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Meurtres à Nantes: Les combattants de l’été 1955
Meurtres à Nantes: Les combattants de l’été 1955
Meurtres à Nantes: Les combattants de l’été 1955
Livre électronique257 pages3 heures

Meurtres à Nantes: Les combattants de l’été 1955

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À propos de ce livre électronique

Août 2019, Nantes s’enfonce dans la psychose après la mort dans des fusillades de trois hommes honorablement connus sur la place locale. Assez rapidement, la police découvre qu’ils sont tous les trois descendants de familles patronales nantaises ayant été partie prenante des grandes grèves de 1955.
Le commissaire Alexandre Roullin et son équipe de la police judiciaire mènent l’enquête qui nous ramène soixante-cinq ans en arrière. En cet été 1955 où métallos et ouvriers du bâtiment se sont engagés dans un mouvement social de grande ampleur pour obtenir des augmentations de salaires.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Journaliste de presse régionale, originaire de la région nantaise, Frédéric Bodin a travaillé pour le quotidien Presse-Océan pendant presque vingt ans. Avec « Meurtres à Nantes, la mémoire des travailleurs », il signe son quatrième roman dans la collection Geste noir. Une nouvelle étape après « Meurtres à Niort, une affaire d’État », « Meurtres à La Rochelle, le mystère de la Reine de Guinée » et « Meurtres aux Sables, les disparus du pont de la Chaume ». Il vit à Niort (79).
LangueFrançais
Date de sortie5 avr. 2022
ISBN9791035317904
Meurtres à Nantes: Les combattants de l’été 1955

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    Aperçu du livre

    Meurtres à Nantes - Frédéric Bodin

    Chapitre 1

    Nantes, mardi 20 août 2019

    Comme elle le fait chaque jour de travail depuis de nombreuses années, Louise Coulomb descend du tramway ligne 2 à l’arrêt Cinquante-Otages. Il est 8 h 20. Son temps de trajet est réglé comme une horloge. L’ensemble de sa vie aussi d’ailleurs. Bus C4 depuis Saint-Paul de Rezé, correspondance à Pirmil avec le tram.

    Ce matin-là, ce dernier avait cinq minutes de retard. Une rame en panne à côté de l’Hôtel-Dieu perturbait le trafic. 8 h 20 : Louise allait devoir presser le pas pour se rendre à l’hôtel de ville où depuis deux décennies elle officie dans le service de l’état civil. Naissances, décès, actes divers : elle est entrée bien des fois et involontairement dans la vie de nombreux Nantais.

    Alors que la rame ralentit pour respecter l’arrêt, toutes les têtes à l’intérieur se tournent vers le cours où une noria de véhicules de police et de pompiers bloque la circulation. Dans la cabine de conduite du tram, la radio « crache » ses messages. De nombreuses lignes de bus, toutes celles qui passent par cette grande artère nantaise, sont ralenties ou déviées.

    — Ah, il doit y avoir un accident !

    Louise aime bien adresser la parole à ses voisins de tram. Adore ces rencontres d’un court moment. En face d’elle, l’homme, la trentaine, semble peu intéressé par le propos. Ne lève pas la tête de son téléphone. Et finit tout de même par jeter un œil distrait sur la rue. Leurs regards finissent par se croiser.

    — Sans doute un cycliste renversé, finit par lâcher agacé cet économe de sa parole. On ne va pas en faire tout un fromage.

    Dans la rame, la voix préenregistrée annonce la station : « Cinquante-Otages, direction Orvault Grand Val ». Un groupe de policiers surveille les voyageurs sur le quai. Le chef de patrouille les dirige vers la place du Port-Communeau, au bout du cours.

    — Impossible d’aller de l’autre côté, leur donne-t-il pour seule explication.

    Louise n’est pas du genre à se démonter. Elle veut savoir. Pour ensuite commenter avec ses collègues. La réponse de l’agent est laconique.

    — Vous n’avez pas besoin de savoir. Le secteur est interdit. C’est tout.

    Accident ? Non certainement pas ! Elle tente le coup.

