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Hirohito: Coupable Ou Innocent
Hirohito: Coupable Ou Innocent
Hirohito: Coupable Ou Innocent
Livre électronique409 pages88 heures

Hirohito: Coupable Ou Innocent

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À propos de ce livre électronique

Le Procès de l’Empereur : Hirohito : Coupable ou Innocent est un ouvrage d’information et de formation, un livre de référence qui doit être lu comme un outil éducatif sur la guerre menée par le Japon dans le Sud-Est asiatique et dans le Pacifique. Le livre ouvre le débat sur la responsabilité d’Hirohito dans les crimes commis par son armée durant la Seconde Guerre mondiale et entame un procès posthume contre le monarque japonais devant le Tribunal permanent des peuples pour crimes contre la paix, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
LangueFrançais
ÉditeurXlibris US
Date de sortie21 nov. 2019
ISBN9781796073508
Hirohito: Coupable Ou Innocent
Auteur

Jean Sénat Fleury

Career judge, teacher, writer, Jean Sénat Fleury was born in Haiti and currently lives in Boston. A former intern at the National School of Magistrates (Paris and Bordeaux), he has held various positions within the Haitian judiciary. He was in turn a trainer at the National Police Academy (1995–1996) and director of studies at the School of Magistrates of Pétion-Ville (2000–2004). Author of the book The Stamp Trial, he wrote several other historical works such as: Jean-Jacques Dessalines: Words from Beyond the Grave, Toussaint Louverture: The Trial of the Slave Trafficking, Adolf Hitler: Trial in Absentia in Nuremberg, The Trial of Osama Bin Laden, Hirohito: Guilty or Innocent: The Trial of the Emperor, and Adolf Hitler and Hirohito: On Trials. Mr. Fleury had emigrated to the United States in 2007. He earned a master’s degree in public administration and a second in political science from Suffolk University. His new book, Japan’s Empire Disaster provides an understanding of the expansionist policy practiced by Japan during the end of the nineteenth and the first period of the twentieth century.

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    Aperçu du livre

    Hirohito - Jean Sénat Fleury

    Copyright © 2019 by Jean Sénat Fleury.

    ISBN:      Hardcover      978-1-7960-7352-2

                    Softcover        978-1-7960-7351-5

                    eBook             978-1-7960-7350-8

    All rights reserved. No part of this book may be reproduced or transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording, or by any information storage and retrieval system, without permission in writing from the copyright owner.

    The views expressed in this work are solely those of the author and do not necessarily reflect the views of the publisher, and the publisher hereby disclaims any responsibility for them.

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    Certain stock imagery © Getty Images.

    Rev. date: 11/21/2019

    Xlibris

    1-888-795-4274

    www.Xlibris.com

    802056

    CONTENTS

    Dédicace

    Remerciements

    Préface

    Prologue

    Chapitre 1

    La Seconde Guerre Mondiale Contexte Politique Et Économique

    I.L’occupation Coréenne

    II.La Guerre Dans Le Pacifique

    III.L’allemagne Et Le Japon

    IV.L’attaque De Pearl Harbor

    V.L’avancée Japonaise Dans Le Pacifique

    Chapitre 2

    Le Tribunal Militaire International Pour L’extrême-Orient

    VI.La Mise En Place Du Tribunal

    VII.La Composition Du Tribunal

    VIII.La Préparation Du Procès

    IX.Le Verdict

    Chapitre 3

    Réflexion Sur Le Procès De Tokyo

    Chapitre 4

    Tribunal Permanent Des Peuples Session Spéciale Pour Juger Hirohito

    X.Discours Du Président

    XI.Le Rapporteur

    XII.Les Crimes De Guerre

    XIII.Les Crimes Contre L’Humanité

    XIV.Le Trafic De La Drogue

    Chapitre 5

    Le Verdict

    Seodaemun Museum

    1- Déclaration De Potsdam

    2 - Discours De Capitulation De L’empire Du Japon

    3 - Procès De Nuremberg Et Procès De Tokyo

    Bibliographie

    Revisiter l’histoire : ce n’est ni le privilège de quelques-uns ou un droit négociable, chichement octroyé ou remis en cause par l’État. C’est d’abord une nécessité. C’est aussi le courant inéluctable apporté par les points de vue évolutifs des générations successives. C’est en même temps une démarche indispensable si l’on entend garder vivante la mémoire des Peuples.

