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Kupa Piti: Le trou de l’homme blanc
Kupa Piti: Le trou de l’homme blanc
Kupa Piti: Le trou de l’homme blanc
Livre électronique275 pages3 heures

Kupa Piti: Le trou de l’homme blanc

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À propos de ce livre électronique

La symbolique des pierres précieuses est une science intéressante lorsqu’elle est utilisée à bon escient. Quand des cadavres se retrouvent en possession de celles-ci et que d’autres sont déterrés et laissés à des endroits précis ayant un lien avec son passé, Charlotte comprend que le message lui est adressé.

Son père, qu’elle avait laissé partir malgré les atrocités qu’il avait perpétrées avec ses équipes Rainbow, refait surface, voulant l’emmener du côté le plus sombre de sa bipolarité. Il voudra à tout prix reconstruire la famille parfaite qu’il n’a eu de cesse de détruire.

Les polices du monde entier vont, une fois de plus, devoir faire fi de protocoles pour s’allier et stopper cette folie meurtrière. Comment arrêter cette histoire de famille hors norme, lorsque la perversité d’un homme est à son plus haut point ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Avide de voyages, de mythologies, de civilisations diverses, car ayant vécu à l’étranger, Isabelle Duval aime partager ses passions et mettre des mots sur certaines douleurs rencontrées.
LangueFrançais
Date de sortie14 juin 2022
ISBN9791037758088
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    Aperçu du livre

    Kupa Piti - Isabelle Duval

    Prélude

    Rien n’aurait dû troubler le calme qui régnait dans ce village au décor postapocalyptique, situé en Australie méridionale.

    La chaleur étouffante avoisinant les 40 °C, alors que nous étions en plein mois de janvier, donnait l’impression que le paysage était flou. Des volutes de poussières de part et d’autre, quelques virevoltants traversant la seule route qui amenait dans ce recoin et, comme pour planter le décor annonçant que la sécheresse était reine sur cette terre, un arbre en ferraille surplombait le haut d’une colline.

    Nul doute, nous étions bien arrivés à Kupa Piti, le trou de l’homme blanc comme l’avait appelé les aborigènes, plus connu sous le nom de Coober Pedy, la capitale mondiale de l’opale.

    Coober Pedy

    Même pas six mois s’étaient écoulés depuis notre mariage et moins d’une année après notre venue en Australie. Nous pensions revenir, car nous avions vraiment aimé les villes de Melbourne, Echuca et Lorne . De plus, j’avais le droit d’aller en terre d’Arnhem quand bon me le semblerait depuis que j’avais pris connaissance de mes origines maternelles.

    Malheureusement, nous fûmes obligés de venir en urgence, une fois de plus, pas en tant que vacanciers profitant de ses jours de congés mérités. Nos homologues australiens avaient très vite fait le rapprochement entre toute la folie que fut le périple de la team Rainbow nous ayant menés à travers le monde pendant pratiquement deux années et ce qu’il venait de se passer ici.

    Aucun mot ne me vint à l’esprit lorsque je vis le pseudo-spectacle qui nous avait été laissé, comme un souvenir ou un trophée par celui ou ceux qui avaient déposé cette dépouille en plein milieu du cimetière, déjà cosmopolite et un peu farfelu par son multiculturalisme. Des tombes formées avec des fûts de bière indiquant « have a drink on me ! », une autre avec des ours en peluche, probablement celle d’un enfant, une autre en forme de château fort et tellement d’origines diverses. Il y avait plusieurs religions, mais pratiquement toujours le même âge de décès, dans la soixantaine, bizarrement…

    De ce fait, ce corps plus que mutilé, de femme dans la quarantaine ne collait pas au décor. Il avait été découvert il y avait trois jours de cela par une femme venant entretenir la tombe de son défunt mari. La pauvre ne s’en était toujours pas remise.

    Elle reposait sur la terre avec des opales disposées en forme de cercle tout autour d’elle. Ce fut ce détail qui fit en sorte que nous nous retrouvions là, sur cette affaire. Les dernières fois que nous avions parlé d’opale, il s’agissait d’un yacht, ou d’une magnifique pierre, qui se trouvait à la place d’un cœur dans le corps d’une femme enceinte dont l’enfant avait été ôté.

    Je n’arrivais pas du tout à m’exprimer et mon mutisme inquiétait James ainsi que tous les officiers présents. Tous connaissaient mon histoire, mon passif familial et surtout savaient que cela ne pouvait être que l’œuvre de mon père. Lui, que j’avais délibérément laissé partir entre les mailles du filet, lors de l’enterrement de mes frères. Il ne m’avait plus donné signe de vie, alors qu’il me l’avait promis, depuis mon mariage.