    — Mais je travaille au début de la rue Armand-Brossard. Comment je fais pour m’y rendre ?

    — Vous ne pourrez pas. C’est justement là que ça se passe. Personne ne peut accéder. Pas même ceux qui y bossent. Il vous faudra attendre que le dispositif soit levé. Et ce ne sera pas fait tout de suite.

    En plus des nombreuses voitures de police sérigraphiées, Louise a le temps d’apercevoir quelques véhicules banalisés avec gyrophare derrière le pare-brise. Grande consommatrice de téléfilms policiers, elle comprend tout de suite qu’il ne s’agit pas d’un accident effectivement. L’agitation qui semble régner ici est plutôt un signe de fébrilité.

    Le commissaire Alexandre Roullin en était. Il avait quitté quelques semaines plus tôt Les Sables-d’Olonne¹, son éphémère poste précédent, pour rejoindre le commissariat central de Nantes – Waldeck pour les intimes – et son antenne de la police judiciaire, retrouvant là ses premiers amours rencontrés à la PJ de La Rochelle².

    Le carrefour du cours des Cinquante-Otages et de la rue Armand-Brossard était entouré de grandes bâches. Une dizaine de policiers en combinaison blanche, les techniciens de l’identité judiciaire, s’affairaient sans que personne puisse franchir cet espace.

    Pourtant, de corps il n’y avait pas sur ce qui ressemblait à une scène de crime. Du sang. Beaucoup de sang. Des tracts et un titre. « La classe ouvrière n’oublie pas ». Pourquoi une telle mobilisation policière pour du sang et des tracts ? Toute la hiérarchie policière était effectivement là. Directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) en tête. Le patron de la PJ locale, celui du renseignement territorial également. Et le procureur de la République Le Berre.


    1. Dans Meurtres aux Sables – Les disparus du pont de la Chaume, Geste noir n° 151

    2. Dans Meurtres à La Rochelle – Le mystère de la Reine de Guinée, Geste noir n° 110.

    Chapitre 2

    Nantes, samedi 20 août 1955

    Marie Gicqueau prenait son service à 9 heures. Employée au magasin de la « Manufacture française d’armes et cycles de Saint-Étienne », plus connue sous le nom de Manufrance, sis rue de Feltre à deux pas du cours des Cinquante-Otages, elle y travaillait au rayon chasse et pêche. Allez savoir pourquoi. Elle qui n’avait jamais touché un fusil et une canne à pêche en dehors du magasin. Mais « Mademoiselle Gicqueau » comme l’appelait son chef de rayon, était connue pour son sérieux. Ce samedi de la fin août s’annonçait chargé. La période de chasse approchait.

    Marie habitait près du rond-point de Rennes. Et pour « descendre » en ville, le tramway était tout indiqué. Il empruntait la rue Paul-Bellamy dans toute sa longueur. Ligne 13 ou 14, au choix. La ligne 13 (Morhonnière/avenue de Paris) était alors avec la ligne 14 (Pont du Cens/Saint-Joseph) ce qu’il restait du réseau de tramway nantais du début du xxe siècle. La ligne 13 empruntait d’ailleurs le parcours de la 14 sur une grande partie de son trajet.

    Un peu en avance sur son horaire habituel, Marie était descendue à l’arrêt Pont-Morand afin de finir le trajet à pied. La journée s’annonçait belle et le mercure du thermomètre montait déjà. En passant devant la rue Armand-Brossard, un petit attroupement retint son attention. Sur le trottoir, encore visibles, des traces de sang et quelques fleurs déposées.

    — Il y a eu un accident ? demanda Marie à un passant.

    — Un drame, Madame. Un véritable drame.

    Celui-ci comprit qu’elle n’était pas au fait.

    — Vous ne lisez donc pas le journal ? Hier soir, un ouvrier a été tué ici par les CRS. Vous vous rendez compte. Ils manifestent pour une augmentation et se font tirer dessus par les forces de l’ordre. Ils vont le payer. Je vous le promets, ils vont le payer.

