Les disparues du Canal St-Martin
Par Bernard Premoli
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À propos de ce livre électronique
Le lecteur est pris jusqu’au terme de ce roman policier, fascinant et réaliste, dont l’action au coeur de Paris se réfère parfois à des faits réels.
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Aperçu du livre
Les disparues du Canal St-Martin - Bernard Premoli
Les disparues du Canal St-Martin
Bernard Premoli
Les disparues du Canal St-Martin
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06576-2
À Marion et Laurent, mes enfants,
à Lisa, Julia et Léon, mes petits-enfants.
I
Comme tous les dimanches, enfin presque, vers 10 h 30 Franck faisait un jogging avec un voisin plus jeune, Philippe, agent immobilier. Dont il s’arrangeait de la personnalité peu affirmée, mais sa gentillesse et son humour convenaient bien à son rôle de sparring-partner.
Philippe est à l’interphone de l’appartement.
– Franck, jogging express, 10 heures !
– Je t’ouvre.
Après un frugal petit déjeuner dans la cuisine, deux croissants au beurre, deux cafés Nespresso, nous partions pour un trajet d’environ 10 à 12 km, du quai de Jemmapes, vers le bassin de la Villette, et bien au-delà, le long du canal de l’Ourcq, jusqu’après les moulins de Pantin, presqu’à Bobigny. D’une traite, sans arrêter, et l’attention en partie retenue par tout ce que les bords du canal offraient à notre curiosité, les écluses, pêcheurs, promeneurs, clochards, notamment regroupés sous le métro de Stalingrad. Et nous étions ulcérés de voir sous ce métro et sur les bords du bassin de la Villette toutes ces tentes de migrants et réfugiés à l’abandon, survivants perdus dans l’espoir d’une improbable prise en charge.
– Pourvu qu’ils retombent pas dans la flotte !
– Pas drôle Phil, cours !
Nous avions également un autre itinéraire. Nous prenions le boulevard Richard-Lenoir, jusqu’à Bastille, puis après le port de l’Arsenal, les bords de Seine jusqu’à la tour Eiffel. Puis, après un tel parcours, nous allions nous allonger sur les pelouses du Champ-de-Mars.
Tout en courant, je pensais à ma dernière filature particulièrement bien rémunérée. Le Dr Pierre Harcourt, 46 ans, héritier et propriétaire avec sa femme Maryse-Hélène d’un gros trust pharmaceutique, Algaran. Le Dr Harcourt était mis en examen pour fraude fiscale. Sa femme, 61 ans, ternie prématurément par l’âge et un mari volage, décide de le faire suivre pour prouver ses relations extraconjugales. Étant en relation avec les Harcourt, Maryse-Hélène me contacte et me demande un dossier consistant. Filatures dans les règles de l’art. Avec un jeune huissier, nous surprenons le sieur Harcourt avec sa maîtresse Nathalie, dans une chambre de l’hôtel Crowne Plaza où il la retrouvait deux fois par semaine de 5 à 7, le bien-connu 5 à 7 de tous les hôtels parisiens. Il avait d’autres femmes et fréquentait Les Chandelles. Divorce. Maryse revend ses parts (49 %) à un membre de la famille qatari de l’Émir ben Hamad Al Thani. Le Canard Enchaîné révèle tout. Gros scandale médiatique. Maryse avait un très bon ami de longue date, Charles Bourdieu, 60 ans, ami seulement, photographe, qui passait des après-midi avec elle pour la distraire. Évidemment, Charles Bourdieu se trouve impliqué dans l’affaire, d’autant qu’il recevait généreusement argent liquide et tableaux de maîtres. Une certaine ressemblance avec l’affaire Bettencourt.
Courir, comme dans les rêves, filtre des images et des souvenirs, des situations récentes. « Car rêver de la vie, c’est justement ce que j’appelle être éveillé
» (Nietzche). Tu as raison Friedrich Wilhelm, mieux vaut rester éveillé pour éviter de tomber !
