Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

La merveilleuse aventure de Miss Hastings: Les épouses effrontées, #5
La merveilleuse aventure de Miss Hastings: Les épouses effrontées, #5
La merveilleuse aventure de Miss Hastings: Les épouses effrontées, #5
Livre électronique294 pages3 heures

La merveilleuse aventure de Miss Hastings: Les épouses effrontées, #5

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

La jeune Emma Hastings, tout justearrivée à Londres pour y vivre unegrandeaventure, se voitobligée de transporter toutesses affaires, la nuit, sous la pluie, dans l'espoir de retrouver son oncle. Au lieu de cela, elle rencontre le voisin de son oncle, Adam Birmingham, un homme très beau, très riche et très saoul, qui se met en tête de l'aider.

LangueFrançais
ÉditeurCheryl Bolen
Date de sortie29 mai 2023
ISBN9781960970046
La merveilleuse aventure de Miss Hastings: Les épouses effrontées, #5

Auteurs associés

Lié à La merveilleuse aventure de Miss Hastings

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Romance royale pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur La merveilleuse aventure de Miss Hastings

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La merveilleuse aventure de Miss Hastings - Cheryl Bolen

    cover.jpg

    La jeune Emma Hastings, tout justearrivée à Londres pour y vivre unegrandeaventure, se voitobligée de transporter toutesses affaires, la nuit, sous la pluie, dans l'espoir de retrouver son oncle. Au lieu de cela, elle rencontre le voisin de son oncle, Adam Birmingham, un homme très beau, très riche et très saoul, qui se met en tête de l'aider.

    La merveilleuse aventure de Miss Hastings

    Les épouses effrontées, Livre 5

    Cheryl Bolen

    Traduction par Laurence Le Maire

    Copyright © 2017 par Cheryl Bolen

    La merveilleuse aventure de Miss Hastings est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux et incidents sont le produit de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés fictivement. Toute ressemblance avec des événements ou des lieux réels, ou avec des organisations ou des personnes existantes ou ayant existé, serait purement fortuite.

    Tous droits réservés.

    Aucune partie de cet ouvrage ne peut être reproduite, enregistrée ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par n’importe quel procédé sans la permission écrite préalable de l’auteur.

    Table des matières

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Chapitre 19

    Chapitre 20

    Chapitre 21

    Chapitre 22

    Chapitre 23

    Chapitre 24

    Chapitre 25

    É P I L O G U E

    Chapitre 1

    Une lady n’a pas sa place dans une taverne. Si tante Harriett voyait sa nièce en cet instant, elle en mourrait certainement. Car Miss Emma Hastings était non seulement la seule lady, et même la seule femme, présente dans la taverne The George, mais elle avait aussi commis le manquement le plus grave aux convenances que l’on puisse imaginer. Elle n’avait pas de chaperon.

    Emma ne méritait pas d’être réprimandée pour ces scandaleuses transgressions. Ce n’était pas sa faute si son oncle avait manqué l’arrivée de la malle-poste qui l’avait transportée d’Upper Barrington à Londres.

    Lorsqu’elle était descendue du véhicule et qu’elle avait récupéré sa grande valise, elle était trop heureuse pour s’inquiéter de l’absence de l’oncle Simon pour l’accueillir. Elle n’avait jamais entendu une telle cacophonie autour d’elle. Des charrettes à poney chargées de navets jusqu’aux grands carrosses tirés par quatre chevaux appariés, tous allaient et venaient dans un vacarme assourdissant. Les rires des enfants en haillons, les grognements des chauffeurs de taxi, les vendeuses de fleurs mal fagotées, tout cela la fascinait. Les cornes de brume sur la Tamise faisaient vibrer la jeune femme qui ne s’était jamais aventurée plus au sud que Nottingham. C’était mille fois plus excitant que la foire du 1er mai à Upper Barrington.

    Elle était restée à côté de sa valise dans l’arrière-cour à attendre l’oncle Simon. Une heure s’était écoulée. N’avait-il pas reçu sa dernière lettre lui indiquant l’heure de son arrivée ? Peut-être s’était-il trompé d’heure. Peut-être avait-il pris son 3 pour un 5. Il est vrai que son écriture était assez déplorable. C’était forcément cela ! L’oncle Simon viendrait la chercher à cinq heures.

    Mais cinq heures avaient sonné et l’oncle Simon n’était toujours pas là. En plus, elle ne savait même pas à quoi il ressemblait. Elle ne l’avait jamais vu. Aussi, chaque homme ayant à peu près l’âge de l’oncle Simon, soit cinquante-cinq ans, avait attiré son attention. Mais la jeune femme solitaire, modestement vêtue de mousseline et d’un châle rouge tricoté à la main, plantée à côté d’une grande valise, n’avait attiré l’attention d’aucun de ces hommes.

