne humeur. Pour le prix, on a aussi droit à quelques titres captés à Amsterdam lors du même périple. Alors oui, en 2022, le monde continue d’être Stones et nous, on est plus Charlie que jamais.
