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Les Vénus de Guinée: Thriller
Les Vénus de Guinée: Thriller
Les Vénus de Guinée: Thriller
Livre électronique281 pages4 heures

Les Vénus de Guinée: Thriller

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À propos de ce livre électronique

La disparition de jeunes françaises va mener un duo d'enquêteurs privés dans une enquête dangereuse...

Des jeunes filles disparaissent, les familles s'inquiètent et la police française n'a aucune piste. L'agence S&M, dirigée par Sylvia Mounier et Maxime Guerraz, est mandatée par les familles des disparues pour les retrouver. Leur mission les conduit en Guinée Équatoriale, où ils sont pris en charge par Bernard de D., surnommé Commandant Bernie, conseiller d'ambassade, ancien officier de la Légion, dévolu aux "bâtons merdeux" de la chancellerie.
Les trois protagonistes s'embarquent dans cette enquête dangereuse, sur fond de pouvoir tyrannique, d'hommes d'affaires occidentaux véreux, de jeux sexuels malsains.

Suivez-pas à pas l'enquête qui mènera Sylvie et Maxime, un duo d'enquêteurs de choc qui n'a pas peur du danger et des sensations fortes, dans les secrets d'une secte sexuelle et criminelle...

EXTRAIT

L'endroit était encore désert. Sylvia utilisa les umelles pour en observer les détails et fit remarquer à Maxime la présence sur les gradins de douze statues très particulières de style grec ancien, représentations de Vénus-Aphrodite. Chacune mesurait environ 1,20 mètre, apparemment très belles copies d'oeuvres mondialement connues. Comme elle avait jusqu'en classe de Première étudié le latin et le grec, elle put en reconnaitre les origines :
-On a là trois "Vénus de Milo", une à chaque extrémité du deuxième gradin, plus une au coin de la piscine et juste au-dessus trois "Vénus de Cnide". "
Maxime lui demande en chuchotant :
-Milo, je la connais puisqu'elle est au Louvre, mais Cnide, peux-tu m'expliquer ?
-Il s'agit de la représentation d'Aphrodite entrant au bain, avec la main droite cachant son sexe et la main gauche tenant son vêtement. C'est la première statue représentant la nudité féminine, sculptée par le grand Praxitèle, celui qui a créé la statuaire grecque classique, entre 400 et 350 avant Jésus-Christ.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Tout d'abord destiné à exercer le métier de professeur des collèges, mais devenu enseignant-chercheur, formé en chimie organique, en biologie et en pharmacologie, Guy Adrian a poursuivi une carrière dans l'industrie pharmaceutique en tant que directeur de recherche, puis consultant en parcourant notre vaste monde. Après une retraite précoce, il s'est lancé dans la peinture figurative puis dans l'écriture de techno-thrillers. Résidant à Lyon,il essaye d'appliquer le précepte d'un célèbre lyonnais d'adoption : "Fais ce que voudras !"
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie2 déc. 2019
ISBN9791023614329
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    Aperçu du livre

    Les Vénus de Guinée - Guy Adrian

    Avertissement

    « Les Vénus de Guinée » est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des situations ou des personnes serait le fait du hasard, l’auteur ne pourrait être tenu responsable.

    Chapitre 1

    Depuis quatre années, des disparitions mystérieuses de jeunes filles, une quarantaine au total désespéraient les familles et alarmaient les réseaux sociaux. Elles avaient entre dix-huit et vingt ans, venaient de tous les milieux, aussi bien étudiantes que vendeuses, serveuses ou employées. Les photos des avis de recherche montraient des filles jeunes, mignonnes, mais pas exceptionnellement jolies. Les enquêtes policières ne donnèrent rien, la version officielle était : fugues ou mauvaises rencontres. En majorité, elles étaient françaises, mais dans la période, quatre jeunes touristes allemandes et deux espagnoles s’étaient comme évaporées, elles aussi durant leur séjour à Paris, alors qu’elles logeaient seules et travaillaient à des petits boulots. En recoupant les pistes, on pouvait dire que la plupart des disparitions s’étaient produites à Paris et quelques-unes à Marseille et Lyon. Pratiquement toutes ces filles avaient dit à des amis ou des proches qu’elles sortaient boire un verre avec des copines, elles étaient parties en tenue décontractée, sourire aux lèvres en affirmant « ne rentrez pas tard », et pfuit ! Disparues.