    Puis, lorsqu’il s’était mis à pleuvoir, elle avait traîné ses affaires pour aller s’abriter dans la taverne. Elle s’était installée sur une chaise à côté d’une petite table ronde près de la fenêtre et loin du bar, en espérant qu’aucun de ces inconnus ne la remarquerait. Ne jamais faire confiance à un homme. Tout ce qui les intéresse, ce sont leurs bas instincts. C’est ce que lui avait dit tante Harriett, sans qu’Emma comprenne exactement quels étaient ces bas instincts. Néanmoins, Emma ne voulait pas courir le risque d’enflammer le tempérament explosif de sa tante, ne serait-ce qu’en croisant le regard de l’un de ces hommes.

    Alors elle garda les yeux rivés sur la fenêtre dans l’espoir d’apercevoir un homme d’âge moyen qui pourrait être son oncle.

    Malgré sa connaissance du monde extrêmement limitée, en quelques minutes à l’intérieur du George, Miss Emma Hastings sut en entendant leur voix que ces hommes n’étaient pas de la même classe sociale qu’elle. Elle était loin d’être aussi hautaine que tante Harriett, mais cette dernière l’avait élevée dans la conscience de leur étroite parenté avec Sir Arthur Lippencott. Elles devaient toujours se conduire selon les règles de la bienséance, et ne pas se montrer trop familières avec des Écossais comme ceux qui se trouvaient maintenant dans la même pièce qu’elle.

    Lorsque la nuit tomba, elle fut prise de panique. Il ne viendra pas. Le message avait été très mal transmis. Que devait-elle faire ? Elle n’avait pas assez d’argent pour payer une chambre d’hôtel pour la nuit. Ni même pour aller jusque chez l’oncle Simon, au 302 Curzon Street. Elle n’avait pas eu besoin d’emporter de l’argent, car son oncle était un homme riche.

    Le cœur battant, elle regarda par la fenêtre givrée les lanternes allumées le long de la cour intérieure. Elle savait que Londres était une ville incroyablement grande. Des milliers et des milliers de personnes y résidaient. Comment allait-elle retrouver son oncle ?

    Elle savait qu’il vivait dans le West End et connaissait même son adresse par cœur. Peut-être pourrait-elle essayer d’aller jusque chez lui à pied, même si elle aurait bien du mal à traîner son énorme valise.

    En inspirant profondément pour se donner du courage, elle se leva et s’approcha lentement du long bar. L’homme qui était de l’autre côté parlait et riait avec des clients, mais il s’interrompit en la voyant. Il se tourna vers elle, d’un air respectueux. Elle fut frappée par les poils blancs qui parsemaient ses sourcils noirs touffus.

    — Je peux vous aider, m’dame ?

    — Oui. Pouvez-vous me dire si nous sommes dans le West End ?

    Tous les hommes au bar s’esclaffèrent. Mais pas lui. Il se contenta de secouer la tête avec sérieux.

    — Non, m’dame. Ici, c’est l’East End.

    — Combien de temps cela me prendra-t-il pour aller à pied jusqu’au West End ? demanda-t-elle.

    Il écarquilla les yeux.

    — Une dame ne peut pas aller seule dans les rues la nuit.

    — Vous n’avez pas répondu à ma question, monsieur.

    Il inspira profondément.

    — Je dirais qu’on peut y être en une heure environ.

    — Et dans quelle direction y va-t-on ? demanda-t-elle.

    Il tendit le bras devant lui.

    — Par-là, mais nous sommes au sud de la Tamise. Pour aller dans le vrai West End, il faut d’abord traverser le fleuve, puis aller vers l’ouest. Le nord de la Tamise est un endroit plus approprié pour se promener la nuit.

    Emma songea à confier sa valise aux personnes de l’auberge, mais, comme cette valise contenait tous ses biens matériels, elle ne pouvait pas courir le risque de se la faire voler. Elle la porterait donc elle-même, même si cela allait la ralentir.

    Certes, Miss Emma Hastings était déterminée à trouver la maison de l’oncle Simon, mais elle était tout aussi déterminée à ce que tante Harriett n’apprenne jamais cette escapade nocturne dans la sinistre capitale du pays.

    Au moins, la pluie s’était calmée, se dit-elle en quittant le George. Elle parcourut la courte distance qui menait au fleuve et resta sur le quai pendant quelques minutes, à regarder les bateaux et les péniches flotter sur la Tamise animée. Toute sa vie, elle avait rêvé de voir ce spectacle. Le brouillard se leva sur l’eau et lui masqua l’autre côté de la voie navigable.