    — Parle-moi ma puce ! me supplia James, en me passant la main dans le dos.

    Je mordais l’intérieur de mes joues, nerveusement. Je faisais le tour du cercle, les bras croisés, signifiant que je restais sur ma position et que je ne voulais pas être dérangée. Je scrutais le paysage, j’essayais de trouver l’indice qu’ils auraient pu manquer et qui prouverait que ce ne pouvait pas être son œuvre. Je voulais me convaincre qu’il n’avait pas replongé dans ses délires psychotiques, et qu’il n’allait pas encore s’en prendre à des personnes innocentes.

    Je savais que si tel était le cas, j’allais sombrer également avec lui, le côté obscur de ma personnalité bipolaire devrait ressortir pour m’imprégner de son état d’esprit, afin de réussir à le comprendre pour anticiper ses futures actions. Cela m’avait détruit lors de l’affaire précédente et j’appréhendais le moment où quelqu’un viendrait m’apporter la preuve que ce tableau ne pouvait être que de lui, mon père Alexandre Debart. Un des plus grands psychopathes recherchés.

    Je pris mes lunettes de soleil dans mon sac à dos et les mis, plus pour cacher d’éventuelles larmes qui commençaient à se former, que pour me protéger du soleil écrasant de cette région australienne.

    La fatigue accumulée entre le vol de plus de vingt heures, le décalage horaire, le changement de climat car nous avions changé d’hémisphère et donc de saison, ainsi que les 1559 kilomètres nous séparant de Melbourne où nous avions posé nos bagages le temps d’une nuit d’hôtel, bien méritée ; tout ceci m’épuisait physiquement. Je n’avais pas besoin d’être en plus fatiguée moralement.

    — Qu’est-ce qu’il y a là-haut ? demandais-je à un résident permanent, tout en désignant une colline sur laquelle nous avions vu l’arbre en ferraille et où je voyais une espèce d’énorme seau.

    — Le Big Winch, une sorte de puits géant. Il y a aussi un totem avec des claviers d’ordinateurs fait par un artiste.

    — L’originalité australienne ! s’exclama James en souriant. Tu en as hérité, tu es unique en ton genre !

    Je haussais les épaules, comme pour signifier que cela m’indifférait. Mon cerveau s’était mis en mode réflexion de psychopathe, je trépignais car j’attendais de savoir ce qu’ils avaient trouvé. Ils avaient juste laissé le corps et les opales qu’ils avaient recouverts d’une bâche blanche et avaient surveillés pendant près de deux jours, le temps que nous arrivions de Boston.

    Au vu de son état avancé, elle était de toute façon déjà morte depuis un petit moment. D’innombrables mouches Piophilidae, noir luisant, étaient en stand-by autour du corps, ce qui signifiait que la caséine était en train de fermenter à l’intérieur, nous permettant d’estimer le décès entre quatre et huit mois. Je pensais plus vers quatre mois, m’obligeant à croire que si mon père était derrière tout cela, il aurait eu deux mois pendant lesquels il se serait comporté normalement, sans aucune pulsion névrotique.

    De plus, aucun coléoptère dont l’Histeridae n’était encore apparu donc nous n’étions pas encore à la cinquième escouade de succession, dans l’avancée de la décomposition des chairs.

    N’ayant rien d’autre à faire qu’attendre le responsable qui devait arriver avec les informations transmises par le médecin légiste, ainsi que par les officiers ayant été en premier sur les lieux, nous acceptâmes de nous mettre au frais dans l’une des nombreuses maisons troglodytes afin de nous rafraîchir. Une habitante d’origine allemande, étant venue tenter l’aventure de la quête de l’opale, nous accueillit chaleureusement au sein de sa demeure. L’endroit était peu lumineux, poussiéreux car au cœur d’anciennes mines rénovées, mais c’était fort agréable car la fraîcheur que nous pouvions ressentir était impressionnante.

    C’était très appréciable car la chaleur, le stress, la pression et mon asthme ne faisaient pas bon ménage.

    Nous appréciâmes également un verre de boisson fraîche ainsi que quelques cookies faits maison.

    — Vous êtes ici depuis longtemps ? demandais-je à notre hôte.

    — Une demi-vie ! Cela fait trente ans que je cherche le filon avec mon mari. Il est dehors en train de fouiller les gravats, répondit Olga, toute fière de nous montrer le matériel pour l’extraction de l’opale.

    — Vous connaissez tout le monde alors ? demanda James.

    — Quasiment oui, sauf ceux qui ne passent que pour quelques jours et que l’on ne croise pas à l’IGA ni à l’église.