    Pas une piste ; dans les commissariats, les dossiers prenaient la poussière et les avis placardés jaunissaient tranquillement. Parents et amis des filles continuaient inlassablement à coller et distribuer leurs affichettes. Sur les réseaux sociaux, on évoquait de mystérieux prédateurs, y compris des organisations islamistes salafistes voulant marier de force ces jeunes femmes dans les pays du Djihad. Hum ! L’hypothèse Internet la moins débile, sinon la plus sérieuse était une nouvelle « traite de jeunes filles », car on ne pouvait pas parler ici de « traite des Blanches », puisque six, des quarante disparues, étaient noires ou métisses !

    Un observateur plus perspicace (ou plus obsédé), après examen des photos de profil disponibles de ces filles, remarqua que toutes avaient des fesses bien galbées, une taille mince et des jambes assez fines, aucune n’était grosse ou en surpoids apparent. Les quatre années suivantes, jusqu’à aujourd’hui, on put noter à peu près cinq disparitions par an de jeunes filles présentant les mêmes caractéristiques. L’amateur de grosses fesses à l’œuvre dans cette affaire renouvelait-il son cheptel ? Ça laissait craindre le pire !

    Il y a trois mois, Internet s’enflamma à la parution d’un probable fake : un message anonyme qui montrait sur deux photos de mauvaise qualité, un groupe de six jeunes filles sur une plage, jouant dans l’eau et s’aspergeant mutuellement. Rien d’extraordinaire, deux photos gentillettes, sauf la mention : « Filles à la plage en Guinée Équatoriale ». Ces filles étaient blanches (caucasiennes), qu’est-ce qu’elles fichaient sur une plage déserte de ce pays africain, pas vraiment envahi par le tourisme de masse ! Des super-geeks identifièrent le photographe émetteur du message : un pilote russe de la compagnie aérienne guinéenne. Contacté, il dit qu’il était allé bronzer sur cette plage déserte, à l’écart de toute ville ou village, qu’il avait vu les filles au loin, qu’il avait pris des photos avec son smartphone, en espérant les revoir à Malabo, la capitale. Peu de temps après, des militaires guinéens armés étaient arrivés pour le faire déguerpir. Avec deux kalachnikovs braquées dans son dos, il était reparti vite fait dans son 4x4 de location.

    Malgré la faible qualité des photos, les proches, très anxieux, de ces disparues firent utiliser les meilleures techniques de traitement d’image et trois des filles recherchées furent identifiées de façon quasi certaine. Que faisaient-elles là-bas, étaient-elles sous la contrainte ? Là, elles semblaient s’amuser, mais il y avait des gardes armés ! La police française fut contactée, un juge d’instruction reprit le dossier, mais le problème majeur était, pour le moment, les relations France Guinée Équatoriale, qui étaient au niveau du zéro absolu (voir même en dessous !)

    En effet, l’affaire du « Fils du Président » était bien présente et loin d’être réglée ! Ce micro-état du Golfe de Guinée, ex-colonie espagnole indépendante depuis 1968, coincé entre le Cameroun et le Gabon, était la dernière des dictatures africaines postcoloniales ; un territoire de 28 000 kilomètres carrés peuplé d’un million (à 300 000 près) d’habitants avec un inamovible président depuis 1979, toujours réélu « démocratiquement » avec 95 % des voix : Emilio Noyang. Venu au pouvoir grâce à un putsch, où son oncle-président fut exécuté, il dirigeait d’une main de fer son pays riche en pétrole, gaz, bois et minerais.