    Malgré ses craintes, elle était heureuse d’être à Londres. Je ne veux plus jamais retourner à Upper Barrington. Ce n’est pas qu’elle n’aimait pas tante Harriett et qu’elle ne lui était pas reconnaissante d’avoir élevé cette petite nièce orpheline. Mais après avoir vécu vingt ans avec une femme aussi sévère, et considérablement plus âgée que les grands-mères de ses amies, Emma avait envie d’aventure.

    Elle traversa le pont et se retrouva bientôt dans un quartier de Londres encore plus vivant que celui qu’elle venait de quitter au sud. Tout était si différent de ce qu’elle aurait pu imaginer. Même s’il faisait nuit, tous les magasins de cette rue animée étaient ouverts et illuminés. Les véhicules étaient si nombreux qu’il y avait des embouteillages, et plus d’un conducteur avait prononcé des mots qui auraient fait bondir tante Harriett.

    Pour Emma, il était impossible de marcher dans ces rues sans se rappeler les récits de tante Harriett sur des femmes assassinées par les détraqués qui vivaient dans la capitale. Ils ont repêché leurs corps étranglés dans la Tamise et sur la Serpentine à Hyde Park, avait prévenu sa tante.

    Le cœur d’Emma battait plus fort. Si elle marchait très vite, aucun détraqué ne tenterait d’attirer son attention. Mais comment marcher vite alors que sa valise la ralentissait péniblement ?

    Ses bras lui faisaient horriblement mal. Haletante, elle devait s’arrêter tous les douze pas pour changer de main et reprendre sa respiration. Même si elle portait des gants, elle sentait que la courroie de sa valise lui avait entaillé les mains.

    Lorsque la pluie recommença à tomber, elle faillit fondre en larmes. Tous ses vêtements étaient trempés et, avec la chute des températures, elle frissonnait tellement qu’elle en claquait des dents.

    La probabilité de mourir de froid était bien plus grande que celle d’être assassinée par un fou.

    Elle avançait lentement.

    Elle avait parcouru au moins un mile, peut-être deux, quand elle leva les yeux et vit l’Abbaye de Westminster. Elle traversa une rue et se retrouva devant l’imposant édifice gothique. Là, devant ce monument impressionnant où les rois étaient couronnés et les poètes enterrés, une sorte de sérénité l’envahit. Elle resta là pendant plusieurs minutes. Elle savait désormais qu’elle était arrivée dans le West End. Son refuge.

    * * *

    Adam Birmingham reposa son verre de brandy vide et, les sourcils froncés, observa son frère entrer dans le White’s. D’après l’expression du visage de Nick, il était clair qu’il était aussi fâché envers Adam qu’Adam l’était envers lui. L’aîné des deux frères se précipita vers la table d’Adam et parla avec une colère mesurée.

    — Je te croyais mort, dit-il avec une colère contenue.

    — Malheureusement, on ne meurt pas d’amour, bredouilla Adam. Je suis obligé de continuer à respirer même si j’ai perdu la seule femme que je ne pourrai jamais aimer.

    Nick se laissa tomber sur une chaise en face de lui.

    — Pas un instant je n’ai pensé que tu étais mort d’amour, mais j’étais surpris que tu ne sois pas à la banque aujourd’hui. En plus de dix ans, tu n’as jamais été absent un seul jour. Tes employés étaient tellement inquiets qu’ils m’ont alerté.

    — J’ai trop bu cette nuit, dit Adam en haussant les épaules. Je me suis réveillé dans un lit inconnu assez tard cet après-midi.

    Nick jeta un coup d’œil au verre de brandy vide. Adam fit signe au serveur, qui s’empressa de le remplir à nouveau.

    — Laissez la bouteille.

    — Je ne reste pas, dit Nick en secouant la tête.

    — Je ne te le proposais pas. J’ai l’intention de vider moi-même toute cette fichue bouteille. Je vais boire jusqu’à ce que je ne me souvienne plus du nom de Maria.

    — Tu te fais du mal pour rien. Ça ne la ramènera pas.

    — C’est la première femme à qui j’ai offert une maison, et regarde ce que j’ai reçu en retour !

    — Il ne t’est pas venu à l’esprit que les femmes puissent vouloir autre chose que ta fortune ?

    Adam se renfrogna.

    — J’aurais dû lui proposer le mariage comme cet Italien qui me l’a volée.

