Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

À sa Portée (Un thriller Eve Hope – Tome 3)
À sa Portée (Un thriller Eve Hope – Tome 3)
À sa Portée (Un thriller Eve Hope – Tome 3)
Livre électronique246 pages3 heures

À sa Portée (Un thriller Eve Hope – Tome 3)

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

L’agente spéciale Eve Hope ne peut échapper à l’ombre de son célèbre tueur en série de père – bien qu’il soit sous les verrous, l’énigme que représente le père aimant de son enfance la hante toujours. Lorsqu’on lui confie une nouvelle affaire qui rappelle l’œuvre de son père, et Eve se voit obligée d’affronter ses pires souvenirs. Pourra-t-elle arrêter ce nouveau tueur avant qu’il ne fasse une autre victime – tout en se sauvant des griffes de son passé, prêt à l’engloutir ?

« Voilà un excellent livre… Quand vous le commencerez, assurez-vous de ne pas devoir vous réveiller tôt le lendemain matin ! »
— avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

À SA PORTÉE est le tome n°3 d’une nouvelle série écrite par l’autrice de thrillers à succès Kate Bold, dont le bestseller Pas Maintenant (disponible gratuitement) a reçu plus de 600 fois 5 étoiles.

Thriller captivant et déchirant en compagnie d’une agente du FBI brillante et torturée, la série Eve Hope est un roman policier fascinant, plein d’action, de suspens, de rebondissements, de révélations, et au rythme effréné qui vous poussera à tourner les pages jusqu’au bout de la nuit. Les fans de Rachel Caine, Teresa Driscoll et Robert Dugoni sont sûrs d’apprécier.

Les tomes 4 et 5 de la série (Dans son Esprit et Sur son Chemin) sont aussi disponibles.

« Ce roman avance très vite et chaque page est passionnante. Beaucoup de dialogues, on craque complètement pour les personnages et on soutient le « gentil » durant toute l’histoire… j’ai hâte de lire le tome suivant ! »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« Kate a fait un incroyable travail avec ce livre et je suis devenue accro depuis le premier chapitre ! »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« J’ai vraiment adoré ce livre. Les personnages étaient authentiques, et j’y ai retrouvé les criminels dont on entend souvent parler aux informations… Impatiente de découvrir le tome suivant. »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« Vraiment un très bon livre. Les personnages principaux sont réels, humains, avec des défauts. L’histoire se déroule rapidement et ne s’enlise pas dans trop de détails superflus. J’ai vraiment apprécié. »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« Alexa Chase a un fort caractère, est impatiente mais surtout courageuse avec un grand C. Elle ne recule jamais, et je veux bien dire jamais, jusqu’à ce que les criminels se retrouvent derrière les barreaux. Cinq étoiles sans aucune hésitation ! »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« Une histoire de tueur en série captivante du début à la fin, avec une touche macabre… Très bien écrit. »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« WAOUH quelle incroyable lecture ! Voilà un tueur diabolique ! Vraiment apprécié ce livre. Impatient de découvrir les autres romans de cette auteure aussi. »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« Sans nul doute haletant. Des personnages géniaux, des relations passionnantes. Quand je suis arrivée au milieu de l’histoire, je ne pouvais plus reposer le livre. Hâte de découvrir plus d’œuvres de Kate Bold. »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« Difficile à reposer. Le livre compte une intrigue excellente, avec la bonne dose de suspense. J’ai vraiment adoré. »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE

« Extrêmement bien écrit, vaut la peine d’être acheté et lu. Impatiente de lire la suite ! »
— Avis de lecteur sur JEU DE MASSACRE
LangueFrançais
ÉditeurKate Bold
Date de sortie7 sept. 2023
ISBN9781094366296
À sa Portée (Un thriller Eve Hope – Tome 3)

Auteurs associés

Lié à À sa Portée (Un thriller Eve Hope – Tome 3)

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Mystère pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur À sa Portée (Un thriller Eve Hope – Tome 3)

