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Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei
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Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei
Livre électronique75 pages45 minutes

Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei

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À propos de ce livre électronique

Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei raconte ces moments et ces gestes dont on ne parle pas et qui pourtant illustrent les proximités et les solidarités entre les communautés noires et autochtones au Québec.

Histoire, scènes, archives se recoupent, se répètent en seize fragments, comme autant d’improvisations musicales, pour réimaginer à partir d’une perspective noire, l’histoire et les possibilités de la rencontre des peuples au-delà de la violence coloniale.

Les brèches et les fissures, les gestes militants et les imaginations radicales se déplacent, se replacent, se recomposent, s’ajustent. Quelle sera leur texture ?
LangueFrançais
Date de sortie25 avr. 2022
ISBN9782897128470
Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei
Auteur

Philippe Néméh-Nombré

Philippe Néméh-Nombré est chercheur postdoctoral au Department of Geography, Planning and Environment de l’Université Concordia. Ses recherches portent sur les pensées politiques, les cultures, les poétiques et les écologies noires, sur les possibilités de relations entre les perspectives libératrices noires et autochtones ainsi que sur les méthodologies critiques. Il est également membre du conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés et membre du comité éditorial de la revue Liberté.

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    Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei - Philippe Néméh-Nombré

    Prologue

    (*)

    Dans un bar, un festival, un parc, une salle de spectacle, à la radio : que se fondent, se confondent, se suivent, se superposent deux morceaux. Ils ont été choisis pour le lieu et le moment (le bar, le festival, le parc, la salle, la radio, l’après-midi, le soir, la nuit). Leur ordre aussi, et la manière de les superposer temporairement. Ici les percussions sont isolées sur deux mesures, là les cuivres sont seuls sur quatre. Le premier morceau sera un peu accéléré ou ralenti pour atteindre 110 ou 120 ou 130 bpm. Le deuxième y est déjà, prêt à arriver, aligné au bon endroit. Ici les fréquences hautes seront coupées, là les fréquences basses. Le dialogue, la superposition se fera sur seize temps, ou plus, éventuellement en boucle pour faire durer la texture, avec de la réverbération peut-être, ou un effet de flanger, ou de l’écho. Seize temps pour la rencontre.

    Il se peut aussi que les morceaux se suivent sans se fondre, se confondre, se superposer. Peut-être qu’ils s’y prêtent moins bien, ou pas du tout, peut-être que le sens de leur proximité n’est pas dans leur superposition ; peut-être que l’un commence quand l’autre finit. Peut-être aussi qu’au moment prévu la transition sera interrompue, ou altérée : une question, un souci technique, un verre renversé, un regard, une cigarette, une idée nouvelle. Ou peut-être que dans le back-to-back, dans l’aller-retour spontané et contextuel entre deux ou plusieurs DJs, entre la sélection d’Arielle et celle de Justin, entre la mienne et la leur, peut-être que lui veut passer du dancehall au kologo, qu’elle veut revenir de l’afro-house vers une rythmique dembow, et que de là je me dirige vers le singeli, ou le hip-hop. Peut-être que nous l’avons planifiée un peu, que la collaboration est aisée ; peut-être que non, peut-être qu’elle est tortueuse, entre nous ou entre les morceaux.

    La manière de partager s’articule à ce qui est partagé, à son contexte, son moment, son rapport avec ce qui précède et ce qui suit. Le mix détermine et à la fois dépend de ce qui est mixé et de ce qui est convié par ce qui est mixé. Notre petit collectif s’est appelé Palma Disco et nous expliquions en 2018 : « notre intention, c’est de présenter de la musique africaine et diasporique noire de façon à interrompre, à perturber la manière de l’écouter et d’en faire l’expérience dans les sociétés d’occupation coloniale¹. »

    Dans l’avant-propos de son roman Jazz, Toni Morrison appréhende certaines caractéristiques du jazz comme l’invention, l’improvisation, l’originalité, le changement, et écrit : « Rather than be about those characteristics, the novel would seek to become them². » Un peu plus loin, elle poursuit : « I had written novels in which structure was designed to enhance meaning ; here the structure would equal meaning³. »

    À une question de l’historien Robert Hill, demandant si la musique est « le creuset dans lequel la plupart des idées du peuple émergent », Maryse Condé répond : « Pour nous comprendre, les gens doivent nous lire, mais la musique, il faut seulement la sentir⁴. »

    « John Tchicai’s solo on ‘Rufus’ comes back again. It slides away from the proposed⁵ », écrit Amiri Baraka dans Black Music. Et, de Baraka, Nathaniel Mackey ajoute : « Baraka’s poems, especially those in The Dead Lecturer, likewise tend to slide away from the proposed, to refuse to commit themselves to any single meaning⁶ ».

    En 1959 dans le New York Times, James Baldwin écrit : « It was Bessie Smith, through her tone and her cadence, who helped me to dig back to the way I myself must have spoken when I was a pickaninny, and to remember the things I had heard and seen and felt⁷. »

    Il y a les Sorrow Songs au début de chaque chapitre de The Souls of Black Folk, mais W.E.B. Du Bois introduit aussi le mix comme pratique d’écriture,

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