T’INQUIÈTE !
La transparence extatique que veulent m’imposer les commerçants de la zénitude m’effraie et me dégoûte
Mes petits-enfants me le disent cinquante fois dans une journée. T’inquiète ! Cette injonction protectrice ne me fait aucun effet. Car oui, je m’inquiète, pour tel ou tel trajet qui me semble dangereux, pour le temps qu’ils consacrent àn’est pas leur apanage. Je l’entends au vol sur les trottoirs, dans la bouche des jeunes adultes. Parfois, il devient presque une sorte de virgule. Beaucoup plus généralement, c’est la société tout entière qui me dit la ministre de la Santé pour les ravages du Lévothyrox, le préfet de Seine-Maritime pour le nuage apocalyptique de l’usine Seveso. Et puis le est devenu une religion, ce prôné par des grands prêtres doucereux, hommes sans colère à la mansuétude lénifiante et infinie. Dans les maisons de la presse se déploient sans vergogne de nouveaux magazines aux titres édifiants : et le plus croquignolet : . Dans les librairies, un rayon aux couvertures bleu layette, rose ou vert pâle pacifiant me promet l’acceptation du monde et de moi-même, et ce bien absolu: l’ataraxie. L’absence de trouble. Ça ne me va pas. Je ne suis pas sur Terre pour ne pas être troublé.
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