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    À sa Portée (Un thriller Eve Hope – Tome 3) - Kate Bold

    cover.jpg

    À SA PORTÉE

    (Un thriller Eve Hope – Tome 3)

    K a t e   B o l d

    Kate Bold

    L’écrivain à succès Kate Bold, auteur des THRILLERS à SUSPENSE ALEXA CHASE, six tomes (à suivre); THRILLER à SUSPENSE ASHLEY HOPE, six tomes (à suivre); THRILLER à SUSPENSE CAMILLE GRACE du FBI, huit tomes (à suivre); THRILLER à SUSPENSE HARLEY COLE du FBI, sept tomes (à suivre); THRILLER à SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE KAYLIE BROOKS, cinq tomes (à suivre) et THRILLER à SUSPENSE EVE HOPE du FBI, cinq tomes (à suivre)

    Lectrice passionnée, fan de thrillers et romans à suspense depuis son plus jeune âge, Kate adore lire vos commentaires, rendez-vous sur www.kateboldauthor.com pour en savoir plus et rester en contact.

    Copyright © 2023 par Kate Bold. Tous droits réservés. À l’exclusion de ce qui est autorisé par l’U.S. Copyright Act de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous toute forme que ce soit ou par aucun moyen, ni conservée dans une base de données ou un système de récupération, sans l’autorisation préalable de l’auteur. Ce livre numérique est prévu uniquement pour votre plaisir personnel. Ce livre numérique ne peut pas être revendu ou offert à d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec quelqu’un d’autre, veuillez acheter un exemplaire supplémentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou qu’il n’a pas été acheté uniquement pour votre propre usage, alors veuillez le rendre et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organismes, lieux, événements et incidents sont tous le produit de l’imagination de l’auteur et sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, n’est que pure coïncidence. Image de couverture : Copyright Joeahead, utilisée sous licence à partir de Shutterstock.com.

    LIVRES PAR KATE BOLD

    UN THRILLER EVE HOPE

    DANS SON SANG (Livre #1)

    DANS SON VISEUR (Livre #2)

    À SA PORTÉE (Livre #3)

    UN SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE KAYLIE BROOKS

    DERNIER SOUPIR (Livre #1)

    DERNIÈRE CHANCE (Livre #2)

    UN THRILLER À SUSPENSE HARLEY COLE DU FBI

    NULLE PART EN SÉCURITÉ (Livre #1)

    NULLE PART OÙ RESTER (Livre #2)

    UN THRILLER À SUSPENSE DE L’AGENT DU FBI CAMILLE GRACE

    PAS MOI (Livre #1)

    PAS MAINTENANT (Livre #2)

    PAS BIEN (Livre #3)

    UN THRILLER ASHLEY HOPE

    LAISSE-MOI PARTIR (Livre #1)

    LAISSE-MOI SORTIR (Livre #2)

    LAISSE-MOI VIVRE (Livre #3)

    LAISSE-MOI RESPIRER (Livre #4)

    UN THRILLER D'ALEXA CHASE

    JEU DE MASSACRE (Livre #1)

    MEURTRE EN EAU TROUBLE (Livre #2)

    L'HEURE DU CRIME (Livre #3)

    L’INSTANT FATAL (Livre #4)