    Jules Roy, Le Procès du Maréchal Pétain

    Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.

    Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en Cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends.

    – Émile Zola, J’accuse

    Dédicace

    E n mémoire de plusieurs millions de personnes, soldats et civils, que les militaires de l’empire du Japon ont massacré durant la première période du XX e siècle, particulièrement lors du massacre de Nankin au cours duquel l’Armée impériale japonaise et la Marine impériale japonaise ont massacré environ 250,000 personnes.

    En mémoire des victimes de l’Unité 731, de Pearl Harbor, de la Marche de la Mort de Bataan, d’Hiroshima et de Nagasaki, j’écris ce livre, avec l’espoir que le récit ouvre les yeux des générations présentes et futures sur les atrocités de la guerre et conscientise nos leaders à valoriser la paix dans le monde.

    Remerciements

    M es sincères remerciements ainsi que toute ma gratitude vont à Charley Granvorka, qui a préfacé le livre et m’a toujours soutenu dans mes travaux de recherches ainsi qu’au correcteur Guy Jacques, qui a consacré de nombreuses heures à lire le manuscrit afin de me conseiller et me guider. Enfin, à ma fille Jennifer Fleury, qui m’a hébergé pendant mon séjour à Séoul et m’a accompagné lors de ma visite de la prison de Seodaemun. L’ancienne prison de Seodaemun de Séoul, en Corée du Sud, est aujourd’hui reconvertie en musée. Jusqu’à la libération de la Corée le 21 août 1945, elle a été le lieu d’emprisonnement de nombreux résistants coréens qui y ont été torturés ou exécutés. Elle comptait 2890 prisonniers en 1944. Jennifer a pris des photos que je publie dans l’ouvrage.

    Préface

    L e 7 janvier 1989, la mort d’Hirohito signait la fin d’un règne de soixante-trois ans, le règne le plus long et controversé de l’histoire du Japon au sortir d’une période chargée de troubles et de changements importants. La mort de l’Empereur a également nourri un long débat controversé à propos de son rôle et sa responsabilité, réels ou supposés, dans les guerres menées par le Japon dans le Pacifique entre 1868 et 1945. La littérature rapporte l’image d’Hirohito comme celle d’un monarque constitutionnel ayant passivement entériné l’entrée en guerre du Japon pour ne pas aller à l’encontre de l’avis majoritaire, en faveur des guerres au sein de son gouvernement.

    Le sujet est toujours sensible au Japon même si la jeunesse actuelle préfère délibérément participer vivement à l’ère Reiwa initiée en 2019, ère porteuse d’espoir avec en promesse l’harmonie entre tous les êtres. En fait, la réponse réellement attendue de la controverse est celle du « Pourquoi, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Empereur a-t-il échappé au procès intenté par le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient aux chefs de guerre nippons ? » Mais alors, de quoi était-il coupable ? Aucune réponse tranchée n’émerge, tant les analyses divergent entre les historiens, les intellectuels et la presse officielle, dont celle de l’Agence de la Maison impériale.

    Dans son ouvrage, Le Procès de l’Empereur : Hirohito : Coupable ou Innocent, Jean Sénat Fleury invite le lecteur au procès « fictif » de l’Empereur Shōwa déchu, procès réclamé sans succès par la plupart des Nations occidentales au sortir de la guerre. Cependant, pour bien appréhender les contours de l’Histoire et la personnalité d’Hirohito, un rappel contextuel s’impose.