Après l’effort, Franck fait une bonne sieste dans son grand duplex du quai de Jemmapes, très sécurisé, caméras intérieures et extérieures. À deux pas de l’hôtel du Nord, face à l’écluse et au pont tournant, près de la rue Dieu dans le Xe. Dans un immeuble récent, le duplex de 360 m², comprend trois bureaux, une salle d’attente, une salle de réunion, et au dixième et dernier étage cuisine, salon avec bar, billard de snooker, trois chambres, un sauna, un spa sous véranda donnant sur un grand espace vert clos de bambous, où il fait bon se reposer à l’abri des regards. Propriétaire des lieux, mais toujours resté très discret sur la provenance des fonds.
Franck Valente, de nationalité française, est italien par ses parents nés à Senna Lodigiana, commune de la province de Lombardie, en Italie, et en partie poitevin par son arrière-grand-mère, française, née en France, à la limite de la Vendée, dans les Deux-Sèvres à Mazières-en-Gâtine.
Franck est né à Senna, le 30 novembre 1978. Études à Paris, master 2 de droit pénal et sciences criminelles à 24 ans, deux ans de formation à l’École Nationale Supérieure de la Police à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, puis commissaire de police à 28 ans et détective privé après neuf années dans la police.
Des années riches d’expérience au commissariat de la rue Truffaut dans le XVIIe{1}. Un bon travail de flic, surveillance des lieux publics, filatures, enquêtes, arrestations à la suite de délits et de crimes, interrogatoires, et surtout la charge importante de la direction et de la gestion du commissariat.
Avec le lieutenant de police Patrick Meunier, et près de dix agents, parfois avec le capitaine de police Marc Ribault, Franck avait conduit une enquête dans le milieu des prostituées et travestis, capverdiens, brésiliens qui travaillaient sur une frange du bois de Boulogne et du XVIIIe, mais principalement sur le XVIIe. Une année d’introduction, pardon, d’infiltration dans ce beau monde, de nombreuses filatures et plusieurs interrogatoires, le plus souvent avec interprètes, pour finalement inculper trois proxénètes mafieux logés du côté de l’avenue des Ternes, qui « possédaient » une bonne centaine de femmes et travestis. Ils encaissaient gros et tenaient leur « personnel » à coups de menaces directes ou auprès des familles, de blessures et parfois des meurtres. De parfaits salauds, dont l’un a été tué lors de l’arrestation, les deux autres jugés et incarcérés pour plus de trente ans. Un bon nombre de comparses et hommes de main furent jugés. La plupart des filles étaient jeunes, souvent métissées, certaines servant d’indics et avec lesquelles il n’était pas rare d’avoir des relations d’aide et de soutien.
En raison de son expérience de commissaire et de son amitié avec le lieutenant Patrick Meunier, le travail en commun entre un policier et un détective privé était bien accepté par la hiérarchie, et surtout démontrait son efficacité.
Avec tous les immeubles construits sur l’espace libéré par la SNCF, au-dessous de la rue Cardinet et du square des Batignolles, tout le quartier est devenu bobo, avec restaurants dits branchés, terrasses, et heureusement le maintien des petits commerces. Même le 36, quai des Orfèvres a élu domicile dans ce nouveau secteur.
La nature ayant paraît-il horreur du vide, le 17 e a retrouvé ses filles, mais par zones et notamment des jeunes femmes des pays de l’Est, ex-territoires de la défunte URSS.
Après deux ou trois années d’enquêtes et filatures, les macs de ces blondes créatures ont laissé leurs places à des chinoises implantées vers la place de Clichy et à de jeunes maghrébines. Les rues de travail étant bien délimitées et les contacts entre les deux ethnies sont rares mais violents.
Commissaire, Franck avait travaillé, avec le lieutenant de police Patrick Meunier, chargé des enquêtes, sur tout le registre des délits et crimes, du simple vol à l’assassinat le plus abject. En qualité de commissaire, il était en même temps officier de police judiciaire et dépendait du ministre