Cigare fumant à la bouche, sabre au côté, sombrero sur le chef et longue barbe blanche tombant sur la pelisse rouge qui lui sert d’uniforme… Le personnage qui foule la poussière brûlante du Mexique en cette année 1863 n’est pas la première gâchette d’un western-spaghetti mais l’un des pionniers français de la contreguérilla: le colonel Charles-Louis Désiré Dupin (aussi orthographié Du Pin). Plus connu de ses contemporains qu’Eli Wallach l’est désormais des nôtres, il a eu droit à divers surnoms. Le général du Barail le qualifiait de condottiere. D’autres, moins flatteurs, l’appelaient la Hyène… Au Mexique, une quête aurait même été lancée par les veuves du pays afin de récompenser l’homme capable de le tuer, mais la rumeur aurait pu être lancée par l’intéressé. Dupin était l’un de ces personnages à poigne que la France employait dans ses nombreuses guerres et expéditions d’outre-mer au XIXe siècle, officier aventurier à la carrière parsemée de scandales et de coups d’éclat.
Itinéaire d’un brillant polytechnicien
Né le 28 décembre 1814 à Lasgraisses, dans le Tarn, Dupin est en 1836 un jeune polytechnicien que son goût marqué pour l’étude destine à l’état-major, ce qui n’exclut pas un caractère bien trempé. Pendant une quinzaine d’années, sa carrière suit le d’un officier français capable. C’est en Algérie, à partir de 1843, qu’il fait ses premières armes. L’expérience le marque. Comme le dit l’historien William Serman, l’Afrique du Nord est une pour les cadres, formés dans une guerre rude et ingrate. Dupin