    Comme tous les dictateurs, il s’était enrichi au-delà de toute imagination et avait placé son argent sur des comptes off-shore discrets. Son point faible était son fils chéri Émilien, enfant gâté, jugé par ses propres oncles comme étant « incapable et dangereux ». Ce sémillant quadragénaire avait été nommé par son Papa, Vice-Président (V.-P.), en charge de la négociation des contrats pétroliers et de l’exploitation des forêts. Le montant de ses détournements (ceux connus), entre 1997 et 2011 s’était élevé à cent cinquante millions d’euros, essentiellement convertis en appartements de luxe à Paris et la Côte d’Azur, et comme résidence principale un hôtel particulier parisien, avenue Foch dont le garage abritait dix-sept voitures : Bentley, Bugatti, Ferrari, Lamborghini et des bizarreries comme le gant brodé à sequins de Michael Jackson. Ce brave V.-P. était bien estimé de la jet-set, et des banquiers pour qui l’argent n’avait pas l’odeur du sang, ni de la sueur africaine. Ainsi, soixante-dix de ces millions avaient transité par la Banque de France. Mais tout ce luxe ostentatoire déplaisait à nos sourcilleux « Droit-de-l’hommistes », qui déposèrent plainte pour détournement de fonds publics et corruption. La presse, qui jusqu’ici s’était occupée comme d’une guigne des détournements gabonais et congolais (parmi tant d’autres), se réveilla pour étaler « l’affaire des biens mal-acquis ». L’acquis, concept typiquement français, se subdivisait en deux : d’abord, le bon acquis, avantage obtenu par le travail ou les luttes syndicales et, l’acquis frauduleux, bien indu, appelé mal-acquis. L’affaire était grave et exemplaire, un juge français fit saisir les biens du V.-P. guinéen, en attente de son jugement à Paris, où, bien entendu, il ne mit plus les pieds, ni en Europe où d’autres plaintes furent déposées contre lui. Évidemment, l’État guinéen parlait « d’ingérence inacceptable et de mascarade judiciaire » !

    Alors, comment enquêter dans ce bout du monde où les Français étaient très mal vus ? Le dossier oublié devenait urgent, car une des filles avait un oncle député d’opposition, qui menaçait de faire du bruit et d’ameuter la presse pour dénoncer ce gouvernement de mollassons, qui ne levait pas le petit doigt pour rechercher cinquante Françaises, retenues sous l’équateur quelque part dans la jungle. Il nous fallait un Rambo ! Un énarque eut une petite idée, en envoyant le dossier directement au Gabon, pays mitoyen de la Guinée Équatoriale. Là, on avait sur place tout sous la main : de vrais gendarmes, des militaires, une base aérienne et navale, un Président fils de son père depuis les temps immémoriaux de la France-Afrique. On n’y avait pas de pudeur de vierge sur les affaires d’enrichissement et d’investissement sur la Côte d’Azur ou Paris 16e, on savait gérer et agir au besoin.

    Le dossier atterrit sur le bureau encombré, à Libreville, du conseiller d’ambassade Bernard de D., généralement en charge des problèmes délicats, les « bâtons merdeux » selon lui. Costaud, trapu, ancien officier de la Légion, entré par la petite porte au Quai d’Orsay, il avait connu tous les coups tordus aux temps héroïques du démarrage des exploitations pétrolières, lorsqu’il fallut préserver les intérêts français, face à la convoitise des géants internationaux du pétrole. Brutal dans son discours et ses manières, il se justifiait en affirmant que ses ancêtres ne s’étaient pas fait « trouer la paillasse » depuis les Croisades jusqu’en 1962 au nom de la France, pour que lui baisse son froc devant ces connards Texans, Chinois et Japonais et encore moins des sous-officiers, devenus un jour présidents de républiques bananières !

    Le mental d’acier du Commandant de D. qui avait, très jeune fait don de sa personne à la France, avait une faille permanente. C’était un boulet, qui fut rivé à sa cheville par l’implacable destin d’aîné mâle de sa fratrie, lorsqu’il hérita du château familial. En fait, un ensemble de résidences et d’ouvrages de bric et de broc, allant du donjon 12e siècle écroulé jusqu’à la bâtisse érigée au 18e par le Marquis de D. qui, bien en cour et pourvu de nombreuses maîtresses voulut en faire une résidence champêtre avec bergères et moutons, tapisserie sur les murs des immenses salles glaciales meublées en rococo. Les lubies du Marquis une fois effacées par la Révolution, son fils devenu sous l’Empire, Général-Comte racheta bâtiments et terres agricoles. La saga familiale, commencée six siècles plus tôt, reprit son cours dans ce coin de Bretagne, à Lieznac, entre Josselin et Ploërmel, riante campagne fréquemment arrosée. Le vieux manoir, cerclé de douves, et entouré de bosquets de chênes, avait de loin, visuellement, encore fière allure. Olfactivement, l’approche était difficile, car deux élevages porcins distants d’un kilomètre dégageaient une puanteur atroce. Cet environnement ne semblait pas gêner le couple d’anciens régisseurs, Denise et Albert, cent soixante ans à eux deux qui, après une vie passée à soigner bêtes et terres entretenaient vaille que vaille l’ensemble du domaine.

