« IMAGINER QUELQU’UN QUI N’EST PAS LÀ, QUELQU’UN DONT ON EST AMOUREUX »

Liz Harris alias Grouper est une artiste discrète, mais essentielle par la radicalité de son travail: depuis ses débuts, à la fin des années 2010, cette musicienne établie dans l’Oregon n’a jamais dévié de sa ligne, qui a toujours mêlé des chansons et du bruit, de la densité grise avec de la délicatesse de dentelle. Ses chansons semblent enfouies sous les strates des bourdons électriques, d’où surnagent souvent des échos de mélodies, des indices de paroles lumineuses, comme agglomérées sous les ténèbres de la mélancolie. Composée en solitaire sous le nom de Grouper, mais aussi parfois sous d’autres pseudonymes, en compagnie de musiciens amis (ses projets « Nivhek » ou « Raum »), sa musique évoque un état de sommeil avancé, comme si ce qui était entendu n’était pas de l’ordre du spectacle ou de l’enregistrement mais bien de celui du songe. Après des débuts entre Los Angeles et San Francisco, elle vit désormais au bord de la mer, et l’on entend dans son nouvel album, des échos de la nature des rives de l’océan Pacifique. On y perçoit surtout la façon dont