    Retour Sur L’histoire

    À la mort de son père en 1926, Hirohito devient, à 25 ans, le cent vingt-quatrième Empereur du Japon. Descendant direct d’Amaterasu, la déesse Soleil, son accession au trône marque l’entrée du Japon dans l’ère Shōwa, signifiant « Paix rayonnante ». De fait, dans son discours de couronnement en 1928, l’Empereur annonce effectivement son intention de cultiver l’amitié de toutes les nations pour le maintien de la paix mondiale. Ce même jour, Hirohito quitte le monde des vivants. Et selon une tradition millénaire, il devient alors un monarque d’essence divine, et l’Article 3 de la Constitution du 11 février 1889 consacre le caractère « sacré et inviolable » de sa personne.

    Selon la coutume impériale, le jeune prince n’est pas élevé à la cour. Il est confié à la famille de l’amiral comte Kawamura. Dès son plus jeune âge, deux tuteurs l’accompagnent, guerriers illustres de l’histoire militaire japonaise ; le général Nogi Maresuke, un héros de la guerre sino-japonaise et de la guerre avec la Russie, est l’un de ses tuteurs. D’ailleurs, cette éducation militaire colle très bien au contexte. En effet, le Japon conquérant remporte une série de victoires militaires. D’abord contre la Chine (1894-1895), la Russie (1904-1905) et la Corée, que le Japon colonise en 1895 avant de l’annexer définitivement en 1910. À 11 ans, au cours de l’ère Meiji, à la mort de son grand-père, Hirohito est prince héritier de la couronne, puis symboliquement élevé aux grades de second lieutenant de l’Armée et Enseigne de Marine en 1912.

    Ainsi, éduqué dès sa plus tendre enfance selon les principes militaires, le shintoïsme et le respect du caractère divin de sa condition impériale, le Daigensui, le jeune Hirohito, que l’on décrit comme un personnage à la personnalité énigmatique et empreinte de contradictions, un être toujours dans le questionnement quant aux conséquences de ses décisions pour le bien du Japon, est à la tête d’une armée nippone de plus en plus puissante qu’il pousse vers la guerre et l’expansionnisme. Héritage de sa formation militaire, l’on comprend mieux que ses conseillers les plus proches, soient essentiellement issus du milieu militaire : Makino Nobuaki (1861-1949), Saionji Kinmochi (1849-1940) et Kido Köichi (1889-1977). Ces responsables appartiennent tous à la branche exécutive – regroupant entre autres, l’Armée et la Marine – qui, en toute autonomie, pouvait conclure des traités avec les nations étrangères, déclarer la guerre ou encore recruter les officiels militaires et civils.

    De La Responsabilité De L’empereur

    La caractéristique institutionnelle du Japon impérial en fait une constitution monarchique avec à sa tête un Empereur, se devant d’agir comme un monarque constitutionnel dont la décision est guidée par ses conseillers. En plus d’être le souverain d’un État et le commandant en chef des forces impériales japonaises, son statut divin fait, et fera de lui jusqu’à sa mort, le symbole de l’État, de l’identité culturelle et de l’unité du peuple japonais.

    Les évènements ayant signé l’entrée du Japon dans la Seconde Guerre mondiale virent leurs prémices dès 1931 avec la conquête de la Chine et trouvèrent leur apogée en 1941 par l’attaque surprise par le Japon de la base navale américaine de Pearl Harbor.

    La question de la responsabilité de l’Empereur dans l’engagement guerrier du Japon n’est pas tranchée historiquement, bien qu’il soit le Commandant Suprême de l’Armée et de la Marine selon la Constitution Meiji.

    Pour certains historiens, bien que réticent à la perspective de l’entrée du Japon dans la Seconde Guerre mondiale, Hirohito semble s’être réjoui du succès de l’offensive de Pearl Harbor en décembre 1941 et des victoires qui l’ont suivie en Asie du Sud-Est.

    À l’inverse, un autre courant de pensée a affirmé que l’Empereur était extrêmement impliqué dans la préparation de cette attaque.

    Pour définitivement absoudre Hirohito de toute possibilité de procès, certains constitutionnalistes ont avancé l’idée que l’Empereur étant légalement absout de toute responsabilité en raison de son essence divine, il ne pouvait donc être poursuivi au sens de l’Article 3 de la Constitution de 1928.

