Les bruits du monde
Par Joséphine Bacon, José Acquelin, Jeanne Benameur et
()
À propos de ce livre électronique
bruits de la mort, bruits des pas, bruits des rêves, bruits des langues, bruits du désir, bruits du silence, bruits du
soleil… Voix fragiles, peuplées de rivières, de vies cheminant dans les mêmes sentiers, les mêmes résonnances. Peu
importe si l’on vient d’Amérique, d’Europe, d’Asie, d’Océanie ou d’Afrique. Nous mêlons les cartes d’identité.
Par la force souterraine de l’écriture, nous devenons des voyageurs clandestins dans nos propres pays.
La littérature, libérée des catégories identitaires, respire.
Un chant commun s’élève : la délicate rumeur du monde.
Joséphine Bacon
Joséphine Bacon est une poète innue originaire de Pessamit, née en 1947. Réalisatrice et parolière, elle est considérée comme une autrice phare du Québec. Elle a travaillé comme traductrice-interprète auprès des aînés, ceux et celles qui détiennent le savoir traditionnel et, avec sagesse, elle a appris à écouter leur parole. Joséphine Bacon dit souvent d’elle-même qu’elle n’est pas poète, mais que dans son cœur nomade et généreux, elle parle un langage rempli de poésie où résonne l’écho des anciens qui ont jalonné sa vie. Chez Mémoire d’encrier, elle a écrit son premier recueil Bâtons à message · Tshissinuatshitakana (2009) en pensant à ces nomades amoureux des grands espaces, et a reçu le Prix des lecteurs du Marché de la poésie de Montréal en 2010 pour son poème « Dessine-moi l’arbre ». Toujours chez Mémoire d’encrier, elle a publié en collaboration avec José Acquelin Nous sommes tous des sauvages (2011) et Un thé dans la toundra · Nipishapui nete mushuat (2013, Finaliste au Prix du Gouverneur général et Finaliste au Grand Prix du livre de Montréal). Son recueil, Uiesh · Quelque part (2018), lui a valu le Prix des libraires 2019. Avec Kau Minuat · Une fois de plus, publié en 2023, Joséphine Bacon renouvelle son univers. Loin des légendes innues, l’aînée des poètes s’installe entre les saisons et avance lentement dans une méditation sur l’arbre, le temps et le silence. En 2023, elle a reçu le prestigieux prix Molson du Conseil des arts du Canada, pour son apport inestimable à la littérature.
En savoir plus sur Joséphine Bacon
Uiesh - Quelque part: Prix des libraires 2019 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn thé dans la toundra Nipishapui nete mushuat Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Aimititau! Parlons-nous! (format poche) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBâtons à message: Tshissinuatshitakana Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Kau minuat - Une fois de plus Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFemmes rapaillées Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes bruits du monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNin Auass. Moi l'enfant: Poèmes de la jeunesse innue Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNous sommes tous des sauvages Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Les bruits du monde
Livres électroniques liés
Les bruits du monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJ'ai un arbre dans ma pirogue Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRécitatif au pays des ombres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes nomades, mes frères, vont boire à la grande ourse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSyli ô Guinée: livre I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDes cris au paradis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationItinérance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL' AMOUR AU TEMPS DES MIMOSAS Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChaophonie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAnthologie secrète Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMais la danse du paysage: Recueil Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuatre Saisons De Poésie: Livre I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChez les ours Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPense bien: Recueil de poésie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ L AUBE DES TRAVERSEES: et autres poèmes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes soeurs Rondoli Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPoèmes Entrelacés Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPoèmes espagnols Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNoir lumière Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Ultime raison d'être: Recueil de nouvelles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationD'ici et d'ailleurs Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Contemplations Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRapjazz, journal d'un paria: Journal d'un paria Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJuillet au pays: Chroniques d'un retour à Madagascar Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPoètes du Gers et d'ailleurs: Recueil de poèmes 2017 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMagnificat Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLES CINQ LETTRES Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Rose-Pirogue Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJ' AVANCE MON CHEMIN: J'avance mon chemin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPlaisir de Plume Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Poésie pour vous
Le Spleen de Paris (Petits poèmes en prose): Un recueil posthume de poésies de Charles Baudelaire Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Les cent-et-un meilleures poèmes de la langue française: Choisis par Marc & Claudia Dorchain Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les Oeuvres Complètes de Rimbaud Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Paradis Perdu - illustré Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHaïti pour toujours/Ayiti pou toutan: Recueil de poèmes en hommage à Haïti Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLéopold Sédar Senghor: De la négritude à la francophonie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEcrire au féminin: Anthologie de poésie féminine mondiale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Métamorphoses Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOeuvres complètes d'Apollinaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Fleurs du Mal: French 1861 version Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Poésie politique congolaise: 1959-1966 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe terre, de mer, d'amour et de feu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCharmes Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Les Oeuvres Complètes de Virgile (Édition intégrale): Bucoliques + Géorgiques + L'Énéide + Biographie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa fin de Satan Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationŒuvres Complètes De Charles Baudelaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Divine Comédie: Tome III : Le Paradis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMéditations poétiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa crise de L'esprit: Suivi de : Bilan de l'Intelligence, Regards sur le monde actuel Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBelles Poésies de Cœur et de Corps Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Poésie moderne: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes fables de Jean de La Fontaine Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Poèmes saturniens Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHaïkus des 5 saisons: Variations japonaises sur le temps qui passe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMythologie grecque et romaine: Introduction facile et méthodique à la lecture des poètes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation60 Poèmes d'Amour en Français: La Plus Belle Collection de Poèmes du Monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuelle heure est-il dans le grimoire du temps? Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La musique mot à mot: ou l'émotion des sons Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Les bruits du monde
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Les bruits du monde - Joséphine Bacon
Sous la direction de
Laure Morali et Rodney Saint-Éloi
LES BRUITS DU MONDE
Chronique
Amomis.comMise en page : Virginie Turcotte
Maquette de couverture : Étienne Bienvenu
Correction de l’innu-aimun : Yvette Mollen
Dépôt légal : 3e trimestre 2012
© Éditions Mémoire d’encrier
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vedette principale au titre :
Les bruits du monde
(Collection Chronique)
Doit être acc. d’un disque compact.