    TABLE DES MATIÈRES

    PROLOGUE

    CHAPITRE DEUX

    CHAPITRE TROIS

    CHAPITRE QUATRE

    CHAPITRE CINQ

    CHAPITRE SIX

    CHAPITRE SEPT

    CHAPITRE HUIT

    CHAPITRE NEUF

    CHAPITRE DIX

    CHAPITRE ONZE

    CHAPITRE DOUZE

    CHAPITRE TREIZE

    CHAPITRE QUATORZE

    CHAPITRE QUINZE

    CHAPITRE SEIZE

    CHAPITRE DIX-SEPT

    CHAPITRE DIX-HUIT

    CHAPITRE DIX-NEUF

    CHAPITRE VINGT

    CHAPITRE VINGT-ET-UN

    CHAPITRE VINGT-DEUX

    CHAPITRE VINGT-TROIS

    CHAPITRE VINGT-QUATRE

    CHAPITRE VINGT-CINQ

    EPILOGUE

    PROLOGUE

    Les yeux blancs des phares d'un camion s'allumèrent soudain en plein brouillard. Maya Ferndale ralentit son jogging et se rangea sur le bas-côté. Elle se trouvait en rase campagne, à l'écart des routes entretenues par le comté, à quarante-cinq grosses minutes de l'hôpital le plus proche. Un lieu pas vraiment propice aux accidents.

    Elle longea le bord de la route et distingua le camion plus distinctement, il appartenait à l'un de ses voisins. Le quartier de Twin Lakes ne compte qu'une douzaine de maisons séparées les unes des autres d’environ huit-cents mètres.

    Malgré la distance, les habitants de Twin Lakes sont proches, polis et respectueux de leur voisinage. Tout le monde respecte l'espace de tout un chacun ici, songea Maya, les gens sont plus soudés que ceux vivant entassés comme des sardines dans des appartements ou des maisons urbaines. Elle salua M. Cianni qui arrêta son camion devant la boîte postale de la communauté.

    Buongiorno, Miss Ferndale, dit-il alors qu'elle passait en trottinant, bon jogging !

    La silhouette de Maya Ferndale était auréolée par un brouillard grisâtre qui collait au sol, formait un sillage de brume ondulante derrière pendant qu'elle courait. Maya respirait à un rythme régulier, son esprit divaguait librement tandis que son corps répétait le même mouvement. La route paisible non pavée s'étendait devant elle à l'infini, la terre battue crissait sous ses pas en produisant un bruit familier. La campagne était différente de celle où elle avait grandi, fouler ses étendues lui rappelait son chez soi.

    Maya abandonna la route principale au bout d'un kilomètre et demi pour emprunter une sente étroite à travers un champ désert. Avant que le terrain ne soit divisé en parcelles rurales, ces hectares regorgeaient de vergers. De très vieux arbres jalonnaient encore les jardins des résidents et le terrain communal situé entre les lacs. En voyant les alignements oubliés des anciens vergers, Maya ressentit un profond sentiment d'ordre et de sérénité, un sentiment qu'elle avait cherché sans jamais le trouver dans la vie citadine.

    Le sentier conduisit Maya, dopée aux endorphines, au fin fond du terrain communal vallonné. Elle trottinait parmi les petits lacs, s'éloignait des maisons situées en arc de cercle pour se diriger vers l'autoroute à deux voies, la route officielle la plus proche. Elle distingua les branches nues et squelettiques d'un bosquet de chênes à travers des lambeaux de brouillard. Le sentier, comme elle le savait, l'y mènerait directement. Arrivée à destination, elle avait pour habitude de faire des pompes sous la voute des arbres, opérer un demi-tour et rentrer en trottinant. Cette routine quotidienne permettait à Maya de rester svelte et en bonne santé, une activité cruciale pour une femme d’une quarantaine d’années. Faire de l'exercice avait toujours été un pensum dans les salles de sport surpeuplées en ville, il y régnait une atmosphère survoltée. Après avoir enfin déménagé à la campagne et ses grands espaces, rester active était aussi naturel que préparer le petit-déjeuner.

    En approchant de la chênaie, Maya aperçut une silhouette qui venait à sa rencontre. Elle ralentit instinctivement l’allure, posa la main sur son sac banane de coureur fixé à sa taille. Elle emportait toujours un spray au poivre lorsqu'elle faisait son jogging en solo, une autre habitude citadine qu’elle avait conservé dans sa nouvelle vie. Prudence est mère de sûreté, malgré la sérénité des lieux.

    La silhouette se rapprocha et Maya constata qu'il s'agissait d'un homme. Sa démarche était mal assurée, comme s'il était perdu, et non pas ivre.

    — S’il vous plait ! cria l'homme dans le brouillard.

