Ecrire un roman historique ou régionaliste: Guide pratique
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À propos de ce livre électronique
D'abord choisir son genre parmi une douzaine possibles. Chacun a son cahier des charges et son lectorat : roman historique à une époque lointaine ou contemporaine, roman régionaliste, roman policier historique ou régionaliste…
Ensuite, des techniques à maîtriser : Se documenter. Créer et caractériser ses personnages. Charpenter le récit. Choisir ses décors. Maîtriser ses points de vue. Ecrire de bons dialogues. Soigner sa lisibilité et son style. Ouvrir et finir le récit.
Ce guide pratique propose tout un programme pour guider le futur romancier.
EXTRAIT
Il n’y a pas une, mais au moins quatre manières d’écrire un roman historique, c’est-à-dire une oeuvre de fiction qui se déroule dans un passé plus ou moins lointain.
Ces quatre approches sont estimables et ont produit des chefs-d’oeuvre. Mais ce sont des manières différentes entre lesquelles vous devrez opter pour écrire votre histoire. Cela en fonction de la part d’imaginaire que vous êtes prêt à vous accorder...
À PROPOS DE L'AUTEUR
Louis Timbal-Duclaux, né en 1941 à Toulouse, est diplômé de l'École des hautes études commerciales (1963) et licencié en sociologie (1964).
Entré en 1966 au département des relations publiques du Gaz de France, Louis Timbal-Duclaux a poursuivi toute sa carrière dans cette branche. Actuellement il est responsable de la communication écrite à la Direction des études et recherches de l'Électricité de France.
En savoir plus sur Louis Timbal Duclaux
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Aperçu du livre
Ecrire un roman historique ou régionaliste - Louis Timbal-Duclaux
Introduction
Un roman historique : Pourquoi ? Comment ?
La fonction du roman
D’abord, à quoi sert un roman ?
Un livre sur la culture des roses est utile pour cultiver des roses, mais un roman, à quoi sert-il, au juste ? De fait, je lui vois au moins trois fonctions, en tout ou en partie cumulables.
- La première, et plus populaire, utilité du roman est de nous distraire : de nous sortir de notre quotidien ne serait-ce que pour quelques heures.
- La seconde utilité du roman est de nous ouvrir l’esprit en nous faisant partager la vie de personnes très différentes de nous, que ce soit dans l’espace (la Chine, l’Amérique...) ou dans le temps (l’Antiquité, le Moyen-Âge...).
- A un troisième niveau, un bon roman peut nous aider à trouver un sens à la vie, ou du moins nous pousser à y réfléchir. C’est sa fonction la plus haute et la plus noble, celle qui concerne les plus grandes œuvres.
Pourquoi historique ?
A partir de la Renaissance et des grandes découvertes, le roman a été surtout géographique : il nous faisait connaitre des peuplades inconnues du bout de la terre : les Mayas, les Inuits... Ce genre de littérature a triomphé avec Jules Verne et ses « Voyages extraordinaires » qui nous ont fait visiter une cinquantaine de pays différents... Mais aujourd’hui, il n’y a plus de « blanc » sur les cartes, et la télévision nous montre chaque jour les autres pays du monde, en train de s’occidentaliser...
Ainsi, désormais il y a plus d’exotisme en remontant dans le temps qu’en parcourant la planète ! Faire de l’histoire aujourd’hui ressemble au travail des explorateurs d’autrefois.
Décrire la vie de nos propres ancêtres est plus étonnant que celle des indigènes d’autres continents qui possèdent aujourd’hui voitures et téléphones portables comme nous !
D’où la vogue certaine du roman historique, qui est devenu le roman par excellence, celui qui nous assure le maximum de source de réflexion.
Le roman historique : Comment ?
1 - Qui a inventé la formule du roman historique ?
C’est le romancier écossais Walter Scott. Cette formule a été reprise pas presque tous les romantiques français : Victor Hugo avec « Notre Dame de Paris ». Vigny avec « Cinq Mars », Alexandre Dumas, Mérimée, George Sand et tant d’autres...
2 - Quelle est la formule de base ?
C’est un récit qui repose sur la liaison organique entre quatre éléments : les événements historiques, l’évocation de la vie matérielle, celle des mœurs de l’époque, et les aventures romanesques d’un ou plusieurs héros.
