Deux Goncourt au chevet de l’Indochine
TOUT SEMBLE LES ÉLOIGNER. Le premier, Pierre Lemaitre, 70 ans, publie des best-sellers fleuves, dessinant une vaste fresque du xxe siècle, tel un « Zola au petit pied »; le second, Eric Vuillard, 53 ans, penche pour le récit bref, passant au scalpel les moeurs du pouvoir. Mais ils appartiennent tous les deux au club très sélect des lauréats du Goncourt. Et s’apprécient. « Quand Eric a eu le prix en 2017 pour L’Ordre du jour, j’étais fou de joie », s’exclame l’auteur d’Au revoir là-haut (2013). Aussi n’a-t-il pas fallu leur forcer la main pour les réunir autour d’une thématique, la guerre au Vietnam, centrale dans le formidable livre de Vuillard, Une sortie honorable, et abordée dans celui, non moins talentueux, de Lemaitre, Le Grand Monde – ce dernier, premier volet d’une nouvelle trilogie, poursuit la saga familiale des Maillard (alias Pelletier), entre Beyrouth, Paris et Saigon, où Etienne, l’un des fils Pelletier, tente d’en savoir plus sur la disparition en mars 1948 de son compagnon légionnaire lors d’une expédition. Le Covid ayant frappé le benjamin, c’est par visio que le débat fut mené. Pas de quoi refroidir leur complicité. Ni leur enthousiasme.
La littérature s’est peu emparée de l’Indochine, essentiellement perçue en France comme une colonie romantique et fantasmée. Avez-vous voulu combler ce manque?
Pour moi, il s’agit d’un choix plus stratégique et historique que politique ou idéologique.
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