    — L’IGA ?

    — Notre supermarché local et si vous cherchez l’église, elle est aussi souterraine ! La plupart des gens de passage sont surtout curieux et ne veulent pas s’intégrer à notre communauté.

    Je sortis mon téléphone et montrais machinalement une photographie de mon père, espérant intérieurement que son visage lui serait inconnu.

    — Vous l’avez déjà vu dans les parages ? demanda James qui avait vu la photo également.

    — Alexandre ? Mais bien sûr, il est tellement gentil, curieux et si fier de sa famille !

    — De sa famille ? nous demandâmes en même temps.

    — Oui sa femme Louise et leurs triplés ainsi que ses petits-enfants. Trois adorables petits garçons. Il m’a dit qu’il me montrerait des photographies lorsqu’il reviendrait ! dit-elle toute guillerette !

    Je regardais James, perdue, anéantie une fois de plus. Quelle était donc cette histoire de famille alors qu’il ne restait plus que lui et moi ? Tous les autres étaient décédés par sa faute pratiquement.

    Mon sang sembla se figer dans mes veines, mon pouls s’accélérait et j’avais besoin d’air. Malheureusement, je risquais de courir derrière une chimère si j’en cherchais ici, cela relevait du miracle.

    — Avez-vous des glaçons s’il vous plaît ? lui demandais-je. Vite !

    Elle se dépêcha et m’amena deux blocs de glace pilée que je m’appliquais dans le cou et sur la poitrine, sous son regard étonné. Je devais me détendre et reprendre le cours des évènements, réussir à emmagasiner ces nouvelles. Je ne devais pas craquer dès le début de cette aventure, je devais juste me rafraîchir les idées afin d’y voir plus clair. Heureusement, James, plus pragmatique que moi et à l’affût des réponses pouvant nous aider, continua la conversation.

    — Quand l’avez-vous pour la dernière fois ?

    — La semaine dernière, il avait réussi à obtenir presque tout ce qu’il avait voulu et il s’était séparé de ses deux amis qui étaient arrivés avec lui il y a environ six mois, après un petit tour au Japon je me souviens qu’il m’avait dit cela. Ils sont tous partis à divers endroits mais je ne sais pas où !

    — Nous nous en souvenons aussi du Japon… dis-je avec dédain.

    — Ils se débrouillaient bien, ils avaient extrait beaucoup d’opale différente et d’autres choses dont ils avaient besoin mais j’ignore lesquelles. Ils devaient aller ailleurs pour d’autres pierres je crois. Alexandre adorait les significations des pierres et était incollable à leurs sujets. Mais comment le connaissez-vous pour avoir sa photographie ?

    — Il est recherché par… commença James.

    — Par moi car il est mon père. Je fais partie des triplés ! coupais-je court à la discussion.

    James me regarda incrédule et m’attrapa par le bras pour me parler dans un coin du salon.

    — À quoi tu joues ? Tu vas encore le protéger ? Tu as vu ce qu’il recommence à faire ?

    — Car tu es sûr que c’est lui ? Il n’était pas seul, elle l’a dit !

    — Charlotte s’il te plaît. Ouvre les yeux ! Il recommence quelque chose de visiblement plus terrible qu’avant. Il n’a plus tes frères pour le seconder, il va essayer de venger leur mort, j’en suis certain.

    — Il l’a déjà fait au Japon. Il a tué Corleone et les Irlandais dans le restaurant. Tu as oublié la vidéo ?

    — Je n’ai rien oublié de tout ce qui s’est passé, de A à Z. Rien et surtout pas le mal qu’il nous a fait.

    Les larmes coulèrent sur mes joues. Je ne les retenais pas pour éviter de sombrer, de garder toute cette douleur et cette rancœur en moi. Je ne pouvais pas oublier qu’il avait fait tuer mon fils, qu’il avait voulu m’éliminer, qu’il avait fait supprimer des enfants, des femmes enceintes et avait créé toute une histoire autour des serpents célestes, des mythologies ayant un rapport avec les arcs-en-ciel ou les triqueteras afin de m’attirer dans son sillage. Alors oui, tout ceci m’avait appris plein de choses que j’ignorais sur ma famille et mes origines, mais mon être était totalement chamboulé.

    Je m’assis sur un fauteuil rouge d’où de la poussière s’échappa, me faisant toussoter. James se dirigea vers la sortie pour attendre les inspecteurs qui ne devaient plus tarder.

    — Tu peux aller compter le nombre d’opales autour du corps s’il te plaît ?

    Il me regarda, surpris de ma demande.