    Marie resta interloquée. Elle fit aussitôt le rapprochement avec la grande manifestation de la veille dans le quartier qui l’avait obligée à rejoindre son domicile à pied en empruntant un itinéraire détourné.

    Depuis trois jours, Nantes vivait au rythme de la mobilisation des ouvriers de la métallurgie et du bâtiment. Ils réclamaient une augmentation de 40 francs de l’heure. Depuis le mercredi 17, les manifestations se multipliaient. Ce matin-là, près de 5 000 manifestants s’étaient regroupés devant le siège du syndicat patronal, rue Arsène-Leloup, à deux pas de la bourse du travail.

    « Vers 14 h 45, des incidents se sont produits au cours desquels les locaux du syndicat patronal ont été détériorés. Les dégâts sont importants » notait le commissaire central dans son rapport quotidien au préfet, au procureur et au maire de Nantes.

    Le vendredi 19 avait été tout aussi chaud. L’après-midi, un grand meeting avait rassemblé 8 000 personnes dans le grand hall du Champ-de-Mars. À l’issue, les manifestants s’étaient rendus place Aristide-Briand, face au palais de justice et à la maison d’arrêt, « où sont détenus cinq individus appréhendés au cours des incidents de la veille » note le commissaire le vendredi soir. La première porte de la prison céda. Pas la seconde, métallique. Le personnel dispersa les assaillants avec des grenades lacrymogènes.

    — Rendez-vous à la préfecture, hurla Albert Roisin.

    Le jeune métallo avait pris la tête de la contestation au chantier naval Bertaud. Il siégeait dans le comité de grève mis en place à l’occasion.

    Plusieurs centaines de manifestants se dirigèrent donc vers le cours des Cinquante-Otages en empruntant les petites rues pour échapper aux forces de l’ordre.

    Dans son magasin de la rue de Feltre, Marie en avait bien vu passer. Les clients avaient d’ailleurs déserté et le directeur prit la décision de fermer avant l’heure habituelle. Le personnel fut confiné à l’intérieur par mesure de précaution. Du cours montait la clameur. Par endroit on assistait à de véritables scènes de guérilla. Vers 19 heures, les employés purent quitter le bâtiment, la direction s’assurant que tout était bien sécurisé.

    Sur le chemin du retour, Marie interrogea quelques ouvriers qui déambulaient, posa des questions sur le déroulement de l’après-midi. Arrivée à son domicile, elle dîna. Inquiète. Albert viendrait-il ?

    Et Albert n’était pas venu. Alors quand le lendemain matin, le passant lui dit qu’un drame s’était produit. Qu’un ouvrier avait été tué, l’inquiétude la gagna. Et si c’était…

    — Vous connaissez son nom ?

    — Il se dit que c’est un jeune ouvrier maçon, mais je n’en sais pas plus, lui répondit une vieille femme qui revenait de faire quelques courses matinales.

    — Vous avez vu ce qui s’est passé ?

    — Oh ma pauvre fille ! Ça a été violent. J’habite place du Port-Communeau et ça semblait tirer de partout. Les CRS étaient déchaînés. Je crois qu’il y en a chez eux qui ont été blessés aussi.

    Ce que confirmait très laconiquement le rapport du commissaire : « Parmi le service d’ordre, un blessé par arme à feu, dix blessés légers. Parmi les manifestants, un tué, un blessé grave, trois blessés légers. Quatre-vingts personnes, trouvées sur les lieux des manifestations, ont été appréhendées ».

    À la fois triste de cette mort et soulagée de savoir qu’il ne s’agissait pas d’un métallo, Marie poursuivit son chemin vers la place du Cirque. Elle traversa le cours. Devant le magasin qui l’employait, le personnel attendait de pouvoir entrer. Des vitriers s’affairaient. Se mêlant aux discussions de ses collègues, Marie comprit que les vitrines avaient été cassées la veille au soir, tout comme celle de l’armurerie Brichet, rue de la Fosse, et que la prompte arrivée des gendarmes mobiles avait empêché que le magasin soit pillé.

    Une fois les débris de verre nettoyés et des planches posées, tous purent regagner leur poste de travail.