Une manière frappante de le dire : « Sexe, Sang, Sabots, Sentiments ». Autrement dit les « 4 S » qui s’opposent à la formule du roman exotique « Sun, Sea, Sex » (le soleil, la mer, le sexe).
- Sexe : amours passionnées.
- Sang : guerres, meurtres, luttes.
- Sabots : folklore local d’époque.
- Sentiments : ce qui recouvre le tout en lui donnant de l’élan, du souffle.
3 - Voici 5 exemples parus en 2007, de romans historiques
- La Courtisane de Venise, de Sarah Dunant (Belfont).
En 1527 les troupes de Charles Quint prennent Rome d’assaut : meurtres, viols, vols dans toute la ville... Sauf chez Fianetta Bianchini, la rusée courtisane, qui ouvre sa porte, invite les assaillants à a table et dans son lit, ce qui lui sauve la vie ! Accompagnée par son fidèle nain (et narrateur) Bucino, elle se réfugie à Venise, sa ville natale, pour se refaire beauté, santé et fortune. Nous rencontrons une sorcière, la Dragha, des juifs du ghetto, l’écrivain l’Aretin auteur de contes licencieux, et bien d’autres... Mais surtout le Titien, qui s’éprend de notre héroïne et l’immortalise sur sa toile « La Vénus d’Urbino » où elle pose nue, avec son petit chien, pour l’immortalité (musée des offices à Florence).
- Nitocris, princesse d’Egypte, par Violaine Vanoyeke (Albin Michel)
Et si la princesse Nitocris n’était pas la fille du grand pharaon Mérenrê ? Pourquoi son oncle Pépi II lui aurait caché la vérité ? Pour clarifier le mystère de ses origines, notre héroïne n’hésite pas à braver tous les interdits. Elle ira des tombeaux profonds au temple d’Assouan, et rencontrera sur sa route un scribe vénal, une femme maléfique et surtout le fils du pharaon, dont elle s’éprendra... Très bien documentée, l’auteur spécialiste de l’Egypte antique reconstitue les croyances et les fêtes populaires : venue de l’étoile Sirius, célébration de la crue du Nil...
- La vengeance de Bogis, de Jacques Pine (éd. de Borée).
En s’emparant de « l’imprenable » citadelle du château Gaillard, Philippe Auguste a rattaché l’insoumise Normandie à son royaume de France et brisé pour un temps les prétentions anglaises. Mais, il n’y serait sans doute pas parvenu sans la volonté de vengeance de Bogis, qui a voulu faire payer aux hommes de Richard Cœur de Lion, l’enlèvement de sa fille, la petite Gilette... L’auteur mêle donc ici l’intrigue quasi-policière à la reconstitution historique d’une époque mal connue, et celle d’un château fort qui dresse toujours ses ruines sur le coteau de la Seine.
- Le temps des otages, de Jean Luc Gendry (éd. du Rocher).
La France occupée de 1942 : la faim, le froid, la peur. Privations, répressions, déportations, délations... Nicolas Charpentier, major de Normale devenue critique littéraire, nous fait croiser une série de personnages historiques : le maréchal Pétain, Pierre Brossolette, René Bousquet, Pierre Laval, Michel Debré. De Paris à Vichy, de la collaboration à la Résistance, et à l’attentisme, l’auteur dresse un portrait nuancé de cette époque troublée (il y a déjà 3 autres volumes).
- La régente noire, de Franck Ferraud (éd. Flammarion)
Premier tome d’une saga en 5 volumes consacrée à la vie sous les règnes de François 1er et Henri II. Le personnage est ici la régente Louise de Savoie, très ambivalente par sa volonté de porter au pouvoir son fils et de régenter le royaume. Trahisons, manipulations, vengeances. Rien ne nous est épargné en ces temps de Renaissance et de complots.
4 - Comment se place le roman historique dans la librairie actuelle ?
Voici les résultats d’une étude récente :
- 70 % des lecteurs sont des lectrices.
- Presque un auteur sur deux est féminin, et les héros sont souvent des héroïnes.
- Les tirages sont souvent deux fois plus élevés que pour les romans « classiques ».
- Les droits dérivés sont non-négligeables : adaptation pour l’écran, en bande dessinée...