ISBN 978-2-89712-022-1 (Papier)
ISBN 978-2-89712-141-9 (PDF)
ISBN 978-2-89712-042-9 (ePub)
ISBN 978-2-89712-143-3 (ePub avec audio)
1. Poésie francophone - 21e siècle. 2. Poésie québécoise - 21e siècle. 3. Poésie canadienne-française - Auteurs autochtones. 4. Poésie haïtienne - 21e siècle. I. Morali, Laure, 972- . II. Saint-Éloi, Rodney, 1963- . III. Collection : Collection Chronique.
PQ1185.B78 2012 841.9208 C2012-941708-4
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Conseil des Arts du Canada et du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous reconnaissons également l’aide financière du Gouvernement du Québec par le Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres, Gestion Sodec.
Mémoire d'encrier
1260, rue Bélanger, bureau 201
Montréal, Québec,
H2S 1H9
Tél. : (514) 989-1491
Téléc. : (514) 928-9217
info@memoiredencrier.com
www.memoiredencrier.com
Version ePub réalisée par :
www.Amomis.com
Amomis.comDans la même collection :
Les années 80 dans ma vieille Ford, Dany Laferrière
Mémoire de guerrier. La vie de Peteris Zalums, Michel Pruneau
Mémoires de la décolonisation, Max H. Dorsinville
Cartes postales d’Asie, Marie-Julie Gagnon
Une journée haïtienne, Thomas Spear, dir.
Duvalier. La face cachée de Papa Doc, Jean Florival
Aimititau ! Parlons-nous !, Laure Morali, dir.
L’aveugle aux mille destins, Joe Jack
Tout bouge autour de moi, Dany Laferrière
Uashtessiu / Lumière d’automne, Jean Désy et Rita Mestokosho
Rapjazz. Journal d’un paria, Frankétienne
Nous sommes tous des sauvages, José Acquelin et Joséphine Bacon
Dans le ventre du Soudan, Guillaume Lavallée
Méditations africaines, Felwine Sarr
Sans domicile fixe
Je vais
je viens
et puis je pense.
Que ce soit
ici ou bien là,
il n’y a pas
de lieu
acquis. Ici
ou là,
je suis ce que
les gens appellent
un étranger.
Et comme un étranger
j’irai et viendrai
jusqu’à ce qu’ici
ou là
ni moi
ni personne ne le soit plus.
Clémentina Suarez
Préface
Quand les territoires s’estompent
Il résonnera délicatement
Le ciel
Quand je viendrai faire un bruit
Chant chippewa
J’entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.
Paul Éluard
Quand nous nous tenons debout côte à côte, les frontières entre les origines, les générations, les langues, les territoires s’estompent. Ensemble, nous habitons le monde. Nous déplaçons notre regard dans les yeux du voisin, lui empruntons des mots de sa langue pour mieux grandir avec lui, partager ses cris, ses récits, ses invocations, ses dieux, ses déclarations d’amour, de colère, ses vibrations.
Nous livrons des bruits récoltés en passant au tamis la clameur du monde. Bruits de l’enfance, bruits de la vie, bruits de la mort, bruits des pas, bruits des rêves, bruits des langues, bruits du désir, bruits du silence, bruits du soleil… Voix fragiles, peuplées de rivières, de vies cheminant dans les mêmes sentiers, les mêmes résonnances. Peu importe si l’on vient d’Amérique, d’Europe, d’Asie, d’Océanie ou d’Afrique. Nous mêlons les cartes d’identité. Par la force souterraine de l’écriture, nous devenons des voyageurs clandestins dans nos propres pays. La littérature, libérée des catégories identitaires, respire. Un chant commun s’élève : la délicate rumeur du monde.
Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage. (Maya Angelou)
Nous sommes dans les bruits du monde… dans le meilleur de nous-mêmes et de l’autre. Dans l’entrebâillement des imaginaires. Échos rassemblés par le chant des villes et des corps. De Port-au-Prince à Mingan, de Mexico à Lannion, de Dakar à Rimouski, les cris humains appellent la faille et l’espérance tant il est vrai que chacun pleure là où le fer le ronge (Louis Aragon).
Bruits du monde, dits libres et sauvages qui se tiennent et se maintiennent dans la soif d’un monde inédit. Sans barricade ni frontière. Le hasard offre à l’horizon sa part de route, le langage se charge du reste, cousant le tout en une suite d’émotions.
À l’horizon du poème le monde renaît, démultiplié dans nos pas comme nos soleils vagabonds. Le pari : encore l’autre en nous, dans nos corps, dans nos combats pour le sens. Tout dire ! Tout parler ! Oser ! Tout écrire ! (Jean-Pierre Verheggen). Serrez-vous le cœur pour refuser le mépris, l’exclusion et l’enfermement. Entrez dans ce voyage, dans ces chants de terre et de révolte, dans ces langues heurtées, dans ces manifestes pour réaffirmer avec force et conviction que l’humain (et non les finances) est la seule raison d’être. Regardez en dessous de vos semelles : J’ai traversé sur mes souliers ferrés / Le monde et sa misère. (Félix Leclerc)
Le vœu : être dans la relation ouverte pour que les matins soient au bout du petit matin, souverains comme le vent. Au fond des mots veille la lucidité. La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. (René Char)
Laure Morali & Rodney Saint-Éloi
voyage
Louis-Philippe Dalembert
quand j’étais jeune
je rêvais de vivre
à paris new york rome
jérusalem dakar ou la havane
maintenant que j’ai vécu
à paris à rome et à jérusalem
que je connais new york dakar et la havane
je rêve des lumières absentes
de la ville natale
quand j’étais jeune
je rêvais de vivre
ailleurs partout
quelque part dans le monde
j’enfourchais alors une branche d’arbre
ou l’une des nombreuses étoiles
de la nuit caraïbe
vaste et profonde
comme seule en invente l’enfance
et je m’envolais
(loup-garou insouciant et végétarien)
loin de mon quartier
loin de ma ville
avant que les notes fausses d’un coq
trahi par ses cauchemars
ne viennent m’arracher
aux tièdes clins d’œil
des premiers rayons du soleil
maintenant que je connais le monde
et la beauté de ses femmes
les yeux rieurs de ses enfants
l’arrogante impuissance de ses hommes
maintenant que j’ai vécu
partout je rêve de vivre
chez moi
quand j’étais jeune
je rêvais de voyager
la vie
je partirais vers un monde
sans faim
où les lumières auraient emprunté
leur éclat à nos rêves d’enfants
aux reflets argentés de la mer au soleil
à l’eau de la ravine
qui accueillait nos ébats clandestins
le lendemain des jours de pluie
aux avions dont l’envol matinal
se confondait avec la saison des cyclones
maintenant que j’ai voyagé
que je voyage
jusqu’à en avoir le tournis
maintenant que mes pas
ont emprunté leur rythme
au battement d’ailes sans fin du colibri
l’envie me prend parfois
de descendre en cours de route
et de rentrer chez moi
de retrouver l’enfance sous le vieil acajou
pour une partie de billes
ou un corps à corps gorgé d’orgueil
maintenant que j’ai voyagé
que je voyage la vie
j’ai envie par moments
de m’arrêter
comme lorsque enfants nos semelles vagabondes
nous ramenaient à la maison
dans l’espoir de troquer
la sueur la poussière et la faim
contre une bonne douche
des vêtements moins crasseux
et un hypothétique repas
j’ai envie de tout arrêter
et de rentrer au pays
de l’enfance
mais j’ai perdu
le chemin du retour
quelque rapace amblyope et gourmand
aura gobé les cailloux
que j’avais oublié de semer
Il marche
Bruno Doucey
1.
De gel
en demi-jour
Il marche
Traverse routes et méridiens
Déserts, sierras et plaines
Remonte à toute allure
Le mascaret de son enfance
Sa houppelande de granit chevillée au corps
Mais se souviendra-t-il ?
Il marche
Les contreforts de sa mémoire
Cèdent sous la cohue
Dans le gypse des larmes
Des géoglyphes
Sinuent sous ses paupières
Singes et colibris
Franchissent les ravins
Lignes vouées