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Les bâtisseurs du siècle
Les bâtisseurs du siècle
Les bâtisseurs du siècle
Livre électronique152 pages2 heures

Les bâtisseurs du siècle

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À propos de ce livre électronique

Le chemin de fer du Grand Tronc traversa, dès 1859, toute la province du Canada, de Halifax à Toronto. Dirigeant une armée de 14 000 manœuvres, les ingénieurs et les entrepreneurs accomplirent alors des exploits, dont l'érection du pont Victoria, capable de résister aux débâcles du Saint-Laurent. Mais cette entreprise d'unification nationale fut financée avec des capitaux britanniques et supervisée par la firme londonienne de génie civil Peto, Brassey, Jackson and Betts. Brassey lui-même prétendit qu'il avait perdu des millions dans ce projet. En revanche, un autre ingénieur, Casimir Gzowski, qui exécuta les travaux de Sarnia à Toronto, empocha une fortune : natif de Saint-Pétersbourg, il savait comment affronter la rigueur des hivers russes et canadiens.

LangueFrançais
ÉditeurCogito
Date de sortie1 avr. 2022
ISBN9798201878801
Les bâtisseurs du siècle

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    Aperçu du livre

    Les bâtisseurs du siècle - Pierre Turgeon

    LE MOT DU PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC

    Il y a 100 ans, la région de Montréal se dotait d’un organisme dont l’importance sur le développement social et économique du Québec s’est confirmée au fil du temps : l’Association de la construction du Québec – région de Montréal.

    Entrepreneurs, constructeurs et autres partenaires de l’Association, vous avez façonné le Québec d’aujourd’hui. Vous êtes, comme l’indique le thème du centenaire de votre association, « les bâtisseurs du siècle ».

    C’est avec plaisir que je participe à votre initiative visant à souligner cet événement et à rendre hommage aux gens qui ont marqué l’histoire de votre association. À travers eux, c’est à nos pères qui ont construit le Québec que vous rendez hommage. Puissions-nous, comme eux, nous souvenir qu’il faut bâtir sur les fondements du passé, investir dans le présent et construire l’avenir!

    Un excellent 100e anniversaire et une longue vie à l’Association de la construction du Québec – région de Montréal.

    LUCIEN BOUCHARD

    Premier ministre du Québec

    LE MOT DU PREMIER MINISTRE DU CANADA

    Au nom des Canadiens et des Canadiennes, je suis heureux de féliciter l’Association de la construction du Québec – région de Montréal à l’occasion de son 100e anniversaire.

    Depuis 1897, vos membres ont façonné le Montréal que nous connaissons, une grande partie du Québec et, de plus, ont laissé leur empreinte à l’extérieur de la province et du pays. Votre centenaire est l’occasion de rendre hommage à tous ceux et celles qui ont su, par leur imagination et leur créativité, réaliser des projets de très grande envergure. Le gouvernement du Canada est fier d’avoir été un partenaire important dans ces efforts.

    Je souhaite à l’Association et à tous ses membres un excellent anniversaire, et vous encourage à continuer de construire l’avenir.

    JEAN CHRÉTIEN

    Premier ministre du Canada

    LE MOT DU MAIRE DE MONTRÉAL

    Au fil de ce siècle, les constructeurs, appelés plus noblement bâtisseurs, ont marqué, par leurs entreprises, l’histoire du Québec et plus particulièrement celle de Montréal. Les édifices et monuments qu’ils ont légués à la postérité ont façonné la personnalité de Montréal au point d’en faire l’une des plus belles villes en Amérique du Nord.

    L’imagerie populaire réserve aux bâtisseurs des égards particuliers, et avec raison. Dans le contexte de ce pays jeune où tout était à faire et à construire, devant cette nature souvent hostile, ils ont dû faire preuve de beaucoup d’ingéniosité et de persévérance pour mener à bien leurs projets. Notre ville tout entière témoigne de leur ardeur et de leur créativité.

    Les immeubles dont nous profitons sont le fruit du travail de milliers d’hommes et de femmes qui, par leur créativité, leur sens de l’entrepreneurship ou leur travail physique ont su nous procurer cet environnement unique.

    Aujourd’hui, d’autres ont pris la relève et perpétuent cette tradition de bâtisseurs. L’Association de la construction du Québec – région de Montréal entend souligner ce centenaire avec tout le faste qu’il requiert. À l’occasion de ces célébrations, je joins ma voix à celle de tous les Montréalais et de toutes les Montréalaises pour féliciter les travailleurs, les architectes, les entreprises et tous ceux qui, de près ou de loin, contribuent à construire Montréal.