    — À quelle fin ?

    — Je pense savoir combien tu vas en trouver. Je le note sur mon téléphone et nous comparerons quand tu reviendras.

    — Ça marche, Sherlock ! répondit-il en sortant.

    — Vous pensez à quel nombre et pourquoi, si je puis me permettre ? me demanda Olga en m’apportant un verre d’eau, ainsi qu’un mouchoir.

    Je la remerciais d’un signe de tête tout en inscrivant le chiffre dans mon téléphone. J’attendais qu’elle reparte, consciente que je ne répondrai pas à sa question et j’osais envoyer un message à mon père. Son numéro était mémorisé sous le nom de Gabriel 2, mon demi-frère dont j’avais prétendu qu’il avait deux numéros, afin de n’éveiller aucun soupçon chez James. Il faut dire qu’il avait moyennement bien pris le fait que mon père m’envoie un message sous le nom de Wuta, le jour de notre mariage. Je lui avais dit que cela était l’ultime message de mon père et que j’effacerais ses coordonnées…

    « Dis-moi que ce n’est pas toi qui as fait cela papa. Ne déracine pas notre arbre. »

    Je touchais ma médaille ayant appartenu à ma mère et représentant un arbre de vie. Je repensais à la fois où mon père me l’avait donnée, au cimetière… J’aurais voulu le prendre dans mes bras et lui dire que moi, j’étais toujours là, aussi incroyable que cela pouvait paraître.

    Saint-Quentin

    Cela faisait partie du quotidien des habitants d’être constamment obligés de prendre des itinéraires de substitution, alors une déviation de plus n’était pas pour les déranger ou pour les inquiéter outre mesure. Elle était juste étrangement située à un endroit où aucun travail d’assainissement n’était prévu ni autre sorte de ravalement de route.

    De plus, il n’était pas question de quelconques rénovations supplémentaires dans une des cavités ou d’une fuite de canalisation. Non, cette fois-ci, dans un des innombrables souterrains que comptait la ville, un groupe de touristes, accompagné de leur guide était tombé sur le corps sans vie d’un enfant d’une dizaine d’années. À première vue, il était décédé la veille et avait été déposé en position fœtale.

    Certains touristes avaient malencontreusement souillé la scène en ne pouvant retenir leurs vomissements.

    Les officiers de la police municipale et ceux de la nationale furent vite dépêchés sur place, afin d’instaurer un minimum de périmètre de sécurité et d’interroger les témoins de ce triste spectacle.

    — Je crois que nous allons devoir rappeler Charlotte à Boston ! dit le commissaire, solennellement.

    — Pourquoi ? Il n’y a ni arc-en-ciel ni éclair ! répondit un ancien collègue.

    Le chef s’agenouilla auprès du corps de l’enfant et délicatement tourna son visage vers les agents qui détournèrent le regard, médusés de cette cruauté engendrée sur un enfant.

    — Mais il y a cela. Ça ne rappelle rien à personne ? dit-il outré.

    — Comment peut-on faire cela à un enfant ?

    — Pourquoi surtout ?

    — Qui ?

    C’était un festival de questions sans réponses qui se déroulait, résonnant dans les catacombes humides, sous les passages incessants des promeneurs qui se baladaient tranquillement, au-dessus dans la rue, ignorant l’atrocité qui se trouvait sous leurs pieds.

    Le légiste arriva et eut la même réaction que le commissaire, demandant si j’étais au courant.

    — Deux malachites d’un vert magnifiquement brillant à la place des yeux, je suis prête à parier que le père est de retour avec ses délires !

    — Je me suis fait la même réflexion, mais comment serait-il arrivé en France sans être repéré ? Toutes ses mensurations, ses possibilités de transformations sont rentrées dans les systèmes biométriques et informatiques, puis aux dernières nouvelles, les MacInley et les Nigériens sont derrière les barreaux sans aucun accès à un ordinateur ou à un téléphone !

    — Mais il me semble que le père était blindé d’argent. Il aurait pu acheter quelqu’un une fois de plus pour passer tranquillement… suggéra la légiste.

    — Je vais contacter Charlotte pour savoir si elle en sait un peu plus sur son père dernièrement, et la prévenir qu’une nouvelle vague de folie semble arriver. Peut-être nous trompons nous et qu’il s’agit d’un imitateur ? dit le commissaire.

    — Je ne crois malheureusement pas, répondit la légiste en tendant une enveloppe marron en kraft, que l’enfant avait dans son pantalon.

    — Et merde ! répondit-il en prenant l’enveloppe et la claquant dans son autre main. On va encore se torturer les méninges !