Bref, c’est un genre qui marche plutôt bien (voir : Fascination du roman historique, éd. Autrement, 1997).
Quel est le critère du roman historique ?
Le critère est net : Il doit se situer à plus de 60 ans en arrière. En pratique, cela veut dire deux générations, c’est-à-dire que seuls les grands parents âgés ont éventuellement connus cette époque. C’est du moins l’avis de Stendhal.
Quelles sont les périodes les plus prisées ?
1 - l’Antiquité : l’Egypte, la Grèce, Rome, la Gaule, l’Orient...
2 - Le Moyen Âge : surtout les périodes négligées ou obscures, par exemple les Mérovingiens.
3 - le Grand siècle : Intrigue de cour et compagnie...
4 - La Deuxième Guerre mondiale : Collabos et résistants, Juifs et Nazis...
Plus toutes les périodes négligées qu’on peut remettre à l’honneur. Par exemple les succès récents suivants : Mireille Calmel : Aliénor d’Aquitaine ; Patrick Rambaud : L’Empire, Max Gallo : La République, etc.
5 - Quand des Dames écrivent sur des dames...
Voici des romans historiques qui sont devenus des best-sellers :
- Françoise Chandernagor : « L’allée du Roi » (Juliard), sur Madame de Maintenon.
- Jeanne Bourin : « La chambre des dames » et « La dame de Beauté» (La Table ronde).
- Fanny Deschamps : « La Bougainvillée » (Albin Michel) et « Fanny Stevenson ».
Ce sont souvent les romans historiques qui marchent le mieux, ceux qui :
- sont écrits par des femmes,
- ont des héroïnes féminines,
- sont lus majoritairement par des femmes (mais sans exclusive).
6 - Existe-t-il des romans historiques pour adolescents ?
Oui. Mais le paradoxe est de ne pas dire que ce sont des « romans historiques » ! L’ado veut, non pas de « l’enseignement », mais de l’aventure, du mystère...
Quelques exemples :
- Mary tempête, d’Alain Surget (Flammarion).
Récit de la vie mouvementée de la première femme pirate, Marie Read : flibuste, abordage, pillage, trésors... rien ne manque pour enflammer l’imagination.
- Blanche et le vampire, de Paris d’Hervé Jubert (Albin Michel, coll. Wiz).
Troisième volet des aventures de Blanche Painchain dans le Paris des débuts de la IIIème République. Blanche enquête en tandem avec son oncle qui est commissaire de police, affronté à un « vampire » mystérieux...
- L’énigme de la pierre de Dragon, d’Arthur Ténor (Nathan, Poche, pour les 10-13 ans).
Au Moyen Âge, un concours d’alchimistes a lieu pour mettre la main sur le trésor rapporté de Chine par Marco Polo. L’alchimiste Trigeste relève le défi avec Dominique, sa jeune apprentie...
7 - Pourquoi, finalement, les gens lisent des romans historiques ?
Laissons la réponse à Zoé Oldenbourg qui a beaucoup écrit sur les Cathares : « Le roman d’histoire correspond à un besoin réel de l’homme occidental, spirituellement déraciné, privé de ses mythes, et avide de s’intégrer dans un passé humain. »
8 - Quels rapports existe-t-il entre roman historique et roman régionaliste ?
Tous les romans historiques ne sont pas régionalistes. En revanche, tous les romans régionalistes ont une composante historique.
Toutefois, dans le roman régionaliste, la géographie prime, en principe, sur l’histoire, car ces romans s’attachent à un métier et un terroir étroit, où la vie quotidienne est décrite en détails, tandis que les grands événements historiques, très assourdis, ne forment plus qu’un arrière-fond.
Comment écrit-on un roman historique ou régionaliste ?
Distinguons le fond de la forme.
Le fond provient des livres d’histoire, des livres documentaires sur une période ou une région, plus des recherches éventuelles dans les archives, les papiers de famille, les généalogies.
La forme n’est autre que la forme générale des romans, avec un héros qui désire un objectif, qui a des alliées et des adversaires, et qui, en fin de compte, réussira ou échouera.
Vous trouverez la méthode dans la seconde partie de ce livre. Mais avant cela, vous devrez opter pour un genre précis : c’est le but de la première partie.
