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Tyrannie et châtiment: Vie et meurtre parfait du tyran moderne
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Livre électronique185 pages2 heures

Tyrannie et châtiment: Vie et meurtre parfait du tyran moderne

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À propos de ce livre électronique

Une histoire banale, humaine, de douleur et de soumission. Tess divorce, mais le chemin qu’elle quitte n’est rien à côté de ce qui l’attend. Ce roman est inspiré d’une histoire vraie et se lit comme un témoignage glaçant, progressant crescendo vers une tension empreinte de folie. Thriller à suspens sanglant, ce récit mène le lecteur vers un dénouement surprenant qui ravira les amateurs de sensations fortes. Âmes sensibles s’abstenir !
LangueFrançais
Date de sortie22 juin 2022
ISBN9782312123844
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    Aperçu du livre

    Tyrannie et châtiment - Elma Släfolger

    cover.jpg

    Tyrannie et châtiment

    Elma Släfolger

    Tyrannie et châtiment

    Vie et meurtre parfait du tyran moderne

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Pour contacter l’auteur :

    elma.slaefolger@gmx.fr

    © Les Éditions du Net, 2022

    ISBN : 978-2-312-12384-4

    À toute victime des perversités de notre époque

    Avant-propos

    Zeus, Poséïdon, Hadès… nous sommes au XXIe siècle et peu nombreux à nous intéresser à la théogonie d’Hésiode. Si ces noms ne vous évoquent rien, retenez donc que l’expression « tomber de Charybde en Scylla » signifie choisir une deuxième option, s’avérant bien plus douloureuse que la première, comme ce réflexe qu’ont souvent les humains à cumuler les mauvais choix sans jamais réfléchir, analyser causes et conséquences, ni se remettre eux-mêmes en question.

    Mettre une issue malheureuse sur le compte d’un dieu, d’autrui, ou d’une hypothétique providence, n’est qu’un penchant naturel de l’humain vers la facilité.

    L’expression rappelle donc cette propension qu’ont hommes ou femmes à éviter une issue, en choisissant une autre voie qu’ils ignorent être un sort bien plus grave, comme nous allons le découvrir au travers de cette fiction, inspirée d’une histoire vraie largement romancée.

    PREMIÈRE PARTIE :

    Charybde

    Mars 1998, évaluations

    Je suis psychiatre, reconvertie psychothérapeute, spécialisée en pathologie clinique. En langage clair, j’exerce mes talents dans l’étude et le diagnostic des troubles du comportement. Mes patients sont ensuite orientés, soit vers un psychanalyste et son divan freudien, soit vers un/une collègue psychiatre et son hôpital. Je fais jouer le réseau parce que je ne traite pas, du moins, plus les cas trop « secoués » ou plus prosaïquement les particularités de patients plus ou moins dignes d’intérêt, fonction de leur situation et leur problématique. Je suis arrivée à saturation précisément lorsque je croisai la route d’un jeune patient fortuné à qui le père avait offert une Mercedes décapotable pour ses dix-huit ans. L’expression « flambant neuf » avait curieusement inspiré l’héritier puisque celui-ci n’avait pas trouvé mieux que de mettre le feu à son cadeau d’anniversaire devant un parterre de domestiques. Aujourd’hui, partagée entre mon cabinet privé en province et une permanence à Paris, je conserve le pouvoir d’administrer un traitement, mes patients autorisés par la loi à se faire rembourser une médication adaptée quand ce n’est pas une prise en charge hospitalière dans certains cas. Je passe quand même 90 % de mon temps à Caen, en Normandie, contre seulement deux allers-retours par mois dans un centre médical au pied de la gare Saint-Lazare. Je fais un métier qui me plaît. Cette situation offre l’avantage de faire face à un panel relativement large de pathologies et de troubles psychologiques légers, évitant à la fois les complications, la prise de risque et la routine ou bien l’ennui. Quand cela devient trop lourd, je passe la main. Les pathologies se transmettent souvent de génération en génération. Non par hérédité exclusivement, mais parfois aussi par simple imitation. Au-delà de ce constat, il n’y a pas de règle absolue. Ces troubles peuvent s’amoindrir considérablement jusqu’à disparaître en apparence pour une durée indéterminée. Mais une trace subsiste toujours, tapie au fond des êtres. Dans le meilleur des cas une trace consciente : dans les souvenirs. Dans le pire, une trace inconsciente, du domaine de l’indomptable, de l’imprévisible, se transformant parfois en incommensurable piège, à la mesure des capacités du cerveau humain, illimitées ! La psyché des êtres humains ignore la condition sociale, elle exerce ses mécanismes indifféremment chez les pauvres et les riches, les prolétaires comme les aristocrates. Le seul critère de variation pourrait être relatif au taux de divorce, un corollaire du taux d’urbanisation. De fait, la région parisienne affiche le taux de divorce le plus élevé. Les deux jours par mois, rue de Turin, sont un peu comme les classes de mer de mon fils : c’est toujours du travail, mais dans un cadre ludique et sportif et cette partie de billard, à juguler ou composer avec les susceptibilités et vanités de mes collègues parisiens, se termine toujours par un tour dans les galeries marchandes avant de rentrer au bercail. Bref, je ne m’ennuie jamais !