    Enfin, d’autres encore ont émis l’hypothèse qu’il pourrait avoir été manipulé par les politiciens et les militaires au cours de cette période. Cependant, cette hypothèse semble être contredite par le long monologue radiophonique de 8 heures tenu en 1945 par Hirohito. Au cours de cette émission, l’Empereur a rappelé les évènements ayant eu lieu depuis l’assassinat de Chang Zolin, de la guerre de Mandchourie en 1928 jusqu’à la fin de la guerre du Pacifique en août 1945 confirmant ainsi sa connaissance des décisions prises par les décideurs dans les stratégies nationales. À l’appui de cette hypothèse, d’anciens ambassadeurs ont expliqué que bien que reconnu comme un être sacré tout puissant, le pouvoir de l’Empereur était de fait limité par les ministres et les militaires.

    L’écrasante Humiliation Du Japon

    En riposte à l’attaque de Pearl Harbor, Tokyo est bombardée par l’armée américaine en mars 1945. Puis, ce sera au tour d’Hiroshima et de Nagasaki d’être complètement détruites les 6 août et 9 août de la même année.

    L’inimaginable prôné par l’éthique Bushido devient inéluctable. La défaite de l’armée japonaise est d’ores et déjà actée.

    Un sacrifice s’impose. L’Empereur se résigne à la paix en demandant à son peuple d’« accepter l’inacceptable » tout en annonçant sa volonté de mettre fin à la guerre. De capitulation, il n’en est point mentalement ni officiellement question. Cependant, les intérêts supérieurs du Japon imposent d’accepter l’inacceptable humiliation, toute honte bue aux yeux du monde.

    Il faut tenter d’imaginer les tourments intérieurs de ce monarque élevé dans la certitude de sa déité, de son autorité absolue, aux prises avec une réalité dramatique aux conséquences de long terme catastrophiques, tant au plan interne que sur la scène internationale.

    Après la reddition du Japon, l’Empereur a publiquement renoncé à son essence divine. Le pays quant à lui a renoncé à la guerre et à la militarisation. L’occupant américain rédige une nouvelle Constitution en 1946 et, selon les termes de son Article 9, l’Empereur « doit ses fonctions à la volonté du peuple en qui réside le pouvoir souverain. »¹

    N’ayant plus d’avenir politique au plan national, Hirohito se tourne alors vers la politique internationale. Il semblerait que les conséquences dramatiques de la guerre sur le Japon l’aient longtemps hanté, et qu’il ait tout aussi longtemps cherché à se racheter aux yeux de son peuple. Par trois fois, il aura vainement proposé d’abdiquer. Ses voyages à l’étranger pour promouvoir le Japon semblent avoir été pour lui l’occasion de se racheter, d’exprimer ses regrets personnels, à défaut de s’expliquer.

    La Peur Rouge

    Les années 40, faut-il le rappeler, sont aussi aux États-Unis, les années de germination du maccarthysme, la « Peur rouge ». Ces derniers redoutent plus que tout l’expansion du communisme. Non seulement sur leur territoire, mais aussi dans le reste du monde sur lequel ils entendent exercer leur suprématie. Le Japon ayant renoncé à la guerre, les Américains résistent à la pression internationale et refusent de traduire Hirohito devant le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient. L’Empereur est maintenu à la tête du pays où il sera le plus utile pour prévenir l’expansion du communisme dans la zone, garantir l’unité du peuple et la stabilité d’un Japon occupé.

    Conclusion

    La structure de la Constitution Meiji et le statut divin hérité de facto par la naissance placent Hirohito au sommet de l’État. Il est le Commandant Suprême de l’Armée et de la Marine qui relèvent de la branche exécutive du pouvoir, branche qui dispose de la plus large autonomie. Bien qu’il ait à se préoccuper de politique, l’Empereur ne contrôle pas toujours les décisions finales prises en son nom. Lorsque son approbation lui est demandée, elle ne respecte que le formalisme constitutionnel imposé, et son refus généralement exprimé par un silence, est considéré en certaines circonstances comme une approbation implicite. Cependant, bien que jouissant d’autonomie pour certaines, dont la branche exécutive, toutes les branches du gouvernement, y compris la Diète et le Cabinet, devaient d’abord en référer à l’Empereur. L’Armée et la Marine, en des circonstances cruciales, ont pris son absence de réponse pour une approbation implicite des stratégies à l’œuvre.