    — Mademoiselle Gicqueau, venez m’aider à faire l’inventaire, lui intima son chef. Je crains qu’il nous manque des armes.

    Dans la matinée de ce samedi, on apprit le nom du manifestant tué la veille au soir et la nouvelle se répandit rapidement.

    Jean Rigollet, né le 27 juillet 1931 à La Limouzinière, donc âgé de 24 ans, maçon, célibataire, demeurant 35 rue du Marchix à Nantes.

    Chapitre 3

    Nantes, mardi 20 août 2019

    Louise Coulomb n’avait donc pas obtenu les réponses escomptées et son coup de bluff n’avait pas fonctionné. Sa curiosité ne se trouva donc point assouvie. À l’entrée de la partie administrative de la mairie centrale, rue de Strasbourg, le contrôle lui sembla beaucoup plus pointilleux qu’à l’habitude. Elle s’en ouvrit à l’agent de sécurité qui fouillait son sac et la passait au détecteur de métaux.

    — Et bien ! Dites-donc ! Qu’est-ce qui vous arrive ce matin ?

    — Ce sont les consignes madame. On a renforcé le dispositif.

    — Ah bon ? Pourquoi ?

    — Je peux pas vous dire madame. Je crois que cet ordre vient de la préfecture.

    En passant par la cour, Louise Coulomb rejoignit son bureau. Ils et elles étaient quatre ce matin à ouvrir le service. Et forcément ces contrôles renforcés ne manquèrent pas de les faire s’interroger. Elle va peut-être enfin savoir.

    — J’ai entendu à la radio sur France Bleu qu’il y avait apparemment beaucoup de policiers sur le cours des Cinquante-Otages, s’avança un de ses collègues. Mais ils ont précisé qu’ils ne savaient pas ce qui se passait exactement.

    — Oui, je suis passé là, enchaîna Louise. Ils ont bouclé tout le quartier. La rue Armand-Brossard est complètement fermée. Et j’ai cru voir que côté policiers, il y avait du gratin.

    On en resta là car les administrés matinaux commençaient à remplir la salle d’attente du service.

    À quelques centaines de mètres de là, sur le cours, Alexandre Roullin, le commissaire, avait réuni son groupe.

    — Bon les gars ! On ne va pas trop tarder. On a des infos sur la victime ?

    — Non. Pas pour l’instant, répondit du tac au tac son second, le lieutenant Pierre Olivier. En revanche on a un témoin qui est venu tout à l’heure se présenter spontanément.

    — Et que dit-il ?

    — Que les faits se sont déroulés à 7 h 15. La victime est un homme, d’une soixantaine d’années apparemment. Habillé en costume cravate. Le témoin dit qu’il le croise parfois dans le quartier ou à la maison de la presse. Mais il n’en connaît pas le nom.

    — Il était à quelle distance ?

    — Il dit une cinquantaine de mètres. Il décrit une scène comme dans un film. Un utilitaire qui arrive rapidement. La porte latérale qui s’ouvre. Un homme descend. Des coups de feu. La victime s’écroule. L’agresseur fouille rapidement la veste et en sort ce qui pourrait être un portefeuille et remonte dans la camionnette. Le témoin a juste le temps d’apercevoir que le conducteur et son passager sont cagoulés. La bagnole repart et tourne à droite rue de Strasbourg.

    — Le véhicule ?

    — Un Renault Trafic d’ancienne génération. Immatriculation effacée à l’arrière.

    — La victime ?

    — Arrivée des pompiers et du Samu à 7 h 25. Blessée au thorax et à la tête. Transportée au CHU. Pronostic du médecin très très réservé. Et on a donc rien trouvé sur lui qui puisse nous aider pour l’identification.

    — Ses vêtements ?

    — On est parti les récupérer aux urgences. Peut-être que ça va parler.

    — Donc à cette heure, on en est réduit à attendre que quelqu’un vienne signaler une disparition ?

    — C’est un peu ça commissaire.