    Mon cabinet, situé dans la rue des écuyers à Caen, me procure l’attrait de pouvoir me soustraire aux codes sociaux du travail à plusieurs. Nous ne sommes que deux associées, nous partageant une clientèle très différente. Ma consœur s’occupe des problématiques de l’enfance. Pour ma part, je préfère la difficulté directe, plutôt que d’être confrontée à des adultes récalcitrants, à savoir les parents. Il est parfois nécessaire de s’occuper d’abord des géniteurs avant de s’occuper de l’enfant. Dans notre métier, l’action commerciale est réduite à sa plus simple expression : la motivation de l’interlocuteur. « Êtes-vous d’accord, oui ou non ? » Et les parents souvent à la source du problème, les convaincre de la nécessité d’une thérapie à leur endroit, revient à vouloir abreuver un âne qui n’a pas soif. Vous risquez au pire le coup de sabot, comprenez l’agression verbale, votre initiative interprétée comme une surenchère commerciale, au mieux le froncement de sourcil du parent contrarié, grimaçant sa signature sur un chèque, avant de disparaître à jamais. J’ai donc opté très tôt pour une spécialisation s’adressant aux adultes et non aux enfants, d’autant plus passionnante que les questionnements peuvent être très divers. Cet éventail comportemental s’exprime aussi par la variété des évolutions de ces troubles, soumis à leur environnement et leur expression constatée… ou pas. Les malades mentaux se font connaître, comme les radiographies d’un processus tumoral, en noir sur un fond blanc souvent trop tard, dans les manchettes des journaux.

    Les jours où l’activité décline, je pars remonter la rue Caponière, flâner devant les vitrines des quelques boutiques. « Sweet home », la devanture est avenante, les meubles, de bonne facture, sont adroitement mis en valeur dans un espace pourtant réduit. Le patron, allure sympathique d’un quadra dynamique, fait partie de ce que j’appelle les « âmes-socles », les piliers parfaitement équilibrés, je les ai toujours flairés facilement. Ils ont cette assurance profonde, ce fondement solide qui transparait dans leurs yeux, comme dans leurs gestes ou leurs postures. Celui-là ne franchira jamais le palier d’une permanence psychiatrique. Le « sweet home » des premières années de vie est déterminant pour un humain, la détermination sociale pèse d’ailleurs de plus en plus au fil des décennies. Mais l’environnement et l’inconscient familial ne sont pas les seuls ingrédients, ils sont parfois complétés par l’inconscient conjugal, une sorte de paradigme qui échappe à toute logique, des interactions qui viennent brouiller les pistes, bref un sujet d’étude intarissable.

    « S’il vous plait… Surtout, n’oubliez pas, vous laisserez la porte ouverte en partant tout à l’heure, d’accord ?… Merci. » Il est 18 h 00, nous sommes lundi, un jour de semaine consacré plutôt aux paperasses qu’aux entretiens, les habitués étant disponibles les mercredis s’ils ont des enfants, ou les fins de semaine pour tous les autres. Sans pour autant être une indécrottable incompétente, notre assistante est une perle… de distraction ! Nous l’avons gardée non pas pour ses qualités professionnelles, mais pour la joie qu’elle met à l’ouvrage. Que le soleil brille ou qu’il tombe des giboulées, en été comme en hiver, elle arrive tous les matins le sourire aux lèvres et inonde l’espace de sa bonne humeur et de sa joie simple, pour le restant de la journée. Dans la salle d’attente d’un médecin, la bonne humeur est une denrée rare, qu’il convient d’économiser, de cultiver, de stocker, de multiplier comme les cellules d’un gamète humain dans l’utérus d’une femme enceinte.

    Ce soir, j’ai rendez-vous avec une dénommée Tess Delatour. Un appel alarmé d’une ancienne connaissance, voisine des bancs de la fac, spécialisée auprès des cabinets de placement et recrutement. Elle m’avait annoncé d’une voix grave que l’une de ses collègues traversait un cauchemar conjugal, semblait-il, depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Tess a l’aspect égaré de la proie écoutant l’hallali. Sa voix autant que son énergie vitale semble rapetisser à mesure qu’elle avance vers moi. De petite taille, bien qu’harmonieuse dans ses formes, elle paraît, tel un pantin de bois à qui il manquerait une ficelle, désaxée, sur le seuil de mon bureau. Les épaules basses, le tailleur-pantalon froissé, de couleur aussi fade qu’une robe de bure. Elle cache de profonds cernes sombres derrière d’épaisses lunettes noires, plus efficaces pour disparaître, que pour affronter les quelques rayons de ce soleil timide du mois de mars. Le mois de mars, c’est le mois des fous dans la croyance populaire. Quel augure formidable ! Ses boucles blondes ne suffisent pas à embellir une peau ravagée par le manque de sommeil. Les gestes sont saccadés, comme heurtés par une main invisible. Il était temps, elle semble au bout du rouleau. Un bonsoir bredouillé du bout des lèvres laisse présager un torrent de larmes. C’est un cas d’urgence visiblement et le rendez-vous risque d’être long.