    Alors de quoi Hirohito était-il coupable qu’il lui eût valu un procès ? Les historiens nous ont donné à voir un être à la personnalité ambiguë, pétri de contradictions. Sans doute la résultante de l’intime combinaison entre son éducation militaire, son essence divine, le poids du shintoïsme et l’éthique du Bushido.

    A-t-il échappé au Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient ? Géopolitique ou Realpolitik. Ce procès fictif tente d’y répondre.

    Charley G. Granvorka

    Août 2019

    Références

    Bix, H.P. (2016) « Hirohito and the Making of Modern Japon ». Kindle Edition.

    Dockrill, S. (1992) « Hirohito, the Emperor’s Army and Pearl Harbor » in Review of International Studies, Vol. 18 No. 4, pp. 319-333. Octobre.

    Kawamura, N. (2007) « Emperor Hirohito and Japan’s Decision to Go to War with the United States : Reexamined » in Diplomatic History, Vol. 31, No.1., pp. 51-79. Oxford University Press, Janvier.

    Wetzler, P. (1998) « Hirohito and War: Imperial Tradition and Military Decision Making in Prewar Japan » University of Hawaii Press. 294 pages.

    Prologue

    J uger les grands criminels de l’histoire qui ont échappé à la justice, tel est mon but quand j’écris des procès fictifs au cours desquels les débats contradictoires sont ouverts devant un tribunal inventé et le tout est joué comme si l’audience était réelle. J’ai débuté la série en jugeant Napoléon Bonaparte et plusieurs autres dignitaires de la monarchie et de l’empire français dans l’ouvrage Toussaint Louverture : Le Procès de la Traite des Noirs. J’ai continué la démarche dans deux romans historiques, Adolf Hitler : Jugé Par Contumace à Nuremberg, Le Procès d Oussama Ben Laden. Maintenant, je poursuis le travail avec cet ouvrage historique, Le Procès de l’Empereur : Hirohito : Coupable ou Inno cent.

    Inventer le procès d’Hirohito, l’Empereur qui a échappé à la justice pour les crimes de guerre commis sous son empire au cours de la période de l’impérialisme japonais, principalement pendant la première partie de l’ère Shōwa, c’est une façon d’honorer la mémoire de plusieurs millions de personnes, civils et prisonniers de guerre, que les militaires de l’empire du Japon ont massacré pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Prince héritier de son père, Taishō Yoshihito, Hirohito monte sur le trône en 1926 après avoir exercé la régence pendant cinq ans. Empereur doué d’un pouvoir « divin », selon l’article 1er de la Constitution impériale, il se voit attribuer le nom Shōwa. Durant la première partie de son règne, il donne un appui inconditionnel à la politique expansionniste du clan militaire, donne son aval à la conquête de la Mandchourie en septembre 1931, puis à l’intervention militaire japonaise en Chine en août 1937 après « l’incident » sur le pont Marco Polo le 7 juillet 1937.

    La politique expansionniste pratiquée par le Japon pendant la première partie de l’ère Shōwa est à l’origine de l’alliance avec l’Allemagne. En effet, le 25 février 1933, les Japonais entament la campagne du Jehol et occupent toute cette province voisine de la Mandchourie. Ils poursuivent leur progression au Hopei en avril et négocient en mai la création d’une zone démilitarisée dans le nord de cette région. Les forces japonaises contrôlent ainsi la Grande Muraille, en même temps qu’elles maintiennent des garnisons autour du Tien-Tsin.