    Il n'y avait personne d'autre à qui il aurait pu s’adresser, personne à moins d'un kilomètre à la ronde. S'efforçant de voir à travers le brouillard, Maya parvint à distinguer les traits de son visage. Ce n'était pas l'un de ses voisins de Twin Lakes, bien que son visage eût quelque chose de vaguement familier. Peut-être un membre de la famille en visite seulement vu en coup de vent ? Elle n'arrivait pas à le situer, mais une certaine familiarité persistait dans son esprit. Ses doigts hésitèrent sur la fermeture éclair de sa banane.

    — Hé ! l'homme l'appela à nouveau et chancela vers elle. Hé, vous pouvez m'aider ?

    — Tout va bien, monsieur ? demanda Maya avec méfiance. Elle s’aperçut qu'il tenait quelque chose dans sa main, un morceau de papier un peu sale et froissé.

    — Vous avez vu ce garçon ? demanda l'homme en tendant le papier à Maya dès qu'il fut suffisamment près.

    Maya examina le visage du jeune homme. Il me semble familier, se dit-elle, mais d'où ? D'une main hésitante, elle prit la feuille et l’examina. En haut de la page, imprimés en caractères gras et rouges, on pouvait lire Vous l’Avez Vu ? Sous cette question, une photo de mauvaise qualité d'un enfant.

    — S'il vous plaît, la voix du jeune homme était brisée par l'émotion, je vous en supplie, dites-moi que vous avez vu ce garçon.

    Maya jeta un nouveau coup d'œil à l'homme. Son visage était aussi désemparé que sa voix, maculé de poussière et strié de larmes, pitoyable à l'extrême. L’instinct d'assistante sociale de Maya ressurgit, ce métier stressant l'avait poussée à venir s'installer dans ce quartier rural isolé. Elle voulait aider l'étranger, peut-être parce qu'il lui semblait vaguement familier, comme un visage vu en rêve ou dans une vie antérieure ? Elle regarda à nouveau le document, l’examina plus attentivement.

    Le prospectus était sale et chiffonné, à l'image de l'homme qui le tenait, avec des taches d’eau et des marques de pliure. La grande photo imprimée représentait un garçon d'une dizaine d'années assis à une table, l’expression franchement boudeuse. Il y avait un cadeau de Noël sur la table devant le garçon, mais il fixait l'appareil photo avec un mélange de douleur et de dégoût.

    — Je regrette, commença Maya avant d’approcher le prospectus de son visage.

    Distinguer correctement les traits du garçon était difficile, le prospectus était très abîmé et la photo pas franchement de bonne qualité. Maya songea subitement que le visage du garçon lui était familier. Comme l'homme planté devant elle et qu’elle n'arrivait pas à situer ; elle était en terrain connu, un souvenir lointain se frayait un chemin dans son esprit. Qui était ce garçon et qui était cet homme à sa recherche ?

    — Alors ? demanda l'homme. Vous l'avez vu ?

    Son ton de voix avait changé. Il n'avait plus l'air aussi affolé. Lorsque Maya leva les yeux, elle vit qu'il l’observait intensément. Son cœur bondit, sans savoir exactement pourquoi.

    — Je... balbutia Maya en regardant à nouveau le garçon sur le prospectus, je regrette, je ne suis pas sûre. Je ne crois pas l'avoir vu. En tout cas, pas récemment et pas dans le coin.

    — Vous vous trompez, dit l'homme, sa voix désormais réduite à un grognement animal.

    — Pardon ?

    — Vous ne reconnaissez vraiment pas ce garçon, Maya ? demanda l'homme en s'approchant d'un pas. Maya ne recula pas d’un pouce.

    — Je regrette, répéta-t-elle. Je ne l'ai pas vu. Qui êtes-vous et pourquoi cherchez-vous ce garçon ? Maya jeta à nouveau un coup d'œil inquiet à l'homme. Vous êtes son père ?