Première Partie :
Choisir son genre
Le Roman historique
Le Roman régionaliste
Le Roman familial
Le Policier historique
Le Policier régionaliste
Chapitre 1
Le Roman historique
Choisir entre quatre types de romans historiques
Il n’y a pas une, mais au moins quatre manières d’écrire un roman historique, c’est-à-dire une œuvre de fiction qui se déroule dans un passé plus ou moins lointain.
Ces quatre approches sont estimables et ont produit des chefs-d’œuvre. Mais ce sont des manières différentes entre lesquelles vous devrez opter pour écrire votre histoire. Cela en fonction de la part d’imaginaire que vous êtes prêt à vous accorder...
Le choix crucial d’un monde
Le terme d’Univers désigne l’ensemble des objets existants, connus ou inconnus, depuis les atomes de notre corps, jusqu’aux galaxies lointaines. A l’inverse, nous appelons Monde, une portion restreinte de cet Univers que nous habitons, réellement ou par la pensée. On parlera ainsi du « monde de l’employé de bureau parisien », ou du « monde romain du temps d’Auguste »...
Créer un roman, avant même de déterminer des personnages et une intrigue, c’est avant tout choisir un certain monde. Pour l’utiliser comme système de contraintes, et cadre de référence et cohérence pour son action.
La première solution consiste à choisir notre monde actuel pour y placer notre intrigue. La seconde de choisir un monde plus lointain dans l’espace et surtout dans le temps : c’est le cas du roman historique. Mais il est nécessaire d’en distinguer trois formes assez différentes.
1 - Le passé lointain, tremplin pour l’imaginaire
La première façon d’utiliser l’histoire comme monde de votre fiction est de faire référence à des époques très reculées et/ou à des royaumes très lointains. Vous pouvez par exemple avoir envie de situer votre action dans des temps préhistoriques, comme dans « La guerre du feu » de Rosny, ou dans le monde celtique d’avant la conquête romaine, comme pour « Bilbo le Hobitt » et « Le Seigneur des anneaux » de Tolkien. Ou encore « Les chevaliers de la table ronde » de notre Moyen-âge légendaire. Ou encore dans l’Egypte ancienne, ou la Chine antique, quelque 5000 ans avant Jésus-Christ...
Dans tous les cas, il s’agit bien d’un cadre historique réel, mais il est si peu précis, que vous avez les mains presqu’entièrement libres pour donner libre cours à votre imagination, tout en bénéficiant, chez vos lecteurs, d’un certain type d’imaginaire déjà constitué par ses lectures antérieures.
Ce parti convient très bien à tous ceux qui veulent écrire dans les registres merveilleux et/ou fantastique. Ces périodes sont si mal connues qu’aucun historien ne sera en mesure de vous chipoter un détail, ni même un lecteur érudit, car l’histoire touche ici à la légende. Des films comme « Conan le barbare », « Excalibur », « La guerre du feu », illustrent bien ce propos (on pourrait y ajouter bien des œuvres de science-fiction qui se livrent à des « voyages dans le temps »).
Ici, le passé ne fournit qu’un prétexte au romancier pour utiliser un décor, un monde qu’il peuplera à sa guise de créatures aussi exceptionnelles qu’il peut les concevoir... La légende et l’histoire y sont encore mêlés, et le romancier imaginatif peut y insérer tous ses délires...
Pour le lecteur, le grand bénéfice, sera le dépaysement garanti, l’Evasion avec un grand E, le plaisir d’avoir vécu pendant quelques heures dans un monde tout autre : un véritable Ailleurs, plus proche du principe de désir que de réalité...
2 - Le passé réinterprété ou l’histoire romancée
Par antithèse, la deuxième façon d’utiliser l’histoire comme monde de votre fiction trouve pour modèle les grands romans historiques du 19ème siècle : en particulier Walter Scott en Grande Bretagne, et Alexandre Dumas en France. C’est ce qu’on a coutume d’appeler les « romans de cape et d’épée » (la cape symbolisant la ruse et la dissimulation, et l’épée le combat viril et loyal).
Ici, le travail du romancier suppose une vaste documentation, une prise de note serrée, un cadre historique exact. Mais si minutieux que soit le travail des historiens, n’en subsistent pas moins des zones d’ombre, des énigmes non résolues... C’est la brèche par laquelle le romancier va s’engouffrer !