    La hantise de Bernard, dans sa lointaine Afrique était de recevoir un message alarmiste d’Albert annonçant des fuites ou un effondrement du toit, qui était fait de véritables ardoises artistiquement ajustées, mais toujours capables de se déplacer sous la puissance des bourrasques venues de l’Atlantique. À chaque fois, ça donnait lieu à d’interminables discussions, et à l’arrivée sur son bureau des devis colossaux émis par l’entrepreneur : « Feuillard et Fils », couvreurs bretons spécialistes. Le fils René, âgé de presque soixante ans était à présent tout seul, ses propres enfants refusant de « faire les guignols sur les toits des résidences secondaires de ces connards de parisiens ! » René Feuillard, ne trouvant plus de compagnons capables de découper et ajuster les ardoises, fit appel à des couvreurs polonais, acrobates spécialistes reconvertis, ce qui ne contribua pas à faire baisser ses devis. Donc avec courage, mais un peu d’amertume, Bernard de D. qui aurait pu, déjà depuis trois ans, prendre une retraite méritée après trente-cinq années passées à défendre l’ex-empire colonial français, se contraignait à suer sous un soleil de plomb, simplement pour remettre en état la toiture d’une quasi-ruine et faire vivre des couvreurs polonais.

    Ce qu’aimait Bernard de D., dit « Commandant Bernie », c’était l’action menée avec des collaborateurs efficaces, pour assurer la sécurité dans les zones off-shore, et en particulier, contrer ces Guinéens dans la répartition des zones d’exploitation. Toute cette immense zone du golfe de Guinée avait été découverte au 15e siècle par les navigateurs portugais puis les espagnols s’y étaient réellement implantés au 18e pour trafiquer l’or et les esclaves, suivis par les Français au Gabon vers le sud et les Allemands, puis les Anglais au Cameroun. Ça avait conduit à un puzzle, et comment savoir à qui appartenait tel îlot inhabité ou ce bout de mangrove ? Avant, on s’en foutait, mais maintenant qu’il y avait du pétrole et du gaz à trouver dessous, ça devenait d’une importance vitale. Pour régler tout ça, une occasion de virer le Président dictateur guinéen, son rejeton et sa clique à la faveur d’un putsch, aidé par des mercenaires, en prétextant un sauvetage humanitaire, lui paraissait être une sacrée bonne idée. En tout cas, pour l’instant, aucun français ne pouvait entrer dans l’île de Bioko où se trouvait Malabo, capitale de la Guinée Équatoriale. Encore une folle idée du dictateur : se croire à l’abri dans une île gardée et défendue par une armée privée de plusieurs centaines de soldats marocains, parce qu’évidemment, le « Président élu » avait la trouille d’une rébellion de sa propre armée ! Bernie s’énerva, car c’était ces Guinéens, qui sur les champs pétroliers lui créaient des soucis quotidiens : « Ces salopards, je te les aplatirais avec un raid de trois, quatre avions Rafale pour bombarder le palais, basta ! » Bernie prononça ces mots, en tapant du poing sur son bureau, puis il sortit une bouteille de mixture jaune, versa un demi-verre qu’il dilua avec un peu d’eau glacée, but et rota avec satisfaction. Son regard se posa à nouveau sur le dossier des disparues, il maugréa : « Qu’est-ce que j’en ai à faire de ces gamines à gros culs ? Je ne suis pas baby-sitter et ces photos merdiques, elles ont pu être prises sur n’importe quelle plage avec sable et cocotiers, il n’y a rien qui prouve que ça vient de Bioko et de Guinée, ça pourrait être aussi bien en République Dominicaine qu’à Madagascar, et puis les témoignages du pilote russe, j’en rigole ! On les connaît ces Russes qui ont un problème d’alcool, ils se font virer de toutes les compagnies aériennes et ils finissent ici en Guinée ou en Sierra Leone, à faire voler leurs Antonov pourris… bon, je dois dire que pour transporter des armes en douce pour les guérillas ou des petits gars à nous, c’est vrai qu’il n’y a qu’eux. » Bernie s’était calmé, puis énonça tout haut : « Et si je mettais Simone sur le coup ? » Cette métisse libano-gabonaise d’une bonne trentaine d’années gérait une boutique d’artisanat africain, babioles pour touristes et plus officieusement un bar de nuit, où de charmantes hôtesses aidaient les célibataires esseulés en mer, revenus pour quelques jours de leur plateforme pétrolière. À coup de bouteilles de champagne et de whisky à dix fois leur prix, une fois les poches vidées par les mignonnes, ils pouvaient vite retourner suer, forer et pomper sur leurs barges, dans la bonne moiteur équatoriale. Bernie savait que Madame Simone allait souvent en Guinée pour trouver des bijoux Fangs, des statuettes d’ébène et surtout y recruter de la chair fraîche pour son boxon. En tant que client épisodique, grâce à ses relations auprès de la police locale, il lui avait évité de sérieux ennuis lors d’une affaire d’employées-hôtesses tout-à-fait mineures, quoique plaisantes et bien douées.