    Mécontent du traitement accordé à l’empire nippon par les puissances occidentales lors du traité de Versailles, le Japon quitte la SDN en 1933. Les politiciens japonais mettent en place une idéologie fondée sur la suprématie de la race japonaise et le droit du Japon de dominer l’Asie. Cette idéologie raciste présente donc le Japon comme le centre du monde et a pris assise sur l’institution impériale de l’Empereur, être divin et descendant de la déesse Amaterasu Omikani. Pour asseoir la dictature et tourner le Japon vers une politique d’expansionnisme, des mesures urgentes sont adoptées. Le 27 novembre 1929, Hirohito approuve le rapport de l’amiral Katō Kanji pour la construction d’une marine de guerre ayant la capacité de concurrencer l’U.S. Navy dans le Pacifique. Le 29 décembre 1934, le Japon dénonce les accords de Londres sur la réduction des armements navals. Le 15 janvier 1936, le Japon quitte la conférence de désarmement naval tenue à Londres parce que ses interlocuteurs lui refusent la parité avec les USA.

    En tant que chef de l’Armée impériale japonaise et de la Marine impériale japonaise, Hirohito engage le Japon dans la guerre en 1941. Après les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki et la déclaration de guerre de l’Union soviétique contre son empire, le 15 août 1945, le Japon capitule. Le 2 septembre 1945, à bord du Missouri dans la baie de Tokyo, le général Yoshijirō Umezu signe la capitulation face au général Douglas MacArthur en acceptant sans condition la proclamation de Potsdam du 26 juillet 1945.

    Malgré des renseignements de plus en plus concordants qui viennent confirmer le rôle actif joué par Hirohito pendant la guerre, la question de sa responsabilité dans les crimes commis par l’Armée impériale japonaise et par la Marine impériale japonaise dans la guerre du Pacifique continue de faire l’objet jusqu’à aujourd’hui de grands débats parmi les historiens. Quel rôle Hirohito a-t-il joué pendant la Seconde Guerre mondiale ? Pour certains spécialistes, l’Empereur règne sur le Japon conformément à l’article 1 de la Constitution de 1889. Il est certes d’après la Constitution Meiji le commandant suprême de l’Armée et de la Marine mais manipulé par les militaires, il n’exerce pas le pouvoir ? Pour d’autres, par contre, Hirohito supervise de façon minutieuse et réfléchie les affaires de l’État ? Il intervient en profondeur dans la gouvernance du pays et dans les plans stratégiques de l’armée.

    L’historien japonais Awaya Kentaro a répondu de très belle façon à cette question. D’après lui, non seulement Hirohito a donné des avis dans toutes les décisions importantes du gouvernement et de l’armée, mais il supervisa de près à ce que ses ordres soient respectés. Il favorisa l’accession au pouvoir de ses hommes de confiance – Kido, Konoe et Tōjō –, et il suivait au quotidien par l’intermédiaire des émissaires – Kawai, Makino, Chichibu, Chinda, Ichiki – les affaires diplomatiques, politiques et militaires tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Son intervention pour mettre fin à la guerre malgré des menaces de rébellion d’un groupe de militaires fascistes – Kosono, Ugaki, Hatanaka, Haga, Mori, Anami, Shiizaki, Ida, Takeshida, Toyoda, Onishi, Arao, Koga, Ishihara, Mizutani – suggère qu’il aurait pu modifier le cours des évènements plus tôt s’il en avait eu la volonté et éviter la destruction de plusieurs villes japonaises dont Tokyo, Hiroshima et Nagasaki par l’aviation américaine.

    Dans les écrits et les mémoires qui couvrent son degré de maturité comme commandant en chef de l’armée, les plus proches conseillers de l’Empereur à savoir, le baron Harada Kumao, le prince Konoe Fumimaro et le marquis Kōichi Kido, contrairement à l’opinion du vénérable Saionji Kinmochi, disent admirer la volonté du jeune monarque qui décide de jouer un rôle important dans la vie politique de l’empire du Japon, particulièrement dans le contrôle de l’armée.

    Contrairement à son père, Yoshihito Taishō, un monarque effacé, Hirohito donne les derniers mots dans les grandes décisions politiques dans lesquelles s’engagent le Japon. L’émergence des documents longuement enfouis dans les papiers personnels d’un assistant de l’Empereur, Terasaki Hidenari, et publiés en 1990 au Japon par sa fille sous le titre Les Monologues de l’Empereur, confirme avec plus de véracité le rôle important joué par Hirohito pendant la guerre. Dans ces documents on retrouve les réponses qu’il a faites en 1946, aux questions que ses cinq conseillers les plus proches lui ont posées, pour l’aider à rejeter toute responsabilité personnelle dans la guerre contre la Chine et dans l’attaque contre la flotte américaine à Pearl Harbor dans le cas où il serait convoqué comme témoin par le Tribunal international chargé de juger les criminels de guerre japonais à Tokyo.

