Journal d’une femme (extra) ordinaire !
Par Denise Morin
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEURE
Féministe avant l’heure, l’intérêt de Denise Morin pour la littérature se manifeste à l’adolescence. Elle a toujours lutté contre toute forme d’injustice. Retraitée, elle emploie son temps à ses hobbies ainsi qu’à l’amour de ses enfants.
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Aperçu du livre
Journal d’une femme (extra) ordinaire ! - Denise Morin
I
Introduction
Rassurez-vous, je ne suis absolument pas extraordinaire, l’adjectif ordinaire me suffira !
Je n’ai nullement la prétention de savoir paraphraser et devenir écrivaine, mais à un certain moment de la vie, il arrive que l’on ait envie de revenir sur ses pas pour mieux avancer.
N’est pas écrivaine qui veut !
Si aujourd’hui, je ressens le désir d’écrire, c’est que, peut-être, mon histoire, mon vécu méritent quelques lignes. On ne peut pas nier la réalité, elle est ce qu’elle est. On peut faire avec, on peut la contester, on peut la supporter, on peut l’affronter ou bien la fuir lorsqu’elle est insupportable pour soi.
Je suis banale, simple, une femme d’aujourd’hui, avec ses blessures, ses cicatrices qui s’estompent par le temps, et j’aime la vie, je profite de chaque instant : le vent, le bruissement des feuilles, les boutons de rose, le calme, la contemplation, la musique dont je me gave. Une simple pause dans la forêt et me voilà requinquée pour braver les tempêtes.
Le chemin a été tortueux pour arriver à 65 ans à commencer ma vie, celle que je choisis de vivre.
Bien des femmes se retrouveront ici. Fervente féministe, je me régale de la connerie, de la faiblesse de tous nos politiques quant à la perception des féminicides. Féminicide, mot jusque-là ignoré, voire inconnu. Oui, il y a également des hommes battus, j’en conviens, où sont-ils ? Qui sont-ils ? Connaissent-ils la honte, la peur, l’orgueil démesuré pour ne pas s’exprimer ?
Il est vrai que la femme ne connaît pas la honte de passer la porte d’une gendarmerie, ne connaît pas la peur de se voir défigurée, l’orgueil de demander de l’aide pour préserver ses enfants avant de penser à elle.
Une société faite par et pour les hommes. Le droit de vote pour les femmes, c’était hier, le droit d’ouvrir un compte bancaire, c’était hier, le droit d’avorter, c’était hier. Le droit de travailler sans permission du conjoint, c’était hier.
Le droit de cuissage, c’est encore aujourd’hui le droit d’humilier, c’est encore aujourd’hui, à compétences égales, le droit de payer une femme moins qu’un homme, c’est encore aujourd’hui.
Une femme doit être belle, élégante, à l’image de ce que nous imposent les médias, tout ceci n’est-il pas pour plaire, attiser la convoitise chez l’homme, pour l’homme ?
Loin d’être parfaite par mon corps, mes pensées, mes paroles, mes doutes, mes interrogations, mes postures, mes qualités, mes défauts.
Je suis faite femme, pas de chance ! Je suis ce que je suis, et merde…
Mon coup de gueule est toujours là !
Je reste persuadée que les hommes sont tout aussi complexes, dans les mêmes registres. Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus, il y aura toujours un monde pour nous séparer.
L’homme a, semble-t-il, besoin de se prouver, de prouver sa supériorité, par le besoin de se sentir utile, simplement en action et non en réflexion. Les voitures, la technicité ; la valeur des sentiments n’a que très peu de place dans son système. Pour nous, femmes, les sentiments sont la fondation du couple. Monsieur a besoin de valorisation par la prise en charge des aléas : un problème, une solution. Madame ne pense que par sentiment profond.
« Je ne veux pas de solution, je veux une écoute simplement et tes bras, pour me faire comprendre que tout va s’arranger. »
Si la famille apparaît comme étant les fondations de cet essai, la gent masculine aura également son chapitre.
Il n’est pas question pour moi de faire pleurer dans « les chaumières », pas plus que de faire la promotion pour « la désolation » voyeurisme bon marché.
Il me semble intéressant de voir l’évolution d’une petite fille devenue femme et totalement libre, libre d’être. Loin du show-biz, pour une fois, une personne quelconque. Moi !
Le passé est derrière et la fin vous conviendra certainement. N’hésitez surtout pas à commencer par la dernière ligne ou encore le chapitre qui vous semble le plus intéressant, cela peut vous inciter à continuer la lecture. Je prône la totale liberté de vous promener dans un livre.
Je m’appelle Déesse Salazard. Voiture ou divinité, je vous laisse choisir ! je suis née le 12 juin 1956 à Pdernec, petite bourgade des Côtes-d’Armor, entre Saint-Brieuc et Pontivy.