    Le lendemain matin, le Commandant Bernie passa à la boutique de madame Simone pour un entretien plus discret qu’au bar, vu le nombre de lascars indéterminés, mais curieux et volontiers mythomanes qui venaient y traîner. Justement la dame devait s’envoler pour Malabo deux jours plus tard, à peu près car les vols pour la Guinée pouvaient être annulés ou reportés sans préavis, fantaisies africaines classiques ou lubies du dictateur, qui à chacun de ses déplacements barrait les routes et bouclait l’aéroport.

    Le commandant lui demanda de se renseigner sur la présence possible sur l’ensemble du territoire de Guinée Équatoriale, îles et continent, de jeunes femmes blanches d’environ vingt ans, pourvus d’avantages fessiers importants (ce n’est pas qu’il négligeait les six autres filles, mais noires en Guinée, avec un gros popotin, ça n’était pas des signes distinctifs). Des jeunes filles blanches bien pourvues, cette description intéressa vivement Madame Simone qui, dans son staff, avait plutôt, à son vif regret, des dames françaises un peu défraîchies, rescapées du bitume parisien ou des camionnettes du bois de Vincennes. Elle promit de questionner ses plus fiables contacts et Bernie lui transmit une épaisse liasse de billets CFA, destinée à faciliter les échanges d’informations. L’accord était scellé et à la question de la dame : « Est-ce qu’une petite pipe pour la route te ferait plaisir, avant d’aller transpirer dehors ? », il se dit que l’occasion faisait le larron et que vu la somme donnée à Simone, le « pourboire » était compris !

    Chapitre 2

    Le surlendemain, Simone s’embarqua sur CEIA, la nouvelle compagnie guinéenne vers l’île Bioko, en fait située au large du Cameroun ; ce jour-là, heureusement, il n’y avait pas d’orages ni de pluies violentes ou des trous d’air et turbulences. Un jour exceptionnel, car l’île-capitale de Guinée Équatoriale était l’endroit le plus arrosé de la planète. Cette fois, on pouvait admirer le pic volcanique Basile, presque toujours dans les nuages malgré ses trois mille mètres. Dans l’aéroport en travaux « Malabo International », c’était le bazar habituel, un jeu de piste à travers le chantier commencé en 2010, mais abandonné, car les revenus du pétrole, seule vraie richesse du pays, avaient fondu. À coup de pourboires et gros billets CFA distribués entre autres aux employés de l’immigration et à ceux des douanes, elle finit par rouler elle-même sa petite valise vers la sortie où son fournisseur-grossiste en bois sculpté, Paco l’attendait au volant de sa Seat Ibiza déglinguée. Après la double bise et les questions rituelles, ils prirent la route goudronnée en parfait état vers Malabo, la capitale (le Président depuis quarante ans avait horreur des nids de poule). Ils arrivèrent chez Paco, Calle de Patricio Lumumba où il avait son atelier et sa maison. Verre de vin blanc à la main, la discussion commerciale fut brève, les figurines, animaux et masques en bois sculpté se vendaient bien, d’autant que faute d’ébène (les ébéniers des forêts denses du pays avaient été depuis longtemps coupés pour alimenter les comptes du Président), Paco était l’inventeur et l’utilisateur d’une méthode de noircissement quasi parfaite de n’importe quel bois dur. Le touriste de base s’y laissait prendre sans tiquer : « Ebony wood, sir » et payait le prix fort, emportant un objet fait sur place, sinon les bricoles sculptées vendues sur les marchés locaux venaient de Chine par containers, comme toujours.