    PIERRE BOURQUE

    Maire de Montréal

    LA FIN DE L’ÂGE DE LA VAPEUR

    Une période d’abondance

    1897. En pleine relance économique, le XIXe siècle presque centenaire affiche toujours son optimisme admirable. À Montréal, comme dans tout l’Empire britannique, des cérémonies fastueuses marquent la soixantième année du règne de Victoria. Depuis déjà vingt ans, les citadins les plus fortunés disposent de la lumière électrique, et même du téléphone qui facilite les relations avec les faubourgs. Des tramways électriques ont remplacé les omnibus à chevaux qui, déjà en 1861, circulaient le long de la rue Notre-Dame. Leur puissante dynamo leur permet d’escalader les flancs parfois abrupts du mont Royal qui se couvrent de somptueuses demeures.

    Un nouvel Hôtel de ville accueille le maire depuis 1878. Le marécage au pied de la côte du Beaver Hall a été comblé et la place Victoria aménagée. En 1876, le ruisseau Saint-Martin est finalement recouvert. L’ancien cimetière catholique est transformé, en 1873, en une vaste place, le Dominion Square, au bord duquel se dressent la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, depuis 1875, et l’hôtel Windsor depuis 1876. En 1890, le magasin Morgan s’est installé au Square Phillips, alors situé en pleine campagne.

    La métropole incontestée du Dominion du Canada compte alors près de 250 000 habitants. Elle dévore chaque année villes et villages qui l’entourent : Hochelaga, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Gabriel et Côte-Saint-Louis, devenu le quartier Saint-Denis, viennent d’être annexés. On construit partout. Alors qu’en 1895, on ne délivre que 277 permis pour de nouveaux bâtiments, ce nombre ne cessera d’augmenter et dépassera le cap du millier dès 1905.

    Mais la cité n’a pas encore réglé tous ses problèmes d’adolescence. Des digues et des postes de pompage tentent de la mettre à l’abri des débordements printaniers du Saint-Laurent qui transforment ses trottoirs de bois en gondoles de fortune. Le 12 septembre 1899, les commissaires du havre et de la municipalité signent un contrat pour la construction d’un mur d’une épaisseur d’environ 2 m et d’une longueur de 1561 m, qui dépassera de 56 cm le niveau le plus élevé jamais atteint par une inondation, soit celui de 1886.

    Péniblement, Montréal apprend à éviter les fléaux de la petite vérole et du choléra en filtrant son eau potable et en remplaçant les fosses d’aisance par le tout-à-l’égout : on construit près de 386 km de conduits en briques. De plus, les mauvaises canalisations de bois du début du XXe siècle sont remplacées par des canalisations de brique et de béton et, plus tard, on met en place un système de pompes et de réservoirs pouvant fournir chaque jour à la population près de 309 millions de litres d’eau potable.

    Avec la santé, vient la richesse. Montréal est au cœur d’un réseau transcontinental de voies ferroviaires et de canaux. En 1900, la production de ses manufactures frôle les 90 millions de dollars, soit 55 % de la valeur de la production industrielle du Québec, et 18 % de celle du Canada. Elles écoulent une partie de leurs marchandises auprès des immigrants qui s’établissent dans les Prairies. En retour, ces nouveaux fermiers expédient vers la métropole, à destination de l’Europe, des montagnes de blé. Car les provinces de l’Ouest sont l’un des greniers de la planète, et Montréal devient le premier port céréalier au monde.

    Mais pour maintenir sa prédominance sur ses rivaux, le port doit innover et construire sans relâche. Ses quais à bas niveau laissent encore beaucoup à désirer. Les armateurs n’y disposent que de hangars temporaires en bois, qu’ils doivent démonter chaque automne. On décide de relever les quais, ce qui permettra d’ériger, à l’abri des inondations, des hangars permanents en acier et en béton. Pour être en mesure d’accueillir des navires à haut tonnage, il ne suffit pas de refaire et de surélever les anciens quais, il faut en bâtir de nouveaux : le Jacques-Cartier, l’Alexandra et le King Edward, construits perpendiculairement à la berge, augmentent les capacités portuaires, mais satisfont à peine à la demande. Au cours du XXe siècle, on devra étendre les quais toujours plus loin vers l’est, d’abord à Hochelaga, puis à Maisonneuve et à Longue-Pointe et enfin à Montréal-Est et à Pointe-aux-Trembles.