    L’Empereur contrairement à ce qu’il a été dit, n’était pas un fantoche…

    Dans la Constitution Meiji de 1889, l’Empereur est souverain et se trouve au centre de la légitimité de l’État. La Constitution dans son préambule stipule : « Les droits de la souveraineté de l’État, nous les avons hérités de nos ancêtres, et nous les léguerons à nos descendants. » Pendant la première partie de l’ère Shōwa, selon la Constitution Meiji, Hirohito exerça le « commandement suprême de l’Armée et de la Marine » (article 11). Il était légalement commandant suprême du quartier général impérial, et depuis 1937, il participait à toutes les décisions militaires qui ont été prises.

    Selon le « mémo de Sugiyama » et les journaux intimes de Fumimaro Konoe et Kōichi Kido, tout au cours de la Seconde Guerre mondiale, Hirohito a eu de nombreuses réunions informelles avec son chef de cabinet et ses ministres. Ces documents ont montré qu’il a été tenu au courant de toutes les opérations militaires et a fréquemment interrogé les cadres supérieurs sur le déploiement des troupes ; et parfois même il donna son avis sur la façon de conduire la guerre. Par exemple, en juillet 1937, il signa le décret impérial qui a autorisé le Japon à rentrer en guerre contre la Chine. Le 27 septembre 1940, il approuva la signature d’un accord du gouvernement japonais avec Rome et Berlin, le Pacte tripartite, constitutif de l’Axe prit naissance. Tout de suite après, c’est l’invasion de l’Indochine par le Japon, en septembre 1940. Le président américain Franklin D. Roosevelt qui a mené une double politique depuis 1939, décréta un embargo sur les livraisons de pétrole vers Tokyo. Hirohito, boudant les menaces américaines qui exigeaient du Japon le retrait de ses troupes en Chine et dans d’autres territoires occupés dans le Sud-Est asiatique et le Pacifique, signa au nom du peuple japonais un accord de neutralité avec l’URSS le 13 avril 1941, puis donna son aval au haut état-major de l’Armée et de la Marine pour l’invasion de la Malaisie et des Philippines.

    Le 17 octobre 1941, Hideki Tōjō remplaça Fumimaro Konoe comme premier ministre. Deux mois après la rentrée en fonction du nouveau gouvernement, l’attaque de Pearl Harbor a été planifiée. Elle a été approuvée par Hirohito et exécutée en vue de détruire la flotte américaine dans le Pacifique. Le lendemain de l’attaque, le 8 décembre 1941, Roosevelt déclara la guerre au Japon. Trois jours plus tard, Hitler en support à l’empire nippon engagea l’Allemagne contre les États-Unis.

    Selon les historiens Yoshiaki Yoshimi, professeur de l’histoire japonaise moderne à Chuo université à Tokyo et Seiya Matsuno, le rédacteur d’un rapport publié dans la presse japonaise en juillet 2019, Hirohito autorisa par des ordres spécifiques, transmis au chef d’état-major de l’armée, le prince Kan’in Kotohito et au général Hajime Sugiyama, l’utilisation d’armes chimiques contre les civils et les soldats chinois. Il approuva l’utilisation de gaz toxiques à plusieurs reprises lors de l’invasion de Wuhan en 1938. L’utilisation des mêmes armes a été également autorisée lors de l’invasion de Changde.

    Selon les historiens Akira Fujiwara et Akira Yamada, Hirohito a fait des interventions directes dans plusieurs opérations militaires. Par exemple, il pressa Sugiyama à plusieurs reprises, de janvier à février 1942, d’augmenter l’effectif de l’armée nippone aux Philippines. Au cours de la même période, il ordonna au général de lancer une attaque sur Bataan. En août 1943, il manifesta sa colère contre Sugiyama qui était incapable de stopper l’avancée américaine sur les îles Salomon et lui demanda d’envisager d’autres endroits où attaquer.