    Il se dirigea vers la sortie, accompagné par deux agents. Quelques badauds s’étaient assis sur les bancs de marbre se trouvant face à la porte de l’entrée des souterrains. Les suppositions et les commérages allaient vite devenir le sujet de conversation des gens, dans les bus de la ville reconnaissables à leur papillon dessiné sur leurs côtés, dans les files d’attente des divers supermarchés ou sur les réseaux sociaux. Le journal local, prévenu par on ne saura jamais quelle personne, arriva sur place et commença le tournage d’un reportage filmant la sortie de l’enfant, heureusement caché par une bâche et rapidement transporté par une ambulance pour être emmené directement au service d’anatomopathologie de l’hôpital, en vue d’une autopsie approfondie. Il fallait découvrir qui était ce petit bonhomme qui s’était retrouvé entre les mains de ces prédateurs.

    Boston

    Steve Jackson et Tommy Riley, le policier miraculé d’une explosion, portant toujours les stigmates sur son visage, étaient en patrouille dans le quartier de Waterfront. La journée était très froide avec la neige qui était tombée à gros flocons pendant toute la nuit. La circulation était relativement difficile malgré le ballet incessant des chasse-neige et des sableuses. Il fallait dire que lorsqu’il neigeait en Nouvelle-Angleterre, il y avait souvent entre quinze et vingt centimètres de poudreuse au sol ! Le décor se retrouvait magnifique mais les routes rapidement impraticables, d’autant plus lorsque cela était soudain.

    Les passants se tenaient aux barrières, certains s’adonnaient au ski ou marchaient avec des raquettes sur les trottoirs. Une ambiance de vacances était palpable avec des enfants faisant des bonhommes de neige ou des batailles de boules. Une d’entre elles s’étant littéralement écrasée sur le capot de la voiture de police et obligeant les garnements à se cacher derrière un bosquet en riant ! La discrétion n’était pas leur plus grand atout et leur fou rire pouvait s’entendre sur plusieurs mètres, ce qui amusait Steve car il comprenait leurs états d’esprit. Ils ne faisaient rien de mal, ils profitaient du bon air et de la vie.

    Subitement, la radio se mit à brailler avec la voix nasillarde de Carol, la responsable des transmissions :

    — On a un 10-14 au New England Aquarium !

    — OK, 10-4. Voiture 45, on y va. On est sur Waterfront, dit Tommy.

    — 10-12 sur place. Pas de vagues !

    — Pas de soucis, on y va tranquillement en 10-40.

    Tommy reposa la radio et Steve le taquina un peu.

    — Tu as bien appris les codes fiston. Je te félicite !

    — Je ne me suis pas trompé ? demanda Tommy, un peu paniqué.

    — Pas de soucis, tu as géré. Répondre par un 10-40 pour une intervention sans sirène car il y a un 10-12 avec des visiteurs présents, c’est parfait ! Je vais pouvoir partir en retraite et te laisser ma place auprès de James !

    — Je doute qu’il veuille que vous partiez et puis Charlotte est là aussi !

    — En tant que consultante extérieure. Le boss la surprotège en la mettant un peu en retrait quand elle est là.

    — D’ailleurs, vous avez du nouveau ? Vous savez pourquoi ils sont partis en urgence en Australie ? Ils ne m’ont rien dit.

    — Malheureusement oui. D’après le court message de James, Alexandre serait de retour !

    — Ah merde ! Charlotte va craquer.

    — J’attends la suite des évènements, ils devraient avoir les rapports. J’ai peur qu’elle ne se voile la face. C’est son père et une partie d’elle n’accepte pas qu’il soit un psychopathe.

    — En même temps, elle a emmagasiné plus d’informations sur sa famille en deux ans que n’importe qui en toute une vie ! Apprendre toutes ces révélations, personnellement j’aurais fini au bout d’une corde !

    — Tu es suicidaire ?

    — Façon de parler, je vais bien.

    — Moi aussi, enfin pour l’instant. Allons voir ce qu’il en retourne de cette histoire de prise d’otage ! dit Steve en se garant sur le parking de l’aquarium.

    Ils descendirent en silence, se rapprochèrent des officiers de police déjà présents sur place, puis allèrent vers les agents de sécurité qui les accueillirent tout en faisant sortir délicatement les visiteurs. Il y avait pas mal de monde malgré la saison car plusieurs bébés requins étaient nés et ils étaient devenus l’attraction à venir voir, à la suite de leurs parutions dans les journaux locaux ! Certains touristes étaient venus pour caresser des raies mantas qui adoraient venir à la surface du bassin pour se faire gratouiller un

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