    — De toute évidence, c’est ce qu’elle voulait, mais je ne suis pas en train de dire que tu aurais dû lui demander sa main. Si c’était la femme de ta vie, tu aurais voulu l’épouser. Je sais que c’est difficile pour toi de le croire maintenant, mais tu aimeras à nouveau. Tu trouveras une femme que tu aimeras bien plus que tu n’as jamais aimé Maria.

    — Impossible. Maria était parfaite. Si belle. Si talentueuse. Si… si affectueuse.

    — Son côté affectueux est probablement la raison pour laquelle tu ne l’as pas demandée en mariage. Elle avait connu beaucoup d’hommes, et ce n’est pas le genre de femme qu’il te faut.

    Les yeux noirs d’Adam le fusillèrent.

    — Comment oses-tu dénigrer la femme que j’aime ! Si tu n’étais pas mon frère, je te provoquerais en duel.

    — Tu as trop bu. Allez, je te raccompagne chez toi. Pourquoi ton chauffeur n’est-il pas là ?

    — Je l’ai congédié. J’ai bien l’intention de boire jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une seule goutte de brandy au White’s.

    — Il vaut mieux que tu boives à Curzon Street. Il ne faudrait pas humilier Agar, qui nous a parrainés au White’s.

    — Je reste ici.

    Nick se leva.

    — Je n’arriverai pas à te faire changer d’avis ?

    Adam secoua la tête avec la détermination d’un enfant rebelle.

    * * *

    Des heures plus tard, il prit sa cape, son haut-de-forme et sa canne, quitta l’établissement de St. James Street et se mit en route pour rentrer chez lui.

    Puis il sentit la pluie tomber. Quel idiot il avait été de renvoyer son chauffeur chez lui. Il faisait un froid de canard. Mais même dans l’état d’ébriété dans lequel il se trouvait, il serait chez lui en un peu plus de cinq minutes. Mieux valait se dépêcher que d’attendre un taxi par un temps pareil.

    Même l’épais brouillard argenté ne pouvait le désorienter. Il avait fait ce trajet bien trop souvent. Bien sûr, ces autres fois, il avait observé la route depuis son confortable carrosse pendant que son cocher les ramenait chez eux.

    Sa plus grande menace pourrait venir des piétons. Après tout, il était un Birmingham. Ils étaient bien connus pour être les hommes les plus riches du royaume. Fort heureusement, il n’y avait pas grand monde dehors par une nuit pareille.

    Après avoir traversé Piccadilly, il entendit un bruit derrière lui et les poils de sa nuque se hérissèrent. Il se retourna brusquement, mais ne put rien voir dans le brouillard. Serrant sa canne qu’il pouvait utiliser comme une arme, il resta là sur le trottoir, tous les sens en alerte.

    Une jeune fille émergea du brouillard. Ou était-ce une jeune femme ? Elle avait l’air terriblement jeune, peut-être assez âgée pour sortir tout juste de l’école. Il était incapable de distinguer la couleur de ses cheveux, car elle ressemblait à un chiot mouillé qui avait besoin d’un bon repas.

    Quand leurs regards se croisèrent, elle sourit.

    — Vous avez l’air d’un gentleman. Je n’ai parlé à aucun homme qui n’était pas un gentleman.

    Donc ce n’était pas une femme facile. Sa voix était celle d’une femme raffinée. Il s’inclina.

    — Votre serviteur.

    C’est alors qu’il remarqua qu’elle traînait une grosse valise derrière elle.

    — Pouvez-vous m’indiquer Curzon Street ? demanda-t-elle.

    Il avait beau être passablement éméché, c’était une sacrée coïncidence. Était-ce un stratagème pour le voler ? Il ne répondit pas immédiatement. La pluie ruisselant sur son visage, il resta là à regarder la jeune femme. Il y avait quelque chose d’incroyablement vulnérable en elle. Elle était de petite taille et, d’après sa tenue et son manque de sophistication, c’était une provinciale. Alors qu’elle se tenait là, toute frissonnante, l’air interrogateur, il sut qu’elle était sincère. Jamais il n’avait vu un visage aussi innocent.

    — Il se trouve que je vais dans cette direction. Je vous y accompagnerai.

    Il jeta un œil à sa valise.

    — Permettez-moi de vous aider à porter votre malle.

    Le visage de la jeune femme s’illumina.

    — Connaissez-vous mon oncle, Simon Hastings ?

    — Cela me dit quelque chose, mais je ne le connais pas très bien.

    S’il n’était pas aussi ivre, ses souvenirs seraient peut-être plus précis. Il commença à traîner cette maudite valise, en se demandant ce qu’elle contenait, mais en se gardant bien de le demander.

    La jeune femme vint à ses côtés.