    Son instinct d'ancienne assistante sociale la poussait à se préoccuper de la sécurité de l'enfant avant la sienne. Cet homme était manifestement désemparé, mais son esprit restait concentré sur l'enfant disparu.

    — Il n'a pas de père. Il est orphelin, dit l'homme.

    — Et il s'est enfui ? demanda-t-elle.

    — Regardez son visage, dit l'homme, sans répondre à sa question, et dites-moi que vous ne connaissez pas ce garçon.

    Quelque chose dans le ton sérieux et désespéré de l'homme incita Maya à se conformer à ses instructions. Elle étudia le document, l’approcha de son visage. Elle n'avait pas ses lunettes de vue mais ses yeux n’étaient pas encore trop fatigués. Reconnaissait-elle l'expression amère de ce garçonnet ? Une impression familière singulière s’en dégageait. Elle le connaissait, il y a très longtemps. Qui était-il ?

    — Vous ne le connaissez pas ? demanda l'homme d'une voix suave flirtant avec le susurrement. Maya plissa les yeux pour se concentrer. Un lien germait dans son esprit, juste là. Qui était ce garçon ?

    — Vous ne vous souvenez pas de moi, n'est-ce pas ? murmura l'homme d’un ton fielleux.

    — Vous ?

    Maya sursauta et leva les yeux pour se retrouver nez à nez avec le canon d'un revolver. Elle se figea, son sang se glaça, son esprit totalement paralysé. Sa bouche s’ouvrit grand.

    — Moi.

    Avant d’appuyer sur la gâchette. Un unique coup de feu retentit dans la campagne désolée, effrayant une nuée de corbeaux qui s’envola du bosquet de chênes. Ils disparurent en croassant dans un tourbillon noir, avant que les collines n’absorbent les derniers échos.

    CHAPITRE UN

    La sonnette de la porte d'entrée retentit et Eve Hope s’immobilisa dans son salon au beau milieu d'un coup de pied. Le pied toujours en l'air, ses yeux se posèrent sur le cadran de l'horloge fixée au mur. Elle fronça les sourcils. A peine six heures et demie. Les visites à cette heure-ci sont généralement synonymes de problèmes.

    Eve baissa la jambe, contrariée d'avoir interrompu son entraînement de krav maga, retira son bandeau violet et le jeta dans sa chambre avant d’aller répondre. Elle regarda par le judas, s'attendant à voir son partenaire ou son patron sur le palier.

    À sa grande surprise, Eve découvrit son frère Tyler, le visage déformé via la lentille fisheye du judas. Il jeta un coup d'œil dans le couloir avant de sonner à nouveau. Eve déverrouilla la porte et ouvrit.

    — Tyler, qu’est-ce que tu fiches ici ?

    — Je peux entrer ? demanda-t-il en regardant nerveusement derrière lui. 

    — Evidemment, dit Eve en reculant pour laisser son frère se précipiter dans son appartement. Il avait l'air pâle et fatigué, songea Eve en fermant la porte et en le suivant dans son salon. Tyler, que se passe-t-il ? Tu vas bien ?

    — Oui, je vais bien. Il ne s'est rien passé jusqu’à présent.

    Il s'assit sur le canapé, se releva un instant plus tard et se mit à faire les cent pas, visiblement bouleversé. Eve le regarda un moment, sans savoir quoi faire. Cela faisait plus de dix ans qu'elle n'avait pas été proche de son frère. Après l'arrestation de son père, toute la famille avait éclaté. Son frère avait déménagé sur la côte ouest dans l’espoir de recommencer une nouvelle vie aux antipodes de la notoriété macabre entourant le fils du Tueur au Machaon. Ce n'est que lorsqu'elle avait été blessée au cours de sa dernière enquête que son frère avait refait surface, ça remontait à plusieurs mois. Il était retourné en Californie, du moins c'est ce qu'Eve pensait. Aujourd'hui, il arpentait la moquette de son salon comme un poulain nerveux.