    – Vous permettez ? J’envoie un texto et je suis à vous. Asseyez-vous, j’en ai pour une minute.

    – C’est ma collègue, répond-elle mécaniquement. Elle m’a dit de venir vous voir… enfin… que je devais venir… Qu’il fallait que je vous parle de mon projet…

    – Ça y est, je suis à vous. Un projet… ?… De quel projet s’agit-il ?

    – Je dois me suicider samedi.

    Novembre 1994, conjoncture

    Tess se passe la main sur le visage. Cette fois, c’est sûr, sa vie va changer. Vingt ans passés à servir de bonne à son mari, sa famille, ses beaux-parents, à servir de portefeuille à tout le monde. Il fallait prendre son courage à deux mains. Le courage, ce n’est pas ce qui la caractérise le plus pourtant. Que n’avait elle pas imposé cette condition dès le départ ! « Tu veux un enfant ? Pourquoi pas en effet ? Mais ce sera dans notre maison, pas celle de tes parents. ». Quinze ans plus tard, la suite est prévisible. Julia, leur fille, est invitée quasiment chaque fin de semaine. Elle attend avec impatience les rotations de nuit du travail de son père. C’est la fête ce soir : le maître de la télécommande est absent. Mère et fille s’ébattent une semaine sur deux. Elles louent des films au distributeur du coin ou mangent à la crêperie du centre-ville, certains soirs d’été. Elles s’obstinent à dépenser sans compter, saoulées de liberté fugace et de bonheur factice, au cinéma du quartier ou sur une piste toute neuve du bowling de Mondeville, lorsque les devoirs scolaires, d’un côté et les horaires maternels de l’autre le permettent. La seule personne lui témoignant de l’affection, c’est elle, Julia, sa fille de quinze ans, qui a fait son entrée au lycée l’an dernier.

    Le salon de coiffure en centre-ville, celui que la famille et les amis fréquentaient, avait récemment embauché une nouvelle employée. Toutes les amies de Tess s’accordaient à dire que la nouvelle coiffeuse n’allait pas rester célibataire longtemps et les hommes se consultaient entre eux pour savoir qui allait être le premier à s’y précipiter. Antoine avait écouté les ragots d’un intérêt limité puis poussé par Tess, il s’y était rendu. De retour le samedi midi, Tess regretta amèrement d’avoir envoyé son mari chez le coiffeur.

    – Alors cette demoiselle, l’employée, elle est vraiment mignonne ?

    – Qu’est-ce qu’elle est belle ! Ça pour sûr, c’est une belle femme, avait-il répondu d’un seul élan, des étoiles dans les yeux, sans conscience de l’effet qu’il produisait sur son épouse.

    Tess et Antoine se connaissaient depuis le lycée, ils cumulaient vingt ans de vie commune et jamais une seule fois Antoine n’avait fait de compliment à sa femme. Pas un seul « tu es belle ce soir », jamais une seule touche de tendresse, pas un seul regard étonné lorsqu’elle forçait un peu sur le maquillage, jamais une seule remarque sur ses vêtements ou ses bijoux qu’elle choisissait d’ailleurs elle-même, tout intérêt limité, de la part de son mari, au prix qu’il fallait payer pour des artifices sortant vaguement de l’ordinaire.

    Antoine est un homme-légume. Ça naît, ça vit et ça meurt. Ça se plante quelque part, dans un coin de maison ou d’appart, un espace dans l’ombre puis la lumière selon l’heure de la journée. Ça reste là, profitant de quelques rayons de soleil, un peu de fortune, qu’on espère constante malgré les vents, les nuages, la grêle dans leurs poches à oursins ou la sécheresse de leur cœur et l’aridité de leur terreau. Le mental avide avare, un vide dont la nature a horreur, l’homme-légume thésaurise son trésor, le dépensant à la manière du pois… chichement. L’âme aride et avide, cet homme-là croît pourtant dans la moiteur du vice. Ça pousse comme des champignons dans l’humidité des quartiers de banlieue, les sous-bois des parcs cossus de la capitale ou les bocages normands aux pieds des grasses forêts du pays de Caux, du Perche ou du Cotentin. L’homme-légume essaime sans aimer, disperse ses gênes de cactacée inlassablement, le drosera de leurs bras collant des

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