    — Je ne voudrais pas que vous me preniez pour une prostituée ou quelque chose de ce genre.

    Seigneur, il n’avait jamais entendu ce mot sur les lèvres d’une femme de bonne famille. Il ne savait pas comment répondre. Il pouvait difficilement lui dire qu’en raison de sa vaste expérience avec les prostituées, il savait qu’elle n’était pas de cet acabit. Au lieu de cela, il se contenta de dire :

    — N’importe qui saurait que vous êtes une lady.

    — Merci. Bien que je n’aie jamais rencontré mon oncle, il m’a invitée à venir vivre avec lui à Londres. Je viens d’arriver aujourd’hui d’Upper Barrington, mais mon oncle n’est pas venu me chercher.

    Voilà qui expliquait pourquoi la demoiselle traînait cette monstrueuse valise.

    — Pourquoi ne pas avoir loué un fiacre pour vous conduire à Curzon Street ?

    Elle haussa les épaules.

    — J’ai très peu d’argent et aucune idée de ce qu’un chauffeur de fiacre demanderait pour ses services.

    Il s’arrêta et se tourna vers elle, les sourcils baissés.

    — C’est votre tout premier séjour à Londres ? Votre premier jour… ou plutôt, votre première nuit ?

    — Oui.

    — Vous ne savez pas qu’il est extrêmement dangereux pour une jeune fille de se promener seule la nuit ?

    — Oh si. Ma tante Harriett m’a mise en garde contre les fous qui s’en prennent aux femmes à Londres. Depuis que j’ai quitté le relais de poste, j’ai filé aussi vite que j’ai pu. Et j’ai prié tout le temps pour que le Tout-Puissant me protège.

    Il lui jeta un regard. Cette demoiselle devait être vraiment vertueuse.

    — Et stupide.

    — Pardon ? Vous dites que je suis stupide ?

    Il l’avait pensé, mais n’avait pas l’intention de le dire tout haut.

    — Pardonnez-moi. Je suis sûr que vous n’êtes pas stupide, mais il est très peu probable que le Tout-Puissant descende dans cette métropole pour protéger une jeune femme d’Upper Barrister.

    Elle se raidit brusquement.

    — Barrington, corrigea-t-elle. Upper Barrington, et vous, monsieur, vous devez être un païen.

    Il hocha la tête.

    — Votre tante Henrietta serait consternée par mon comportement païen.

    — Harriett, corrigea-t-elle à nouveau.

    Il releva la tête (une très belle tête, à vrai dire) et la regarda attentivement.

    — Êtes-vous, par hasard, une gouvernante ?

    — Non. Je vais bientôt apprendre à présider la Ceylon Tea Company, dont mon oncle est propriétaire.

    — Oh, mon voisin est l’un des propriétaires de la Ceylon Tea Company.

    — Alors vous habitez à côté de mon oncle, qui habite au 302, Curzon Street.

    — Vous avez sans doute raison.

    Après avoir marché en silence pendant un bon moment, il aperçut les énormes lanternes qui éclairaient la maison de Nick. Il marmonna un juron.

    — Mince, nous sommes allés trop loin.

    Le brouillard et la présence de la jeune fille, en plus de l’ivresse, l’avaient distrait et il avait oublié de tourner dans Halfmoon Street.

    Sans tenir compte de ce qu’il venait de dire, elle avança jusqu’aux grilles de fer et sembla hypnotisée par la maison de son frère. En plus des nombreuses lanternes, la cour était éclairée par des rangées de grandes fenêtres palladiennes illuminées par une multitude de bougies à l’intérieur.

    — Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau ! Est-ce là que vit le prince-régent ?

    — Non.

    Pour autant, cette maison était réputée pour être la plus belle de Londres.

    — C’est mon frère qui vit dans toute cette opulencerie.

    Elle se tourna vers lui, les yeux ronds comme des billes.

    — Vous plaisantez ?

    — À propos de la maison ou de mon frère ?

    — Des deux.

    — Ni l’un ni l’autre. Voulez-vous voir la maison ?

    — Oh, impossible. Pas dans l’état où je suis.

    Elle continua à le regarder avec méfiance. Pensait-elle qu’il mentait en disant que c’était la maison de son frère ?

    — Opulencerie n’est pas un mot, lâcha-t-elle finalement. Monsieur, avez-vous bu ?

    — Je peux m’expliquer. J’essaie de noyer un chagrin d’amour.

    — Y êtes-vous parvenu ? demanda-t-elle.

    Il secoua la tête d’un air dépité.

    — Je me souviens encore du nom de la diablesse.

    — Je vois. Vous vouliez boire jusqu’à en oublier

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1