    Alexandre Roullin prit connaissance des premières constatations de la police technique. Neuf douilles avaient été retrouvées. Sur le sol et fichées dans le mur de l’école Léon-Blum. Les prélèvements de sang répandu sur le trottoir allaient être transférés rapidement dans un laboratoire. Aucune autre trace au sol. Vers 10 heures, le commissaire ordonna la levée du dispositif, après que les services de la voirie eurent nettoyé les traces de sang. Restait à établir l’identité de la victime et mettre en place un pistage de la camionnette, notamment via la vidéosurveillance.

    Les caméras n’allaient pas « parler » autant qu’escompté.

    — On en n’a pas dans le coin commissaire, annonça désolé l’opérateur. Juste une au Pont-Morand orientée vers le cours, mais je crains que ce soit trop loin pour voir quelque chose. Surtout qu’à cette saison les arbres sont bien fournis.

    — Essayez quand même. C’est à 7 h 15.

    L’opérateur régla l’image sur 7 h 10 pour donner un peu de marge. Les trottoirs étaient quasi déserts. Au niveau de la place du Port-Communeau, un homme traversait le champ à 7 h 12. On le voyait de dos. Costume apparemment. Il disparaissait rapidement de l’œil de la caméra.

    — Il faut combien de temps pour aller de cet endroit à la rue Armand-Brossard, demanda le commissaire ?

    — Deux minutes. À peine. Et lui, il semble marcher vite. Ça pourrait nous faire 7 h 13-7 h 14 sur place. C’est peut-être un client qu’on peut retenir.

    — Et de l’autre côté, est-ce qu’on peut voir le Trafic arriver ?

    — Je regarde ça tout de suite. Il y a une caméra près de l’arrêt de bus place du Cirque. On devrait voir… Regardez, commissaire ! À 7 h 13… là. La voilà votre voiture.

    L’utilitaire s’engageait effectivement dans l’allée Duquesne et disparaissait rapidement dans le virage.

    — On peut zoomer sur le pare-brise ou la porte côté conducteur ?

    — Oui… Un homme cagoulé est au volant. On le voit très nettement.

    — Attendons de savoir si sur la première caméra, c’est bien la victime que nous avons.

    L’équipe d’enquêteurs était de retour du CHU avec les vêtements qui avaient pu être récupérés.

    — Ça se présente mal, patron, lança d’emblée le lieutenant Olivier. Les médecins estiment qu’il n’est pas opérable pour l’heure. Et vu son état, pas sûr qu’ils veuillent aller très loin. Vous comprenez ce que je veux dire.

    — Oui, pigé. On se prépare donc à un homicide. Bon ce costume, on le déballe ? On va à la scientifique.

    Chez les techniciens, on attendait le paquet avec impatience. Dans le sac, il y avait donc le costume et la chemise de la victime. Naturellement pleins de sang et surtout déchiquetés par les balles. Du gros calibre. Première constatation, notre homme était grand – environ 1, 80 m – et assez élancé. Alexandre Roullin sortit la photo de la vidéosurveillance.

    — Ça peut correspondre ?

    — On va vous dire ça rapidement, répondit le technicien qui superposa l’image avec celle du costume faite juste avant. L’ordinateur se chargea de rendre la réponse.

    — Oui, votre homme sur la photo fait bien environ 1, 80 m. Ça colle avec la taille du costume.

    — Mais ça ne nous dit toujours pas qui c’est. Et on le voit de dos. Allez les gars ! On va voir le voisinage.

    Une dizaine d’enquêteurs se déployèrent dans le quartier, faisant du porte à porte dans les commerces. C’est finalement à la boulangerie du Port-Communeau que le premier renseignement intéressant fut recueilli.

    — Vers quelle heure vous me dites ? 7 h 15 ? Oui, il me semble connaître ce monsieur. Si c’est celui à qui je pense, il s’arrête ici tous les samedis matin avec sa femme en revenant du marché de Talensac. Mais je le vois régulièrement le matin vers cette heure-ci passer devant. Je pense qu’il va travailler.

    — Vous connaissez son nom ?

    — Non ! … Mais attendez, je

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