Certes tout le monde admet que Ravaillac a assassiné Henri IV tel jour à telle heure et à tel endroit. Mais ses mobiles restent douteux. Etait-il un fanatique isolé comme le disent les livres ? Ou bien était-il en réalité mandaté par quelque puissant tapi dans l’ombre ? Jeanne d’Arc a bien délivré la France des Anglais, mais de qui était-elle réellement la fille ? Jack l’éventreur a bien commis des crimes à Londres, mais qui se dissimulait sous ce pseudonyme ? Ne serait-ce pas un membre éminent de la famille royale ?
Ainsi le romancier va-t-il utiliser des personnages réels, et reconnaissables du public, pour les avoir rencontrés dans les livres d’histoire (Henri IV, Louis XIII, Richelieu, Mazarin, Anne d’Autriche, Marie de Médicis, etc.). Mais il utilise les « zones d’ombres » laissées par l’historien, pour construire une intrigue de con crû, en y ajoutant des personnages de fiction (par exemple, chez Dumas, une certaine Constance Bonacieux). Il suffit que ses personnages réels ou de fiction se comportent de manière plausible, par rapport à l’esprit du temps, à la chronologie, et à la science et à la technique de l’époque.
L’effet produit sur le lecteur sera celui de la révélation : le romancier a l’air de démasquer un « dessous des cartes » que tairait l’histoire officielle (ainsi nous ne savions pas « qu’Anne d’Autriche était amoureuse du Buckingham !... »). Non seulement nous avons passé un agréable moment à lire ces aventures palpitantes, mais encore nous nous sentons « plus intelligents » d’avoir été mis dans la confidence...
3 - Le passé revécu ou le roman historique
L’histoire romancée utilise des personnages historiques dans son intrigue et réinterprète leurs motivations. A l’inverse, le roman historique ne fait pas appel à des personnages célèbres comme protagonistes : il se borne à les évoquer comme faisant partie du décor historique du temps.
Ainsi si mon roman met en scène une famille de paysans sous le règne de Louis XIII, ce n’est pas de l’histoire romancée comme chez Alexandre Dumas, mais un roman historique. On se trouve ici à mi-chemin entre les premier cas et le deuxième. Le romancier est certes contraint de respecter la grande Histoire, mais il est libre de régler à sa guise les détails de sa petite histoire, à l’intérieur de la grande. Comme ses personnages sont imaginaires, bien que près du réel, aucun historien n’y trouvera guère à redire...
Reste cependant à éviter les anachronismes et les invraisemblances : à cette époque, par exemple, la vitesse maximale était celle du cheval au galop (et encore à condition de changer souvent de monture dans les relais).
Mais l’un des privilèges du romancier réside alors dans son pouvoir de rendre ses héros, on complètement aveugles, ou complètement lucides, sur l’avenir.
Dans mon exemple, mon héros, contemporain de Louis XIII, peut prophétiser que la monarchie deviendra bientôt absolue (sous Louis XIV), tandis que son adversaire croit que ce seront les nobles qui reprendront le pouvoir (victoire de la Fronde). Bien entendu nous savons tous que la 1ère prophétie est la bonne, ce qui rend l’auteur complice du lecteur et valorise le héros comme extra-lucide.
Synthèse : La part de la fiction
En résumé, il n’y a pas une, mais au moins trois façons d’écrire un roman qui se passe dans le passé. Cela, selon le degré respectif d’imagination et dé réalisme historique en jeu.
1 - Si la période historique retenue se confond avec la légende, elle ne sert que de prétexte à camper un décor et à légitimer une fiction faisant une large place à l’imaginaire, comme dans les sagas celtiques.
2 - Si la période historique retenue fournit seulement un décor et une trame historique, on a affaire au roman historique, qui est le genre le plus pratiqué.
3 - Si la période historique retenue fournit non seulement le décor et la trame temporelle, mais encore des personnages historiques comme protagonistes du roman, c’est de l’histoire romancée. Elle n’est pas loin du travail de l’historien, de la thèse historique, ou biographique. Car ici la fiction se bornera aux mobiles profonds des personnages, et aux zones d’ombre de l’histoire.
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