    Puis, Simone aborda le sujet plus olé olé des petites jeunes filles. Paco, solide gaillard de quarante ans, avait femmes et quelques enfants à Bata sur le continent ; ici, dans la grande île-capitale, il fréquentait ses nombreuses copines et assidûment tous les bars, dancings et bouis-bouis, dans le but de sélectionner de nouvelles hôtesses pour « Mama Simone ». Celle-ci, le plus innocemment possible, lui parla de ces arrivées de jeunes blanches quatre ans auparavant. Paco se souvenait que cette année-là, il y avait eu un grand rassemblement international de jeunes catholiques. Les Espagnols, maîtres du pays, pendant quatre siècles en avaient fait la religion officielle, et là des filles de dix-huit à vingt-cinq ans de passage, il y en avait eu beaucoup. Simone insista pour qu’il se renseigne à l’immigration sur l’entrée de quarante Françaises. Paco lui fit remarquer, qu’ils auraient très bien pu déguiser ces filles en bonnes sœurs parties pour aller en brousse travailler dans les dispensaires. Enfin, il allait essayer.

    Vin blanc aidant, Paco, prétendit vouloir être à la hauteur de sa réputation de séducteur, en proposant à Simone « un petit coup », avant d’aller dîner en ville, à la Luna, restaurant français. Simone soupira, ne voulant pas vexer Paco, qui lui était utile, mais le problème de cet homme était son énorme membre qui même excité restait assez flasque, comme si son possesseur n’avait pas assez de sang pour le remplir. Cette mollitude rendait les rapports pénibles, avec arrêts techniques pour lubrification, reprise en main ou en bouche, ça n’en finissait plus ! Paco était très fier de cet engin qui faisait plutôt penser à une trompe d’éléphant qu’à un marteau-piqueur, néanmoins pour arriver à des érections approximatives, il se gavait de produits aphrodisiaques concoctés par son féticheur -sorcier favori, à partir de noix de kola, de yohimbine, de bois bandé et de cochonneries animales suspectes : bave de crapaud, venin de serpent, etc. Paco y croyait ferme, et la foi compte beaucoup dans ce domaine !

    Sachant qu’elle ne couperait pas à la corvée, Simone prétexta devoir faire d’abord un peu de toilette. Comme Paco était sorti sur la terrasse pour fumer, elle prit dans son sac deux sachets de Kamagra¹ et en versa le contenu dans le verre de Paco, qu’elle lui apporta. Il avait soif et avala d’un trait.

    Trente minutes plus tard, Simone, allongée sur le dos comptait les tours d’hélices du ventilateur au plafond, défoncée qu’elle était par les coups de boutoir d’un Paco ahanant et suant. Elle songea, avec nostalgie, à son premier amant à Paris. En débarquant de son Afrique natale, elle avait connu Georges, son beau Jojo, à la virilité aussi imposante que celle de Paco, mais solide lui jusqu’au jour fatal, où le jeune caïd avait braqué avec ses potes un fourgon blindé. Quand ils forcèrent la porte, le chauffeur blessé fit feu, une seule balle, dans la tête à Jojo. Ce fut le retour au pays avec un petit pécule, assez pour ouvrir son bar. « Comme ma jeunesse est passée vite, se dit Simone. Ah, enfin, Paco va se mettre à jour, trois fois plus vite que d’habitude. Vive le Viagra ! » On pouvait bien dire que la chimie des Blancs était plus forte que cette magie débile des gris-gris de sorcier !

    Le lendemain, elle se mit en route un peu tard, à cause de Paco qui avait eu au petit matin un retint-on de vigueur « viagresque », il avait voulu célébrer son lever de couleurs, abrégé par elle grâce à une turlutte, vite oubliée en buvant un délicieux jus de fruit tropical élaboré par le maître de maison. Elle appela un taxi qu’elle connaissait et entama sa tournée des hôtels. En regardant le paysage et l’activité dans les rues, balayées et propres, les façades et des magasins modernes, elle se dit que Malabo était une belle ville tropicale. Les anciennes demeures espagnoles coloniales avaient été rénovées et montraient le souci du régime de présenter

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