    La plupart des interventions impériales d’Hirohito ont été faites par des ordres directs tels que l’écrasement de la rébellion lors de l’incident du 26 février. Les archives japonaises mises à jour depuis les années 90 démontrent qu’effectivement, chaque ordre d’utiliser des armes chimiques doit recevoir l’approbation expresse de l’Empereur. Elles démontrent également que la décision de suspendre les droits internationaux des civils a bien été autorisée par une directive spécifique d’Hirohito au prince Kan’in en août 1937.

    Hirohito : Un personnage ambigu…

    L’Empereur, au nom duquel la guerre a été menée, a été préservé de l’acte d’accusation ; et la famille impériale, à savoir les princes Chichibu, Asaka, Takeda et Higashikuni, a été exonérée lors des poursuites. Seuls, le prince Konoe et le garde des sceaux, le marquis Kido, ont été arrêtés pendant le procès. La question fait l’objet d’un grand débat jusqu’à maintenant. Quel a été le rôle exact joué par Hirohito pendant la guerre ? L’Empereur était-il seulement le monarque providentiel qui a mis un terme aux hostilités pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire un monarque qui ne pouvait pas enfreindre les recommandations du Haut-Commandement de l’armée et du gouvernement japonais. Était-il encore un manipulateur sournois qui fut l’artisan des complots successifs depuis les années 30, facilitant l’émergence du fascisme pour engager le Japon dans la voie du militarisme et de l’expansionnisme comme l’Allemagne et l’Italie ?

    Pour certains, Hirohito était un pacifiste convaincu qui souffrait dans son âme à cause de son pouvoir limité pour mettre un terme aux souffrances et aux mauvais traitements endurés par des civils et des prisonniers de guerre. Tenu par la dignité de son statut « d’Empereur divin », il ne pouvait pas intervenir ouvertement dans les affaires publiques. Pour d’autres observateurs, Hirohito fut un dictateur féroce dans la lignée d’Hitler, qui avait l’ambition d’occuper les territoires des pays du Sud-Est asiatique et du Pacifique pour répandre l’hégémonie du Japon dans la région, et pour y arriver, sournoisement, il orientait les généraux dans les grandes décisions à prendre dans la conduite de la guerre.

    En dépit de la Conférence du Caire (décembre 1943) qui attira l’attention sur l’esclavage auquel le peuple coréen avait été réduit sous domination japonaise, la responsabilité du Japon dans ses colonies d’Asie ne fut jamais mise en cause. Hirohito qui avait émis la « proclamation impériale de déclenchement des hostilités dans la « guerre de l’Asie orientale » possédait à l’époque le grade de généralissime et de commandant suprême des forces armées japonaises. À ce titre, il pouvait sembler absurde qu’il n’ait pas été mis en cause par le tribunal de Tokyo dont la mission était justement de déterminer les responsabilités de l’armée japonaise dans la guerre.

    Les intellectuels marxistes japonais, tels qu’ Kamei Katsuichirō, Takeyama Michio, Matsuda Michio, Inoue Kiyoshi, Tōyama Shigeki, Toma Seita, Minzoku Ishiri, Suzuki Shirō, Eguchi Bokuro, Matsumoto Shinpachiro et Ishimoda Shō, ont tracé le caractère intrinsèquement « criminogène » du système impérial sous l’ère d’Hirohito. Ces marxistes faisaient reposer sur la classe dirigeante du Japon la responsabilité de la guerre, et ils appelaient à une réévaluation de l’importance de « l’esprit » de l’époque, de son contexte psychologique, et de son influence sur les décisions, parfois paradoxales, des dirigeants japonais d’alors. Pour ces marxistes, « le récit historique doit servir à ancrer une véritable conscience démocratique chez la majorité des Japonais, et cela justifie que l’on insiste dans la reconstitution historique de l’ère Shōwa, sur la responsabilité des couches dominantes de la société dans

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