Mon père, Palys Salazard, orphelin très jeune, élevé par ses tantes à Morlaix, puis par les Jésuites à Meudon, travaillait comme mécanicien pour le réseau breton, un des plus grands réseaux ferroviaires de l’époque qui desservait le centre de Bretagne : Carhaix, Loudéac, Rostrenen, Pontivy, etc.
Il parlait de sa 41 P.O comme d’une amie, cette machine de fer à laquelle on donnait à boire par un système de pompe placé à l’entrée des gares, qui crachait sa fumée blanche dans le paysage et les escarbilles sur les voyageurs !
Si je ne me souviens pas de mes premiers jours, j’ai gardé les souvenirs douloureux d’une enfance maltraitée, violente et j’ai grandi avec.
II
Le baraquement
Nous habitions dans une « longère » qu’on appelait : « le baraquement ». Cette construction élaborée à l’après-guerre était bâtie en bois noir à forte odeur de brûlé, formée de trois appartements identiques de plain-pied. Ainsi, les « Guenec », les « Rouaux » étaient nos voisins.
De l’extérieur, nous entrions directement dans la cuisine, une pièce chauffée avec une cuisinière à charbon charbon que la S.C.N.F nous livrait. Stocké dans la cave située au bout de la longère, un vieux seau en fer tout cabossé était utilisé pour alimenter la cuisinière que nous allions remplir. Quelques meubles rudimentaires décoraient cette pièce à vivre, dont une table en bois et deux bancs ainsi qu’un vieux buffet de couleur blanc cassé devenu couleur crème. Au fond, deux portes séparaient la chambre des parents des deux autres. Nous dormions ensemble, « les petites », Maïlys et moi, dans la première, Pauline et Élise dans la seconde que je trouvais grise, triste. La mienne n’était guère mieux, mais peut-être légèrement plus lumineuse. Évidemment, pas de chauffage, le givre faisant son apparition à l’intérieur, dès les premiers froids.
Devant, à proximité du passage des trains, nous avions une grande cour qui nous permettait de nous défouler, de jouer à nos jeux préférés : ballon prisonnier, chat perché, un-deux-trois-soleil, la marelle. Nous avions également un poulailler à l’opposé de notre logement, placé dans un coin, à côté du champ que nous traversions chaque matin, Maïlis essayant tant bien que mal d’apprendre à lire aux poules.
Est-ce à ce moment que Pauline prit la phobie de ces gallinacés ? Nous en rions encore, dès qu’il est question de foire à la volaille ! un projet qu’elle a mené sur sa commune.
Trois familles logeaient dans ce baraquement :
« Les Salazard », c’était nous, les « Guenec », composée du père, cheminot, de la mère, je l’appelle « Myrtille », sucrée et amère ; une femme qui me paraissait effacée mais qui s’est occupée de moi lorsque j’ai failli mettre le feu dans la cuisine.
Je suis malade, la cuisinière est allumée et je dois faire à manger pour mes sœurs. Un ragoût. Aucune idée sur comment cuire de la viande.
À première vue, cela semble d’une simplicité évidente, pour ceux qui maîtrisent l’art culinaire, certes, mais à mon âge, totalement inconsciente de savoir s’il faut mettre la viande avant, avec ou après les pommes de terre, donc, suivant mon instinct de petite fille, je mets la viande crue à cuire dans la cocotte sur la cuisinière, commence à éplucher les pommes de terre et ajoute quelques morceaux de bois dans le fourneau. Une odeur de brûlé me parvient et je vois de la fumée s’échapper de la réserve de bois. J’appelle Myrtille qui s’empresse de vider la réserve. Les chaussons qui s’y trouvaient n’ont pas résisté, ils étaient morts. Lorsque je repense à ce moment, je revois Myrtille en colère contre mes parents qui m’ont laissée seule à la maison, je devais avoir sept, huit ans. Je me suis bien gardée de m’en vanter auprès de mes sœurs.
Les « Guenec » ont deux filles, Aline et Karine, toujours apprêtées, bien coiffées, portant souvent de vraies chaussures neuves. Un peu pédantes, je crois qu’elles savaient que nous n’étions pas du même niveau social. Pour moi, pauvre, paria avec des poux, elles représentaient la famille modèle.
Nous n’avions que très peu d’affinités si ce n’est pour le ballon prisonnier.
Les « Rouaux », le père cheminot, la mère au foyer et un petit garçon prénommé Jean-Paul qui fut mon premier petit copain, à qui j’en ai fait voir de toutes les couleurs lors de nos jeux d’enfants. Il ne m’a pas ménagée non plus, à coups de savate, de coups de poing et de colères.
En parlant de la colère, celle-ci me faisait passer de normale à l’évanouissement. Pas drôle, déjà hors norme !
Dans les années soixante, à cette époque, on ne se rinçait pas le gosier à la