    — Tyler, dit Eve en se plantant devant son frère et en le regardant droit dans les yeux, calme-toi et dis-moi ce qui se passe.

    Tyler prit plusieurs goulées d’air afin de se ressaisir.

    — J'ai reçu une nouvelle lettre.

    — De Lily ? demanda Eve. Il aspira ses joues sans répondre sur-le-champ.

    Lorsque son frère avait réapparu voilà quelques mois, il lui avait montré une lettre énigmatique qu'il pensait émaner de leur sœur disparue. Eve avait essayé d'enquêter sur l’origine de la missive mais ses premières recherches n'avaient rien donné. Qui dit deuxième lettre, dit présence de nouvelles preuves. Mais alors, pourquoi son frère était aussi fébrile ?

    — Je ne sais pas, dit-il en sortant une enveloppe de la poche de son manteau. J'ai d'abord cru que c'était de Lily, du même expéditeur du moins. Pareille que la première, même type d'enveloppe sans signe distinctif, même police de caractères.

    Eve ne dit rien et attendit que son frère explique son hésitation manifeste. Il regarda la lettre qu'il tenait dans ses mains d’un air grave.

    — Mais elle est différente, plus lugubre, mystérieuse par rapport à l'autre, déclara Tyler.

    — Que veux-tu dire par là ? demanda Eve. Quelque chose dans l'intonation de son frère lui donnait le frisson.

    — La première lettre était sympathique et affligée, tu te souviens ? dit Tyler en montrant du pouce le rabat non scellé de l'enveloppe.

    — C'est exact, dit Eve. Elle évoquait des souvenirs de ton enfance, ce qui donne à penser que l'auteur était présente à cette époque. Il y est question de papa, autre argument en faveur de l'expéditeur, Lily. Mais n'oublie pas que tout le monde connaît les détails intimes de notre vie de famille, grâce au spectacle public du procès du Tueur au Machaon. Nous ne pouvons pas nécessairement exclure la possibilité que la première lettre ait été écrite par un flagorneur dérangé.

    — Oui, eh bien, je l’espère avec cette deuxième lettre, dit Tyler en ouvrant enfin l'enveloppe et en sortant la lettre. Il la déplia, lut la page dactylographiée sans mot dire, frémit violemment et tendit la lettre à Eve, qui la prit avec curiosité. La composition semblait être la même que pour la première, comme si l'auteur avait utilisé la même machine à écrire. Un expert analyste au siège du FBI pourrait le certifier de source sûre. Elle entreprit de lire la lettre.

    Re-bonjour Tyler,

    On ne s’est pas parlés depuis un bail, je ne me souviens que de ton visage quand tu étais jeune. Tu te souviens du mien ?

    Evidemment, le temps aura façonné et marqué ton visage et le mien. Nous pourrions nous croiser dans la rue comme de parfaits inconnus. Ce serait drôle ! Ha ha ha.

    — Il y a autre chose, dit Tyler en interrompant la lecture d'Eve. C'était dans l'enveloppe.

    Eve quitta la lettre des yeux. Elle avait été troublée par la façon dont l'auteur avait écrit le rire. Ha ha ha. Bizarre. Elle s‘intéressa au nouvel objet que son frère lui tendait.

    C'était une photographie, une vieille photo, réalisa Eve en la prenant des mains de son frère. La photo froissée avait subi de nombreux pliages. Elle la regarda avec incrédulité.

    — C'est nous, finit-elle par dire en contemplant le visage de son frère, elle vit sa propre peur et son incertitude se refléter dans son expression. Nous tous, dit-elle en regardant à nouveau la photo.

    C'était une photo de famille des Hope datant d'il y a longtemps. Terra, la mère d'Eve, se tenait à l'extrême gauche de la photographie, son père, Howard, souriait à droite. Entre eux, alignés par âge, Tyler, Lily, Eve et Melody. Eve alors âgée de dix ans se souvenait d'avoir posé pour la photo lors du voyage familial en voiture. La photo avait été encadrée et était restée sur le piano

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1