    Étrangement, cette ville qui doit tout au fleuve laisse tomber entre elle et lui les tristes rideaux de silos de béton. D’une capacité d’un million de boisseaux, le premier de ces élévateurs à grains s’élèvera sur les quais en 1904, relié aux navires par des galeries aériennes et des tours marines. Bientôt, le titanesque élévateur n° 2 écrasera le Vieux-Montréal de sa masse de 60 m de hauteur et de 160 m de longueur, qui peut contenir plus de 2,5 millions de boisseaux de céréales – de quoi assurer la subsistance d’un pays entier durant des années.

    Le long des 18 km de quais, on installe un outillage moderne, des grues locomobiles d’une puissance de 15 à 31 tonnes qui circulent sur les 93 km de voies ferrées, des hangars de 186 000 m2 et un entrepôt frigorifique de 131 000 m3.

    Quatre grands élévateurs à grains de 15 millions de boisseaux au total font oublier aux Montréalais qu’ils habitent sur la rive d’un des plus grands fleuves du monde. Certains ont beau vanter le fonctionnalisme de ces constructions, qui auraient inspiré Le Corbusier lui-même, elles trahissent un mépris pour la beauté du site de Montréal.

    On retrouve cette même indifférence, cette même morgue victorienne, dans la conception du pont Victoria, le seul à relier Montréal à la rive sud du fleuve. Comment comprendre l’étrange raisonnement des dirigeants du Grand Tronc qui choisirent, pour faire passer leurs trains, un tube de 2 011 m aussi sombre que l’intérieur d’un sarcophage égyptien, sans la moindre ouverture permettant d’admirer le Saint-Laurent ou de dégager la fumée et le vacarme causés par le passage des convois? Cette merveille du génie britannique – le plus long pont du monde – présentait de tels vices de conception que, lors de son inauguration, le 25 août 1860, le prince Albert-Édouard, futur roi Édouard VII, ainsi que tous les dignitaires qui l’accompagnaient furent presque asphyxiés. Malgré ce quasi-régicide, il faudra près de 40 ans avant que les administrateurs de la compagnie ferroviaire ne se décident à dégager le tablier métallique, qui devint du même coup accessible à tous les genres de véhicules, et non plus aux seuls trains.

    Le touriste qui escalade une des tours jumelles de l’église Notre-Dame domine alors de loin tous les édifices avoisinants, dont un règlement municipal fixe la hauteur maximale à 40 m. Dans cet amas d’immeubles construits sans plan directeur, il peut s’étonner de la quasi-disparition des toitures à forte pente du Régime français, si commodes en hiver. Mais les toits plats sont d’accès plus facile, et quand le soleil frappe les terrasses recouvertes de neige, on dirait les reflets aveuglants d’un grand lac gelé qui emprisonne lanterneaux, campaniles et coupoles, ainsi que ces réservoirs d’eau hissés sur des poutrelles de fer qui servent – théoriquement – à éteindre les débuts d’incendie.

    Périr par les flammes est d’ailleurs l’une des grandes craintes des habitants qui ont multiplié sur les hautes bâtisses les Z superposés de ces escaliers métalliques qui offrent une voie de secours en cas de sinistre. Cette pyrophobie n’est pas sans fondement. En 1844, le feu gobe le Palais de justice; en 1849, des émeutiers réduisent en cendres l’Hôtel du Gouvernement, où siégeait le Parlement canadien (Montréal était alors la capitale du pays). L’année suivante, 207 maisons du quartier Sainte-Anne disparaissent en fumée. En 1852, les flammes anéantissent presque tout le sud de la ville. En 1856, un réservoir à gaz explose et emporte avec lui la cathédrale anglicane, puis, en 1859, le feu démontre qu’il n’a pas de préjugés religieux et engloutit la cathédrale catholique. À la suite de ces incendies, les vestiges de la Nouvelle-France deviennent rarissimes. En revanche, la modernité triomphe. Les rues sont élargies et pavées. L’emplacement des monuments est dégagé, tandis que de nouveaux sont élevés.

    Les bâtisseurs d’un siècle qui finit

    Le feu détruit, mais les hommes reconstruisent avec autant de frénésie. Qui sont ces bâtisseurs qui, au moment où se termine l’âge de la vapeur, s’apprêtent à édifier la ville que nous connaissons? Ils accourent de toutes parts : de la campagne du Québec et de celle d’Italie, des rues enfumées de Londres et de New York, des plaines de l’Ukraine et des montagnes

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